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Un enchantement absolu que ce roman...Une vraie tristesse de quitter la farouche Christina, jeune femme invalide, déterminée, indépendante, fière...son gentil frère Al, taiseux... aussi fier et digne, cette nature du Maine,l'artiste peintre, Andrew Wyeth... qui va devenir l'ami de Christina...celle-ci sera une sorte de double, elle sera sa muse, l'inspirera... Il l'immortalisera
par ce mystérieux tableau, "Le Monde de Christina"qui fascine tant...provoque un grand nombre de questionnements, de rêveries... de mélancolie,une sensation de grand mystère, etc.

Eh bien , nous ne pouvons qu'applaudir le grand talent de Christina Baker Kline, qui va , à partir d'un unique tableau, capturer complètement notre attention, nous faire voyager de façon captivante dans une famille de fermiers du Maine, la rencontre insolite entre une femme invalide, recluse et un artiste peintre, tous deux , des "sauvageons"....qui vont se reconnaître dans leurs doutes, une enfance solitaire, et une sensibilité d'écorchés vifs...


J'ai déniché ce roman par un très heureux concours de "hasards"...J'ai été marquée il y a longtemps par ce tableau connu "Le monde de Christina"...et par un autre concours de circonstance présent, je viens de lire et de découvrir un hommage d'un auteur que j'apprécie, parlant excellemment de l'oeuvre et de l'univers de ce peintre [ cf, Patrick Cloux, "Peindre c'est voir" ...]... autre ricochet: en continuant mes recherches, je suis "tombée" sur ce roman, que je me suis empressée de commander !...

Je joins un extrait très explicite , du 4e de couverture
"(...)Christina Baker Kline recrée l'histoire de l'une des muses les plus célèbres, et les plus mystérieuses, de la peinture américaine du XX e siècle.
Un roman fascinant et plein de tendresse sur l'amitié, le regard de l'autre et la force de l'art.Du monde, Christina Olson n'a rien vu. Paralysée depuis l'enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. "

Elle tente de s'accommoder de cet isolement dans la ferme familiale, dans le Maine, , où elle s'occupe de ses frères, de la maison, des repas, de la couture des vêtements... et ce qui la réconforte surtout : cultiver son jardin, comme le faisait la poétesse, Emily Dickinson et lire ses poèmes...jusqu'au jour où un couple, Betsy et son fiancé, le jeune peintre, Andrew Wyeth va réchauffer le quotidien de cette jeune femme infirme , trop seule...

Une amitié naît entre eux trois, et elle apprend à connaître Andrew Wyeth, qui lui parle de son enfance aussi recluse que la sienne, où son père, célèbre illustrateur, lui faisait l'école à la maison, et lui apprenait les bases de son métier d'artiste-peintre... Ce jeune garçon comme Christina, se sentait si différent des autres...

Nous découvrons le peintre , Andrew Wyeth, à travers la vie de son modèle...alternance des paroles entre l'artiste et Christina !

L'art, l'Amitié, La complicité entre deux êtres qui se sentent à part !

Des remarques, observations passionnantes sur l'art , et le talent particulier d'Andrew Wyeth ....Un roman foisonnant d'émotions et de couleurs !

"L'oeil d'Andy est attiré par le moindre ustensile et outil ébréché, fendu ou terni, des objets que nous utilisions quotidiennement autrefois et qui, telles des reliques, existent pour témoigner d'un mode de vie aujourd'hui disparu. A travers lui, je pose un regard neuf sur des choses familières." (p. 65)


Un gigantesque coup de coeur pour ce roman plein de tendresse et de réflexions sur la solitude si intense de certaines existences malmenées, mais aussi sur l'essentiel vital du regard de l'autre... comme du
regard de l'artiste sur le monde et sur son prochain...!!


il est très émouvant d'apprendre dans les notes et remerciements suivant le roman, d'apprendre que ce tableau "Le monde de Christina" a été offert à l'auteure, aussi prénommée "Christina" par son père, alors qu'elle n'avait que 8 ans... Très bouleversant de constater comment un livre ou une oeuvre d'art peut vous accompagner toute une vie, être "comme une seconde peau" , "un ami de l'ombre" !!!

L'histoire d'un tableau qui nous amène aux confins de plusieurs mondes: ceux de la Nature, de l'Art et de l'Amitié !!

