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3,97

sur 78 notes
Entre chronique sociale et roman de l'intime, ce nouveau roman de Samira El Ayachi met en scène une histoire ouvrière contemporaine composée des membres de sa famille. Il s'agit surtout d'un hommage vibrant mais discret à son père Marocain d'origine, qui prit la tête du combat pour que ses compatriotes bénéficient du statut de mineur, comme tous les autres.
Samira El Ayachi est née à Lens en 1979. Elle se consacre à l'écriture et collabore avec le spectacle vivant. Elle a déjà écrit un certain nombre de livres dont les femmes sont occupées.
Au niveau de l'écriture, j'ai eu quelques difficultés. C'est une écriture un peu oralisée dont les phrases ne semblent pas entières, un peu comme si l'auteure se parlait à elle-même. Quant à l'histoire, elle a su me parler. Les Hauts de France dont je suis originaire, étaient à l'honneur et les corons, les valeurs, les mineurs, la lutte sociale font partie de moi et de ma jeunesse ... A découvrir !
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Je ne sais plus trop par quel hasard j'ai découvert cet auteur. Attirée par le sujet je me suis laissé tenter.
Tout y passe sous la plume de Samira El Ayachi : l'immigration, l'intégration, la condition ouvrière, la lutte ouvrière, la condition de la femme, la pauvreté… Bref une belle photo des années 60 dans les corons lensois. En plein coeur du pays minier on partage le temps d'un livre le quotidien d'une famille.
J'ai lu quelque part que c'était une écriture à la manière d'Annie Ernaux. Et c'est vrai que ça y ressemble. Il n'y a pas vraiment de chronologie mais le fil conducteur de la vie de tous les jours nous entraine dans le quotidien de ces marocains venus pour faire « tourner » le pays. On a une vraie photo de l'intérieur du coron, de la maison, de la famille.
J'ai bien aimé ce style qui raconte du vécu. Je ne suis pas marocaine, je ne suis pas immigrée mais j'ai couru dans le quartier avec les autres gosses. Seul bémol, le dernier quart du livre m'a semblé long. On perd le rythme joyeux qui a précédé On n'est plus dans la réflexion et l'introspection. du coup ça perd un peu de son charme, enfin à mes yeux.
Si j'ai l'occasion je n'hésiterai pas à lire autre chose de Samira El Ayachi. le pays minier ce n'est pas très loin de chez moi, alors lire son histoire ça me plait bien
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J'attendais sa sortie avec impatience après avoir lu la chronique de @ahlamfertakh qui est très très influente chez moi 😅 et ce qui devait arriver arriva… gros coup de 🧡 !!

Le livre se passe dans le Nord, j'y ai vécu quelques années alors forcément ça me parle… l'histoire des mines, des terrils et des corons si ancrée dans cette région ne peut vous laisser insensibles.
Mais ici c'est différent, ce n'est pas une pure Ch'timi issue des familles de Germinal qui raconte l'histoire de son père, c'est Hannah, professeure de français puis institutrice, fille de mineur marocain.
Dès le début du roman on comprend qu'elle a fait quelque chose de grave, elle est en garde à vue… on suit ses interrogatoires pendant lesquels elle nous livre l'histoire de sa famille et de son père, les combats qu'il menait pour être reconnu, son courage pour lutter et faire reconnaître ses droits. Car à l'époque, les mineurs marocains sont des bêtes, des machines à extraire l'or noire dont le pays a tant besoin.
Parallèlement on aborde le thème du transfuge de classe : Hannah est éduquée, elle a son Capes, elle a un métier et est intégrée, alors ? qu'est ce qui ne va pas? Ce qui ne va pas c'est un peu comme dans « La Honte » d'Annie Ernaux, c'est votre éducation, votre milieu, votre passé qui vous collent à la peau, ça transpire, ça se voit dans votre façon de parler, de vous tenir, d'aborder les gens, de vous comporter…Elle les voit ces failles, elle en a conscience, mais de tout ce qu'elle a hérité de ce père, ne serait-ce pas la transgression ?

