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3,67

sur 4325 notes
Pour nous dépeindre de l'avarice humaine, Balzac s'y connait, et avec Eugenie Grandet, c'est le meilleur roman de tronche, un grand paradoxe avec le coeur d'ange de notre héroïne!
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L'hiver dernier j'ai emprunté et écouté une version audio d'Eugénie Grandet. Je possède pourtant le livre papier – que je n'ai jamais lu – mais j'ai voulu tenter à nouveau l'aventure auditive, « à l'envers » cette fois, en commençant par l'écoute.

Les simples titres des différentes plages de lecture ont bien failli m'y faire renoncer. Il ne s'agissait pourtant que de début de phrase de l'extrait annoncé, mais ces quelques mots listés au hasard des paragraphes sur la pochette du CD m'ont fait prendre conscience de l'écriture De Balzac… et j'ai longuement hésité avant d'entreprendre l'écoute au risque de me gâcher une belle lecture traditionnelle, en reprenant mes mains, mon livre de papier et mes deux yeux fatigués. le repassage, les pommes de terre – ou autres légumes à éplucher – auront eu raison de mon impatience, et j'ai finalement choisi d'insérer le CD dans mon ordinateur…

Le texte lu par Françoise Gillard me saisit immédiatement, et cette écoute est d'avantage une redécouverte De Balzac qu'une lecture expérimentale. Si j'ai lu le père Goriot au collège, je n'en ai aucun souvenir, ou peut-être celui d'un vague ennui. Ici, j'ai très rapidement oublié le support et je me suis allègrement laissée immerger dans le récit de vie et les mésaventures amoureuses et familiales de mademoiselle Eugénie.

Je n'ai finalement pas lu moi-même Eugénie Grandet et le livre attend toujours dans mon étagère – alors que le CD est retourné depuis longtemps dans les bacs de la BM de Lyon. Je garde cette belle lecture bien au chaud pour le prochain hiver, savourant par avance cette future redécouverte à l'aide de mes yeux éveillés.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Un des premiers Balzac que j'ai lu, Eugénie Grandet nous met tout d'abord aux prises avec son père, tonnelier terriblement sévère et avare qui règne sur sa famille.
Arrive alors un cousin parisien dont le père, ruiné, s'est donné la mort. Eugénie croit voir en lui le grand amour et elle en sera cruellement déçue.
L'intrigue est typique d'une époque où les familles étaient ainsi faites et où les mariages et les vies se faisaient ainsi.
J'ai regretté les très longues descriptions et digressions, elles aussi typiques d'une époque, mais j'ai tout de même apprécié, au prix de quelques efforts.
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Eugénie Grandet est un roman de la " Comédie Humaine " d' Honoré de Balzac qui présente l'apogée de l'argent triomphant, l'idylle de l'amour naïf et le drame de la passion malheureuse !
En effet, Balzac étudie dans les scènes de la vie de province : l'avare et son addiction à l'argent ( même, en l'occurrence à l'OR ) alors que Molière s'était attaché à traiter de l'avarice avec son Harpagon.
Le personnage principal du roman est Félix Grandet, avaricieux, manipulateur et cynique qui a été tonnelier, puis maire de Saumur qui possède des terres, des titres obtenus par des calculs, des spéculations. Il méprise les faibles, les exploite ; il abhorre les parisiens tant il est imbu de son statut de propriétaire Angevin ! Bref, il profite de la société nouvelle issue de la Révolution pour n'avoir qu'un seul Dieu : l'argent ! Sa fille Eugénie et sa femme sont soumises à son despotisme et vivent chichement avec Nanon : une servante dévouée à son maître. le fils de son frère : Charles Grandet vient lui rendre visite après la faillite et le suicide de son père. Charles est beau, raffiné, habitué à la vie mondaine parisienne et, il pense que son oncle va le prendre " sous son aile ", hélas Félix va le pousser à embarquer à Nantes pour aller faire fortune dans les Indes, il a peur surtout qu'il séduise sa fille pour profiter de son argent ! Chez lui, il reçoit seulement les familles Cruchot et les familles Grassins qui, entre autres aimeraient " caser " un des leurs auprès d'Eugénie.
Eugénie qui fête ses 23 ans, est charmante, naïve, pieuse , obéissante et, elle va tomber amoureuse de ce beau cousin, ils vont se faire des promesses d'avenir et, elle va l'attendre pendant 7 ans pour que, fortune faite : il lui revienne ! Elle n'a pas de nouvelles de son aimé, elle attend confiante qu'il soit de retour pour partager cette passion qui l'anime.
Hélas, Honoré de Balzac qui cisèle les âmes humaines, qui décortique les travers des hommes de son époque ( 1822 ) va lui réserver une tragédie : celle d'un amour non partagé ! Charles revient, riche des commerces d'esclaves, de marchandises effectués à son profit, et il veut reprendre sa vie de luxe, de fêtes et, comme il ne sait pas encore qu'Eugénie est richissime, il va épouser une demoiselle d'Aubrion : 19 ans, qui lui apporte un nom, un titre, une place de gentilhomme auprès de Sa Majesté !
Eugénie, fidèle, sincère, aimante, sentimentale va souffrir de cet abandon et, après le décès de sa mère dont elle a hérité et celui de son père, elle va régler les dettes de son oncle "failli", et mener une vie monotone d'héritière avec sa confidente Nanon...
Un roman noir sur le destin tragique d'une héroïne qui a cru aux sentiments des hommes, qui raté sa vie à l'ombre d'un père obsédé par l'or, et d'une passion pour un fiancé tout aussi intéressé par l'argent qui n'a pas hésité à briser des rêves de femme..
L.C thématique de juillet 2022 : un prénom dans le titre.
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J'ai vraiment pris un grand plaisir à relire Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac… Ce fut une relecture au long cours, à raison de quelques pages quasi quotidiennes pour profiter de ce style balzacien que j'apprécie tant…

