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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le reste de l'année n'existe pas, n'existe plus pour ce petit groupe d'enfants qui se retrouvent chaque été sous ce ciel d'un bleu profond, sur ce sol de terre rouge, dans cette eau fraîche et scintillante. Sur cette petite île grecque, tout a ce parfum d'immuabilité qui les rassure et qui leur procure d'été en été ce bonheur extatique.

Leur monde commence là.

Une maison et un chantier de fouilles où exercent leurs parents archéologues, un jardin indiscipliné bordé de tamaris, une crique de sable doré et brûlant. le blanc éclatant de la chaux sur les façades des quelques habitations du village. En quelques lignes, si agréables à parcourir, je suis transportée sur les lieux. M'apparaissent la tignasse bouclée et rebelle de Zac, ses lectures à voix haute pour prolonger les soirées. M'éblouissent les coquillages de Niso ramenés des profondeurs, Niso toujours entre deux eaux, indissociable de son masque de plongée. M'arrive la petite voix d'Evi qui compte les insectes écrasés pour s'endormir, petits cadavres qui mouchètent les murs des chambres.
Ils se sont choisi des noms aux accents méditerranéens pour ce monde distinct.
Leurs parents d'été sont aussi bien différents, leurs exigences annuelles se relâchent et leurs tempéraments, attisés par la fièvre des trouvailles archéologiques, s'échauffent en même temps que les températures.
Les enfants grandissent au milieu des recherches et gestes minutieux afférents aux fouilles jusqu'au moment où leurs centres d'intérêts filent, loin des parties de cache-cache de l'enfance.


C'est un petit livre sur le temps qui creuse, les moments qui s'oublient et ceux qui demeurent à tout jamais sertis dans les souvenirs.
C'est un petit roman d'une puissance évocatrice douce et en même temps mélancolique sur les changements fulgurants et inéluctables des êtres, des lieux, du monde. En quelques pages, l'auteure a su saisir et nous restituer l'accélération de ces modifications profondes.
C'est une petite lecture sur le glissement de l'enfance vers l'adolescence, puis vers l'adulte, qui fait immanquablement écho au nôtre.
C'est un concentré de petits faits anecdotiques qui font le tout de la vie.
La belle plume de Christine Avel irradie tous ces souvenirs précieux d'instants à l'apparence banale mais qui marqueront et s'ancreront dans les vies à venir de ces enfants. L'insouciance du temps indissociable de l'enfance s'évapore et se perd définitivement.

L'immuabilité est un vain mot.

De cette pointe rocheuse où les enfants plongeaient tous ces jours d'été, on assiste à l'évolution des êtres et du monde, tout simplement.

De ce tout petit livre se dégage un charme fou. Est-ce dû à cette belle écriture, à la nostalgie du temps qui passe, à la mise en lumière de doux moments anodins qui jalonnent chaque enfance ? Je ne sais, mais une chose est sûre, j'ai adoré le temps passé avec lui.
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Denis, Giacomo, Isabelle deviennent le temps de l'été Niso, Zac et Evi. Pourquoi changer ainsi de nom ? Ces jeunes sont les enfants d'archéologues qui tous les étés viennent travailler sur un chantier de fouilles au coeur d'une île Grecque. C'est l'histoire de ces étés que nous racontent d'une plume sensible l'auteure Christine Avel mais comme tout change, tout évolue, tout se transforme, eh bien les enfants deviennent adolescents et puis de jeunes adultes.

C'est un bonheur de les suivre enfants, sur les chemins de l'île qui les conduisent à la crique, pieds nus dans cette nature encore préservée aux senteurs méditerranéennes. Et c'est très intéressant de découvrir comment ce vécu va se transformer en souvenirs, avec chacun ses propres clichés, que vont-il en faire ?

J'ai savouré ce roman délicat de l'enfance, ces thèmes ici abordés comme les souvenirs, la métamorphose de toute chose, le devenir .... Comment ce chantier est-il passé d'un lieu de recherche rudimentaire à un lieu attractif pour développer le tourisme ... ce tourisme de masse qui une fois de plus agresse un environnement et ses gens.

