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sur 4500 notes
L'incursion De Balzac dans la littérature fantastique est pour moi une réussite sensationnelle. L'objet magique est ici une peau de chagrin, c'est à dire une cuir d'onagre destinée à décorer un coffret, et dont le pouvoir consiste à exaucer tous les souhaits de son possesseur, mais en contrepartie, cette peau se rétracte ainsi que l'espérance de vie de son utilisateur.
Ce roman est divisé en trois parties, la première, intitulée “Le Talisman” raconte comment Raphael en vient à découvrir cet objet magique, et ne s'étend que sur quelques heures, la seconde, “La femme sans coeur”, revient sur le déroulement de sa vie avant, et la troisième, “L'agonie”, prolonge sur sa vie après.
On reste dans le fantastique romantique, à la manière du Faust de Goethe. L'artefact magique n'est ici qu'un support qui permet à Balzac de déployer toute l'étendue de son talent : l'écriture est riche et belle, un aspect constant chez lui, et les pensées sur la nature humaine, l'orgueil, l'envie, le désir... agrémentent ce roman et le rendent profond et lumineux, ainsi que quelques références éparses dans le récit, parfois subtile, parfois lyrique et même parfois drôle, comme les références à Rabelais et Molière dans la consultation avec les médecins. le texte est écrit à la première personne, ce qui permet de nous faire savourer, entre autres, un superbe monologue d'anthologie sur la débauche. Balzac ratisse large, il nous fait découvrir quelques réflexions sur les sciences, et bien sûr, il y a toujours de grands moments sur l'amour, parfois un peu emphatiques, avec des dialogues d'amoureux d'un lyrisme parfois trop classique. Je trouve parfois les moments où Balzac décrit la passion amoureuse trop longs, trop ronflants, et c'est sans doute pour ça que j'ai moins aimé “Le lys dans la vallée”, mais ici, à part quelques longueurs dans le seconde partie, tout est bien proportionné, bien mené, avec une intrigue tragique, passionnante, romantique, qui nous interpelle sur des sujet généraux de la “comédie humaine”. C'est à ce jour mon roman De Balzac préféré (du moins si l'on considère que “Le chef d'oeuvre inconnu” n'est qu'une nouvelle), c'est un auteur que je continue à redécouvrir avec délectation et émerveillement quarante ans après mes années d'études où il m'avait fait tant souffrir, et je compte bien ne pas en rester là.
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Honoré de Balzac fait partie de ses auteurs que j'affectionnais lorsque, adolescente, je devais lire ces grands auteurs classiques. Je n'ai gardé que peu de souvenirs de ce roman fantastique lu il y a très longtemps et j'ai donc décidé de le redécouvrir en lecture commune.

*
« La Peau de Chagrin », publié en 1831, raconte l'histoire d'un jeune homme, Raphaël de Valentin, qui, seul, ruiné, déçu par sa vie, décide de se suicider. Avant de passer à l'acte, il entre dans un mystérieux magasin d'antiquités et découvre par hasard, au milieu d'un véritable bric-à-brac d'objets en tous genres, une peau d'âne sauvage qui a le pouvoir, selon le vieux vendeur à l'air étrange, d'assouvir tous les souhaits de son propriétaire.
Mais malheureusement, il y a une contrepartie à cela : à chaque voeu, la taille de la peau diminue, entraînant le jeune homme vers la vieillesse, la maladie et finalement la mort.

« Si tu me possèdes, tu posséderas tout. Mais ta vie m'appartiendra. Dieu l'a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. Mais règle tes souhaits sur ta vie. Elle est là. À chaque vouloir je décroîtrai comme tes jours. Me veux-tu ? »

Cette peau devient pour lui une obsession, une torture qui l'emprisonne dans le carcan de la solitude et de l'angoisse. Elle le prive de rêves et d'espoirs.

« Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit … »

Comment peut-il vivre, profiter, aimer, être heureux, sans que la peau de chagrin ne rétrécisse et ne le condamne à mourir ?

*
Cette histoire nous montre, dans les premiers temps du récit, un jeune homme assez narcissique, cupide et prétentieux. Comment ne pas trouver insipide, ennuyeux, et même affligeant, cet homme seulement attiré par le luxe et les femmes riches et superficielles ?