C'est un récit plein de courage, d'humanité, une déclaration d'amour pour ce père qu'elle admire et que je conseille +++ &#xNaN&#xNaN&#xNaN

« La mine est trop forte, la loi de la gravité nous tire vers les ténèbres tout le temps, et je ne sais pas comment faire pour me dégager de nos hiers »
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je suis partagée…j'ai aimé ce livre, qui nous emmène dans le monde des mineurs venus du sud Maroc, de leur famille. je l'ai trouvé riche, complexe, documenté. mais aussi un peu long, j'ai failli décrocher. Au final, une bonne découverte que je recommande toutefois !
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J ai fermé ce roman avec beaucoup d émotion.
Comme souvent j ai eu au début du mal à me répéter dans le temps.
Les deux premières pages s ouvrent sur une arrestation
Pourquoi comment Hannah en est arrivé là je vous laisse le découvrir ?
Remake de germinal oui parceque c est la misère des Corons non ceux sont les années 1980


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Une écriture très tonique, avec une approche, un angle très singulier. L'immigration, l'enfance, l'adolescence, la vie dans le coron, passent à la vitesse d'une traînée de poudre. Ensuite, ça devient plus pesant, comme l'âge adulte peut-être, mais aussi la découverte à posteriori de l'identité familiale, de la place de la mère, des luttes du père, le tout sur fond d'attentat au Bataclan et la vague islamophobe qui l'accompagne. Il y a pour ainsi dire deux romans, Hannah enfant, jeune, étudiante et Hannah adulte. le roman est imprégné de ça, et c'est peut être sa plus grande réussite, arriver à emmener le lecteur dans ces climats si différents.
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Lens, Méricourt, Oignies, Liévin... ces noms de villes qui résonnent dans chaque ch'ti coeur mais qu'on n'imagine pas retrouver dans un livre, et pourtant, Samira El Ayachi l'a fait et pas pour les dénigrer, au contraire, pour les assumer et les célébrer.

En effet, "Le ventre des hommes" est un roman qui met en scène une jeune femme, professeure dans l'éducation nationale, qu'on vient arrêter dans son école.

Qu'a-t-elle fait? On l'ignore de prime abord mais cette garde-à-vue sera l'occasion pour elle de se plonger dans les méandres de ses souvenirs et de réfléchir aux étapes de sa vie qui ont forgé sa personnalité, son identité. Et justement, cette identité est intimement liée à ce dont elle a tout fait pour s'émanciper, pour "échapper" aux corons dans lesquels elle a grandi.

Ce roman est intense et a beaucoup résonné en moi. le personnage d'Hannah me renvoyait tantôt mon reflet, tantôt celui de certains visages familiers. Il constitue à mon sens un ouvrage-témoignage tant il crie de vérité.
Que ce soit sur l'héritage des mineurs, la vie dans les corons, la vie des immigrés qu'on a fait venir pour travailler puis qu'on a dénigrés, l'image céleste que représentait l'Ecole pour ces familles et ce qu'elle est en réalité une fois la barrière franchie, ou encore les relations parentales, tout me semble juste.

En lisant ce roman, j'ai eu la nette impression que l'auteure se livrait complétement ou du moins qu'elle se faisait le porte-parole de toute une génération d'enfants élevée dans la honte des corons, de ses origines minières, une génération prête à tout pour sortir de cet environnement dévalorisé, dévalué alors qu'en réalité il constitue sa plus grande richesse, inutile donc de renier ses origines.

Avec le "Ventre des hommes" on a donc envie d'être fier de ses origines, d'être des enfants d'immigrés, des petits-enfants de mineurs et on garde en tête qu'aussi basses soient-elles, ce sont nos origines qui nous élèvent.
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Le ventre des hommes de Samira El Ayachi
Parution dans la collection Mikros littérature des éditions de l'aube depuis le 6 janvier 2023.

