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EAN : 9782283032923
Buchet-Chastel (22/08/2019)
4.05/5   20 notes
Résumé :
Une île grecque. La lumière et la mer éblouissante. Des enfants se retrouvent là chaque été pendant quelques années. Leurs parents, archéologues, travaillent sur les fouilles d’un chantier. Des semaines au goût d’éternité qui les marqueront.

Christine Avel est l’autrice de romans et de nouvelles parus au Seuil (Autoportrait à la valise), au Dilettante (Double foyer, L’Apocalypse sans peine) et à L’École des loisirs pour la jeunesse.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le reste de l'année n'existe pas, n'existe plus pour ce petit groupe d'enfants qui se retrouvent chaque été sous ce ciel d'un bleu profond, sur ce sol de terre rouge, dans cette eau fraîche et scintillante. Sur cette petite île grecque, tout a ce parfum d'immuabilité qui les rassure et qui leur procure d'été en été ce bonheur extatique.

Leur monde commence là.

Une maison et un chantier de fouilles où exercent leurs parents archéologues, un jardin indiscipliné bordé de tamaris, une crique de sable doré et brûlant. le blanc éclatant de la chaux sur les façades des quelques habitations du village. En quelques lignes, si agréables à parcourir, je suis transportée sur les lieux. M'apparaissent la tignasse bouclée et rebelle de Zac, ses lectures à voix haute pour prolonger les soirées. M'éblouissent les coquillages de Niso ramenés des profondeurs, Niso toujours entre deux eaux, indissociable de son masque de plongée. M'arrive la petite voix d'Evi qui compte les insectes écrasés pour s'endormir, petits cadavres qui mouchètent les murs des chambres.
Ils se sont choisi des noms aux accents méditerranéens pour ce monde distinct.
Leurs parents d'été sont aussi bien différents, leurs exigences annuelles se relâchent et leurs tempéraments, attisés par la fièvre des trouvailles archéologiques, s'échauffent en même temps que les températures.
Les enfants grandissent au milieu des recherches et gestes minutieux afférents aux fouilles jusqu'au moment où leurs centres d'intérêts filent, loin des parties de cache-cache de l'enfance.


C'est un petit livre sur le temps qui creuse, les moments qui s'oublient et ceux qui demeurent à tout jamais sertis dans les souvenirs.
C'est un petit roman d'une puissance évocatrice douce et en même temps mélancolique sur les changements fulgurants et inéluctables des êtres, des lieux, du monde. En quelques pages, l'auteure a su saisir et nous restituer l'accélération de ces modifications profondes.
C'est une petite lecture sur le glissement de l'enfance vers l'adolescence, puis vers l'adulte, qui fait immanquablement écho au nôtre.
C'est un concentré de petits faits anecdotiques qui font le tout de la vie.
La belle plume de Christine Avel irradie tous ces souvenirs précieux d'instants à l'apparence banale mais qui marqueront et s'ancreront dans les vies à venir de ces enfants. L'insouciance du temps indissociable de l'enfance s'évapore et se perd définitivement.

L'immuabilité est un vain mot.

De cette pointe rocheuse où les enfants plongeaient tous ces jours d'été, on assiste à l'évolution des êtres et du monde, tout simplement.