Il ne conçoit pas l'amour sans la richesse.
Et pourtant, l'amour et le bonheur sont à portée de main, il a tout pour être heureux mais il est comme un papillon de nuit attiré par la lumière. Aveuglé par la beauté chatoyante de la flamme, il est indifférent, aveugle à ses propres sentiments et ceux d'autrui.

« Ne sais-tu pas que nous avons tous la prétention de souffrir beaucoup plus que les autres ? »

Mais au fur à mesure que la peau se rétrécit, il prend conscience de la frivolité de ses désirs et des conséquences sur son existence, de la valeur de la vie et de son inéluctabilité. C'est à ce moment-là que mon regard a un peu évolué et que je me suis prise à avoir de l'empathie pour cet homme jeune qui tente vainement de retarder sa mort, mais qui néanmoins, s'y dirige. C'est effrayant de voir sa déchéance.
L'auteur nous fait entrer dans son esprit et on perce le secret de ses pensées, de ses émotions, de ses sentiments, de ses désirs irréfléchis, de ses peurs.

« La vie simple et mécanique conduit à quelque sagesse insensée en étouffant notre intelligence par le travail ; tandis que la vie passée dans le vide des abstractions ou dans les abîmes du monde moral mène à quelque folle sagesse. En un mot, tuer les sentiments pour vivre vieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre des passions, voilà notre arrêt. »

*
La peau magique est, d'après moi, une métaphore, celle de l'argent, du pouvoir, de la frivolité, de la vanité, de l'ambition et des femmes belles mais sans coeur. Elle imprègne les pages de peur, de souffrance morale et physique.
Avec ce texte, Honoré de Balzac explore, avec beaucoup d'acuité et de gravité, les thèmes de l'amour et du bonheur, du matérialisme et de la recherche d'une satisfaction immédiate des désirs, de la richesse et de l'ambition, de la crainte de vieillir et de l'acceptation de la mort.

« … l'amour est comme le vent, nous ne savons d'où il vient.

*
Ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre De Balzac. Aimant cet auteur, son style, son regard acéré sur la société de son temps, sa finesse dans l'analyse du comportement humain et sa perspicacité psychologique, je pensais vraiment que ce roman me plairait.

« Depuis la mollesse d'une éponge mouillée jusqu'à la dureté d'une pierre ponce, il y a des nuances infinies. Voilà l'homme. »

L'histoire est intéressante, originale. L'écriture De Balzac est très belle, élégante, doucement ironique, c'est indéniable, mais, malgré tout, je dois bien l'avouer, je me suis plusieurs fois désintéressée du récit : les descriptions trop détaillées, les pensées philosophiques et les digressions interminables m'ont ennuyée. Cela m'a souvent demandé des efforts pour me remettre dans l'ambiance de l'histoire.

« Ton enthousiasme s'est réduit en peau de chagrin. »
Berni_29

Et même si les dernières pages du récit, plus centré sur Raphaël et cette peau magique, ont relancé mon intérêt, ma vision globale du roman a cependant été gâchée par trop de longueurs.

*
Balzac est un très grand écrivain français, cela ne fait aucun doute. Cependant, cette histoire n'a pas été à la hauteur de mes attentes. Je m'attendais à un roman fantastique avec plus de mystère autour de cette peau d'onagre, plus d'émotions, mais c'est davantage une analyse psychologique de la nature humaine et de ses défauts.

Bien entendu, ce billet ne reflète que mon point de vue, il n'engage que moi et je vous encourage à vous faire votre propre avis en le lisant. J'espère que les inconditionnels de l'auteur ne m'en voudront pas trop d'être passée à côté de ma lecture. Ça arrive parfois.

* *
Merci à tous mes amis Babeliotes, ce fut un plaisir de partager avec vous tous nos ressentis et nos émotions sur ce texte. Je suis contente de l'avoir lu, malgré ma petite déception. Sans vous, je l'aurais peut-être piteusement abandonné.
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Un jeune homme inconnu perd sa dernière pièce d'or au jeu. Désespéré, il est sur le point de se jeter dans la Seine quand il entre dans la boutique d'un brocanteur et en ressort avec un talisman qui lui permettra d'exaucer ses voeux en échange d'un temps de sa vie.
Quand il comprend que sa vie se raccourcit, il s'effraie.

