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Citations sur Une amitié (115)

(...) au beau milieu de mon adolescence, je vivais avec l'idée fixe que tout le monde à chaque minute m'observait. Je ne comprends pas aujourd'hui comment je parvenais à concilier un tel égocentrisme avec la conviction que je ne valais rien.
(p. 208)
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Un jour, dit-elle, tous ceux qui étaient là aujourd’hui, y compris Valeria, auront un travail et une famille tristes, une vie insipide. Pendant que moi, je te le jure, Elisa, je ferai quelque chose d’extraordinaire qui sera connu partout dans le monde, on parlera de moi, et ces pauvres imbéciles, où qu’ils aillent, m’auront toujours sous les yeux, et ils m’envieront. Tellement qu’ils n’arriveront plus à être heureux.
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Sa mère [lui parla] d'une voix douce, comme si elle était devenue quelqu'un d'autre.
Je ne m'étonnai pas, j'avais l'habitude. Je savais qu'il y avait en une mère deux extrêmes et qu'elle passait sans sommation de l'une à l'autre. Tu avais beau la détester, revenait toujours le besoin physique d'être prise dans ses bras, acceptée. Toi, dérisoire, elle gigantesque, une différence impossible à combler qui (...) compromet parfois toute ton existence.
(p. 71)
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- Ta copine sous-développée, elle finira dans une émission de téléréalité à montrer son cul, et alcoolique, après, quand les projecteurs s'éteindront. Elle n'a que des conneries dans la tête, et en plus elle s'est fait refaire les seins.
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Ils avaient tenté de recoller les morceaux, d'arrondir les angles, comme on dit, mais nous sommes tous faits d'angles et d'arêtes, et nous nous heurtons les uns aux autres.
(p. 174)
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La vérité, c'est que le deuil d'une amitié ne peut pas se faire. On ne peut pas le soigner, l'élaborer, le clore et aller de l'avant. Il reste là, planté dans la gorge, entre rancune et nostalgie.
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"Qu'est-ce que tu sais faire ?"
Je n'en savais rien.
"Qu'est-ce qui te plaît ?"
Je réfléchis.
"Pas ce que tu es, ni comment tu crois être ou comment tu crois que les autres te voient, mais toi, dans la vie, qu'est-ce que tu veux ?"
Je restai muette. Nous étions trop inégales sur cette échelle : moi incapable de répondre, elle avec ce feu en elle. Je me souviens : combien elle était capable de brûler et savait, à quatorze ans seulement, deviner les désirs les plus cachés des autres.
(p. 98)
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De la mort on ne savait que faire, à dix-sept ans surtout : le pire des malheurs, de la culpabilité, du vide.
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Nous n’avions pas fait l’arbre. Inutile de le cacher : à quatre heures de
l’après-midi, nous étions déjà saouls. Peut-être, compris-je en m’arrêtant
pour observer papa, maman et Niccolò qui s’amusaient presque, ne
pouvions-nous être bien que de cette façon : en déraillant, en étant autre
chose qu’une « famille ». Au dîner, le riz était trop cuit, la friture était
molle, mais personne n’eut l’idée de s’en plaindre. Nous débouchâmes le
spumante, mangeâmes tout le panettone, nous retrouvant pour la première
fois à parler jusque très tard. Du jour où maman nous avait perdus dans le
magasin A&O et nous avait fait appeler par le haut-parleur, alors que nous
étions déjà sortis, avec des paquets de biscuits Pan di Stelle sous nos
blousons. De quand Niccolò, en cours moyen à l’école primaire, était tombé
par terre à force de prendre des coups de pied au cul et s’était cassé le bras,
et de la comédie pour lui faire porter un plâtre. Du jour où maman était
venue me reprendre à la Palazzina Piacenza : « Je l’avais laissée deux
minutes, tu vois, pour chercher une place », et moi je lui avais écrit sur une
feuille « Maman je t’aime » sans faire de faute, à quatre ans et demi. Papa
écoutait, les yeux brillants, cette vie qu’il avait ratée. Mais il était là
maintenant, avec nous, et je me rendis compte que je pouvais peut-être lui
pardonner.
Le lendemain, c’était Noël, et nous nous levâmes à midi. Faire le repas
traditionnel à cette heure-là n’avait aucun sens, d’autant que dehors il y
avait du soleil, le ciel était bleu sans un seul nuage. Une collation rapide
expédiée, nous étions dans la Passat avant même d’avoir décidé où aller. Au
premier feu rouge, je dis tout à coup : « Et si on allait à la Plage de fer ? »
Papa répondit que c’était une excellente idée.
Nous y fûmes à deux heures. Tout le monde était à table, et nous dans ce
renfoncement perdu, à l’abri du vent. Nous étendîmes un grand drap de
plage sur le sable en nous enfouissant comme des os de seiche, couchés
dans la lumière sans rien dire, dans un état de torpeur et de félicité que je
crois, finalement, nous méritions.
Niccolò et moi nous débarrassâmes bien vite de nos chaussures,
chaussettes et jeans pour faire la course en slip et culotte vers la mer, où
nous entrâmes jusqu’aux genoux avant de ressauter rapidement sur la plage
car l’eau était glacée. Le sable, lui, était tiède et nous nous en jetâmes dans
les cheveux, la bouche, sur le dos, pendant que maman et papa se parlaient
de choses à eux en nous souriant et en nous regardant jouer de loin, comme
font les parents normaux avec leurs enfants, même si nous n’étions plus des
enfants.
Je crois que ce fut le plus beau Noël de ma vie. Il me consola de tous les
précédents, peut-être.
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Connaître impliquerait donc la coexistence des corps dans l’espace et dans le temps ?
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