De ce tout petit livre se dégage un charme fou. Est-ce dû à cette belle écriture, à la nostalgie du temps qui passe, à la mise en lumière de doux moments anodins qui jalonnent chaque enfance ? Je ne sais, mais une chose est sûre, j'ai adoré le temps passé avec lui.
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Un vrai livre « sur rien », ou à peine, sur un confetti, un mouchoir de poche, ou mieux « un territoire grand comme un timbre-poste » (ah, le si désuet timbre-poste aujourd'hui, l'image elle-même porte ce qu'il faut de nostalgie à l'affaire !) comme il est dit dans la dernière phrase, en écho aux mots de Faulkner rappelés par Pierre Michon, cité en exergue, oui, si un des livres de cette Rentrée littéraire réalise pleinement l'idéal flaubertien, c'est bien celui de Christine Avel, ce « Ici seulement nous sommes uniques » (à paraître fin août chez Buchet-Chastel), brillant comme le reflet du soleil sur une vague de la mer des Cyclades ! Une île grecque, elle-même de dimensions modestes (on pourrait penser à ce « caillou » de quelques milliers de mètres carrés qu'est la minuscule Simi), et, proche de son rivage, un carré de fouilles voisinant la maison des archéologues. Plus loin, un village, son cimetière, quelques chemins de mauvaises pierres, une crique rafraîchissante complètent, sous la canicule, le décor. C'est là que plusieurs étés de suite se retrouvent, pour une campagne d'exploration, un groupe d'archéologues, venus des quatre coins de l'Europe, avec leurs enfants. Issu de cette petite troupe de gamins, le narrateur tient la chronique de ces semaines heureuses, des jeux, des rituels, des lectures, évoquant les figures marquantes de la bande, Niso le téméraire et sa petite soeur Evi, Zac le rebelle, l'impénitent lecteur à voix haute. L'atmosphère du campement fleure bon les années 70, et si les parents chercheurs semblent partager certains idéaux hippies de l'époque, parmi eux, aussi, se détachent quelques originaux, les Forestier, adeptes de toutes les modes éthiques successives, Brovski le coeur d'artichaud, Gerhard Bauer le dandy maniaque aux éternels gants noirs. Tout ce petit monde cohabite, fouille, plonge dans la crique à la recherche de coquillages chatoyants ou d'un énigmatique triton. Mais bientôt les enfants grandissent, l'adolescence change comportements et regards, la magie des lieux s'estompe, petits ou grands finissent par se perdre de vue… Et puis, quinze ans plus tard, une invitation inattendue les réunit à nouveau, le temps d'un « inventaire » doux-amer, d'une résurrection mélancolique des légendes de l'enfance… « Ici seulement nous sommes uniques », au titre si évocateur, renferme cet inoubliable Trésor de la mémoire, poli par les mots de Christine Avel, ce « rien » des vies enfouies tracé sur les tessons dorés de ses mots. Quand l'écriture se fait ainsi, avec brio, vivante archéologie, on applaudit !

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Denis, Giacomo, Isabelle deviennent le temps de l'été Niso, Zac et Evi. Pourquoi changer ainsi de nom ? Ces jeunes sont les enfants d'archéologues qui tous les étés viennent travailler sur un chantier de fouilles au coeur d'une île Grecque. C'est l'histoire de ces étés que nous racontent d'une plume sensible l'auteure Christine Avel mais comme tout change, tout évolue, tout se transforme, eh bien les enfants deviennent adolescents et puis de jeunes adultes.

C'est un bonheur de les suivre enfants, sur les chemins de l'île qui les conduisent à la crique, pieds nus dans cette nature encore préservée aux senteurs méditerranéennes. Et c'est très intéressant de découvrir comment ce vécu va se transformer en souvenirs, avec chacun ses propres clichés, que vont-il en faire ?

J'ai savouré ce roman délicat de l'enfance, ces thèmes ici abordés comme les souvenirs, la métamorphose de toute chose, le devenir .... Comment ce chantier est-il passé d'un lieu de recherche rudimentaire à un lieu attractif pour développer le tourisme ... ce tourisme de masse qui une fois de plus agresse un environnement et ses gens.

De très belles réflexions nous sont suggérées tout en douceur, enfin voilà comment moi je l'ai perçu.
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Tous les étés depuis plusieurs années, un groupe d'enfants se retrouve sur une île grecque. Effectivement, leurs parents, archéologues, travaillent sur les fouilles d'un chantier. Dès lors, et pendant toute la durée de ces vacances, l'insouciance et l'amitié seront de mise.

Voilà un roman de toute beauté et que j'ai dévoré, tant il m'a plu. Et pourtant, il ne se passe pas vraiment grand chose et le tout reste très contemplatif. Mais que c'est nostalgique. Ce court roman a toutes les allures du conte initiatique, avec pour toile de fond le temps qui passe et cette nostalgie d'une enfance insouciante.

Le narrateur, dont on ne saura rien, même pas à la fin, nous raconte donc le quotidien de ces enfants sur cette île idyllique. On va les voir évoluer d'années en années, passer d'un espoir à chaque fois renouvelé de revenir dans cet île l'été suivant, à un état de lassitude au fur et à mesure qu'ils vont grandir.