C'est le mythe d'Achille revisité : vaut-il mieux avoir une vie longue ou misérable ou une vie brève, mais intense ? Les deux, répond Raphaël, notre héros balzacien. La peau de chagrin n'est, hélas, pas d'accord.

Si la description du milieu social de l'époque ne m'a pas touchée, sans doute une période trop éloignée de la nôtre, la peinture des médecins essayant de diagnostiquer un malade et les querelles des savants m'ont plutôt amusée… et horrifiée. le rejet d'une personne malade est aussi très bien dépeint.

Longues descriptions, longues digressions pas forcément passionnantes, du moins pour un lecteur du XXIe siècle. Je me suis beaucoup ennuyée lors de la scène chez le brocanteur. En revanche, les scènes qui comportent des médecins sont prenantes. Bref, une alternance de longueurs et de scènes fascinantes. Impossible de sauter des pages donc.

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Le livre refermé, je reste fascinée par les descriptions qui, une fois que j'étais plongée dans l'ambiance me permettaient d'imaginer le moindre détail. Je pense à l'apparition du vieil homme qui va révéler la peau de chagrin à Raphaël .La dimension diabolique de la peau de chagrin est mise en parallèle avec "La damnation de Faust" par l'auteur lui-même et cela est bien intéressant.
Cette époque du 19ème siècle est vue par un auteur vivant dans cette période. C'est tout à fait différent d'un auteur contemporain qui fait revivre le passé.
Le rythme de nos livres actuels est beaucoup plus rapide. Evidemment, nos vies aussi.
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Sommes nous prêts à tout dans la vie même à vendre sa vie au diable ? de toute évidence Raphaël de Valentin l'est.

Animé par la misère et la tentation du suicide, Raphaël erre dans les rues de Paris et se retrouve chez un antiquaire qui va lui faire découvrir « la peau de chagrin ». Au bord du désespoir et prêt à se donner la mort, il va trouver un certain intérêt dans cette peau de chagrin qui peut réaliser tous ses souhaits. En contrepartie de ses volontés, il perdra du temps de sa vie. Chaque fois qu'il souhaitera quelque chose la peau de chagrin rétrécira et sa vie aussi jusqu'à l'inévitable. Cela lui semble une belle aubaine, mais pour combien de temps ?

Honoré de Balzac découpe son roman en trois parties.
La première étant la découverte du talisman à savoir « la peau de chagrin ». Cette partie donnant au lecteur les conditions de la vie de Raphaël et ce que va lui coûter d'obtenir ce cuir que personne ne peut changer. Dans une ville où la richesse est de mise, chacun est prêt à tout pour réussir et faire partie de la haute société. Raphaël n'est pas du genre à vouloir mendier sa vie et préfère la mort ou donner sa vie pour des milliers d'écus. Cependant est-ce vraiment le plus important dans la vie ? L'argent peut-il tout offrir ? N'y a t'il pas plus important que cela ? Raphaël va l'apprendre à son dépit.
Dans une deuxième partie, nous allons remonter dans son passé et découvrir comment il en est arrivé à sa situation et pourquoi il n'a plus goût à rien et surtout tout ce qu'il a perdu. Sa rencontre avec Feodora n'aura rien de glorifiant pour lui et pourtant il sera prêt à tout pour lui plaire et pour s'en faire aimer. Mais cette dernière est-elle prête à changer sa vie pour lui ? C'est ce qu'il espère en tout cas.
Dans la dernière partie, nous assisterons à son agonie. Car de toute évidence à trop en vouloir on finit par tout perdre. Pauline apportera un peu de douceur dans la vie de Raphaël mais est-il prêt à ouvrir les yeux sur elle qui n'a rien alors que Feodora a tout. Cette pauvre fille qui est prête à tout sacrifier pour lui pendant que lui sacrifie sa vie pour une autre qui ne lui apporte rien. Se rendra t'il compte de l'amour qu'il a auprès de lui au lieu de le chercher aussi loin ?
Est-il plus judicieux de vivre ses derniers instants auprès de l'amour de sa vie ou en reclus de la société afin d'économiser au maximum son temps de vie ?
Quand on vend son âme au diable, il faut savoir s'attendre à tout et surtout à tout perdre.
Honoré de Balzac nous dépeint avec talent, la société telle qu'elle était avec d'un côté les plus riches et de l'autre les plus pauvres. Avec les gens rusés d'un côté et ceux qui se font manipuler de l'autre.
Avec son écriture captivante, il arrive à traverser les siècles pour toucher ses lecteurs en mêlant fantastique et réalité d'une main de maître.

