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EAN : 9782707317735
173 pages
Editions de Minuit (07/01/2001)
3.82/5   443 notes
Résumé :
Les rechutes en général ne sont pas bénéfiques pour la santé, à l'inverse de celle que connaît Simon Nardis. Cet ancien pianiste de jazz avait renoncé à chauffer l'ambiance des clubs pour se recycler dans le chauffage industriel. Abandonner la musique, c'était échapper aux tentations de la nuit, de l'alcool, de la drogue pour retrouver une forme d'équilibre sous la protection bienveillante de sa femme Suzanne. Mais il a suffi d'un train raté à l'occasion d'un dépann... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
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Un soir au club

Jam session : vague à l'âme, variations.

Il y a plus ou moins une semaine Ambages m'a balancé : un soir au Club, super ! Comment refuser son invitation ? Christian Gailly, je ne connais pas. Alors, j'y vais ... ou j'y vais pas ? Avec ou sans Ambages ? Avec ! Avec sinon, non. Avec sinon rien. Samedi.

Evidement, je rate mes trains de 10h12 et de 13h21. Foutue chute ! Erreur d'aiguillage. J'entends Passer les wagonnets.
*"Les wagonnets
Qui nous éloignent l'un de l'autre
Erreur du destin qui choisit.
Les wagonnets"

Hagard, j'attends au buffet. J'attends le prochain, tiens ! Il a du retard ... le prochain train, je l'attends au buffet de la gare. Pour passer le temps, je prends un demi et puis encore un. Marrant, total cela ne fait qu'un. Pas de quoi être bourré. Pas avant le club, qui le sera c'est certain. Après on verra bien. le train démarre, accélère son tempo. "Locomotive d'or" Top, top, top ... Un autre air me vient.
** "Ca fait des siècles que j'attends
Sous le paravent
Le vent du désert m'allonger
M'allonger sous le paravent
Sous le sable blanc
Tout près de la mer à côté

Un palais un palace
Pour voir le temps qui passe
Je ne suis pas sur la photo
Je suis au bord de l'eau
Être en vie n'est pas assez ni trop"

Sûr, il fera nuit. Ciel noir, nuit blanche ! Ciel noir, nuit blanche ? ... noir, ...blanche. Dans la nuit flotte comme la promesse de ^^ "Dur réveil." Belle aventure. Je suis tendu d'être attendu. Il y a si longtemps. Je vivais en dormant. Je rumine comme un veau, attendri : m'attendra-t-elle ? Bref, enfin.
* "Un peu parti un peu naze
J'descends dans la boîte de Jazz
Histoire d'oublier un peu le cours de ma vie"

Comme prévu, rien qu'à voir le nombres de critiques, c'est bourré. Un geste, cela doit être Ambages. Eh oui ! Je la reconnais à ^ "ce geste qui veut dire : viens, il est encore temps. Et c'est à ce moment précis, que moi je le vois comme un diamant." Il y a une ambiance de feu avec ce trio. Feu Michel Petrucciani au piano, feu Henri Salvadore à la basse et la guitare, feu Raymond Devos à la batterie. Ambages s'approche. Mes mains qui tremblent. Il y a si longtemps. Si longtemps que je n'ai plus joué.
** "Je n'en peux plus de l'attendre
Les années passent
Qu'il est loin l'âge tendre
Nul ne peut nous entendre"

Elle m'enchante, elle me chante, très fort pour que je l'entende.
* "Touchez mes blanches caressez mes noires
dit-elle en venant se coller sur ma peau
c'est le début me suis-je dit d'une histoire
j'acceptais l'invitation illico

On a dansé toute la nuit avec ma guitare
qui ressemblait de plus en plus au piano
de l'homme dont on fêtait la mémoire"

Je voudrais lui parler vraiment du livre. du souvenir que je garderai. Ce duo doré sur le sol sablonneux, dans l'été indien de leur vie. Avec dans mon imaginaire, en toile de fond Mélodie pour un meurtre, Al Pacino et sa chanson Sea of Love. Mais je me souviens p.70 "Un club de jazz n'est pas un endroit ou parler, même de jazz ou d'amour. On se tait, on écoute."

Et à ce moment très précisément, Raymond Devos se lève prend sa clarinette. Nous offre "Petite Fleur". Silence absolu. Ciel noir, nuit blanche. Et puis :
*** " Sur une mer imaginaire , loin de la rive...
L'artiste en quête d'absolu,
joue les naufragés volontaires...
Il est là debout sur une planche qui oscille sur la mer.
La mer est houleuse et la planche est pourrie.
Il manque de chavirer à chaque instant.
Il est vert de peur et il crie:
"C'est merveilleux!
C'est le plus beau métier du monde!"
Et pour se rassurer il chante :"

Jonaz monté sur la scène :
* "Tous ces désirs inassouvis qui s'amoncellent
on voulait s'endormir à l'ombre d'une immortelle
se glisser sous un arc en ciel
comme un oiseau sous un arc en ciel
où vont les rêves où vont les rêves
où vont les rêves où vont les rêves"

* Michel Jonaz, Bonsoir
** Henri Savaldore, A la guitare et à la basse .... Henri Salvadore, Mesdames et Messieurs
*** A la batterie ... et à la clarinette ... de Belgique ... RAYMOND DEVOS, applaudissez
ET AU PIANO... petit par la taille, mais combien grand par le talent : Michel Petrucciani, MICHEL PETRUCCIANI, MESAMES ET MESSIEURS.