L'auteure nous conte cette enfance qui s'envole trop vite, ces moments d'éternité avant de devenir adolescent et adulte. Elle le fait remarquablement bien, au travers du portrait des quelques enfants qui vont tout partager pendant ces mois d'été. Elle a su faire évoluer ces personnages dans le temps, ne les a pas gardés statiques, bien au contraire, les a bien nuancés et très bien dépeints.

La plume de l'auteure est très particulière, et ce sera mon petit bémol en ce qui concerne ce roman. Effectivement, je n'ai pas toujours adhéré à son style, trouvant parfois les phrases tournées d'une manière trop spéciale et qui ne facilitent pas forcément la compréhension. Malgré tout, ceci reste en l'occurrence un détail qui n'aura pas émaillé mon plaisir de lecture.

Voilà donc un roman qui mettra en exergue l'enfance et son insouciance, et le temps qui passe et nous change. Un très beau roman aux allures de conte initiatique, que j'ai fortement apprécié et que je vous recommande.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Ce livre est un petit bijou qui nous replonge dans l'enfance et nous emporte dans une atmosphère chaude et douce d'un été en Grèce.
L'écriture est très poétique, elle n'est pas linéaire mais ce ne sont que des bribes de l'enfance, des souvenirs pour la plupart heureux, des instantanés de vie. Nous suivons les étés consécutifs pendant lesquels une bande d'enfants vivra sur une île grecque , dans la maison des fouilles dans laquelle leurs parents respectifs sont archéologues. le narrateur a eu l'idée originale de s'inclure dans le groupe , mais sans se nommer, en utilisant l'emploi du "nous" ; de ce fait on ne sait jamais qui est cette personne, si elle fait partie du groupe, si elle est un des enfants cités ou si elle est tout simplement "le groupe". L'auteur nous dépeint des enfants puis des adolescents très vrais, très justes, très attachants qui ont des vies plutôt normales simplement comme les nôtres. Et c'est pour cela qu'on y est avec eux, à la plage, nous ressentons comme eux la chaleur torride, nous entendons les cigales chanter, nous sentons les embruns salés, nous plongeons avec eux de la pierre plate. J'ai adoré lire ce livre qui m'a replongée pour un beau moment dans une enfance que l'on ne peut que reconnaitre, même si le lieu et le groupe ne sont pas les mêmes. C'est un réel hommage à l'enfance qui est écrit là.
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critiques presse (1)
LeMonde
09 décembre 2019
L’écrivaine dit la fin de l’été et celle de l’enfance, dans un roman tout en tendresse. [...] Avec Ici seulement nous sommes uniques, Christine Avel raconte l’imperceptible et définitif ­franchissement du grandir. Un jour, on ne joue plus. Un jour, on rompt avec soi sans vraiment bien comprendre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ici commencent et finissent nos vies. Nous y passons deux ou trois mois par an : le reste de l'année n'existe qu'à peine, étiré dans une brume compacte de monotomie - une récitation bien apprise et débitée par cœur, à toute vitesse, sans en savoir le sens, oubliée à la seconde de l'arrivée sur l'île, et dont jamais nous ne parlerons entre nous. ...
Puis toujours ce point précis, dans la descente en pente douce vers la plage, où nous sommes d'un coup attirés vers la mer : nous le devinons sans savoir où il est. Arrivés là exactement, les bras en croix, nous nous mettons à hurler, galopons jusqu'à l'eau, nous jetons pêle-mêle dans les vagues, libérant nos poumons de tous les cris contenus dans l'année.
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Ici commence et finit le monde. Ses limites sont précises et immuables, elles vont du troisième caroubier de la grand-route à l’extrême pointe des rochers de la crique, une poignée de kilomètres plus loin.
Ainsi en a décidé Niso, debout sur le bassin blanc des grandes décisions, celui-là même où, chaque été, nous allons massacrer de minuscules serpents, dans une orgie de hululements sauvages. Ce jour solennel où Niso l’affirme, bras croisés sur la poitrine, relevant le menton comme son père : « Ici commence le monde », nous l’acclamons en chœur.