Un classique littéraire qui m'a beaucoup plu.


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chapitre 1 « le talisman »

C'est long. On s'éternise sur des scènes chargées de dialogues emphatiques, dont le niveau d'érudition pour en saisir tout le sens est très loin du mien. Ce niveau de langage m'écrase et je me sens ignare devant ce flot d'éléments qui m'échappent. Bilan, mon esprit s'égare souvent, au risque de rater des passages clés de l'histoire… Passages noyés sous ces pesants étalages, parfois pédants ou moralisateurs, où l'auteur par ses personnages qui discourent de manière si savante mais si peu naturelle, déverse à la louche l'étendue de ses connaissances sur le pauvre lecteur étouffé. A trop vouloir en faire, il s'y perd d'ailleurs parfois lui-même comme le démontrent certaines notes.

Le système de note en bas de page est du reste le bienvenu, pour tenter d'éclairer le bête lecteur béotien. Mais sa fréquence et sa quantité, en font, malgré sa nécessité, une digression de plus dont on se serait bien passé si le texte avait été directement plus accessible.

Je concède tout de même que la question du contexte doit aussi beaucoup jouer, le lecteur de l'époque ayant plus de repères que celui d'aujourd'hui. Il n'empêche que ce procédé d'écriture ampoulé et artificiel me déplait, voire pire, m'ennuie.
J'apprécie cependant les quelques allusions à la musique et particulièrement l'opéra, notamment lors de la scène du diner, avec quelques parallèles bienvenus.

Ceci-dit, ce n'est là qu'un petit tiers du roman. Et dans l'intrigue, j'ai l'impression que nous avons à peine dépassé le seuil de l'introduction. Alors même si le style me lasse, peut-être que l'histoire saura me captiver. du nerf, allons lire la suite. C'est un cadeau, j'irai jusqu'au bout. Et puis, je ne peux qu'en être surprise en bien, à présent ! Enfin, le mot préfacé à la main par mon amoureux me motive plus que tout autre appât !

chapitre 2 « la femme sans coeur »

Non mais j'exige la tête de l'auteur des annotations, raconter de manière aussi peu subtile des évènements aussi primordiaux à venir par la suite, sans préavis, où est l'intérêt ! Surtout celle sur le futur de Pauline et son incidence sur Raphaël tiens, ça m'a scié ça.
Bref, j'ai bien fait de poursuivre, plutôt heureuse surprise que ce deuxième chapitre donc, je me suis sentie beaucoup plus impliquée dans l'histoire. J'ai trouvé la ligne plus agréable et captivante à suivre. Peut-être me suis-je faite au style ou vais-je à l'essentiel en ne cherchant pas forcément à décrypter tout ce que je ne saisis pas, peut-être aussi que pour faire avancer l'histoire l'auteur va un peu plus vite et s'attarde moins sur de longues descriptions et dialogues métaphysiques…

Quoi qu'il en soit, je ne m'attendais pas à ce que ce deuxième tiers soit un flash-back intégral de la vie de Raphaël avant la première partie, par l'intermédiaire de son récit à Emile. du coup, notre peau éponyme est toujours perdue de vue, mais ce développement détaillé des mésaventures passées du héros déroule une belle toile pour une utilisation future.

Autre point, ce roman est centré sur l'argent, soit, son manque, son besoin, mais quand cela vire à l'obsession, ce retour quasi-systématique au sujet même (et surtout) à propos des passions du héros met mal à l'aise.

