Tu dis à ton mari : "Je me méfie des mots". Les mots servent à confectionner les mensonges dans la bouche des hommes. La peinture, le tricot, les confitures, sont des compagnons sincères. Pourtant tu aimes lire. Les mots écrits dans les livres sont figés, inertes, inoffensifs, quelle que soit leur puissance. S'ils ont une arrière-pensée le lecteur a tout le temps de la découvrir puis de l'apprivoiser. Mais le parler... Le parler est un étrange mélange de venin et de poudre faible.
PEU D’HOMMES...
Peu d’hommes ont le cœur pivoine. Pour beaucoup l’amour est provisoire. Tu ranges tes fiancés comme des parchemins fiévreux dans le désordre des choses. Premiers butins charnels. Déshabillée, haletante dans un tempo de caresses, tu t’acharnes à penser que tu n’es pas nue et que tu t’appartiens.
Lorsque tu réfléchis trop, la mémoire de tout le mal que tu fais sans le vouloir te saute aux joues. Deux roses pourpres les colorent. Ton coeur se serre. Comme si le mal était inhérent à l'enfance. Tu as beau mettre un brassard à tes pensées, les secours ne viennent pas. On te retrouve seule sur un banc, frigorifiée par la nuit qui est tombée il y a bien deux heures de cela.