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Récit d'un amour improbable, d'une valse hésitation entre amitié et passion, qui tisse des liens très forts entre une jeune femme et celui qui pourrait être son grand père. La relation entre ces deux-là débute à l'université : Serge est un grand critique littéraire qui donne des cours d'écriture. 
La demoiselle finit par être hébergée dans l'appartement de son prof pendant que celui-ci prend ses quartiers d'été à Paris.

C'est ainsi que peu à peu, entre rendez-vous d'un côté ou de l'autre de l'atlantique et échanges épistolaires, ils se confient avec plus ou mois de sincérité leurs secrets les plus intimes.

Le lien  est complexe  : pour Cécile,   jamais le prof ne s'efface totalement devant l'homme et pour Serge, il n'est pas question de tenir compte de leur différence d'âge qui lui révèlerait ce qu'il veut ignorer, sa vieillesse.

Je retiens l'élégance et la fluidité de l'écriture, qui accentue le romantisme du récit.

La réflexion  sur le processus de l'écriture est également intéressante.

Mais je n'ai pas réussi à m'accrocher à cette histoire de prof séducteur,  et la révélation de l'intimité de cette  relation ambiguë m'a parfois gênée. 

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Il s'en est fallut de peu pour que j'abandonne ce livre. J'avais lu ce roman au tiers mais je n'accrochais pas. Je ne me souviens plus du déclencheur qui m'a fait le dévorer ensuite, mais c'est une drôle de sensation.
Cécile Balavoine, l'autrice, signe ici son deuxième roman. J'avais lu de bons billets sur Babelio ce qui avait retenu toute mon attention.
Cécile, l''héroïne de ce roman, encore étudiante s'éprend de son professeur qui n'est autre que le célèbre écrivain, Serge Doubrovsky, le roi de l'autofiction. Entre eux, s'installe une relation forte. Ce n'est pas vraiment de l'amour, ni de l'amitié. Plutôt une forme de passion ou d'idolatrie mutuelle. le roman s'étend sur une quinzaine d'années, où les deux héros se voient à Paris ou à New-York. Leurs échanges préférés sont sur la littérature et l'écriture.
Un récit très bien écrit mais qui manquait un peu d'intérêt au début. Malgré tout je vous le conseille. Bonne lecture !
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«Parce que c'était lui, parce que c'était moi»
En dévoilant la relation qu'elle a entretenue avec Serge Doubrovsky, le «pape de l'autofiction», Cécile Balavoine fait bien plus que mettre les pas dans ceux de cet écrivain. Cette plongée dans la création littéraire et le pouvoir des mots est fascinante.