Et parlons des deux femmes. Leur personnalité opposée est peut-être un peu trop poussé à l'extrême (même s'il en ressort un intéressant jeu de contrastes dans plusieurs de leurs façons de faire), mais le caractère de Foedora est passionnant. Celui de Pauline est un peu moins développé pour le moment, bien qu'elle semble plus classique dans le genre douce-fillette-adorable-et-dévouée. On sent qu'on veut faire d'elle un idéal féminin. Cela ne m'empêche pas de la trouver attachante, c'est depuis son apparition que la lectrice coeur d'artichaut que je suis ne veut plus que Raphaël meure. Avant, cela m'était bien égal à vrai dire, ne trouvant pas le personnage en lui-même des plus attrayants (encore moins depuis qu'il refuse de s'en éprendre parce qu'elle est pauvre ceci-dit, bref).

chapitre 3 « l'agonie »

Et c'est finalement touchée et émue que je repose ce livre à présent achevé. J'ai été absorbée par le lyrisme tragique de l'ultime scène, un final magnifiquement pathétique digne d'un opéra. Prévisibles pourtant, j'ai lu ces dernières pages la gorge nouée, les yeux peut-être même humides, tant les errements de Raphaël et le désespoir de Pauline faisaient peine à voir. Pauline…cette façon dont on la fait oublier durant de longs passages, pour que son retour aux côtés de son mari n'en soit que plus tragique, très réussi. Quant au héros, il n'arrive décidément pas à être attachant auprès de moi, mais Elle, y parvient à merveille. Certes elle a toujours ce côté "charmante-ingénue" agaçant, mais l'amour et le dévouement qu'elle porte à Raphaël me font fondre, et elle ne méritait pas de finir ainsi. Pourtant, ces quelques lignes d'épilogue à son sujet sont tellement extraordinaires, avec ce côté nébuleux augmentant la confusion et le drame…

Toute cette troisième et dernière partie se déroule lorsque Raphaël est riche et marquis. Il a conscience que la peau est à l'origine de la réalisation de ses souhaits et que ceux-ci réduisent sa vie en proportion. Pour éviter d'échapper tout voeu indésirable, il vit reclus, se morfondant, malheureux, dans un état d'esprit au final pire que lorsqu'il était sans le sou : avant obnubilé par le besoin d'argent, maintenant par celui de continuer à vivre. Ce côté est de plus en plus obsessionnel, surtout après ses retrouvailles avec Pauline (rebondissement narratif "quelque peu" gâché par les dix ou quinze annotations préalables annonçant leur rencontre-union-fin tragique). Cette obsession croissante est bien montrée, avec sa manière de chercher par tous les moyens à allonger sa vie : tenter de faire étirer la peau, obtenir les meilleurs traitements de santé… Mais la fatalité vaincra cher monsieur, navrée.

Bref, un livre dont ce n'est pas tant l'intrigue qui compte, mais la manière dont les protagonistes (et la peau, "personnage" le plus influant d'ailleurs) gravitent autours du personnage central, agissent sur son état d'esprit, et où le héros lui-même n'a rien de séduisant. Son histoire a beau être mélodramatique, on ne parvient pas vraiment à le plaindre, et serait même soulagé que sa vie s'achève si seulement Pauline n'avait pas été à ses côtés. Oui, le tragique des situations, aussi bien dans la deuxième que la troisième partie, se crée par la présence des femmes qui entourent ce bien malheureux héros.
Conclusion, j'ai bien fait d'aller au-delà de ce premier chapitre à la lecture très pénible, voici un livre marquant au final, et par son final.

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Tout comme le titre de ce livre,mon enthousiasme s'est réduit en Peau de chagrin au fur et à mesure de ma lecture.
Je l'ai refermé au bout d'une centaine de pages,je n'irai pas dire qu'il est pas bien mais il m'a laissé une drôle d'impression.
En fait je crois que je me suis sentie idiote de ne pas tout comprendre,le style est quand même un peu lourd et dans le peu que j'en ai lu j'ai eu du mal à trouver l'action...
Néanmoins j'ai un sentiment d'inachevé vis à vis de ce livre,je suis convaincue que je suis passée à côté de certaines choses et j'ai horreur de rester sur un échec donc dans quelques temps je pense m'y remettre avec une autre vision des choses pour tenter d'en percevoir le sens.L'intrigue en elle-même est intéressante,il devait forcément y avoir un truc qui clochait chez moi au moment ou je l'ai commencé.
Balzac fait partie des cadors de la littérature française,je ne me permettrait jamais de dire qu'une de ses oeuvres est nulle.Concernant La Peau de chagrin mon instinct me dit de m'entêter...A suivre!
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Je pensais avoir lu au collège le roman De Balzac, mais force est de constater que mon professeur de lettres de l'époque n'avait pas dû nous faire étudier l'oeuvre dans son entier... Car non, si à l'âge adulte, j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire, je me vois mal le faire adolescente. Et pourtant, j'en gardé un bon souvenir de cette peau de chagrin.

