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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Dans les yeux de ma mère" 🎵🎶🎵🎶chante Arno de sa belle voix éraillée.

Peter March, lui, est fasciné par les yeux de la mer...

Plus féru d'électronique que de navigation, infatigable en calcul mathématique pour établir ou ..supputer une position, tracer ou...imaginer une trajectoire maritime, mais peu enclin à grimper au mât quand les drisses s'y emmêlent, à calfater une coque qui prend l'eau , à réparer une batterie noyée , Peter March, marin romanesque et fantasque,homme velléitaire et présomptueux, plutôt qu'endurant et courageux, se met en tête de faire le tour du monde en solitaire à la voile et d'en revenir victorieux .

Il se sent fort de deux atouts, de deux audacieuses innovations: un multicoque, son trimaran, le Sailahead, et le recours, pour naviguer, à la technologie nouvelle de l'époque : la fée informatique.

Il a le sentiment d'être à la pointe de l'innovation en matière de navigation. Et il l'est, effectivement. N'a-t-il pas équipé son bateau du dernier cri en matière d'informatique?

Enfin, il compte l'en équiper.. car il part tout à trac, sans mettre la dernière main à tous ces préparatifs sophistiqués, l'ordinateur de bord toujours en kit, en vrac même, dans un bazar ambiant assez inquiétant.

Il part , dans une précipitation qui n'a d'égale que son impréparation.

Il est suivi, à terre, par une petite groupie inconditionnelle :sa fille, Eva, qui assure le commentaire de ce périple vu du quai. Et vu du côté de la raison. Eva, c'est son amer.

Car en mer, le capitaine du Sailahead part très vite à la dérive.

Loin de la course, loin de la terre, loin de la raison, loin de lui-même.

Dans les yeux de la mer...
Il se perd dans les yeux de la mer, le père sans amer.

Terriblement efficace- Isabelle Autissier est dans son élément, et la navigatrice rigoureuse qu'elle est sait et fait mesurer à son lecteur, atterré, c'est le mot, ce que coûte chaque erreur de pilotage, chaque manquement à la dure discipline de la navigation solitaire.

Ce roman d'une dérive, d'une supercherie et d'une folie sur fond d'océan agité prend aux tripes et ne se lâche pas.

Inspiré de l'aventure de Donald Crowhurst en 1969 , le personnage de Peter March fait comprendre a contrario , de quelle trempe doivent être ceux qui se risquent dans de telles courses, et quels sont les marins -ou les marines- qui peuvent regarder les yeux de la mer ...au fond des yeux.

Sans sombrer.

Merci à Nameless qui fut, une fois de plus, de bon conseil! J'ai dévoré !
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C'est la première fois que je ne sais pas comment commencer une critique. Isabelle Autissier est une grande dame, elle a vécu la mer ; moi aussi, à un petit niveau ( voile côtière) ; donc, ce roman me prend aux tripes !
La supercherie, la folie et le drame de Donald Crowhurst, lors de la première course à la voile en solitaire et sans escale en 1968, est connu. Isabelle Autissier, en changeant les noms, a fidèlement repris ces événements, mais en ajoutant, avec un style brillant et émouvant, les pressions médiatiques, ainsi que les conséquences psychologiques et financières dramatiques pour l'entourage du navigateur.
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J'ai lu des ouvrages des protagonistes décrits dans ce livre : le rigoureux Francis Chichester, ou l'homme libre Bernard Moitessier qui est une personne que j'admirais ado...
J'ai subi une très forte tempête entre Guernesey et Cherbourg... On pense autrement après ça ;
avec ancre flottante et à sec de toile, notre voilier de 13 mètres "Tigre" était une coque de noix sur la Manche déchaînée ...
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Je ne sais pas quoi écrire, j'aurais mille détails à souligner, mais je suis sous le choc ...
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C'est pas l'homme qui prend la mer...
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Les Anciens affirmaient que le monde est peuplé de vivants, de morts et de marins. La navigatrice, Isabelle Autissier, en tant que marin, nous rapporte, dans Seule la mer s'en souviendra, l'histoire de l'un des siens, Peter March.

