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3,7

sur 480 notes
On est ici dans un post-apo, voire une anticipation, particulièrement réaliste et terrible, où "le tarissement des énergies fossiles a radicalement modifié la géopolitique mondiale", et "la maîtrise de bio-ingénierie est devenue le nerf d'une guerre industrielle sans merci".

On suit de près quelques personnages tous imparfaits et attachants, représentatifs des différents types de situations sociales générées par ce nouvel ordre mondial.

La misère y fait loi et l'exploitation humaine est partout ; les mieux lotis ne le restent que par un périlleux jeu de pouvoir...

J'ai trouvé beaucoup de choses très intéressantes dans ce roman, notamment sur l'emprise des puissants, les grains de sables qui peuvent faire dévier la machine sans pour autant échapper au broyage, un changement extrême difficilement concevable (et pourtant très crédible)... et par-dessus le tout, une nouvelle question d'éthique concernant les Nouvelles Personnes, automates biologiques créés pour le divertissement ou le domaine militaire, mais qui peuvent tout aussi bien dériver très loin de leur fonction et place originelles...

C'est aussi une pièce magistrale orchestrée sur les thèmes de l'adaptation, de la résilience, et de la quête d'identité.
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Dans la même veine que les anticipations de Ian McDonald, La Fille automate nous amène dans un futur proche et terriblement réaliste. Ça nous pendait au nez depuis des années, voilà le monde de demain : plus de pétrole, la calorie comme énergie la plus prisée, la montée affolante des eaux, la disparition de mégalopoles etc...

Développant une vision brillante de la géopolitique asiatique future mêlée aux conflits inter-ethniques/religieux et à l'ingérence des grandes entreprises biotechnologiques et leur influence internationale, Paolo Bacigalupi nous prouve l'étendue de son génie. Mais plus que des idées, ce roman est profondément humain et nous offre un panorama sans concession de notre espèce visiblement vouée à la destruction de ce qui l'entoure.

Un des romans majeurs du XXIe siècle et je pèse mes mots ! A quand la suite ?
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Un livre de SF qui présente un futur terrifiant, qui pourrait bien être celui de la terre dans un siècle si nous n'y prenons pas garde.

Le réchauffement climatique est là, les transgénieurs ont joué avec le feu en créant de nouvelles espèces animales (le chat du cheshire, en hommage à Lewis Carol, fluo et caméléon, ou les charançons transpiratés qui ravagent les récoltes), humaines (les différentes versions des automates humains), et végétales, (des plantes stériles, rendant dépendant des fournisseurs...).

Les cultures sont malades, et les maladies passent aux hommes (rouille vésiculeuse, cibiscose) et sont morelles. Au milieu de ce chaos génétique, où l'énergie fossile n'existe plus, le monde a changé. La géopolitique est dominée par quelques grandes compagnies des calories (Soypro, Agrigen...). Il faut savoir qu' aujourd'hui, dans la ''vraie vie'', il n'y a réellement que trois grands fabricants de semences au monde. On n'y est presque!! Mais là, dans ce roman, c'est monsanto puissance dix mille (est-ce que je risque un procès??)

En Thaïlande, à Bangkok, les magouilles s'enchainent, dans un combat à mort entre le ministère de l'Environnement chargé de surveiller les importations des produits transpiratés et le ministère du Commerce qui pactise avec les farangs (les étrangers et leurs entreprises qui dépensent leur quota carbone dans les pays du tiers monde.

Un enjeu majeur pour Anderson Lake: trouver la banque de semences thaïlandaise pour renouveler le stock de gène de l'entreprise pour laquelle il travaille. L'enjeu est stratégique, car cela relève pour lui de la diversité et de la salubrité des productions agricoles à venir.

Entre pot de vin à tous les bords, coups d'états, conflits sociaux (peuple/ farangs/ yellow card / automate) et raciaux (chinois, thaïs, birmans, farangs), il ne fait pas bon vivre dans ce futur vers lequel nous courrons si nous ne faisons rien et continuons à gaspiller nos énergies.
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Ce bouquin est d'une incroyable richesse de part les multiples thèmes qu'il aborde (politique, écologie, génétique, religion, corruption, tolérance…). Par contre pour entrer dans l'univers de l'auteur il falloir vous accrocher, les premiers chapitres pourront rebuter les moins tenaces mais, même si je reconnais que la prise en main est laborieuse au début, je vous invite à persévérer, le récit devient rapidement addictif et vous ne devriez pas le regretter.