Un jour de septembre 1997 Cécile Balavoine fait la connaissance du professeur qui donne un cours sur Molière à l'université de New York. Ou plutôt elle rencontre l'auteur du Livre brisé qui l'a tant marquée. Car, comme l'écrit Clémentine Baron dans sa nécrologie du désormais défunt Nouveau Magazine littéraire, dans ce livre de 1989 Serge Doubrovsky raconte sa hantise «d'avoir peut-être contribué, par ses livres mêmes, au suicide de sa compagne».
L'écrivain est alors «un homme fatigué, vieilli, dont le visage était parsemé de taches brunes, le tour de taille épaissi, les épaules visiblement voûtées.» Mais son charisme et l'émotion ressentie à la lecture de son roman attisent la curiosité de l'étudiante. Un intérêt qui va devenir réciproque: «J'avais remarqué qu'il se confiait plus volontiers depuis qu'il avait découvert que j'avais lu quelques-uns de ses livres. Au printemps, avant son retour à Paris, à la suite de son cours sur Molière, je m'étais inscrite à son séminaire sur l'autofiction, terme qu'il avait inventé vers la fin des années 70 pour désigner le fait d'écrire sur soi quand on n'était personne. Il était fier de ce mot qui avait fait florès, comme il disait. Et il aurait voulu que sa mère, qui l'avait d'abord rêvé en violoniste puis finalement en écrivain, voie ce succès. Malheureusement, elle était morte trop tôt pour en être témoin.»
Un autre événement va sans doute être décisif dans la relation qui se noue. Quand le professeur repart pour Paris, il sous-loue son appartement à ses étudiants. Cécile, Liv et Adrian prennent possession de l'appartement qui «était encore imprégné de sa présence.» L'extrême sensibilité – pur ne pas dire fragilité – de Cécile va alors lui faire percevoir ce que ses camarades ne voient pas. Peu à peu, elle va être hantée , par l'histoire sombre qui s'était déroulée entre les murs de cet appartement, allant même jusqu'à faire à son tour une tentative de suicide, s'imaginant devenir folle.
Après un séjour à la clinique psychiatrique du Bellevue Hospital, oui celle de Vol au-dessus d'un nid de coucou – on lui diagnostique une crise de panique, un choc émotionnel. Son thérapeute, le Docteur Wozniack, va alors l'aider à surmonter ce cap difficile. Son professeur va lui devenir son confident. Leurs conversations prendre un ton plus intime, poussant Serge Doubrovsky à une déclaration enflammée lorsqu'elle vient lui rendre visite à l'hôpital où il a été transporté: «Je t'aime, mais j'aurais préféré que tu ne me voies pas dans cet état!» Plus tard, il lui demandera même de l'épouser, aura un geste déplacé. Puis, devant son refus, se vengera en s'éloignant d'elle, en invitant d'autres étudiants à partager son intimité: «En les invitant, il me semblait qu'il me chassait un peu, que Marguerite, qui trônait devant lui, me destituait. Je n'avais plus ma place.»
La fascinante imbrication de la vie et de l'oeuvre, de l'écriture et du poids des mots vont alors se dévoiler dans toute leur force et dans toute leur intensité. Serge a compris que Cécile avait un talent d'écrivain, Cécile a compris la leçon du maître de l'autofiction, allant jusqu'à faire mal avec ses mots.
Le poids de l'Histoire – l'étoile jaune que portait le jeune Serge – venant s'ajouter aux drames successifs vécus par l'écrivain et la disparition successive de ses compagnes, sans oublier la maladie qui va peu à peu le ronger formant ici le terreau d'une oeuvre que Cécile Balavoine nous donne envie de (re)découvrir.
Avant de nous livrer un jour son «héritage», le livre sur Freud qu'il préparait et dont il a confié les notes à l'une de ses plus proches élèves…

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Quand il séjourne à paris, Serge Doubrovsky professeur et écrivain célèbre sous-loue son vaste appartement de New-York à des étudiants. Cécile va donc y aménager en compagnie de Liv et Adrian. Elle vient de fêter ses vingt-cinq ans, lui bientôt en aurait soixante-dix. C'est le début d'une relation ambiguë.

Cécile Balavoine nous raconte donc avec une belle écriture remplie de tendresse, d'émotion cette relation douce comme une caresse. Elle nous décrit son admiration pour l'enseignant et pour l'écrivain, comment ne pas être flattée quand un tel homme s'intéresse à vous, comment ne pas être fière quand il vous invite à boire un verre.

Ces mots nous parlent de cette ambivalence. Un homme qui porte le germe de la mort en lui, cette mort qui le guette, et qui l'a déjà guetté, autrefois, quand il avait une étoile jaune au revers de sa veste. Un homme qui se plaît dans un enfermement quasi maladif et pourtant elle est attirée par lui, elle ressent une profonde admiration presque un envoûtement, elle se sent bien à ses côtés.
Si un jour un baiser a atterri au coin de ses lèvres, si elle s'est assise sur ses genoux, elle ne s'est jamais déshabillée, elle n'a été qu'une des innombrables des femmes qui ont jalonné sa route, elle reste persuadée d'avoir comptée pour lui.

Une écriture élégante toute en retenue, toute en délicatesse pour cette belle histoire d'amour, car c'est bien d'amour dont il s'agit.
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Si des romancières comme Christine Angot ou Annie Ernaux ont largement contribué à populariser le genre, il faut se rappeler que le concept littéraire de « l'autofiction » a été inventé en 1977 par le romancier Serge Doubrovsky pour auto qualifier son roman "Le fils".

Ce qui est alors encore un néologisme désignait une forme littéraire inédite mettant en lumière le fait d'écrire un texte autobiographique tout en s'en éloignant, par l'utilisation d'un style et de tournures qui distancient l'écrivain de ces propres propos.