Les évènements se déroulent à la fin des années 60. Peter est ingénieur. C'est un homme toujours enjoué qui fait en permanence le pitre. Il vit dans le sud de l'Angleterre avec sa femme, sa fille aînée et deux garçons. Il travaille dans une entreprise fabricant des équipements électroniques pour les bateaux. Peter aime l'innovation et croit au dieu de la technologie. Alors quand il découvre que l'on peut s'inscrire librement à la première course au large, en solitaire et sans escale, il passe le pas, convaincu que ses capacités d'ingéniosité lui permettront de fabriquer un navire révolutionnaire qui lui permettra, peut-être pas d'arriver premier mais d'être le plus rapide sur le trajet. Alors Peter s'investit et investit. Il s'endette malgré les sponsors pour partir à temps. Il sait naviguer dans la Manche. Seulement c'est une chose de régater dans la baie, cela en est une autre de naviguer des mois au large seul et sans assistance.

Il partira avec son trimaran, bateau à l'époque décrié pour ne pas tenir la mer. Appareillant en automne, il va affronter rapidement les premières tempêtes, celles du golfe de Gascogne. Petit à petit, Peter se met à douter. Aspiré par ce milieu rugueux, il ne peut compter que sur lui-même. Au fur et à mesure qu'il avance, nous découvrons l'homme véritable. Celui qui utilise l'humour pour cacher ses secrets et ses frustrations. Son passé a créé en lui une volonté de reconnaissance et quand les réalités maritimes prendront le dessus sur ses rêves, ses fantasmes, alors il ne lui restera que le mensonge pour protéger les siens, mais surtout, à mon avis, pour protéger sa propre estime.

Pour raconter cette histoire vraie, Isabelle Autissier alterne les passages du journal de bord de Peter et le carnet intime d'Eva, sa fille aînée, qui rapporte le vécu de ceux qui attendent à terre. L'auteure décrit un milieu qu'elle connaît bien, l'Océan, et les sentiments qui assaillent ceux qui naviguent en solitaire. Elle sait qu'il faut la technique et le savoir-faire du navigateur pour composer avec les courants et les vents. Elle sait que le marin doit se faire accepter par les éléments s'il veut, lui, le perturbateur, tracer sa route sain et sauf. N'est-ce pas parfois ainsi dans la vie ? Alors nous suivons un Peter, pas encore mort mais qui sait qu'il n'est pas marin, errer sur l'Océan, navigant entre mensonge et envie de vérité, entre peine, angoisse et joie pour tenter de rester parmi les vivants.

C'est un très beau roman, adapté au cinéma, que je vous conseille.
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Mensonge et identité en solitaire autour du monde.
Parti pour une course autour du monde en solitaire et sans escale, Peter est un ingénieur porté sur l'innovation technique. Prêt à s'engager lui-même alors qu'il n'est en rien un marin aguerri pour une telle épreuve, il pense que le bateau qu'il pilote, bourré de technologies nouvelles pour l'époque, sera à même, non seulement de réussir le tour par les océans du sud, mais surtout de battre les records de vitesse.

Mais finalement ça ne se passera pas comme imaginé.

A travers le carnet de bord rédigé pendant le séjour sur mer on suit la dérive, lente mais inexorable, de ce marin, qui, finalement, n'aimait pas la mer. Paradoxe ?

Ce roman est le roman d'un mensonge. le mensonge qu'on voit naître, puis grossir, puis tout envahir. Peut-on vivre avec le mensonge sans s'enfoncer dans un abîme profond où la conscience lutte en permanence contre des mécanismes de défense, de déni, d'esquive. En mentant aux autres, finit-on par se mentir à soi-même, et ne plus savoir qui l'on est ?

Le caractère du personnage qui sombre peu à peu est bien tempéré par la vision de sa fille Eva, qui tient elle aussi un journal à terre, à la maison, et qui écrit les angoisses de la séparation, et l'excitation du retour certain de son héros de père.