La première surprise vient justement de l'univers du roman, une vision plutôt sombre de notre devenir, une Terre ravagée par les catastrophes naturelles, les épidémies et les guerres, le terrain est dorénavant franchement hostile ; on se retrouve au coeur d'un décor à la fois futuriste et passéiste (certaines technologies appartiennent clairement au futur alors que d'autres, de notre présent, semblent avoir disparues). D'autre part c'est plutôt original de choisir pour cadre la Thaïlande, devenue un avant poste de la biogénétique, seule chance de survie de l'humanité, mais instable sur le plan politique ; exotique certes mais en contrepartie ça complique un peu la donne pour retenir les noms propres ainsi que certains termes locaux.

La densité du bouquin tient autant dans le nombre de ses personnages que dans les différentes intrigues qui semblent, de prime abord, sans rapport les unes avec les autres mais finissent par se lier en un tout particulièrement soigné (même si certains personnages subissent l'intrigue plus qu'ils n'y prennent part activement). Si l'intrigue peine un peu à se mettre en branle je peux vous garantir que par la suite on a l'impression d'être au coeur d'un thriller tant le rythme est soutenu et les rebondissements ne manquent pas (jusqu'au dernier chapitre vous serez surpris).
Lien : http://amnezik666.wordpress...
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Dans un monde presque apocalyptique, et surtout post-pétrole, Paolo Bacigalupi nous décrit un monde impitoyable, où les hommes comptent peu, ouvert à toutes les magouilles et les malversations autour de la maîtrise de l'énergie. Étonnamment, nous ne sommes pas ici du point de vue américain mais en Thaïlande ! Un royaume que les grandes puissances soupçonnent de produire une nouvelle source d'énergie. le Ministère de l'Environnement est surpuissant, alors que celui du Commerce est anémique : symbole de ce monde atrophié.

Au coeur de tout ça, un automate, ou plutôt une fille automate qui a échoué ici illégalement, importée du Japon, et qui va cristalliser certains intérêts, tout en servant de catalyseur à l'action principale. Un robot qui, contrairement à certains humains, a des sentiments, et même des rêves. Un Nouveau Peuple qui s'est adapté à ce nouveau monde, auquel les humains s'accrochent sans évoluer.

Ce texte est un roman extrêmement ambitieux : sur près de 600 pages, l'auteur nous dresse le panorama d'un monde complètement bouleversé, dans lequel le lecteur est presque sans repères. Par ailleurs, le choix semble avoir été fait de ne rien expliquer, mais simplement de le mettre en face des faits et de cette nouvelle réalité. J'admets que j'ai été assez déboussolée, moi qui critiquait pourtant certains textes de science-fiction pour ados où tout était trop posément expliqué. Ici, je me suis épuisée à comprendre les nouveaux mécanismes, les nouveaux enjeux et les luttes de pouvoir. Et je ne suis pas sûre d'avoir tout bien compris, ce en quoi le vocabulaire ne m'a pas du tout aidé : entre termes anglais non traduits, mots chinois et créations de l'auteur, on en perd son latin … : yellow cards, yang guizi, compagnies caloriques, mahout, etc.

Cependant, si je ne suis pas vraiment entrée dans cet univers, je reconnais ses qualités, et même ses traits de génie, même dans certains détails (la création folle des cheshires, sortis tout droit du monde de Lewis Caroll, et trop bien réussis, au point qu'on ne les contrôle plus !)

Bref, un roman complexe, dont je ne sais trop quoi dire mais qui vaut le détour pour les fans de science-fiction.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Emiko est une fille automate, le produit d'une avancée fulgurante de la science au service de l'homme, son confort et sa soif de puissance. En matière de génétique, les progrès ont été spectaculaires, portant le monde à une expansion sans fin. Mais avec eux, ils ont aussi amené leur lot de malheurs avec l'émergence de redoutables maladies se transmettant de la flore et la faune à l'homme. Après le temps de l'expansion est venu celui de la contraction et du contrôle des ressources planétaires. Et c'est maintenant l'énergie calorique qui est devenue la monnaie en vigueur. Quant à Emiko, elle s'est vue abandonnée par son maître et confiée à des mains moins aimantes à Bangkok, la cité des êtres divins. Bien malgré elle, elle va se retrouver au coeur d'une guerre opposant le ministère du commerce et celui de l'environnement.

« La fille automate » est un premier roman multi-primé écrit par Paolo Bacigalupi. Roman touffu, à la fois dense et riche, il entraîne le lecteur dans une aventure inoubliable, visionnaire et effrayante.

