James le narrateur survit à un accident de voiture durant lequel il tue une homme. Né alors un fantasme de fusion avec la tôle froissée des véhicules accidentés, l'ultime acte sexuel étant l'accident frontal. A sa sortie de l'hôpital il refait sans cesse compulsivement le trajet de son accident, prés d'un échangeur d'autoroute à cotés d'un aéroport londonien (lieux de quasi toute l'intrigue). Au départ il se contente de tromper sa femme avec la veuve également survivante du
crash, dans la même voiture, prés des lieux de l'accident. Puis à l'occasion de la reconstitution d'un accident spectaculaire, il fait la rencontre de Vaughan, qui le suis et le photographie depuis sa convalescence. Commence alors à se former un club de fétichistes d'accident de voitures, montant méthodiquement le projet d'un accident paroxystique. Vaughan a perfectionné ce vice dans des pratiques aussi frénétiques que transcendantales.
Ce livre est carrément pornographique, James semble assez troublé dans un premier temps par ses nouveaux kinks pour ensuite avec Vaughan en devenir un adepte fasciné, à la recherche d'un absolu esthétique et mystique.
La morale et la nature sont absentes, on est dans la fusion de la sexualité et de la technologie. Cette perversion ultime traduit pour moi parfaitement la fascination pour l'univers automobile et la violence inhérente à l'hubris de la vitesse, symptomatique du monde contemporain (et en particulier des hommes).
Le monde est réduit à une boucle qui fait le tour d'un aéroport, il n'y a que du béton du bitume et des carrosserie qui sont là pour transformer des corps indemnes et baignés d'ennui en interfaces bardées de cicatrices, jouissantes et suicidaires. La répétition des scènes de sexe, de description de carrefour embouteillé et de véhicules accidentés créée un effet insoutenable d'érotisme et de malaise.
La trilogie du béton, dont "crash!" est le premier opus, semble illustrer à merveille cette citation de W. Benjamin :
"L'humanité est devenue assez étrangère à elle-même pour réussir à vivre sa propre destruction comme une jouissance esthétique de premier ordre."