"Le monde de Christina.
En vérité, ce lieu- cette maison, ce champ, ce ciel-n'est peut-être qu'un petit morceau du monde. Mais Betsy a raison : c'est le monde entier pour moi. (...)
Je songe à toutes les manières dont j'ai été perçue par d'autres au fil des ans; comme un fardeau, une fille obéissante et dévouée, une petite amie, une pauvre femme méchante, une invalide...
Ceci est ma lettre au Monde qui jamais ne M'a écrit.
Je dis à Andy :
-Tu as montré ce que personne d'autre ne pouvait voir
(...)
La voici, cette fille sur une planète d'herbe. Ses envies sont simples : incliner son visage vers le soleil et en sentir la chaleur. Etreindre la terre sous ses doigts. Echapper et retourner à la maison dans laquelle elle est née.
Contempler sa vie de loin, aussi précise qu'une photographie, aussi mystérieuse qu'un conte de fées.
C'est une fille qui a vécu des rêves brisés et des promesses rompues. Qui vit toujours. Qui vivra toujours sur cette colline, au centre d'un monde qui se déploie entièrement jusqu'au bords de la toile. (...) Son monde est à la fois limité et infini." (p. 310)

Une impatience à lire son premier roman traduit, "Le Train des orphelins" !...pour prolonger ma "connaissance de cette auteure qui m'a enthousiasmée...au delà de tous les mots que je pourrais écrire dans cette chronique !!!
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Une muse fragile dans le Maine rural
*
Je n'ai pas cette habitude de lire des romans ou essais sur l'art. Mais la curiosité l'emporte quand l'occasion de découvrir une belle histoire derrière un tableau assez connu m'est proposée.
De surcroît dans un environnement aussi romantique et mystérieux que le Maine rural du début du 20e siècle. Rajoutez à cela une pincée d'histoire tragique de sorcières de Salem. C'est bon, vous m'avez ferré :)
*
Connaissez-vous ce tableau "le monde de Christina" peint par Andrew Wyeth ? J'en avais une vague idée, l'ayant entraperçu dans des documentaires ou autres articles artistiques. Cette femme couchée dans l'herbe haute regardant la ferme grise au loin.
C'est une biographie très romancée de Christina Olson, muse du peintre.
*
L'auteure a réalisé un important travail de documentation sur la vie de Christina. Pour cela, elle a arpenté cette région sauvage et rude. Visité cette maison mystérieuse. Et mené différentes interviews avec les descendants et quelques contemporains encore vivants. On sent dans le récit que l'auteure est tombée amoureuse de cette histoire touchante et émouvante de cette jeune fille handicapée.
*
Une histoire qui se déroule par petites touches , telles les couleurs sur un tableau encore vierge. Alternant le passé (sa vie de fille, jeune fille puis femme mûre) et le présent (présence d'Andrew et ses séances de peinture), on découvre une vie faite de dur labeur, d'abnégation, de souffrances, d'espoir, d'amour, de déception, d'amertume, de désillusions et aussi d'apaisement.
Christina subira bien des épreuves. Son handicap sera un barrage pour un certain nombre de choses. Notamment la restriction de ses mouvements. Elle verra sa maison comme une prison . Puis Andrew - son alter ego, son âme soeur - sera la lumière dans sa vie sombre et étriquée.
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C'est un texte fort, vibrant de sensations. J'ai été touchée par cette sensibilité à fleur de peau qu'évoque cette histoire. Intime, pudique mais aussi révoltante par bien des côtés (la place de la femme dans cette société encore conservatrice et moralisatrice), bouleversante et instructive.
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Un beau portrait de femme forte et fragile. Une magnifique parenthèse où l'histoire et l'art se complètent parfaitement avec une petite touche d'imagination romanesque.
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Le monde de Christina Christina Baker Kline Editions Belfond le cercle Belfond. Octobre 2018 #Christina Baker Kline #NetGalleyFrance
Allez j'avoue avant d'ouvrir ce roman mis entre mes mains par les éditions Belfond via NetGalley je n'avais jamais entendu parler du Monde de Christina, toile emblématique de la peinture américaine peinte en 1948 par Andrew Wyeth et exposée au Muséum of Modern Art de New York depuis 1949; Dans ces notes l'auteure affirme "Christina incarne nombre des caractéristiques que nous en sommes venus à considérer comme typiquement américaines: individualisme farouche force tranquille, bravade face aux obstacles, persévérance acharnée."Mais qui est donc Christina Olson?