Dans un univers post-apocalyptique où les technologies ont pris le pas sur l'homme, menaçant jusqu'à sa survie, les humains tentent de s'en sortir. L'action prend place à Bangkok, en Thaïlande et conte l'histoire d'êtres différents mais habités par une même soif d'aller de l'avant et de voir leurs rêves devenir réalité. Parmi eux, il y a Anderson, l'américain d'AgriGen qui veut prendre le contrôle sur la banque de semences du pays pour mieux asservir le monde ; il y a aussi Hock Seng, le chinois yellow card dont la présence est tout juste tolérée pour la force de travail qu'il peut procurer. Il rêve de repartir dans son pays qu'il a dû fuir et où sa famille a été décimée. Et puis, il y a Emiko, la fille automate dont les gènes pourtant apprivoisés, contrôlés et éduqués se rebellent, faisant jaillir en elle une soif d'ailleurs et de liberté, un souffle d'humanité. Il y a enfin Jaidee, le tigre de Bangkok, une « chemise blanche », brigade du ministère de l'environnement, et son lieutenant Kanya, tiraillés entre obéissance aux ordres et loyauté à d'autres valeurs.

Dans cette cité labyrinthique, animée d'élans contradictoires, ces êtres fragiles s'efforcent de rester debout, fidèles à ce qui les anime, quoi qu'il en soit du prix à payer.
L'intrigue est captivante, d'un bout et l'autre, et bien soutenue par une écriture talentueuse. L'auteur sait décrire les diverses formes d'atmosphère avec des mots choisis et une poésie parfois douce qui tranche avec le brutal des situations. Sous sa plume, les ciels apocalyptiques, les orages de fin du monde ont la beauté de temps suspendus, d'une attente qui redoute, qui espère malgré tout.

« La fille automate » mérite la reconnaissance de ses prix. A l'issue de ce grand roman, il reste le goût de ciels de cendre, le souffle mêlé de la résignation et du désir, la force d'un roman aussi visionnaire qu'effrayant.
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Confronté à l'impossibilité de trouver un angle d'attaque, je cède honteusement à la facilité en balançant de but en blanc une courte définition. Car le saviez-vous ? « le Biopunk est avant tout un sous-genre de science-fiction que l'on peut définir ainsi : courant dérivé du Cyberpunk, construit principalement non sur les technologies de l'information mais sur la biologie, […]. » (Pour la source et d'éventuels détails, c'est par ici : http://www.livresfantastiques.fr/dictionnaire-19-biopunk.html). Cette définition a son utilité dans la mesure où l'on y retrouve certains des éléments majeurs de la fille automate, roman sur lequel il était vraiment temps que j'écrive un petit quelque chose. L'angoisse de la page blanche, ça peut vous prendre à n'importe quel moment.

L'intrigue façonnée par Paolo Bacigalupi (et multiplement récompensée) accorde en effet une grande importance à la biologie, via les manipulations génétiques et leurs éventuelles conséquences dans un ou deux siècles. Les « technologies de l'information » en sont quant à elles presque absentes car, durant ce laps de temps, les sources d'énergie se sont raréfiées et l'économie globale s'est effondrée. Tout un tas de trucs désagréables se joignent à la fête, au nombre desquels de violentes épidémies qui sévissent encore et toujours. Toutefois, si beaucoup de pays ont chuté, la Thaïlande reste debout et c'est là que l'auteur nous emmène.

Le fier et puissant Royaume Thaï résiste en effet aux épidémies, aux inondations et aux appétits étrangers, dont les puissantes compagnies agroalimentaires détentrices des banques de semences mondiales. Toutefois, les choses commencent à changer et c'est là que la dimension politique du roman entre en jeu. Une des bonnes idées de l'auteur est de ne pas construire son intrigue uniquement autour des conséquences d'un effondrement de l'économie, mais plutôt sur la timide reprise des échanges qui lui succède. Sur cette question, les vues du puissant ministère de l'Environnement, garant de la survie du pays, et celui du Commerce sont diamétralement opposées, et la tension augmente.

Au-delà du contexte général, qui a l'avantage d'être plutôt original, bien construit et propice à l'imagination (que faire des gratte-ciels désormais vides et sans électricité ?), ce sont les trajectoires croisées de divers personnages, tels un employé agroalimentaire américain, un réfugié chinois ou encore un héros national thaï, qui font avancer l'intrigue. Cela bien sûr sans oublier Emiko, l'automate qui inspire le nom du livre. Davantage prouesse génétique que technologique, elle prend son temps pour se révéler au lecteur mais reste une pièce centrale de ce puzzle asiatique et emmène l'histoire sur des rivages plus existentiels.