Félix Grandet campe le type même de l'avare ; cet ancien tonnelier, devenu extrêmement riche à la Révolution, vit à Saumur, où il est devenu une personnalité en vue. On spécule sur sa richesse et deux familles, les Cruchot et les Des Grassins, verraient d'un bon oeil une alliance avec lui en mariant l'un des leurs avec sa fille unique, Eugénie.
L'héroïne éponyme de ce roman vit petitement sous l'autorité de son père qui impose un train de vie particulièrement frugal à toute la maisonnée, réduite à son épouse, particulièrement effacée, et à Nanon, une servante dévouée corps et âme à la famille Grandet.
L'arrivée à Saumur de Charles Grandet, un jeune et beau cousin de Paris, ruiné, va bouleverser l'organisation de la maison Grandet. En quinze jours seulement, Eugénie en tombera éperdument amoureuse… Elle ira même jusqu'à lui offrir son « trésor », c'est-à-dire l'ensemble des pièces d'or que son père lui a offert pour ses anniversaires. Charles s'embarque pour les Indes, promettant d'y faire fortune et de revenir pour épouser Eugénie.
Tous les 1ers janviers, le père Grandet, ayant pour habitude de contempler le trésor de sa fille avant de le compléter, entre dans une terrible colère en apprenant qu'elle ne l'a plus en sa possession ; Eugénie se retrouve consignée dans sa chambre au pain et à l'eau, pour punition de son attitude et de sa prodigalité envers son cousin. Sa mère en mourra de chagrin.
Cinq années passent ; le père Grandet meurt à son tour en laissant une belle fortune à sa fille… Eugénie attend toujours le retour de Charles. Mais, ce dernier, revenu au bout de sept ans, préfère épouser un meilleur parti, pour se faire un nom à Paris. Eugénie finira par se marier avec l'un de ses premiers prétendants, bref mariage platonique, qui la laissera veuve et immensément riche.

Une intrigue plutôt simple dont l'intérêt, selon moi, réside surtout dans la minutieuse description de la façon de vivre des Grandet : habitudes, repas, habillement, manière de se chauffer, de s'éclairer… L'immense talent De Balzac rend vivante et d'une rare précision cette vie quotidienne où tout est mesuré et calculé depuis les morceaux de sucre jusqu'aux bout de chandelles.
La vie de province devient un théâtre dont Saumur est le décor. Les manoeuvres des Cruchot et des Des Grassins pour obtenir la main d'Eugénie sont à la fois cocasses, cousues de fil blancs et surtout très populaires dans les diverses sociétés de la ville.
Ce roman illustre de manière originale un des thèmes chers à Balzac, la famille, même si l'intimité des Grandet nous apparaît sinistre et froide. Balzac en parle comme d'une « terrible action, une tragédie bourgeoise sans poison, ni poignard, ni sang répandu […] mais, relativement aux acteurs, plus cruelle que tous les drames accomplis dans l'illustre famille des Atrides ».
La religion, autre valeur de l'auteur, y apparaît plus comme un ensemble de sophismes qui aident Eugénie et sa mère à affronter le quotidien ; leur vie est d'ailleurs souvent qualifiée de « monastique ». Balzac compare Eugénie à la Vierge Marie, en Immaculée Conception quand elle tombe amoureuse de Charles puis l'attend, puis en Mater Dolorosa quand il revient et en épouse une autre.
Certains passages sont drôles et même ironiques. Je pense à des réflexions qui échappent à Mme Grandet ou à la servante, au bégaiement et à la surdité feints par Grandet en certaines occasions, à la course des rumeurs dans Saumur ou encore à de fines analyses du narrateur omniscient…

