Nous avions apprécié le premier opus des aventures d'Arthur Brenac, le Secret de Diana Dãne sti de
Tony Baillargeat. L'auteur nous livre, toujours chez « La Pierre Philosophale », une suite étonnante pour qui apprécie le thriller ancré dans les profondeurs les plus secrètes de l'ésotérisme : le Songe de « Cent-Cinquante ». Nous avons quitté l'univers des vampires. le moteur de ce récit repose maintenant sur deux gros cylindres. le premier, indiqué dès l'exergue, est formé par les oeuvres de
Jean Parvulesco et de
Jean Robin. J'y rajouterais volontiers celles de
Lovecraft, auteur souvent cité, du moins le
Lovecraft tel qu'interprété par
Jean Robin . En substance, les Monstruosités du Dehors (Les Grands Anciens) veillent et attendent que leurs disciples leur ouvrent la porte pour réaliser l'eschatologie noire. le second cylindre n'est autre que « Cent-Cinquante », le petit Louis XVII, revenu à la vie après d'obscures opérations magiques. Inutile de dire que les Grands Anciens veulent son extermination.
Le récit commence à Paris où Arthur Brenac et son compère
Pierre Laroche suivent un petit oiseau bleu qui les mène de nuit place d'Aligre où ils pénètrent dans un obscur tripot peuplé d'êtres repoussants, de véritables caricatures de l'humanité. Brenac poursuivra seul son investigation dans les souterrains du rade pour pénétrer dans une vaste grotte où les monstruosités humaines invoquent un Grand Ancien qui se verra offrir en sacrifice un enfant. Les amateurs du Prince Noir de Providence connaissent bien ce type de scène d'horreur (
Le Festival (1924) par exemple), mais force est d'admettre que
Tony Baillargeat y a rajouté une couche particulièrement nauséabonde ! Brenac se sortira de ce lieu infect, non sans être passé par un cachot souterrain où était emprisonné l'enfant sacrifié. Il se retrouvera dans le cimetière de l'église Sainte Marguerite, émergeant de la tombe supposée de l'Enfant du Temple, où l'attendent
Pierre Laroche et une charmante créature qui répond au nom d'Agnès de Lupé.
Cette descendante des mérovingiens a en fait sauvé le néo petit Roi auquel a été substitué une autre pauvre victime. Grâce à la géométrie sacrée et au décryptage symbolique, nos trois aventuriers, accompagnés de l'enfant partiront poursuivre leur enquête à Lyon. Et pas seulement pour goûter à la cuisine délicieuse des « Bouchons », mais parce ce que c'est dans les sous-sols d'une église de la capitale des Gaules que doit se réaliser « l'avènement ». Je n'en dirais pas plus pour ne pas « spolier » cet invraisemblable récit d'une érudition époustouflante. Attention du reste, l'excès d'érudition peut tuer l'érudition : 233 notes sur 412 pages, c'est parfois assez lourd à digérer !!!
Un roman au total très attachant, et on a hâte de retrouver Arthur Brenac et
Pierre Laroche dans de nouvelles aventures aux confins de l'Extrême.