Enfin, même si les thèmes abordés dans ce roman font l'actualité et provoquent souvent la polémique, je n'ai aucune envie de m'attarder là-dessus. Je me contenterai plutôt de dire que La fille automate m'a apporté tout ce que j'attendais d'un roman de science-fiction qui se respecte : de l'imagination, du rêve (à tendance cauchemardesque), de la réflexion et même une bonne dose de suspense. de la bonne came, avec ou sans OGM.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=1..
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Il s'agit d'un roman d'anticipation qui se déroule dans un futur proche (trop proche), en Thaïlande. Pas de technologie alien à l'horizon, seulement l'évolution et les déviances de nos propres découvertes scientifiques en génie génétique. La montée des eaux, le réchauffement climatique, les pandémies touchant la population, la faune et la flore, menacent la pérennité de notre espèce. Sans compter la folie des hommes, qui essayent de conserver dans tout cela un semblant de pouvoir ou de richesse. Anderson est un entrepreneur américain, mandaté par une des grandes compagnies spécialisées en biotechnologie végétale, pour remplacer un homologue à la tête d'une fabrique de piles. Mais sous cette couverture se cache un enjeu bien plus grand.

La situation géopolitique n'a pas changé. Les pays du nord sont toujours les plus riches. Ceux qui possèdent l'énergie dominent. La richesse se compte désormais en calories. La survie se négocie à coup de brevets. Bangkok est assiégée de toutes parts par la puissance de l'eau, des épidémies en constante mutation, mais aussi par celle des compagnies agroalimentaires étrangères. Elles veulent imposer à tous leurs cultures génétiquement modifiées, résistantes aux maladies, mais stériles, privant ainsi le pays de son indépendance. Vous l'aurez compris, ce livre nous propose un univers tristement réaliste et très très riche, qui demande beaucoup d'attention pour s'y plonger. Mais vos efforts seront vite récompensés, tant cette histoire est immersive.

L'auteur nous propose une écriture dénuée d'artifices, crue, parfois violente. À la manière d'un journaliste, il s'en tient aux faits. Il faut avoir le coeur bien accroché pendant certaines scènes. Les thèmes qu'il aborde sont angoissants, bien trop tangibles. Impossible de ne pas penser à Monsanto et ses semblables, lorsqu'il nous dépeint les agissements et les enjeux de ces compagnies. le reflet d'un avenir qui fait vraiment froid dans le dos.

L'histoire n'est pas comme je m'y attendais, centrée sur un personnage en particulier. Anderson est certes le premier que l'on découvre, mais on suit l'évolution de nombreux personnages : Hock Seng, vieux réfugié politique chinois, assistant Anderson à l'usine ; Mai, jeune ouvrière pour qui Hock Seng se prend d'affection ; Jaidee, capitaine incorruptible des chemises blanches, sorte de police écologique redoutée ; Kanya, son second, une jeune femme qui ne sourit jamais ; Emiko, la fille du Nouveau Peuple créé par les japonais, la servitude inscrite dans ses gènes, abandonnée en Thaïlande par son propriétaire, faisant d'elle une clandestine.

La fin peut être surprenante, car elle reste très ouverte. Mais je n'arrive pas à l'imaginer autrement. Après la chute, nous voilà à nouveau à l'aube d'une ère nouvelle.

Pour conclure :
La Fille automate est un roman dont on ne sort pas indemne. Une écriture sans concession, une histoire marquante, nous renvoyant en pleine figure notre propre existence (qui pourrait bien nous précipiter vers ce même destin). Tout est fait pour placer le lecteur au centre de cette histoire. Une véritable prise de conscience sur notre réalité, à travers une fiction.
Lien : http://a-demi-mot.blogspot.b..
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Avant tout, un grand merci à Babelio pour ses opérations "Masse critique" en général et aux éditions J'ai lu pour la présente lecture.
Un très grand roman d'anticipation qui se lit sans "pré-requis"; j'entends par là qu'il pourra convaincre tout lecteur et pas seulement les amateurs de science-fiction.
Paolo Bacigalupi nous permet une immersion totale dans son futur marqué par une pénurie énergétique. le monde qu'il met en place est extrêmement convaincant.
Toute l'action se passe à Bangkok, où le lecteur suit essentiellement une poignée de protagonistes: Anderson Lake qui travaille pour AgriGen, un géant américain de l'agroalimentaire; Hock Seng, réfugié chinois et bras droit de Lake; Jaidee Rojjaanasukchai, figure adulée du ministère de l'environnement, et son assistante Kanya; et enfin Emiko, la fille automate du titre français, "créature" du Nouveau Peuple (terme qui souligne bien la situation transitoire dans laquelle se situe l'humanité).
Tous ces personnages vont se croiser au fil de l'intrigue et vont se trouver confrontés les uns aux autres suivant leurs différents intérêts.
Emiko, même si elle n'est pas un robot, m'a fait penser au personnage de Mimi / Anita dans la (très bonne) série "Real humans", caractère asiatique aidant. On peut également penser au cycle des robots d'Asimov, notamment par l'aspect à la fois au service des humains mais aussi en phase d'émancipation de ces êtres alternatifs à l'humanité.
Le roman s'inscrit dans une réflexion à court terme sur notre monde, sur ce que pourrait être demain, sur les dérives possibles de nos gestes d'aujourd'hui. Et même si cela ne se passe pas comme décrit ici, on ne peut s'empêcher malgré tout de s'y voir.
Et, cerise sur le gâteau, le livre, même s'il est épais, se déroule à grande vitesse, l'action étant sans cesse au rendez-vous, sans temps mort.
Remarquable.
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Violence, sexe, corruption et épidémies