L'étude des personnages est savoureuse.
Eugénie Grandet est l'un des plus célèbres personnages féminins éponymes de la Comédie Humaine, bien qu'elle n'y réapparaisse dans aucun autre livre. L'histoire de sa vie pourrait tenir en quelques lignes car sa passion pour son cousin est le seul fait marquant de son existence. Finalement, elle deviendra, par hérédité ou mimétisme, un pendant, certes plus humain, de son père. En effet, elle sera à l'écoute des pauvres et ouvrira davantage son salon… Balzac insuffle à la description de ses émois amoureux une aura de fatalisme qui annonce le fiasco, même si Charles est tout aussi sincère qu'Eugénie au début, du moins pendant les quinze jours que le jeune homme passe chez les Grandet. L'évolution de son personnage est très intéressante car elle va finir par tenir tête à son père, porter un jugement sur ses actes et apprendre à dissimuler ses sentiments. Cependant, sa vie est si vide qu'elle a tout le temps de se complaire dans l'attente, puis le regret et le chagrin, sans échappatoire.
Félix Grandet devient le type même de l'avare de province. Ses faits et gestes font l'objet d'une étude minutieuse. Ses pensées et réflexions en disent long sur ses manigances et sa connaissance du genre humain. Son avarice est telle que les cadeaux en pièces d'or faits à sa fille sont considérés comme des placements dont elle ne peut disposer à son gré, même quand elle atteint sa majorité. Son amour pour sa fille est très égoïste ; tout ce qu'il fait est motivé par l'intérêt et l'amour-propre. D'une manière générale, il est incapable de la moindre compassion et toutes ses actions sont minutieusement calculées et préparées. Dans son système de valeurs, la faillite est le pire déshonneur qui puisse arriver à un homme. Il exploite littéralement sa servante ; son lien avec Nanon a quelque chose de féodal.
Mme Grandet, quant à elle, n'existe qu'en tant que mère et épouse. Son lien avec sa fille est si profond que Balzac les compare à des soeurs siamoises… Elles passent presque la totalité de leur temps ensemble, se comprennent d'un regard, ont les mêmes intuitions.
Charles Grandet a tout du dandy. Les détails de sa toilette en donne une image particulièrement apprêtée, tout en opposition avec le dénuement et la simplicité de la maison des Grandet de Saumur. Félix Grandet parle de lui en le traitant de « mirliflor ». Même s'il a le mauvais rôle dans l'histoire, on ne peut que reconnaître sa grande sincérité du début quant la candeur d'Eugénie avait su le troubler alors qu'il pleurait la mort de son père. Ensuite, il s'endurcit en faisant des affaires dans les zones intertropicales, dans la traite des esclaves et le commerce des marchandises les plus avantageuses à échanger sur les divers marchés où l'amènent ses intérêts. Contrairement à Eugénie qui a tout son temps pour se morfondre, il n'a pas un seul instant pour repenser à elle. L'atavisme des Grandet va le rendre dur en affaires et peu scrupuleux. Il apprend aussi à connaître toutes sortes de femmes qui lui font oublier l'unique baiser échangé avec Eugénie.
Enfin, Nanon la servante, taillable et corvéable, bonne et intelligente, donne à ce roman une touche de bon sens et de profonde humanité.

Ce roman a été publié en 1833 et participe du jaillissement créateur de l'auteur qui s'affirme comme le maître du roman réaliste, créant des personnages particulièrement typés et puissamment travaillés.
J'ai adoré cette relecture.

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Eugénie Grandet tombe amoureuse de son cousin ruiné et cet amour guidera toute sa vie...

Il m'a fallu 30 ans pour me décider à lire ce classique et il m'a fallu un mois pour le terminer... Et pourtant, je crois que j'ai apprécié ce livre d'un autre temps. A force de descriptions, Balzac nous force à rentrer dans la peau de l'héroïne et à essayer de la comprendre.
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Quel beau portrait de femme !
Honoré de Balzac a su me surprendre car c'est la première lecture que j'apprécie suffisamment pour lui donner cinq étoiles (même si je n'en ai pas beaucoup lu). Il faut dire que depuis l'école je le considérais comme ennuyeux, contrairement à d'autres auteurs du 19ème siècle. Grâce à "Eugénie Grandet" nous sommes réconciliés.