Serge Doubrovsky n'aura eu ensuite de cesse de rendre fictionnelle sa matière autobiographique avec d'autres récits la femme brisée ou un homme de passage son dernier roman, paru en 2011 quelques années avant sa mort.hommepassage

Amincir la ligne entre réalité et la fiction, voilà aussi ce à quoi tend la romancière Cécile Balavoine, qui après un premier roman fort remarqué en 2017, Maestro sur la vie de Mozart raconte ici son histoire et son lien intime avec Doubrovsky.

Au mitan des années 90, Cécile Balavoine va partir à New York où vit régulièrement Serge Doubrovsky.

Elle s'inscrit en élève au cours de théâtre classique , l'admire déjà en tant qu'auteur et critique et va peu à peu se lier d'amitié avec lui à tel point qu'avec d'autres étudiants, elle louera avec deux autres étudiants un appartement en plein New York dont Serge Doubrovsky est le propriétaire et commencera ainsi à le fréquenter de plus en plus

C'est l' ambivalence de cette relation, faite d'admiration et d'emprise que raconte près de 20 ans plus tard, Cécile Balavoine dans cette fille de passage, dont le titre répond à l'ultime roman de Doubrosky un homme de passage dans lequel la jeune étudiante est présente, que raconte la romancière dans son texte.

Malgré la différence d'âge et le coté homme à femmes du vieux romancier, la jeune femme ne pourra s'empêcher d'être totalement subjuguée par le charisme de l'homme et son savoir immense.

Plus que la relation qui restera finalement assez chaste entre le romancier et sa muse, et décrite ici avec ambiguité et une certaine douceur, ce qui séduit ici dans le roman de Cécile Balavoine, c'est sa façon d'interroger l'autofiction puisqu'elle est tout autant un personnage de roman que romancière.

« L'écrivain avait fait de moi une autre. Un double. C'était un peu une mort, et un peu une naissance. »

Les deux facettes de l'exercice littéraire sont ainsi convoquées de manière ambitieuse et intelligente dans Une fille de passage et l' on comprend mieux à quel point, parfois, le sujet peut s'échapper du cadre autobiographique voulu par son auteur.

Si on ajoute une très jolie description du New York où vivait une certaine insouciance pré 11 septembre, on saluera donc ce roman paru aux éditions Mercure de France juste avant le confinement.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Lorsque Cécile arrive à New York pour poursuivre ses études, elle va être l'élève d'un écrivain célèbre, grand nom de l'autofiction : Serge Doubrovsky. Mais au fil des mois, des années, leur relation va croître entre amitié et amour. Si elle nous semble assez limpide, les errances de leurs sentiments font l'objet de ce livre...

Je découvre cette auteur, connue des 68 premières fois, avec ce roman tout aussi dérangeant que bien écrit.

Dérangeant car j'ai eu comme l'impression d'être une intruse dans cette relation étrange et floue entre un professeur et son élève. Une voyeuse aussi, comme tapie derrière le rideau de leur quotidien...

Bien écrit, c'est une évidence... Des phrases fluides, où chaque mot est posé à sa place, chaque émotion décrite avec justesse.

Mais 2 jours après avoir tourné la dernière page, je n'arrive pas encore à me détacher du sentiment de malaise. Comme quelque chose qui me colle à la peau sans que j'ai pu apercevoir ce que c'était...

Merci aux 68 premières fois pour cette expérience de lecture forte et quelque part... intéressante !
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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"Maestro", son premier roman, fut plus qu'un coup de foudre, une histoire d'amour au long cours et qui dure toujours. Alors, forcément, j'attendais le deuxième avec un mélange d'impatience et de crainte. C'est toujours comme ça, un deuxième. Mais la crainte a disparu dès les premiers mots et l'impatience a fait place au bonheur. Cécile Balavoine vient de signer un nouvel ouvrage absolument magnifique : "Une fille de passage".