Vous allez me dire : "C'est gai tout ça ! Et pendant 600 et quelques pages?" Oui, c'est une ambiance lourde, malsaine qui se déroule pendant quelques centaines de pages. C'est une prédiction de notre avenir très lourde que nous sert l'auteur. Et en même temps, il est plutôt réaliste. Il y a de nouvelles épidémies dues aux manipulations génétiques de la nourriture. Et ces virus transmis mutent tout le temps. de plus, ceux qui sont censés faire régner la loi, les chemises blanches, sont corrompus jusqu'à la moelle. Enfin, les tripots sont là pour donner des spectacles de plus en plus barbares.

Sexe, drogue et Rock'n Roll. Ce sont des ingrédients qui ont toujours marché. Tout simplement parce que le genre humain est certes très social mais il est surtout très violent. Et l'image de l'auteur de cette société n'est enfin de compte pas si éloignée de la nôtre, surtout si l'on reprend la corruption de l'appareil étatique, l'exhibition de scènes osées dans la littérature, le cinéma et la publicité, les épidémies de vaches folles et autres, et aussi le SIDA.

Ainsi, Paolo Bacigalupi nous fait évoluer dans tout ce milieu malsain. Et au centre de ceci, la seule personne à être immunisée contre tout : la fille automate. Notre mystère, notre quête dans ce roman.


A la recherche de l'innocence perdue, vous croyez ?

Emiko, sous ses apparences de manipulations génétiques, de machinerie, de femme robots, tout ce que vous voulez, est un personnage complexe. Car il reflète enfin de compte tout ce que l'être humain peut représenter. Emiko est sensée obéir à tout, c'est un personnage soumis. Et nous le voyons de suite. Elle subit des agressions sexuelles sans cesse mais est obligée de jouir. C'est un peu comme toutes ces jeunes personnes qui se repaissent d'informations sexuelles que l'on voit partout. Ce sont comme des agressions mais enfin de compte, personne ne se rebelle contre tout cela, et elles s'en contentent.

Mais Emiko, même si elle est sensée ne pas avoir d'âme, ressent toutes nos émotions humaines. Elle souffre comme nous, a des besoins comme nous et ressent cet abandon du créateur, comme certains d'entre nous avec la religion. Elle va prendre conscience de son état d'esclave et toute la question du livre sera de savoir si elle va se rebeller ou non, à l'image de la population qui endure la pression de la maladie et de la famine sous un état totalitaire et corrompu. Ainsi, la vraie question de ce roman ne sera pas de retrouver l'état originel, l'innocence. C'est de trouver la liberté, la prise de conscience.


Et du coup, la fin ....

Bah vi, du coup, avec cette conception du roman, en style entonnoir, la fin m'a laissée dans un grand vide. Je m'explique, et surtout, je pense que c'est aussi quelque part le but de l'auteur. Vous avez des évènements et des personnages de partout. Et de pages en pages, tout se rejoint pour un évènement final. C'est très bien fait car j'ai nagé, ramé pendant les 200 premières pages en me demandant où Paolo Bacigalupi voulait en venir avec cette fille automate. Pourquoi était elle là? Quel était le but du roman, de l'histoire?

A la fin, lorsque vous savez tout, lorsque la pression a été relâchée d'un coup, vous vous sentez vide. Car l'auteur vous laisse le choix de penser ce que vous voulez de cette fin. Et c'est déroutant. Maintenant, est ce que j'aurai été satisfaite d'une autre fin? J'avoue que là, je n'en ai aucune idée. le plus important, peut être, c'est de se poser les bonnes questions.


Un grand merci à Babelio et aux éditions J'ai lu pour m'avoir permis de lire ce livre, de sauter le pas. Ce fut une lecture très enrichissante.
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
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