Rem : Les personnages d'Ambages et Krout sont purement imaginaires dans ce texte J'espère qu'elle ne m'en voudra pas de mes longues digressions par rapport au thème principal dont ne reste plus que quelques touches ci et là disséminées dans mon interprétation, très libre. Question de style, sorte de signature. Comme partager la scène, très jazz aussi. Je vous invite à rejoindre sa critique beaucoup plus respectueuse et proche du texte originel. Je tenais à la remercier pour cette très belle découverte. Que de belles émotions !
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Un club, sur la scène « trois instruments. Piano, basse, batterie. La plus belle formation selon Simon ». Il s'y connait lui dont la « manière de jouer avait pas mal chamboulé la pratique du piano en jazz ». Mais sa vie d'alors avait un tempo particulier : « nuit, jazz, alcool, drogue, femme, jazz, nuit. » Suzanne, sa femme, un soir « a entendu le danger. Elle est allée le chercher. Elle l'a ramené, enfermé, soigné. »

Dix ans qu'il n'a pas touché un piano. Ni un verre d'alcool. Ni même écouter un morceau de jazz. Maintenant c'était « la belle, la grande, la classique, la savante. Il s'y était mis après sa désertion. Le swing lui manquait mais à défaut swing il se gavait de beauté. »

Il devient technicien, s'occupe d'ajuster la température d'une usine, d'un entrepôt. Suite à un incident, avec l'ingénieur, ils travaillent une partie du week-end dans cette entreprise située au bord de mer. Il ne rentrera pas à Paris ce soir. Il ne rentrera pas chez lui. Suzanne attendra.

L'ingénieur souhaite le remercier pour son aide, il l'emmène « un soir au club ». Scène piano jazz alcool... tout y était. Debbie aussi. « Il oublia le clavier. Il jouait pour elle ». Ils ont improvisé un petit blues « pendant au moins 96 mesures en si bémol ».

« Quand Simon m'a raconté cette scène d'amour j'ai trouvé ça charmant, s'agissant d'un homme et d'une femme vieillissants qui sans doute ne connaîtront plus jamais une émotion de cette qualité, aussi intense, aussi belle dans sa fulgurance. »

Un nouveau trio piano, une nouvelle formation entre en scène : Suzanne, Debbie, Simon. Et...

«Softly as a morning sunrise » !

Ce livre swingue tant sur le fond que sur la forme. L'écriture est syncopée, rythmée. Christian Gailly, que je découvre avec ce roman, aime autant la mer que le jazz et le rend à merveille avec ses choix de mots, et ses harmonies. Les phrases parfois écourtées à l'extrême, aspirant le sujet, pour ne laisser que plus de rythme au récit. Ça swinguait !

Une jolie histoire. J'ai beaucoup apprécié cette lecture.

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Simon était jazzman. Pas n'importe quel jazzman : un grand, avec un style reconnaissable entre tous. Mais le jazz, c'était aussi l'alcool et la drogue. Alors Suzanne n'a pas accepté, il a dû choisir. Il est devenu un bon mari et un bon père de famille.
Simon est devenu ingénieur chauffagiste et a oublié tout le reste.
Lors d'un déplacement professionnel dans une station balnéaire sur la Côte Normande, à cause d'un train raté, il rentre par hasard dans un club de jazz et pendant la pause des musiciens il s'assied devant le piano et se met à jouer.
"Il faut imaginer ces mains, au-dessus du clavier, qui tremblent, et Simon qui, toutes les quinze secondes environ, les cache derrière son dos, puis les montre à nouveau, les offre au piano, les lui propose, l'air de lui dire : Je t'ai abandonné mais je reviens »
Une femme a pris le micro pour mêler sa voix à la musique.
« le micro sur les lèvres, reprenant au vol la mélodie, elle chanta tout près de lui : Vous n'avez pas changé. Simon leva le nez, regarda Debbie, puis, sans cesser de jouer, répondit : Vous non plus. Simon ne l'avait jamais vue. »
Le texte de Christian Gailly est magnifique, l'écriture est somptueuse, d'une grande musicalité.
Un texte court mais un grand roman sur le thème de l'éternel retour de la passion et de l'amour.