Cécile est étudiante à New-York à la fin des années quatre-vingt-dix. Elle suit les cours de Serge Doubrovsky, écrivain célèbre, pape de l'autofiction, et devient une intime du professeur. Comment trouver les mots justes, les mots forts pour dire mon ressenti ? Comment restituer la gorge serrée, le sourire, l'espoir, la crainte, la joie ? L'auteure a ce talent particulier de parler d'amour. Car il est bien question d'amour à nouveau dans ce récit, un amour aussi profond que particulier, un amour qui se construit au fil des jours, mais un amour chaste, une sorte d'amitié amoureuse, entre cette jeune étudiante et cet homme déjà âgé qui pourrait être son grand-père. Au fil des jours, ils se racontent, se confient, se découvrent, se rapprochent. L'émotion fut là, toujours latente, en tapinois, prête à me cueillir à chaque instant.

Lire un roman de cette auteure, c'est s'emmitoufler dans un tissage de mots doux sans être sirupeux, chauds sans être étouffants, raffinés mais sans ostentation. Son écriture est, en effet, d'une grande finesse, simple, précise et magnifiquement ciselée. L'utilisation de l'imparfait apporte une petite touche désuète "C'était la première fois qu'il m'invitait. J'avais sonné, les bras chargés de soleils. Sa voix s'était aussitôt fait entendre. Il me priait d'entrer". le rappel de son précédent roman sert de passerelle entre Cécile et son professeur "Je m'étais mise à lui parler de ma vie de musicienne manquée, de mon année à l'université de Salzbourg, de mon besoin de connaître l'allemand comme pour me rapprocher de la musique qui m'échappait…" Les personnages sont tous attachants, dotés de personnalités riches, vibrantes, voire incandescentes.

Et, à l'heure où un geste tendre peut se révéler déplacé, où les relations entre un homme et une femme peuvent être entachées de suspicion, le roman de Cécile Balavoine est un véritable baume. Empli d'humanité, de tendresse, de respect, de confiance en l'autre, il nous dit qu'en amour tout est possible, en dépit de l'âge, de la position sociale, en dépit de tout…"une forme indéfinie d'amour."

"Chair Serge" aurait été tellement fier de son élève.

Lien : https://memo-emoi.fr
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" On se vouvoie, on se louvoie."

New-York, septembre 1997. Cécile, la narratrice, une jeune femme de 25 ans partie à New-York pour poursuivre ses études de lettres, fait la connaissance d'un de ses professeurs, le célèbre Serge Doubrovsky, inventeur, vers la fin des années 70, du concept de l'autofiction pour désigner le fait d'écrire sur soi. Elle rentre dans l'intimité de son professeur-écrivain lorsqu'il lui propose de loger avec deux de ses amis étudiants dans son appartement new-yorkais pendant l'année qu'il va passer à Paris. le bureau de Doubrovsky devient sa chambre avec vue sur les Twin Towers.

Pendant toute cette année un échange de lettres va la relier à cet homme pour qui elle éprouve des sentiments mélangés, ils entretiennent une relation très forte entre fascination, complicité et connivence intellectuelle. Mais cet homme a trois fois son âge, il a l'âge de son grand-père "45 ans nous écartèlent". Elle éprouve aussi compassion et curiosité envers cet homme dont la vie a été jalonnée de tragédies et de drames et qui pense lui-même beaucoup à sa propre mort, elle veut "éloigner de sa présence son malheur, apaiser de sa jeunesse sa vieillesse".

Lorsque Serge décide de raconter leur histoire dans son prochain roman qui sera très certainement le dernier, Cécile est à la fois fière et inquiète de devenir un personnage de son roman, elle va vivre l'expérience curieuse de lire ce que quelqu'un a écrit sur soi. Pendant une vingtaine d'années, Cécile et Serge vont se rencontrer régulièrement à Paris ou à New York, échanger sur leur vie, sur la littérature et Serge va continuer à pousser Cécile à écrire.

" Je comprenais maintenant que s'il n'avait été ni un amant, ni vraiment un ami, ni un grand-père ni tout à fait un confident, que s'il n'existait pas de mot pour qualifier ce lien qui nous avait unis et qui continuerait probablement de nous unir, Serge était devenu un repère de ma vie."

