Je ne parlerai sûrement pas bien de ce roman. Est-il arrivé au mauvais moment ? C'est possible. Toujours est-il que ça n'a pas matché entre nous et ça me rend presque triste.
On ne peut pas dire que la première approche était positive. On assiste à une arrestation un peu grotesque et totalement improbable, pour une raison qui constitue le « suspense » du roman, et qui, une fois dévoilée, semble bien dérisoire et s'inscrit dans une sorte de rébellion… de pacotille. Bon. Ça, c'est dit.
Alors oui, il y a l'histoire du père, Marocain venu travailler dans les mines de charbon, il y a aussi la vie dans les corons qu'on savait difficile à la fin du 19ème grâce à
Zola et qu'on découvre ici du point de vue des travailleurs immigrés et racontée avec l'oeil d'une adulte qui se remémore ses souvenirs d'enfant. Je crois qu'une chanson de Bachelet me toucherait davantage que ce que j'ai lu. Non pas que je reste insensible au sort de ces familles ou au récit des combats engagés pour reconnaître les droits des mineurs immigrés, mais le style de l'oeuvre y est pour beaucoup, j'en ai bien peur.
Si la narratrice nous raconte l'amour des mots et des langues qu'elle s'est découvert dès l'enfance et qui a été pour elle comme un refuge pour sursoir à la prise de conscience de la misère ambiante, l'usage qu'elle fait ici des mots ne m'a pas enthousiasmé. Des phrases courtes, souvent infinitives ou nominales pour quoi au juste ? imiter une narration enfantine un poil artificielle ? Evoquer l'urgence du récit que provoque l'interrogatoire ou celle du combat d'un père vaillant lui-aussi arrêté en son temps lors d'une grève minière ? Transcrire le téléscopage des idées, des sentiments, des époques entre l'hier du père et l'aujourd'hui de sa fille qui se font écho par leur combat commun ? Pour moi, l'effet tombe à plat. Et plutôt que de me séduire, il me rebute. Les quelques vers poétiques disséminés dans le roman ne sauveront pas l'affaire.
On aurait pu croire que l'évocation de l'entrée dans l'Education Nationale de la narratrice titille un peu ma fibre professionnelle. À peine. de loin. La narratrice-élève est brillante, elle devient professeur au collège puis enseignante en primaire, ce qui est « moins prestigieux » pour son antipathique compagnon. Qu'il aille bien se faire voir, celui-là.
Bref, bref, inutile d'en dire davantage, on l'aura compris, cette lecture n'aura pas eu l'effet qu'elle a eu chez tant d'autres. Tant pis pour moi. Pour un avis enthousiaste, je ne peux que vous conseiller d'aller faire un tour chez @floflyy qui rend compte du roman avec un enthousiasme à la hauteur du coup de coeur qu'il a eu à sa lecture. Si cela peut vous convaincre de le lire…