Christina Olson vit dans une ferme du Maine et malgré une maladie invalidante qui peu à peu l'a privée de son autonomie motrice elle continue à se battre jour après jour . Bravant le regard des autres, elle continue à avancer. Sa vie n'a pas été vous l'imaginez sans aucun doute un long fleuve tranquille mais elle fait face. Christina Baker Kline est fascinée depuis l'enfance par cette toile et s'est penchée sur le destin hors norme de celle qui est devenue la muse d'Andrew Wyeth. Restant au plus près de ses sources elle retrace sa vie, celle des ses parents et mieux , celle de ces hommes et femmes fermiers, pêcheurs qui vivent "à l'ancienne" pour beaucoup sans se préoccuper de ce que les gens de la ville pensent.L'auteure sait trouver les mots justes, touchants sans atermoiements, les hommes sont là , bien présents , vivants dans une nature luxuriante et rétive qu'ils aiment et respectent. Un bien beau roman que celui-ci servi par la plume élégante et efficace de Christina Baker Kline. Un beau voyage humain et pictural que je vous recommande chaleureusement.
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Le monde de Christina de Christina Baker Kline m'a été envoyé par les éditions Belfond, via net galley.
Christina Olson est paralysée depuis l'enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. Elle rêve, se nourri des aventures de ses ancêtres.
L'arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu'une amitié naît entre elle et le couple, Christina s'interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d'Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l'objet d'étude d'un artiste, d'un homme ?
L'art est le reflet de l'âme. Et sur la toile, Christina redoute de voir apparaître ses failles, et celle qu'elle aurait tant désiré être...
Le monde de Christina est un magnifique roman, qui m'a fait découvrir un peintre et sa muse. Je ne connais pas grand chose à l'art, je l'avoue, et le nom de Andrew Wyeth ne me disait rien du tout. Je suis donc aller voir ce qu'il a peint, par curiosité :)
J'ai donc découvert un artiste, sa muse, et une très jolie histoire. Tout m'a plu dans ce roman, que ce soit les personnages, l'histoire, la façon de l'auteure de la traiter. C'est bien écrit et j'ai pris plaisir à découvrir ce livre. Christina est une femme touchante, blessée par la vie, et j'ai beaucoup aimé ce personnage.
Ce livre est une réussite, et mérite un gros cinq étoiles :)
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Christina Olson. Andrew Wyeth. Ces noms ne vous disent rien ? Pas de panique, au commencement de ma lecture, moi non plus. Dans les années 40, Christina Olson muse du peintre Andrew Wyeth dépeinte par Christina Baker Kline, est une femme au destin à la fois simple et tragique. De 1896 à 1948, la romancière tente de capter la personnalité de cette femme courageuse, prisonnière de son corps et de l'héritage familiale. Comme une ode à la nature et vie de campagne, Christina Baker en fait un roman tendre à l'accent lyrique où l'amitié, l'amour et les relations familiales se croisent pour constituer un monde, celui de Christina. Partiellement paralysée depuis l'enfance, celle-ci brave les regards, prend goût aux études et se permet de rêver à l'ombre de la ferme familiale sur les terres du Maine, fierté de la lignée. de sa rencontre en 1939 avec le célèbre peintre, de l'histoire domestique au rapport au corps, l'auteure m'a charmé avec un style intime que je m'empresserais de louer lors du Book Club Belfond animé par Carine Verschaeve le 18 novembre sur Facebook. Rendez-vous pris, et vous ? 

Muse malgré elle du peintre Andrew Wyeth, Christina Olson est avant tout une femme que la vie n'a pas épargnée. Atteinte d'une étrange maladie enfant, celle-ci a dès lors des problèmes de motricité. Les membres raides, sa claudication attire les moqueries comme la solitude. Intelligente, Christina évolue dans la ferme familiale au rythme des saisons et des souvenirs d'aventurière de sa grand-mère. D'ailleurs, "la pièce aux coquillages" démontre la passion maritime de cette famille maudite par un lointain héritage du temps des "sorcières". En grandissant, elle va se confronter à la dure réalité de l'amour, mais aussi à ses rêves perdus, trahi par un corps dont elle est prisonnière. Entrecoupé par les visites d'Andrew qu'elle ne rencontre en 1939, le roman de Christina Baker Kline décrit une vie de champs et de labeur dont Christina est captive.