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Quel charmant roman !
Il est très court mais me laisse une forte impression.
C'est sensible, délicat, tout en nuance et en pudeur.
La manière de procéder est intéressante. C'est un ami qui raconte ce qui est arrivé à Simon Nardis, ancienne gloire du jazz. Un ami proche et compatissant, tendre et attentif.
Franchement une belle découverte. Je ne connaissais pas Christian Gailly. Je vais creuser de ce côté là
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Un style bref, syncopé et jazzy.
Le narrateur nous raconte une histoire sur un mode oral avec des retour en arrière des évocations du futur... C'est très particulier mais totalement prenant.
L'histoire pourrait être simple : un ancien pianiste de jazz qui est revenu à son ancien métier (chauffagiste) après avoir risqué la mort (alcool, drogue, femmes, jazz) et n'écoute plus que du classique va rentrer dans une boite de jazz parce qu'il a une heure à perdre.... et là tout le passé va revenir.
C'est "un singe en hiver" à la mode jazzy.
Je vous en recommande la lecture surtout si comme moi vous ne connaissez pas cet auteur, c'est un très bo moyen de la découvrir.
Bonne lecture!
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Était-ce le commencement de quelque chose ? N'était-ce pas plutôt la fin de quelque chose ? Ni l'un ni l'autre. C'était l'un et l'autre. Quelque chose d'autre. D'entre les deux. D'où cette dépression de l'attente dans un temps arrêté, un vide où quelque chose devait se décider.
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Debbie chantait sans vibrato. Ligne de voix neutre, à la manière de certains saxophonistes de la côte ouest. Simon découvrait le plaisir de jouer seul avec une voix, pour elle. Une voix d'alto, presque sèche. Émouvante dans sa manière de refuser toute concession à la joliesse. Et ça, ça me plaît, pensa Simon.
Et tout en se faisant discret. C'est si délicat d'accompagner une voix. La précéder ou la suivre. Lui répondre. Anticiper l'accent par une question. Il s'appliquait à ce dialogue. La regardant, il ne pouvait pas ne pas voir ce visage. Et, à la longue, ne pouvait manquer d'être frappé, d'une surprise ralentie par le temps, par tout ce temps qu'il fallait retraverser pour y voir clair. Il oublia le clavier. Il jouait pour elle.
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Simon se leva. L'ingénieur aussi. L'ingénieur le précéda. Dépêchons-nous, dit-il. Parvenu à la sortie il ouvrit la première porte et se retourna. SImon n'était plus là. Il le chercha. Le vit là-bas. Il montait sur l'estrade. Mais qu'est-ce qu'il fait ? Se demanda l'ingénieur. Simon s'asseyait devant le piano. Il est soûl ou quoi ? il a vu l'heure ?
Il revint sur ses pas, l'ingénieur, chemina entre les tables, s'approche de l'estrade, intimidé, on pouvait le prendre pour un bassistes ou un batteur. Avec son ongle il toquait le verre de sa montre qu'il montrait à Simon ; Vous allez manquer le train, dit-il.
Simon tremblant le regarda de haut et répondit : Je prendrai le suivant. Il n'y a pas de suivant, dit l'ingénieur. Si, monsieur, dit Simon, il y a toujours un suivant, la preuve. Quelle preuve ? Dit l'ingénieur. Rentrez chez vous,dit Simon, merci pour tout. IL avança ses mains. Les suspendit au-dessus du clavier.
(...)
Presque arrivé en haut, dans son dos il entendit le piano. Des notes claires le tiraient par sa veste. Il redescendit pour vérifier. C'était bien Simon qui jouait, commençait, essayait de commencer, tâtonnait.
Pour l'ingénieur ce fût : désir de remercier déçu. Simon s'offrait ce que lui, l'ingénieur, n'avait pas pu lui offrir.
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La ballade en bagnole fut trop brève. C'est vrai, c'est agréable de se laisser conduire comme ça par une femme qu'on aime, même si on ne veut pas, le crâne dans du coton, les yeux pleins de sel, le sel des larmes du sommeil quand on bâille, des larmes pleines de buée, de reflets, de lueurs, des lumières qui surveillent le vide, éclairent le calme, le désert des rues, pas une seule voiture à part celle-ci qui nous promène, engourdi bien callé : Moi je ne bouge plus d'ici, pensa le crâne de Simon.
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Debbie n'était pas à six minutes près. Elle le lui dit. Simon si. C'est important, dit-il, six minutes, on manque son train pour moins que ça, si je vous écoutais je le raterais.

Et puis après ? dit Debbie. Après, après, dit Simon. Ce serait si grave que ça ? dit Debbie. Grave, grave, non, dit Simon, mais. Mais, mais, dit Debbie. Oui, oui, dit Simon. Eh oui, dit Debbie. Bah oui, dit Simon. Eh oui, refit Debbie. Bah oui, refit Simon. Et chacun refit ça un certain nombre de fois, Debbie son ehoui, Simon son bahoui.

Et cet “ ehoui-bahoui ” se révélant swin­guant ils improvisèrent un petit blues. Debbie claquait des doigts pour scander son “ ehoui ”. Simon lui répondait par son “ bahoui ”. Simon me disait qu'ils avaient improvisé comme ça pendant au moins 96 mesures en si bémol. Puis tous deux à bout de souffle ils ont éclaté de rire.
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