On navigue beaucoup, on doute souvent, on calcule pas mal dans ce roman épique où déjà on voit poindre le "Soudain, seuls" qui donnera à l'auteure une consécration littéraire bien méritée.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Peter March est un électronicien spécialiste de l'équipement de bateaux, et heureux propriétaire de la société Sailahead. C'est un homme fantasque, en quête d'absolu, qui rêve de gloire et qui décide donc de participer à une course autour du monde en solitaire et sans escale, laissant femme, enfants (et responsabilités ?) à quai. Si son trimaran lui assure la victoire, tout sera simple : il sera riche, admiré, à la tête d'une entreprise florissante.... Mais s'il échoue... il ne vaut mieux pas y penser.
Seulement la course ne se passe pas comme prévu. Comment s'accomoder de la réalité quand elle anihile nos rêves ?
En alternant le récit de Peter et de sa fille Eva, Isabelle Autissier parvient à reconstruire un témoignage complexe et nuancé. J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce court roman, mais je pense c'est davantage lié à ma méconnaissance de l'univers de la course maritime . J'ai aussi eu du mal à comprendre l'obsession de Peter, mais je ne doute pas que son histoire plaira beaucoup aux amateurs d'air iodé !
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Ça n'est pas du tout le genre de livre vers lequel je me tourne en temps habituel, mais il m'a été offert dans une commande. Je n'y connais absolument rien dans ce monde fascinant des voiliers et de la mer, mais j'ai été happée par l'histoire et attendait avec impatience de connaître le déroulement de l'intrigue et la fin de l'aventure de ce marin, époux et père de famille. Il m'a particulièrement touché.
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En 1968, l'homme a déjà relevé bien des défis sur la mer - mais il en reste encore un à réaliser : le tour du monde à la voile sans escales en solitaire. Un pari un peu fou qui traîne dans l'air du temps, sir Francis Chichester l'a déjà presque accompli l'année précédente, avec une seule escale à Sidney, et c'est sur son initiative que le Sunday Times lance le Golden Globe Challenge. Un challenge assez informel, où chacun concourt avec ses propres idées, son bateau, ses moyens personnels - et comme tout le monde ne partira pas en même temps, deux prix sont en course : celui du plus rapide et celui du premier arrivé.
Parmi les neuf concurrents, diversement expérimentés, se distingue la figure de Peter March, ingénieur-bricoleur à l'imagination débordante qui voit dans l'aventure à la fois un moyen d'accomplissement personnel, et une publicité formidable pour la petite société d'électronique de marine qu'il a créée. Ses idées, en tous points, sont novatrices : utilisation d'un multicoque, censément plus rapide qu'un bateau ordinaire et bourré d'innovations pour en assurer la solidité, développement d'un véritable ordinateur de bord pour faciliter la vie du marin solitaire... Novatrices et bonnes, sans doute, mais les fonds manquent, le temps plus encore, et c'est un homme exténué qui prend la mer, à bord d'un navire mal préparé, et très vite, l'évidence s'impose : l'homme, le navire, tous se déglingue déjà, le rêve est impossible. Mais comment accepter cet échec, quand le monde entier a les yeux fixés sur vous, quand tant de gens ont cru en vous, misé sur vous, quand tout ce que vous possédez est en jeu ? Alors, Peter March commence à mentir, sur sa position, ses performances, moins par volonté délibérée de tromper que par incapacité psychologique à accepter la défaite. Et le piège redoutable de la mer et de la solitude, lentement, se referme...

Derrière Peter March est un personnage bien réel, Donald Crowhurst, dont Isabelle Autissier reprend l'essentiel de l'histoire sous un masque romanesque plus propice à l'interprétation psychologique. Elle en tire un beau portrait, complexe, ambigu, dont les ressorts et les failles profondes se dévoilent peu à peu, à mesure que l'aventure s'empêtre et bascule vers les vertiges de la folie. Un portrait conçu de manière très intéressante, à travers les voix entremêlées de Peter March et de sa fille - le journal de bord d'un héros raté, le récit d'une enfant qui put très vite constater combien d'angoisse les héros laissent derrière eux, avant même de s'écraser.
Tout cela, nourri par l'expérience de navigatrice de l'auteur - rappelons qu'elle fut la première femme à accomplir un tour du monde en solitaire et, entre tempêtes, matériel brisé et dessalage, dut affronter pas mal de déboires au long de ses courses - donne un livre assez fascinant, où la révélation de l'homme à lui-même par la mer se teinte d'un subtil et croissant malaise.

Je découvre au passage que le Golden Globe Challenge revient en 2018, pour le 50e anniversaire du défi, avec les mêmes types de bateaux et d'équipement qu'en 1968. Souhaitons aux participants plus de chance qu'à ceux de la première édition, qui ne vit qu'un seul arriver à bon port et compta deux suicidés parmi les vaincus...
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Belle histoire sur la difficile aventure du marin solitaire. Toutes les difficultés et imprévus matériels, malgré la meilleure préparation, vrillent le moral du skipper. le mental est vraiment l'élément décisif du sportif de haut niveau. L'aventure humaine, malheureuse et désespérée de cet idéaliste est malgré tout émouvante. Merveilleusement écrit, le roman se dévore rapidement. Il faut tout de même aimer la voile.
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TB
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