En débutant son récit par la rencontre entre Christina et Andrew, l'auteure remonte lentement le fil de l'histoire de cette femme à la vie simple et douloureuse. Elle y décrit avec détails l'évolution de cette enfant devenue femme, au courage et à la détermination sans failles, mais aussi la vie campagnarde et ses rituels. Ode à la simplicité d'un autre temps, à la nature et une certaine façon de vivre tombé en désuétude, la romancière tente d'expliquer la solitude imposée par ce personnage. de ces pages, j'ai apprécié l'évolution de Christina , sa force de volonté tout comme l'espoir d'une vie meilleure loin de la ferme, carcan domestique dont elle ignore encore la force de l'emprise.

Je suis tombée avec elle lorsqu'elle trébuchait sur ces jambes tordues, désespérée lorsqu'elle a dû interrompre sa scolarité et anéantie à son amour perdu. Les années se succèdent emportant celle qu'elle aurait aimé être.

Avec raffinement, il se dégage une intimité palpable dans l'écriture de la romancière. Avec douceur, elle rend compte du temps qui passe à la faveur de la muse. Plus sombre à mesure des années, elle continue de dépeindre, par petites touches comme le ferait un peintre, le monde rétréci de Christina. Présentée en début de roman comme la terre promise de ces ancêtres, cette maison en devient la prison de la protagoniste. 

Touchant et sensible, ce roman un peu trop long mêlant réalité et fiction, à de quoi largement séduire. Alors pourquoi ne pas vous munir d'un thé et de bons cookies à la mélasse comme Christina et plonger dans ce roman à la délicieuse odeur des pois de senteurs ? 
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Christina est atteinte d'une maladie dégénérative. Elle a un handicap très fort. Autant elle ne souhaite pas qu'il régisse sa vie, autant ses parents n'ont pas la même vision. Nous sommes au début du siècle et la médecine est impuissante. Christina ne veut plus tenter des traitements qui la font encore plus souffrir que sa pathologie elle-même.



Alors qu'elle souhaite avoir une vie normale, ses parents veulent la garder à la ferme familiale, même s'ils ne le disent pas explicitement. C'est lorsqu'elle va vivre une histoire d'amour que la jeune femme va prendre conscience des obstacles que son handicap produit.



Puis, un jour, Betsy, une jeune fille à qui elle s'est attachée, lui présente le jeune peintre Andrew Wyeth. Ce dernier veut changer la vision qu'elle a d'elle-même.



L'auteure raconte la vie de Christina Olson. Elle narre la jeunesse de Christina, au début du siècle, et alterne avec sa vie, pendant les années 1940. Elle dit son emprisonnement dans son corps, ainsi que dans sa maison. Elle décrit la rudesse de la vie à la campagne. Elle montre que la personnalité de Christina évolue au fur et à mesure que sa maladie se développe. Christina, qui fait preuve d'un très grand courage, est enfermée dans un carcan : celui de son corps et celui de la pression familiale.



Malheureusement, je n'avais pas assimilé le fait que cette femme avait existé. Je pense que ma lecture aurait été différente. J'aurais été plus attentive à ses épreuves.



Il est difficile d'expliquer pourquoi une rencontre ne se fait pas entre un roman et le lecteur. Alors que ce livre n'a que des bonnes critiques, je suis passée à côté. J'ai beaucoup aimé les passages se déroulant pendant la jeunesse de Christina, mais j'ai eu des phases pendant lesquelles, je n'étais pas du tout dans l'histoire. Les descriptions qui correspondent tout à fait à l'ambiance dans laquelle a vécu, ont provoqué en moi une impression d'ennui.


Le monde de Christina est écrit avec beaucoup de sensibilité, le sujet est très touchant, aussi, je ne m'explique pas pour quelle raison je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion, ni pourquoi je l'ai aimé sans être transportée. Peut-être n'était-ce pas le bon moment pour moi de le lire ?


Plus d'infos sur mon blog.


Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Je remercie les éditions Belfond et en particulier, Carine Verschaeve pour la réception de ce livre qui était associée à l'avant-dernier book club du Cercle Belfond de l'année 2018. Il s'est déroulé ce dimanche 18 novembre et fut encore une très chouette et enrichissante expérience.