C'est une belle histoire d'amour mais aussi un roman social sur la montée du pouvoir de l'argent et du capitalisme. le père de la jeune Eugénie est un tonnelier de Saumur. Avare et spéculateur, Balzac en dit qu'il "semblait économiser tout même le mouvement". Il sort pourtant souvent pour ses affaires alors que les femmes de la maison sont enfermées et passent leurs journées à coudre ou aux tâches ménagères.
Très proche de sa mère dévote, Eugénie a soif d'amour et d'émancipation. Sa mère va la soutenir jusqu'à sa mort quand elle tombe amoureuse de son cousin Charles venu de Paris, envoyé par son père ruiné. Ce père mettra fin à ses jours et Grandet refusera de garder sous son toit ce neveu déshonoré, il préfère l'envoyer faire du trafic d'hommes aux colonies. Avant son départ, Eugénie lui donnera son coeur mais aussi son argent ce qui va provoquer la colère du patriarche.

J'ai beaucoup aimé la douceur d'Eugénie et la passion sage de deux êtres qui s'unissent par la force de leurs sentiments. L'avenir ne sera facile pour la jeune fille qui attend le retour de l'aimé mais, patiente, elle en tirera des forces pour choisir sa vie.


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Ce roman épuré a un déroulement très simple. Dans la vie grise d'Eugénie, l'événement passe au second plan, c'est le temps qui fait tout. C'est une tragédie, où il y a peu de personnages, deux en somme, une crise, avec l'intrusion d'un personnage extérieur, une lutte dont les acteurs représentent les grandes forces qui font aller le monde, l'amour et l'argent, terminée par une défaite qui élève la victime, mais dans la douleur et la tristesse.
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Je me demande s'il est utile de lire les romans de la Comédie Humaine indépendamment. le roman d'Eugénie Grandet m'oblige à me poser la question. L'histoire de cette jeune fille permet de cumuler des instantanés de la société française sous la période de la Restauration en mettant en scène notamment les rapports entre Paris et la province, mais elle permet également de souligner le puritanisme des campagnes et la structure patriarcale totalitaire de la famille. le parcours d'Eugénie Grandet reste toutefois sans surprise, peut-être parce que les catégories d'Honoré de Balzac ont trop bien marqué la réception et se sont fondues dans l'imagerie collective. Aujourd'hui, le roman a perdu de son intérêt et l'écriture d'Honoré de Balzac ne m'a pas procuré assez de plaisir pour compenser l'ennuyeuse obsolescence de son intrigue.
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J'avais déjà lu ce roman quand j'étais au collège sans doute, sans être particulièrement séduite. Mais cette année, j'ai décidé de me plonger enfin dans la Comédie Humaine, des nouvelles aux grands romans, et j'ai relu celui-ci.
Dans une ville provinciale, un Harpagon tyrannique dirige ses affaires pour entasser son or : il ne veut pas seulement s'enrichir, il veut jouir du métal brillant. Il règne par l'avarice, la peur et la colère sur sa femme, sa fille et sa servante, il règne sur la ville aussi qui devine l'état de ses affaires. Balzac précise d'ailleurs que "bonhomme" est un nom qui s'adresse à tout type d'homme d'un certain âge, sans connotation bienveillante. Quelques réactions permettent de l'humaniser néanmoins, sa tolérance envers Manon que tout le monde repousse pour sa laideur - liée à sa taille, une femme géante n'est pas appréciée au début du XIXème siècle. Grandet aime sa femme à sa façon, puisqu'elle lui obéit en tout. Et tel Harpagon, tel Danglars, tel Saccard et tous les pères égoïstes de la littérature, il ne voit en sa fille qu'un instrument de spéculation.
Et comme presque toujours chez Balzac, les histoires d'amour finissent mal. Pauvre Eugénie, Charles ne la méritait pas, elle si vertueuse, si passionnée, si aimante, lui si léger et inconséquent. Il se justifie d'ailleurs comme un mufle au nom de la différence d'âge - elle a un an de plus que lui, et à 30ans est déjà une vieille fille...
Un roman que j'ai bien fait de relire avec un regard plus exercé, plus habitué aussi à l'auteur.
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