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Notre nombre varie, certains sont des réguliers, présents sans faute dès juin, d’autres apparaissent de loin en loin sur l’île. À cinq, huit ou dix ans nous sommes un groupe compact, bruyant et hirsute, sans cesse en mouvement, nous parlons toutes les langues de la terre, nous les avons apprises dans le jeu, les roulades et les rires.
Sur l’île nos prénoms sont courts, sonores et singuliers : Niso, Zac, Evi. Cent fois ils ont été déformés, rallongés à la mode grecque puis raccourcis de nouveau jusqu’à former ces syllabes colorées qui n’appartiennent qu’à nous, que nous ne portons qu’ici. De septembre à juin nous serons Denis, Giacomo, Isabelle, des prénoms d’enfants sages de nos pays, de gosses sans histoire, auxquels il faudra accoler l’initiale du patronyme, F. ou D., pour nous différencier du voisin.
Ici seulement nous sommes uniques.
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Dans l'eau, Niso n'a jamais froid. En bas seulement, en profondeur, cramponné d'une main au rocher, quelque chose dans sa poitrine se desserre, se déplie lentement comme un étau et les racines s'écartent (...).
Il reste le plus immobile possible, laissant ses mains flotter comme deux poissons-pilotes dociles autour de lui. Parfois, ultime récompense, un bande sardines argentées frémit devant ses yeux, tout près, au rythme de la houle.
Lorsque le trop-plein de l'année s'est enfui en mille et une bulles d'air, alors seulement, d'un coup de talon, il monte vers la surface.
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Niso et Elvi sont là depuis toujours. Ils sont comme nés sur l'île, issus d'elle. Frère et sœur, vraiment? Evi, la cadette, rattrapera vite Niso en taille, on le voit, avant qu'il ne prenne l'avantage à l'adolescence. Des genoux robustes, des épaules de nageuse, toute une charpente vouée à faire face, à tenir ; à cinq et huit ans on parierait déjà que si ces deux-là se battaient, elle aurait le dessus. Difficile d'imaginer qu'Evi - notre Evi, butée, tenace - passe toute l'année en jupe, ballerines et queue-de-cheval, contient ses poings serrés dans ses poches de gilet.
Débarquant du ferry fin juin, elle s'arrête sur le pont, toujours. Les passagers pressés la bousculent en sortant, comme un colis encombrant oublié par mégarde. Leur père irrité (déjà sur le quai, à compter et recompter les bagages ; sa rigueur scientifique est célèbre) se tourne, la hèle, alors Niso supplie, "Evi, mais tu fais quoi?" Elle reste prise dans ce sas incertain entre deux mondes, gonfle ses poumons, laisse tomber sur son front, sans plus la retenir, une longue mèche brune.
Davantage que son frère, Evi est celle dont la nature double éclate en plein été.
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Videos de Christine Avel (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christine Avel
Chrisitine Avel présente son nouveau roman, "Ici seulement nous sommes uniques", édité à l'occasion de la rentrée littéraire !
Une île grecque pendant l?été.
Il y a les adultes : des archéologues venus du monde entier, des scientifiques un peu farfelus, obsédés par ce chantier sur lequel ils travaillent depuis longtemps.
À côté d?eux, il y a leurs enfants qui se retrouvent là, chaque année, pour deux ou trois mois. Leur monde est minuscule : un coin d?île aride, une maison cernée d?un jardin luxuriant, une crique où plonger. Un frère et une soeur mènent la bande.
Pendant l?été, pour eux, le reste de la terre n?existe plus. Leur domaine se limite à quelques arpents d?eau profonde et de terre rouge contenus par deux sentiers et une frange rocheuse incisant la baie. Ici, seulement, ils se sentent vivre et vivent ardemment leur adolescence.
À mesure que le chantier s?agrandit et connaît son heure de gloire, les enfants deviennent grands, puis s?éloignent.
Un roman poétique sur l?adolescence et ses éblouissements.
Auteur de romans au Seuil et au Dilettante, Christine Avel est spécialiste du développement dans les pays du Sud. Elle vit et travaille à Paris.
La fiche du livre : http://www.buchetchastel.fr/ici-seulement-nous-sommes-uniques-christine-avel-9782283032916
© Libella, Éditions Buchet/Chastel 2019 Production exécutive : Resonance Films
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