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Citations sur Travelingue (20)

Elle se laissait abuser par un fallacieux rapprochement d'étymologies et attribuait à ce terme pédéraste le sens de coureur à pied.
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L’agrément de la vie, c’est de choisir en ayant l’air d’ignorer le hasard.
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On se mit à parler politique. A travers les propos, la révolution apparaissait comme un film "d'une beauté formidable", dans une atmosphère de rut et de poète maudit, mais aussi comme une romance tiède, morale et attendrissante.p.58
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Pierre Lenoir, lui, était de plus en plus insignifiant. Employé de bureau, timoré et méticuleux, il semblait avoir perdu ce puéril, mais chaleureux enthousiasme de crétin sportif, qui pouvait à la rigueur passer pour une raison d'être.
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Milou déclara qu'il avait assez de la boxe.
-Tu as grand tort, lui dit Johnny avec froideur. L'oisiveté ne te vaut rien du tout. Tu peux me croire, j'ai suffisamment l'expérience des jeunes hommes de ton milieu. Tu es un petit plébéien, porté sur la nourriture, la boisson et les moteurs d'auto. Si tu ne t'astreins pas à un travail, à une discipline, tu vas t'épaissir rapidement. Je te vois d'ici deux ans,rougeaud, courteaud, avec une dilatation d'estomac, de grosses fesses, double menton, une petite moustache de commis voyageur et des joues soufflées, salies de poil. Bref, un vrai homme à femme.
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"Sur la terrasse de la petite maison qu'il habitait au flanc ouest de Montmartre, Johnny humait l'air du matin en rêvant à sa vie écoulée et ressentait la tristesse de vieillir, qui étreint plus durement les êtres asservis par une passion toujours chaude. Près de lui, un arbre qu'il avait vu planter arrondissait à hauteur de la terrasse une frondaison encore odorante de l'averse de la nuit et mouillait alentour la lumière oblique du matin. Johnny se revoyait quinze plus tôt dans le même soleil matinal, devisant avec des compagnons agréables et tels que s'il les eût choisis avec beaucoup de prudence. Il avait alors quarante-cinq ans et gardait en sa maturité une jeunesse encore ferme tant du visage du corps. Sa politesse et sa bonne grâce, qui faisaient rechercher sa société, étaient sans afféterie et fleurissaient naturellement. Pour forcer l'attention et l'intérêt des hommes désirables, il n'avait pas besoin de cet empressement exagéré, de cette prévenance courtisane, qui devaient l'amener à se faire remarquer par des attitudes efféminées. Autrefois, il était généreux avec désintéressement et les jeunes gens venaient à lui sans calcul, heureux de plaire. Aujourd'hui, ils ne venaient plus. La vie n'avait plus de tendres surprises."p.142
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"-Les riches d'aujourd'hui, c'est comme les fromages trop faits, ça ne sait plus garder les distances"
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Pierre secoua la tête et médita, plein de rancunes, sur l'inégalité des conditions sociales et sur le triste hasard qui l'avait fait naître dans une famille de gros industriels. Fils d'ouvriers ou d'employés, ses parents n'eussent pas contrarié sa vocation de coureur de fond. Obscurément, il se prit à former des vœux pour la subversion de l'ordre social et le triomphe des partis extrémistes. Le désir lui vint d'exprimer sa pensée à haute voix, mais, à la réflexion, il ne trouva pas dans ses aspirations déçues de coureur à pied des raisons valables d'aller à la révolution. Un tel raccourci lui parut même un peu choquant. Du reste, une profession de foi révolutionnaire risquait de le rendre ridicule, lui, qui, à vingt-quatre ans, libre de tout souci matériel, n'osait même pas se révolter ou seulement objecter contre les exigences de son père.
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Ecrivain. Tu écrirais des livres. Je suis sûr que tu réussirais très bien. Tu es photogénique et fils de croque-mort, il n'en faut guère plus. Le reste viendrait tout seul. Naturellement, tu ferais dans la misère du peuple, l'injustice sociale, la poésie des masses, la noblesse de leurs instincts.Je t'aiderais un peu pour les commencements. J'ai pensé que tu pourrais débuté par des souvenirs d'enfance. Tu écrirais simplement, comme tu as appris. Je vois très bien des petites phrases courtes, dans le genre de celle-ci:"Mon père était croque-mort. Mamère faisait des ménages. Nous étions sept frères et sœurs. Le soir, à table, le père racontait sa journée. Tantôt, disait-il, j'ai enterré un sacré lapin. Ce cochon-là faisait au moins cent quatre-vingt livres. On riait. Il était content. Je l'admirais. Il était le maître de la vie et de la mort." Les connaisseurs s'extasieraient sur la concision magique de ton style: dureté et éclat du diamant. Les journaux de gauche diraient: Un grand écrivain et un prolétaire authentique.Et même dans les journaux de droite, quand on saurait que tu es mon ami, on se montrerait bienveillant."p.145-146
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"Nos frères d'Espagne ont des droits sur nous. Il en fut troublé et agité. La rencontre lui paraissait menaçante et suspecte. Il prit dans sa poche une paire de jumelles et, s'allongeant à demi sur la table à côté de son fusil, regarda par le créneau. A travers ses jumelles, il distingua nettement la révolution qui montait, un grouillement infâme de communistes débraillés, de juifs, de socialistes prébendés, d'alcooliques, de radicaux barbus, de peintres cubistes, d'espions allemands et de provocateurs moscovites. Tout en dévorant la substance de la France, la horde avançait lentement, avec des pauses et des reprises, mais d'un sûr et ample mouvement de marée." p.203
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