Le texte en lui-même est pourtant beau dans le sens où Balzac a une écriture entraînante, fluide, imagée et pleine d'esprit, cependant, j'ai rapidement eu l'impression d'avoir été trompée sur la marchandise. le roman gothique fantastique que j'attendais n'a jamais réellement vu le jour. Et j'ai eu beau persister, rien n'y a fait. C'est à peine si notre peau de chagrin est un élément du décor qui de temps à autre vient nous saluer. En fait, il faut avoir eu le courage de passer les bons trois quarts du roman pour enfin arriver dans le vif du sujet.

Fresque bourgeoise qui se veut probablement une dénonciation d'une certaine catégorie de la population de l'époque, nous suivons donc Raphaël, jeune dandy ruiné prêt au suicide. Sa rencontre avec la peau de chagrin va cependant lui donner un sursis... Pauvre de nous. Un héros qui se plaint constamment, couard, qui subit de A à Z, dont les histoires de coeur sont quelque peu risibles et dont on aurait fortement envie de secouer pour qu'il se reprenne en main (ou se prenne tout simplement).

Mais non, Raphaël poursuit bel et bien dans sa bêtise, gâchant le pacte du diable en frivolité et désirs peu intéressants. Décidément, non, je ne m'attache pas. Pire encore, quand on croit qu'il retrouve un peu le salut avec Pauline, qui ne trouve grâce à ses yeux qu'une fois riche..., il persiste et signe. Et quant il est trop tard, le pleurnichard gâche encore ses derniers moments. A trop vouloir, on ne s'aperçoit pas de ce que l'on a...

Un conte, une critique surtout de cette jeunesse désargentée qui ne se rend compte de rien et qui au final ne m'a pas parlé mais ennuyée et qui n'a pas su exploiter la peau de chagrin à sa juste valeur (c'est quand même le titre du roman ! Je m'attendais à ce qu'elle soit LE personnage principal). J'ai joué à la puce, sautant des passages. Quand une description d'un personnage que l'on ne va voir qu'une fois fait plus de trois pages... Non, vraiment, ce n'est pas possible. Et les débats philosophiques stériles encore moins. A croire que l'auteur était payé au mot (ce qui devait d'ailleurs être le cas à l'époque...). C'est dommage, j'avais gardé un bon souvenir de l'extrait étudié. Je donnerai peut-être sa chance à l'auteur avec une autre oeuvre... A voir...
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Que c'est bon, de temps en temps de lire un livre d'un romantisme endiablé, surtout quand le diable souffle sur les braises de l'amour. Dans cette Peau de Chagrin, parmi les premiers livres De Balzac il y a tout le romantisme avouable, porté jusqu'à sa démesure.

Dès le premières pages et "au premier coup d'oeil les joueurs lurent sur le visage du novice quelque horrible mystère : ses jeunes traits étaient empreints d'une grâce nébuleuse, son regard attestait des efforts trahis, mille espérances trompées ! La morne impassibilité du suicide donnait à son front une pâleur mate et maladive."

Comme Lamartine, le jeune Raphaël de Valentin aurait pu ajouter "je meurs et ne sais pas ce que c'est que de naître ( cf, Jocelyn)".

Malgré notre lecture éclairée des Fragments d'un Discours Amoureux, le jeune et désargenté Raphaël nous émeut, nous entraîne dans ses tourments, et avec lui on fera tout pour séduire la trop belle Féodora, on se prend au jeu, on pleure, comme Raphaël très très fort pour implorer et fondre en larmes pendant des heures, subissant la torture d'une femme qui jubile de le voir supplier ; ne me quitte pas.