Cette année, j'ai découvert les book clubs mensuels organisés par les éditions Belfond dans le cadre du Cercle Belfond. A chaque fois, c'est l'occasion de découvrir de belles histoires, dotées d'héroïnes féminines fortes et qui ne baissent pas les bras malgré les aléas et les difficultés de la vie. Ainsi, le book club du mois de novembre était articulé autour du livre : « le monde de Christina » de Christina Baker Kline. Je vous avais précédemment parlé du livre « le club des veuves qui aimaient la littérature érotique » de Balli Kaur Jaswal, à l'occasion du book-club de juillet (voir ma chronique : https://musemaniasbooks.blogspot.com/2018/07/le-club-des-veuves-qui-aimaient-la.html)

Malgré le succès d'un de ses précédents romans, « le train des orphelins », je n'avais pas encore lu Christina Baker KLINE, auteure anglaise installée aux États-Unis. Ce fut à nouveau une belle évasion par cette histoire riche.

On plonge au début du XXème siècle sur les falaises du Maine à la rencontre de Christina Olson, fortement handicapée depuis sa plus tendre enfance. Enfermée dans un corps qui l'abandonne progressivement, elle vit entourée de ses parents et de ses frères dans la ferme familiale reculée. L'arrivée de nouveaux voisins, Betsy et son fiancé Andrew Wyeth, va apporter un rayon de soleil dans une existence rude et morose.

J'ai trouvé que l'idée de mêler la fiction à la réalité (puisque pour ceux qui ne le savaient pas : ce peintre, Andrew Wyeth a bel et bien existé) était originale et rend ainsi un très bel hommage à cet artiste ainsi qu'à ses peintures (en particulier, pour « Christina's world »). L'auteure imagine l'histoire personnelle qu'aurait pu vivre Christina Olson. Souffrant d'une maladie qui n'avait pu être correctement diagnostiquée à l'époque, la vie de cette muse dans une ferme, héritage familial, début des années 1900 était très pénible, encore plus lorsque les améliorations du quotidien comme l'eau courante ou l'électricité peinent à arriver jusque là.

J'ai trouvé cette lecture très plaisante car elle m'a fait voyager aux confins du Maine, au point que j'avais l'impression de parcourir les paysages et rivages de ce côté sauvage de la côte est des États-Unis. En plus des lieux, j'ai apprécié me retrouver à une autre époque, conférant à ce livre un caractère si dépaysant. Christina Baker Kline a profondément bien travaillé le vécu des personnages. Pour ma part, j'ai ressenti une certaine ambivalence chez Christina car, sans dévoiler toute la trame du récit, pour certains traits de son caractère, le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie, mais à côté de cela, sa peur de solitude l'a rendue égoïste.

Je dois bien avouer que je ne connaissais pas le travail de ce peintre américain qu'est Andrew Wyeth. En cours de lecture, je me suis un peu documentée à son sujet et j'ai ainsi découvert ses oeuvres et notamment, la peinture éponyme du titre de ce livre : « Christina's world ». L'original se trouve au Musée d'Art Moderne de New York mais n'hésitez pas à vous renseigner sur son travail, vous ne pourrez qu'en être conquis. J'ai particulièrement aimé « Rockland light ». Etant une grande fan des phares et de la côte des Hamptons, je ne pouvais qu'aimer. Ce ne sont pas forcément des dessins joyeux mais il y a une certaine profondeur dans son travail qui ne peut que vous conquérir et vous rendre contemplatif.
Lien : https://musemaniasbooks.blog..
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Christina Olson souffre d'une maladie dégénérative. Qui la paralyse. Elle vit avec son frère al dans la ferme familiale. Avec le temps, ils se sont installés dans une routine assez triste. Mais un jour, de nouveaux voisins arrivent. Betsy est pétillante, dynamique. Elle apporte de la lumière et de la vie dans le quotidien de Christina. Quant au fiancé de Betsy, Andy, il séduit tout de suite Christina. Il est lui aussi handicapé, et il peint. Christina se sent tout de suite à l'aise en sa présence. Et Christina, et son environnement inspirent le jeune peintre. C'est le début d'une grande série de tableaux peints par Andy Wyeth, dont le fameux Monde de Christina.

Christina Baker Kline alterne les passages de l'enfance et de la jeunesse de Christina avec les moments après la rencontre avec Andy. On voit Christina évoluer au fil du temps. Et sa maladie dégénérer. Se mouvoir est de plus en plus difficile. Ses relations avec les autres gens de son âge ne sont pas évidentes. La différence éloigne.

"La douleur m'est devenue familière, une simple partie de moi avec laquelle je vis, comme mes cils pâles et ma peau laiteuse."