De très belles réflexions nous sont suggérées tout en douceur, enfin voilà comment moi je l'ai perçu.
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Un vrai livre « sur rien », ou à peine, sur un confetti, un mouchoir de poche, ou mieux « un territoire grand comme un timbre-poste » (ah, le si désuet timbre-poste aujourd'hui, l'image elle-même porte ce qu'il faut de nostalgie à l'affaire !) comme il est dit dans la dernière phrase, en écho aux mots de Faulkner rappelés par Pierre Michon, cité en exergue, oui, si un des livres de cette Rentrée littéraire réalise pleinement l'idéal flaubertien, c'est bien celui de Christine Avel, ce « Ici seulement nous sommes uniques » (à paraître fin août chez Buchet-Chastel), brillant comme le reflet du soleil sur une vague de la mer des Cyclades ! Une île grecque, elle-même de dimensions modestes (on pourrait penser à ce « caillou » de quelques milliers de mètres carrés qu'est la minuscule Simi), et, proche de son rivage, un carré de fouilles voisinant la maison des archéologues. Plus loin, un village, son cimetière, quelques chemins de mauvaises pierres, une crique rafraîchissante complètent, sous la canicule, le décor. C'est là que plusieurs étés de suite se retrouvent, pour une campagne d'exploration, un groupe d'archéologues, venus des quatre coins de l'Europe, avec leurs enfants. Issu de cette petite troupe de gamins, le narrateur tient la chronique de ces semaines heureuses, des jeux, des rituels, des lectures, évoquant les figures marquantes de la bande, Niso le téméraire et sa petite soeur Evi, Zac le rebelle, l'impénitent lecteur à voix haute. L'atmosphère du campement fleure bon les années 70, et si les parents chercheurs semblent partager certains idéaux hippies de l'époque, parmi eux, aussi, se détachent quelques originaux, les Forestier, adeptes de toutes les modes éthiques successives, Brovski le coeur d'artichaud, Gerhard Bauer le dandy maniaque aux éternels gants noirs. Tout ce petit monde cohabite, fouille, plonge dans la crique à la recherche de coquillages chatoyants ou d'un énigmatique triton. Mais bientôt les enfants grandissent, l'adolescence change comportements et regards, la magie des lieux s'estompe, petits ou grands finissent par se perdre de vue… Et puis, quinze ans plus tard, une invitation inattendue les réunit à nouveau, le temps d'un « inventaire » doux-amer, d'une résurrection mélancolique des légendes de l'enfance… « Ici seulement nous sommes uniques », au titre si évocateur, renferme cet inoubliable Trésor de la mémoire, poli par les mots de Christine Avel, ce « rien » des vies enfouies tracé sur les tessons dorés de ses mots. Quand l'écriture se fait ainsi, avec brio, vivante archéologie, on applaudit !

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Tous les étés depuis plusieurs années, un groupe d'enfants se retrouve sur une île grecque. Effectivement, leurs parents, archéologues, travaillent sur les fouilles d'un chantier. Dès lors, et pendant toute la durée de ces vacances, l'insouciance et l'amitié seront de mise.

Voilà un roman de toute beauté et que j'ai dévoré, tant il m'a plu. Et pourtant, il ne se passe pas vraiment grand chose et le tout reste très contemplatif. Mais que c'est nostalgique. Ce court roman a toutes les allures du conte initiatique, avec pour toile de fond le temps qui passe et cette nostalgie d'une enfance insouciante.

Le narrateur, dont on ne saura rien, même pas à la fin, nous raconte donc le quotidien de ces enfants sur cette île idyllique. On va les voir évoluer d'années en années, passer d'un espoir à chaque fois renouvelé de revenir dans cet île l'été suivant, à un état de lassitude au fur et à mesure qu'ils vont grandir.

L'auteure nous conte cette enfance qui s'envole trop vite, ces moments d'éternité avant de devenir adolescent et adulte. Elle le fait remarquablement bien, au travers du portrait des quelques enfants qui vont tout partager pendant ces mois d'été. Elle a su faire évoluer ces personnages dans le temps, ne les a pas gardés statiques, bien au contraire, les a bien nuancés et très bien dépeints.

