Je n'ai pas foncé sur du
Balzac par plaisir, mais plutôt car j'en avais besoin pour mes cours, et vu la réputation qu'on m'a faite du livre, je n'y allais pas avec envie, mais…
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On entre dans le livre, Raphaël de Valentin est un homme désargenté qui vient de perdre son dernier sou et aspire à se jeter dans la Seine.
Mais bon, il ne fait pas encore assez nuit, voyez-vous donc, il décide d'aller jeter un oeil chez l'antiquaire. Et, la fameuse description de la boutique de l'antiquaire, qu'on m'a vendu comme interminable (20 pages en même temps !), est passée toute seule. Si vous voulez vous y mettre, je vous donne mon astuce : je me suis imaginé une pièce vide que je remplissais au fur et à mesure, et grâce à ce petit jeu, je ne me suis pas ennuyée :). Bref, Raphaël y trouve une peau de chagrin, capable d'exaucer n'importe lequel de ses voeux. Mais à chaque souhait, elle se réduit, et la mort de son propriétaire se rapproche…
Raphaël n'y croit pas, mais essaie un premier voeu : un banquet fastueux. Et… c'est ce qu'il se passe ensuite. Cette scène « du banquet » est plutôt contestée pour sa longueur à l'époque de la parution de l'ouvrage. Pour ma part, je me suis juste un peu perdue entre les références aux gens de l'époque et au contexte historique. Il faut donc vraiment être calé en histoire du XIXᵉ/ XXᵉ siècle (et la politique à l'époque n'est vraiment pas évidente) pour être bien dedans, mais sinon, ça se lit toujours ;).
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J'avoue, après, j'ai commencé à un peu m'ennuyer : la partie « La Femme sans coeur », qui est en réalité un monologue de Raphaël où il fait une rétrospective sur toute sa vie à son ami, est plutôt longue. Sa vie d'avant est contrastée entre sa jeunesse, plongée dans l'étude (énergie créatrice) puis la débauche qu'il entreprend avec son ami Rastignac (énergie destructrice). Il rencontre alors deux femmes : Pauline, belle, mais… pauvre, fille de la femme à qui Raphaël loue sa chambre et Foedora, riche, séduisante, mais qui ne compte offrir son coeur à personne. Foedora est une femme très importante dans l'histoire. Elle est aussi un miroir de la société, se montrant toujours éclatante mais… sans coeur. Bon en revanche, le regard porté sur les femmes... il est important de se remettre dans le contexte de l'époque, on va dire…
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Lorsqu'on retrouve l'histoire en elle-même, dans la troisième et dernière partie « L'Agonie », Raphaël fait le voeu de devenir éminemment riche, voeu aussitôt exaucé. Mais quand il voit la peau se réduire, il décide de redevenir sage, s'achète un incroyable hôtel particulier et vit une vie monotone et redondante, presque cloitré.
Sauf que bon, ce serait trop facile si on s'arrêtait là… L'ancien précepteur de Raphaël (lui est d'ailleurs devenu marquis de Valentin), lui rend visite et, par politesse, Raphaël lui souhaite le succès… Aie. Deuxième événement, il sort à l'Opéra un soir et y croise Pauline. Celle-ci est devenue riche… et les deux jeunes gens décident de se revoir. Ensuite, par colère, Raphaël va jeter la peau dans un puits et, s'en croyant débarrassé, vit une vie passionnée avec Pauline. Mais un jour, la peau resurgit, grandement diminuée… Il décide alors de quitter Pauline, et d'aller voir les scientifiques afin de comprendre le pouvoir de la peau… les scientifiques sont démunis. Même la science la plus pointue ne peut rien contre ce talisman. La notion d'irréel où le fantastique côtoie le réalisme est ici très présente. Finalement, Raphaël commence à tomber malade. Il va consulter des médecins ; encore une fois, ils n'y peuvent rien, mais lui conseille une cure dans les bains des montagnes. Finalement, il ne trouve là-bas que des gens n'ayant aucune pitié. Il va végéter quelques jours chez des paysans avant de retourner à Paris. Là, il retrouve Pauline, lui explique le pouvoir de la peau (alors pas plus grande qu'une « feuille de pervenche »). Quand elle comprend que c'est elle qui va le tuer, par les désirs qu'elle provoque chez lui, elle tente de se suicider, mais c'est trop tard… Une fin digne des héros romantiques dans un roman fantastique d'un auteur chef de fil des réalistes…
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Le dilemme entre vie intense, mais éphémère ou longue, mais monotone, est présent, cependant pas beaucoup intellectualisé comme je m'y attendais… Finalement, ce sont plus les thèmes de l'Énergie (créatrice, destructrice) qui sont réfléchis et mis en scène.
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Je n'ai pas l'habitude de lire une écriture aussi travaillée, aussi détaillée, mais il est incontestable que c'est très très bien écrit… C'est vrai, la plume est chargée, mais le résultat est impressionnant ! Cependant, il faut de la patience pour observer et apprécier tous les détails :)
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Bref, certes, c'est lourd et long à lire, mais ça vaut le détour !