Mais Christina a un caractère très fort. Elle refuse d'être aider. Ses parents l'ont retirée de l'école assez tôt afin qu'elle puisse aider à la maison et à la ferme. Sa grand-mère, à l'inverse croit en elle, et lui donne beaucoup d'amour. Elle est la première force de Christina selon moi, durant son enfance. Sa deuxième force c'est son frère al lui est indispensable. Il n'y a qu'à lui qu'elle demande de l'aide. Et elle a du mal à accepter qu'il sorte vivre une vie d'homme normal.

"Tu es aussi têtue qu'un Maine coon, Christina Olson."

Pour autant, c'est véritablement sa relation avec Andy Wyeth qui révèle Christina. Ce peintre, handicapé comme elle, la voit telle qu'elle est. Il ne la juge pas. Il est son ami, et il lui apporte de l'originalité dans sa routine, et surtout un nouveau regard sur elle-même. Ce qui n'est pas facile à accepter au début. Se voir sur une toile, à travers les yeux et l'art de quelqu'un d'autre.

De la solitude, de la souffrance. Beaucoup. Toujours. Tout en silence et en discrétion. S'accepter. Ne rien devoir à personne. Telle est la vie de Christina. Elle est une battante.

"La plupart du temps, désormais, la maison est calme. J'en suis venue à considérer le silence comme une autre forme de bruit."

Malgré toute la force de ce récit, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans. C'est assez lent, et la vie de Christina n'est pas tellement trépidante. Cependant, tout devient plus captivant quand l'auteure nous raconte sa jeunesse et son histoire d'amour avec un jeune homme. Elle dévoile une autre partie d'elle-même, elle s'épanouit. On la sent heureuse. Cette relation de plusieurs étés donne un souffle de fraîcheur à l'histoire de Christina.

"Moi ici, lui là-bas, reliés par le ciel."

Le Monde de Christina est un roman très intéressant sur la relation entre Christina Olson et le peintre Andy Wyeth. De manière romancée, Christina Baker Kline explore la personnalité de la muse du peintre. Un monde de solitude et de souffrance tout en silence et en discrétion. Et en courage.
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Ce roman nous propulse dans l'univers de Christina Olson de 1896 à 1948. La toile d'Andrew Wyeth nous montre une femme très amaigrie et vulnérable, qui évolue dans un isolement total. Elle fait face à une maison qui rappelle celle aux sept pignons de Nathanaël Hawthorne , ancêtre de Christina. C'est aussi une peinture étonnement juste sur la période la plus difficile de l'existence de Christina qui n'est plus tout à fait jeune. Il y règne une extraordinaire atmosphère de limbes et de sortilèges. Andrew Wyeth occupe à cette époque- là la chambre orientée sud-est car il aime voir les bateaux à vapeur s'éloigner de Port clyde… Que de nostalgie dans cette histoire peu commune et beaucoup de courage face à l'adversité. Il y a comme une ambiance très 19e siècle des soeurs Brontë dans ce monde de Christina et on retrouve aussi le roman populaire de Thomas Hardy profondément ancré dans les paysages de campagne avec des natures humaines complexes. Cet opus est rempli de passion douloureuse où la tendresse et la fragilité des êtres apparaissent d'autant mieux qu'y éclatent en même temps la rudesse de l'époque, la cruauté de la maladie et la violence des sentiments. Christina naguère avait dressé son corps pour qu'il ne la trahît pas. A l'effacement du corps répond désormais la fuite dans un ailleurs et elle aime tout particulièrement les poèmes d'Emily Dickinson qui lui permettent de s'évader. Elle rencontre en 1913 Walton Hall, jeune étudiant d'Harvard qui veut devenir professeur. Ils partagent en tout cas des moments privilégiés, cependant le sentiment amoureux chez Christina se nourrit davantage d'imagination que de réalité. Ceci étant dit elle aime le suivre dans ses lectures et emprunte des romans d'auteurs qu'il lui mentionne. Esquivera-t-il longtemps toute décision sur un éventuel engagement ? La narration montre par la suite le travail du temps sur tous les personnages qui entourent christina, ses frères, ses belles-soeurs et ses amies accèdent à des phases différentes de leurs existences , études, fiançailles, mariages, naissances. Pour Christina qui n'a que vingt-cinq ans, l'avenir ne peut pas être à la hauteur de ses espérances… malgré cela elle ne se laisse jamais abattre, elle relève toujours la tête face à des situations difficiles ou malheureuses, comment ne pas souffrir avec elle, comment ne pas la soutenir. Malgré les soucis et les préoccupations elle est toujours d'attaque. J'ai partagé ses douleurs physiques lorsque sa maladie a progressé et quand ses membres devenaient trop douloureux. Les médecins sont impuissants face à cela, elle le sait et elle l'accepte. Je l'ai admirée et puis en vieillissant elle devient de plus en plus irritable, l'altruisme fait place à l'égoïsme c'est bien compréhensible, Christina a accumulé trop de pierres sur son chemin et visualise de façon clairement négative son existence, elle cesse de croire qu'elle a le contrôle sur sa vie. Elle se résigne donc à mener une existence plutôt morne et solitaire, vie qu'elle partage avec son frère al ; toutefois son neveu vient la voir avec plaisir mais ce qu'elle déteste le plus au monde après toutes ces années d'efforts et de renoncements ce sont les gens bornés, critiques et qui s'apitoient sur son sort comme Gertrude sa voisine. Christina a dans ses veines le sang des Harthorn avec à la fois l'intransigeance et le refus de tenir compte de l'avis d'autrui :
« Pour moi, utiliser un fauteuil roulant signifierait que j'ai renoncé, que je me suis résignée à une existence étriquée à l'intérieur de la maison. Je vois le fauteuil comme une cage ».
Pour mieux connaître et aimer christina Colson il faut connaître son histoire personnelle. Il faut commencer par les sorcières de Salem puis il y a les garçons noyés, poursuivre avec les coquillages des terres lointaines, découvrir le marin suédois bloqué dans la glace, puis les sourires faux de l'homme d'Harvard, poursuivre encore avec l'impuissance des brillants médecins de Boston, le doris dans le hangar à foin et le fauteuil roulant dans la mer ? le monde de Christina est d'une profondeur inouïe tant il interpelle le coeur et la conscience humaine.
Le petit poème qui suit d'Emily Dickinson illustre bien je trouve l'identité profonde et la raison d'être de Christina :
Du coeur l'esprit se nourrit
Comme tout parasite
Si le coeur est riche
L'esprit profite
Mais si le coeur faillit
L'esprit s'émacie
Si absolu ce qu'il
Y puise.
Je remercie vivement Carine Verschaeve et les éditions Belfond pour l'envoi de ce très beau roman.
Et vous lecteurs et lectrices si vous aimez les romans des soeurs Brontë et ceux de Thomas Hardy n'hésitez pas une seconde, lisez celui-ci, il est de la même veine.