La plume de l'auteure est très particulière, et ce sera mon petit bémol en ce qui concerne ce roman. Effectivement, je n'ai pas toujours adhéré à son style, trouvant parfois les phrases tournées d'une manière trop spéciale et qui ne facilitent pas forcément la compréhension. Malgré tout, ceci reste en l'occurrence un détail qui n'aura pas émaillé mon plaisir de lecture.

Voilà donc un roman qui mettra en exergue l'enfance et son insouciance, et le temps qui passe et nous change. Un très beau roman aux allures de conte initiatique, que j'ai fortement apprécié et que je vous recommande.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Niso, Evi sont frère et soeur. Avec un groupe d'enfants de toutes nationalités, ils rejoignent chaque été une île grecque et vivent quelques semaines follement intenses et heureuses, sur un chantier archéologique. Mais un jour il faut grandir, quitter l'île et l'enfance, accepter la violence du monde...

Formidable roman sur la difficulté de grandir, éloge aussi de la différence, d'une certaine folie. J'ai aimé l'écriture, très sensuelle, les personnages (....surtout les adultes, carrément barrés!), ce milieu de l'archéologie apparemment très particulier. C'est aussi une belle réflexion mine de rien sur le passé qui reste présent en nous...et une plongée dans l'été grec, dégustée d'un trait, avec un petit ouzo en accompagnement.
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Ce livre est un petit bijou qui nous replonge dans l'enfance et nous emporte dans une atmosphère chaude et douce d'un été en Grèce.
L'écriture est très poétique, elle n'est pas linéaire mais ce ne sont que des bribes de l'enfance, des souvenirs pour la plupart heureux, des instantanés de vie. Nous suivons les étés consécutifs pendant lesquels une bande d'enfants vivra sur une île grecque , dans la maison des fouilles dans laquelle leurs parents respectifs sont archéologues. le narrateur a eu l'idée originale de s'inclure dans le groupe , mais sans se nommer, en utilisant l'emploi du "nous" ; de ce fait on ne sait jamais qui est cette personne, si elle fait partie du groupe, si elle est un des enfants cités ou si elle est tout simplement "le groupe". L'auteur nous dépeint des enfants puis des adolescents très vrais, très justes, très attachants qui ont des vies plutôt normales simplement comme les nôtres. Et c'est pour cela qu'on y est avec eux, à la plage, nous ressentons comme eux la chaleur torride, nous entendons les cigales chanter, nous sentons les embruns salés, nous plongeons avec eux de la pierre plate. J'ai adoré lire ce livre qui m'a replongée pour un beau moment dans une enfance que l'on ne peut que reconnaitre, même si le lieu et le groupe ne sont pas les mêmes. C'est un réel hommage à l'enfance qui est écrit là.
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Pendant deux ou trois mois, chaque été, le monde de Niso, Zac, Evi et du narrateur se « limite à quelques arpents d'eau profonde et de terre rouge sang, contenus par deux sentiers et une frange rocheuse incisant la baie ».
C'est en Grèce. Une île. Un chantier de fouilles archéologiques où les enfants accompagnent leurs parents.
Au début du roman, ils ont « cinq, huit ou dix ans ».
La très grande beauté de ce texte nostalgique de Christine Avel tient à la richesse et l'efficacité de son style qui met en éveil tous les sens du lecteur et l'entraîne dans un tourbillon d'images, d'odeurs et de bruits.
Et si l'auteur.e n'est pas avare de précisions météorologiques ou botaniques, en revanche elle effleure pudiquement les sentiments des enfants que l'on devine souvent bouleversés par cette construction de leur personnalité dans ce monde grec où « ici seulement, nous sommes uniques ».
L'autre originalité est la structure même du roman dont chaque chapitre est intitulé comme un déroulement de fouilles, soit « sondages », « stratigraphie », « faux et dubitanda », « restauration », par exemple.
Ainsi, le lecteur comprend que ce « nous » narrateur explore sa mémoire une fois devenu adulte et que, contrairement à un archéologue, il ne commence pas à dégager les couches superficielles, mais les strates profondes de la mémoire, celles de l'enfance, car elles sont les piliers porteurs du palais de notre être.




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