J'ai beaucoup apprécié ce livre, qui nous parle de plusieurs temps à la fois. Nous sommes à la fin de la seconde guerre mondiale et pourtant,
Paul Valéry, cloîtré chez lui se souvient, alors que ce qui se passe en Allemagne entre chez lui par le biais de Mathilde, l'être aimée, autrefois et aujourd'hui, femme qui se révolte face à la barbarie découverte, face aussi à la carapace d'indifférence de Valéry.
En une langue soutenue, précieuse, le récit nous plonge dans les souvenirs de Valéry, où se mêlent Mallarmé et surtout
Berthe Morisot. Jeunes filles, elles et sa soeur peignaient, avaient leur propre atelier, et semblaient peu se soucier peu de trouver un mari comme leur famille et les convenances le demandaient. Berthe s'interroge sur le fait même de peindre, de la manière de peindre, ce que l'on peint, et, dans ses écrits (fictifs) vus à travers les yeux de Valéry, j'ai vraiment lu les affres d'une véritable artiste, et non une succession de clichés comme l'on peut en trouver parfois quand on nous parle de peinture. Nous découvrons également son regard de modèle, quand elle pose pour Monet, quand la gestuelle, le regard, la place occupée dans la composition sont au centre même de la création de l'oeuvre. Berthe, rare exemple de femme à la fois peintre et modèle.
Berthe, femme de, aussi, que l'on retrouve, grâce aux souvenirs du poète, au soir de sa vie, veuve, dans ce cimetière parisien où les vivants ont autant de place que les morts, par les hommages qu'ils leur rendent, par les créations dont ils les entourent.
La tristesse des femmes en mousseline, une oeuvre parfois en demi-teinte, portraits d'hommes et de femmes sur trois époques, qui nous questionne sur la création face aux barbaries de l'histoire.
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