Lien : https://wordpress.com/view/l..
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Je viens tout juste de terminer ma lecture et je me demande si l'auteure savait à quel point l'écriture de ce roman était risquée... Il était facile de passer à côté du sujet et pourtant non, elle a su relever le défi de nous captiver et nous toucher.

Il est vrai qu'au début du roman, je n'étais pas tout à fait certaine de bien saisir tous les éléments, mais au fur et à mesure que j'avançais dans ma lecture, je me suis laissée porter par l'intrigue. le fait d'avoir choisi d'alterner entre le passé et le présent fut un peu difficile pour moi. Et pourtant lorsqu'on arrive vers la fin, c'est là qu'on saisit pourquoi l'auteure a fait ce choix.

Au-delà de ces petites difficultés, tout à fait personnelle il va sans dire, il n'en reste pas moins que je ressors de cette lecture avec une grande admiration pour Christina Olson. Est-ce de la détermination ou bien de l'entêtement qui l'a poussée à vouloir être autonome et ne jamais demander de l'aide? Il n'y a qu'elle-même pour répondre à cette question, mais à mes yeux c'est définitivement du courage.

L'auteure a réellement su me charmer avec ses personnages. J'ai bien aimé découvrir la personnalité de ce peintre. Ses pensées, comment il voyait la vie, mais surtout son amitié pour Christina. Quant à Betsy, j'ai particulièrement apprécié qu'elle fût là pour Christina sans pour autant prendre pitié d'elle. Ils l'ont accepté telle qu'elle était, sans jugements et surtout sans vouloir la changer. Par contre, on repassera pour ce cher Walton. Il m'a profondément déçue. Est-ce de la lâcheté ou simplement un homme malhonnête?

Toujours est-il que ce bouquin ne m'a pas laissée insensible. L'auteure a su faire ressortir avec brio les pensées et les émotions de Christina. Pour moi, ce fut une bien belle découverte!


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