Le jardin des délices nous embarque pour un voyage dans un Multivers. Entre la Fantasy et le Space-opera, le roman mélange les genres et c'est tant mieux.
Toutefois, j'ai été d'abord dubitative devant le décalage entre certains usages décrits et la technologie disponible : d'un côté, des vaisseaux dimensionnels empruntent des portails entre les mondes, et de l'autre, les guerriers se battent à l'arme blanche, certes rehaussée de quelques artifices techniques mais tout de même ! Et pourquoi donc utiliser des transports mécaniques, sûrs et rapides, quand on peut se trainer sur des montures animales pour accomplir une quête de la plus haute importance ordonnée par l'impératrice en personne ? C'est bien joli mais pas très logique…
Bref, sont-ce là de véritables incohérences rédhibitoires ou simplement une envie de donner à voir un univers esthétique ? Cette interrogation a collé à ma lecture bien trop longtemps jusqu'à en paralyser quelque peu le plaisir.
Heureusement que la plume de l'auteur pousse à la curiosité.
La richesse de l'univers aussi.
On y trouve différentes créatures aux noms qui leur siéent bien : des Tengu (hommes-oiseaux), des myrmipendres (arthropodes géants), des viridiens (hommes-reptiles), des crassuléennes (femmes-plantes), des kamis (esprit protecteur de la nature comme le dragon céleste), des démons Rakshasa…
On y croise aussi toutes sortes de personnages : pirates, samouraïs, assassins, contrebandiers, éclaireuses, élémentaristes, nécromanciens, nobles marchands, impératrice, reine, chevaliers du Zénith, amazones…
Des armes et appareils exotiques : sabre âme-forgé, faux kinétiques, techno-implants, mousquets à impulsion, arc-lumière, holocubes…
Et, comme il s'agit d'un Multivers, des mondes diverses aux noms poétiques : Jardin des Délices, Puits sans Fond, empire d'Edo, Fin de l'Espoir, Eden, Oeuf du Serpent…
Ce foisonnement fait peu à peu oublier la défiance premièrement apparue et on se laisse bercer par les découvertes.
Une autre difficulté vient alors : les multiples changements de point de vue. S'ils participent à donner du rythme au récit, ils rendent en même temps difficile l'attachement aux personnages, le lecteur étant ballotté de l'un à l'autre. Il lui faut donc faire appel à toute sa concentration pour raviver le souvenir du héros qu'on avait abandonné à son sort bien des pages auparavant.
Jusqu'à ce que toutes les histoires n'en forment qu'une, point de ralliement où le lecteur, s'il a su s'accommoder de l'univers, se sent enfin concerné par le sort des protagonistes.
Enfin, autre problème, et pas des moindres : les coquilles qui ponctuent tout l'ouvrage (mots manquants, ou en trop, répétitions…). Dommage.
Malgré les nombreuses qualités du texte, je n'ai pas réussi à me passionner pour cette histoire, ni pour ses héros, avant au moins la moitié du roman. le dernier quart est le plus palpitant, épique et émouvant.
Je suis curieuse de lire le tome 2.
Lien :
https://youtu.be/lYOUri-ysY8