Cécile Balavoine lève ici le voile sur une relation privilégiée et secrète qu'elle a entretenue pendant de nombreuses années avec Serge Doubrovsky. le titre qu'elle a choisi pour son roman fait écho à celui de Doubrovsky "Un homme de passage" dans lequel il évoquait une jeune fille avec qui il aurait aimé avoir une relation amoureuse mais qui s'était refusée à lui en lui faisant comprendre qu'il avait l'âge d'être son grand-père. La relation entre Cécile et Serge est faite d'amitié amoureuse, d'admiration-fascination de l'élève pour son maître écrivain et du rappel de l'image de son grand-père...
J'ai commencé ce roman avec une certaine appréhension car je craignais de ne pas l'aimer autant que l'inoubliable Maestro, et c'est vrai qu'au début j'ai été un peu déçue de ne pas retrouver la sensualité qui émanait du premier roman de Cécile Balavoine, jusqu'à ce que je comprenne qu'elle était en train de nous raconter une autre forme d'amour d'une infinie beauté, l'histoire d'une douce intimité qui se tisse au fil du temps. J'ai lu ce roman d'une traite sans pouvoir le lâcher. Il est doux, délicat, élégant et extrêmement pudique...Un magnifique roman qui fait du bien...
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Il est des romans qui semblent écrits pour vous. Non pas que l'intrigue ressemble à votre vie, ou que l'un des personnages vous ressemble, mais ce qui est raconté, exposé – dans cette autofiction qui se livre sans fard – vous touche, par sa justesse, et par ce qu'elle résonne en vous. Pour ce qui me concerne, par ce rapport qu'entretient l'auteur avec ses personnages fictifs certes, mais inspirés de personnes réelles, et par sa façon de se mettre proprement en scène, dans une "expérience intime". Ainsi l'auteure évoque-t-elle son manque d'imagination, qu'elle compense par une sensibilité exacerbée, matière brute pour le romanesque : "C'est en tout cas à cette période que j'avais pris conscience du fait que je vivais le plus souvent sur le mode romanesque. Tel mouvement, tel instant, futile en apparence, prenait pour moi valeur de scène. Il m'arrivait d'ailleurs de provoquer volontairement certaines situations, afin de modifier le cours banal des jours. Ma rencontre avec Serge en était un exemple, ce qui n'atténuait pas l'élan que j'éprouvais pour lui." S'agit-il de bovarysme ? L'auteure a-t-elle lu trop de livres, ce qui la pousse à s'imaginer personnage de roman ? J'imagine que nombreux sont les grands lecteurs, amateurs de littérature, qui font de même – j'en suis, raison pour laquelle, entre autres, ce roman m'a touchée.

Cécile Balavoine raconte sa rencontre à New-York, dans les années 90, avec le grand critique, le grand professeur Serge Doubrovsky, avec lequel elle va nouer une "amitié amoureuse". Quarante-cinq ans les séparent, mais l'homme reste homme, au point d'oser, un soir, l'embrasser au coin de la bouche. Ce qui choque la narratrice, qui cependant, inconsciemment, maintient dans leur relation une ambiguïté, à s'assoir sur ses genoux, à respirer son après-rasage, au point que, quelques mois plus tard, le "chair Serge" va la demander en mariage. Cécile Balavoine ne cache rien de ses désirs et de ses contradictions, de ses élans de tendresse envers cet homme qu'elle trouve trop vieux, qui a les dents jaunies, les mains tavelées, et dont elle se refuse à imagine le sexe sous le slip de bain sur la plage où il propose de l'emmener ; elle rend aussi un bel hommage à celui qui fut son mentor et avec lequel elle a entretenu, au fil des années, une amitié tissée de complicité et d'estime réciproques. En écrivant Une fille de passage, dont le titre fait écho au dernier opus de Doubrovsky, Un homme de passage, elle entre elle aussi dans l'autofiction où le maître devient le protagoniste de l'histoire écrite par son disciple. C'est courageux, ce travail de l'exposition de l'intime, et c'est aussi brillamment réussi.

Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"

Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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J'ai beaucoup aimé l'ambiance étudiante et new-yorkaise des années 90. La mélancolie dans l'écriture également.
Je croyais lire un roman, ne connaissant pas ce "célèbre auteur". C'est en cours de lecture que je me suis finalement renseignée et compris que Cécile et ce vieil homme étaient réels...
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