Premières Phrases : » C'est à mon père que je pense au moment où ils viennent me chercher. Ils sont deux. Deux, quatre, six hommes en bleu, debout, au seuil de la salle de classe, suivi de Dora, la dame qui s'occupe du ménage, et de nombreuses personnes qui les entourent ? »

Le ventre des hommes, nous entraine au sein de la famille d'un mineur dans le nord de la France.
Le père, vient de la terre marocaine, où les parfums embaument et se mélangent, il laisse derrière lui sa jeune épouse, son premier enfant, son village. Nous sommes en 1974, et le voici qui débarque à Marseille, pour la visite de la cité phocéenne, c'est raté, car déjà les cars attendent ces travailleurs pour les transporter dans le nord de la France où le charbon doit être extrait. C'est donc pour cette raison, que la France leur a tendue les bras, ces bras qui devront extraire à des centaines de mètres sous terre, le précieux matériaux.
« Tu as quitté le lit du désert pour embrasser la brume du nord »
Après, la solitude, arrive le regroupement familial, sa femme, son fils, ont également traversé la méditerranée et la famille s'installe dans la cité minière, avec dans les souvenirs le soleil du Maroc.

Cette histoire de famille, jouant avec le temps, c'est Hannah qui nous la rapporte, elle est celle qui étudie, celle qui s'inscrit à la fac, celle qui maitrise les mots. Avec toute la lucidité que lui offre son chemin de vie, Hannah, nous livre l'histoire de son père, indissociable de son combat pour les droits des mineurs marocains, ce combat mené durant de longues années avec ferveur et détermination.

Hannah, raconte également, l'histoire de sa génération, née en France, scolarisé en France, étudiant ou travaillant en France, mais qui au moindre écart est relégué à ce qu'elle nomme « sa condition d'arabe »
Un roman puissant et prenant qui m'a embarquée dès les premières lignes.
Les histoires s'entremêlent, les combats se juxtaposent et me voilà, captivée par cette histoire dont j'ignorais tout.

Un bel hommage rendu à un père courageux, tenace et aimant.

Emma aime :
-Apprendre à chaque page tournée
-Découvrir encore
-Comprendre et grandir.


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C'est d'abord un récit intime. Celui d'une petite fille d'immigré marocain, qui grandit dans la précarité dans une cité minière. de son oeil de petite fille, elle raconte sa mère au foyer, les jeux dans la rue, le père qu'elle admire, la famille nombreuse et sa passion pour la langue française et l'école. Mais alors, pourquoi l'histoire débute sur son arrestation par la police?

Déjà, je ne pouvais plus lâcher le livre.

Peu à peu, avec une construction extrêmement intelligente, l'auteure donne des pistes du passé.
L'histoire du père débute. Venu travailler dans les mines de charbon du Nord de la France lors de la course à l'énergie en 1970, il tente de faire venir sa famille et se trouve face à une montagne qui s'appelle le pouvoir politique et l'administration.

Samira al Ayachi raconte l'histoire de ce père qu'elle découvre sur le tard, son engagement et son combat pour faire valoir les droits des siens.

Les souvenirs sont entremêlés aux pensées, l'histoire se dévoile doucement à la manière d'une enquête intime et sociale en même temps. La quête identitaire est autant liée à son histoire personnelle qu'à celle d'un combat de société. C'est pudique, émouvant, jamais violent. D'une douceur incomparable, l'auteure nous parle du passé et de l'avenir. En découvrant la face cachée de ce père, elle construit une réflexion sur les tractations politiques qui dépassent les peuples, sur l'héritage familial, la force de son amour et l'espoir qui découle de la vérité.
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Touchant. Émouvant. Attendrissant. Nécessaire car il s'agit de raconter l'histoire pour ne pas fausser la grande Histoire. Mais bémols j'ai trouvé ce roman long, donc ennuyant parfois, et décousu. Si je comprends l'idée de l'autrice, j'ai trouvé qu'elle était mal incarnée dans son oeuvre. Dommage. Point de coup de coeur pour moi.
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