Honoré de Balzac semble jouer et même surjouer avec les sentiments de Raphaël, avec tous les dérèglements amoureux, tous les comportements insensés, tous les espoirs fous et tous les chagrins puérils ou insondables.
Toutes les aventures passionnelles, toutes les mélancolies, toutes les âmes tourmentées, défilent et Raphaël ne voit pas l'amour, le vrai, le discret, celui immense mais tu, de Pauline, sa jeune voisine.

Le jeune Raphaël de Valentin ne va t-il pas avouer, "ma fatale imagination me dessina mille projets sans base et me dicta des résolutions impossibles". C'est Feodora qui le plonge au désespoir et l'incite à accumuler dettes et folies.

C'est surtout le pacte qu'il a passé avec le diable, qui l'entraîne vers la folie, ce pacte qui est au coeur du livre, qui va donner du sens à ce roman fantastique qui se pare d'une visée bien philosophique.

C'est sur le sens de sa vie que Balzac s'interroge."Ah! la gloire, triste denrée. Elle se paye cher et ne se garde pas. Ne serait-elle point l'égoïsme des grands hommes,comme le bonheur est celui des sots?"

"Si tu me possèdes, tu posséderas tout, mais ta vie m'appartiendra". le vieillard met en garde le jeune homme : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau, symbole de sa vie : "Le cercle de vos jours, figuré par cette Peau, se resserrera suivant la force et le nombre de vos souhaits, depuis le plus léger jusqu'au plus exorbitant". le jeune homme accepte ce pacte diabolique.

Prenant conscience de l'inexorable rétrécissement de la peau, et du temps qui lui est compté, Raphaël vivra en reclus. Sa survie devenant sa seule préoccupation, il constate que, bien que doté de l'amour et du pouvoir , il n'en fait rien et il meurt rongé d'amertume, foudroyé par un dernier désir, celui de vivre encore.

"L'âme humaine est une fée, elle métamorphose une paille en diamants; sous sa baguette les palais enchantés éclosent comme les fleurs des champs sous les chaudes inspirations du soleil."
Les passions humaines sont trompeuses, c'est le messageDe Balzac, lui qui dans ses romans, court après l'argent, lui si romantique avec les femmes, et pour qui la grande Comédie Humaine est en marche, Balzac adresse ce message à lui même.

"la voici la reine des illusions, la femme qui passe comme un baiser, la femme vive comme un éclair, comme lui jaillie brûlante du ciel." Raphaël va trouver l'amour mais il va perdre la vie.

A l'heure des SMS, la quête de cet amour impossible, prête à sourire, l'écriture si enivrante De Balzac finira par nous faire croire à un dernier coup de théâtre.
Il arrive pourtant ce baiser avec Pauline, mais comble de malheur pour combien de jours.
Oui je l'avoue il m'a mené en bateau, ce Balzac, mais j'ai adoré ce livre et cette fin si acide envers ces médecins aussi stupides que suffisants, aussi incompétents qu'orgueilleux, un beau moment de littérature.


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Sublime, ce livre! Le papa Balzac, cette fois-ci nous entraîne sur le chemin de la philosophie du bonheur, intérieur ou extérieur, peu importe, un jeune homme serait prêt à vendre son âme pour quelques moments de gloire et de séduction . sauf que c'est souvent un chemin de non retour, dommage!
Après avoir franchi la grosse muraille de la première partie de ce livre pour la deuxième tentative de ma lecture, je peux dire que oui, La peau du chagrin m'a conquise! Car à la première tentative, en effet je n'avais pas franchis ladite muraille, je dirais encore ce long récit de Raphael qui m'avait beaucoup plongé dans l'ennui total d'un mec qui cherche les poux là où n'y en a pas. Puis les choses ont commencé à rebondir, cette quête au bonheur de Raphael se transforme en un emprisonnement de l'âme que nulle personne, nulle entité, nulle science ne pourrait parvenir à éradiquer. Le souffle, l'oxygène du personnage se trouve lier à un bout carré d'une peau de chagrin. Tout vœu de bonheur qui traverse son esprit est aussitôt exaucé mais à quel prix! Une coudée de sa vie à chaque fois!
Balzac a cet art de nous décrire les folies de son époque en emprunter plusieurs chemins où bien de mondains se sont égarés!
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