Citations sur Parfois on tombe (22)
Ce qu’on cherche est souvent beaucoup plus près de nous que ce qu’on croit.
Je n’ai pas écouté ce vieux monsieur qui, un matin d’octobre, m’entendant pester contre ma Louise qui refusait de marcher quand j’aurais eu besoin qu’elle coure, lui envoyant des « dépêche-toi » à n’en plus finir, me posa une main sur l’épaule en me disant :
- Mais, Madame, votre fille est fatiguée. Portez-la, embrassez-la. Elle vous suivra, vous verrez. Et ne vous en faites pas, on n’est jamais en retard.
La vie, soudain, me saute aux yeux, la formidable nécessité de vivre, qui balaie tout et qui reste, quoi qu’on en dise, toujours la plus forte. Le pouvoir de la vie, de la vie sur la mort, de la vie sur l’anéantissement, de la vie comme un grand coup de grisou. Le souffle, impérial, gigantesque qui donne aux hommes la force et l’envie d’y croire éternellement en dépit de tout. Et l’équilibre d’une nature où chaque être vient compléter l’autre, dans laquelle le moindre brin d’herbe, l’insecte le plus minuscule a sa raison d’être, son avant et son après, son passé et son devenir.
Il n’y a d’arc-en-ciel que lorsqu’il pleut.
Et je répète cette phrase comme on chuchote une prière.
Jusqu'à aujourd'hui, j'étais persuadée que ma vie était une imposture, ratée, comme à côté, qu'elle était immuable et que mes échecs seraient à mes trousses, pour l'éternité ; tout comme ma famille serait toujours la mienne, que mon mari, chaque matin, se réveillerait à mes côtés et que ma fille, chaque soir, élargirait son visage d'un énorme sourire en me voyant arriver. Je réalise, en attendant la boîte qui monte et qui descend, à quel point rien n'est ancré, à quel point tout ne tient qu'à un fil, qu'une seule minute suffit pour vous faire passer de la lumière à l'ombre et vous arracher ce que vous n'étiez même plus sûr de vouloir, vous mettant à genoux à supplier que tout revienne comme avant, cet avant que vous négligiez avec une désinvolture indécente. (p. 10)
Je crois à ce qui ne se dit pas, au pouvoir des liens, à la mémoire du sang, aux attaches du ventre, à la communication des esprits, aux ressentis par-delà l'impossibilité physique. (p. 172)
Elles voudront savoir, comprendre. Un peu pour moi, beaucoup pour elles. Elles voudront vivre mes drames par procuration, me plaindre pour mieux revenir ensuite à leur petite vie tranquille et se dire que oui, elles ont bien de la chance et qu'elles sont heureuses, elles. D'autres, plus graves, penseront assurément que l'on n'a que ce que l'on mérite et que, par conséquent, si mon existence est un ramassis de petites merdes, c'est qu'à un moment donné, j'ai bien dû les semer, ces petites merdes. (...) Ça me rappelle ces émissions qu'on regarde pour se rassurer de sa propre normalité. (p. 47)
Car, quand on souffre, on se dit que personne ne peut comprendre et que tout le monde s'en balance. Qu'au mieux, les plus proches font un peu semblant, pour se donner bonne conscience et vous faire croire que vos états d'âme leur importent. Ca nous arrange, au fond, de croire ça. Ca nous permet de nous enferme mieux dans notre ostracisme, de nous complaire un peu plus dans ce qui fait mal, de nous rouler carrément dans la fange de notre caverne d'égoïsme, sans nous préoccuper de ce qu'ils en pâtissent. Confort. Pas l'autruche, mais confort quand même. Et puis, un beau jour, on est seul, pour de vrai, pour de bon.
(p. 85)
« Sarah, la graine doit accepter de tomber et de s'enfoncer si elle veut un jour espérer donner naissance à un arbre. (…) Il n'y a pas de mal à tomber... »
La graine doit accepter de tomber et de s'enfoncer si elle veut un jour espérer donner naissance à un arbre