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sur 897 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici une brève nouvelle, au sens strict, de par sa construction, mais que Balzac lui-même a placé dans la section "études philosophiques" de sa comédie humaine, et l'on comprend pourquoi.
En réalité il s'agit d'une parabole, sur la forme ultime de l'art, sur la quête évanescente et infinie des artistes. Balzac pose (ou repose car elles ont été formalisées bien avant lui) les fameuses et protéiformes questions : Qu'est-ce que l'art ? Qu'est-ce que le beau ? Qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Que recherche l'artiste ? Où se situent les limites ?
Balzac avec la lucidité prophétique qu'on lui connaît évoque ici, dès les années 1830, les brûlantes controverses qui agiteront la peinture au tournant du XXème siècle et jusqu'à nos jours avec l'abstraction, la subjectivité et l'incompréhension du spectateur ainsi que la notion même d'oeuvre d'art.
En somme, pas le meilleur Balzac qu'on puisse rêver, mais pas inintéressant, loin s'en faut. Néanmoins, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.

P. S. 1 : Il fut tiré de cette nouvelle le film de Jacques Rivette intitulé La Belle Noiseuse (nom du tableau controversé dans la nouvelle) avec Michel Piccoli dans le rôle du vieux peintre Frenhofer et Emmanuelle Béart dans celui de Gilette.

P. S. 2 : J'en termine en vous offrant ces deux extraits, le premier reprenant un thème fort chez l'auteur, notamment dans son sublime Illusions perdues :

"Enfin, il y a quelque chose de plus vrai que tout ceci, c'est que la pratique et l'observation sont tout chez un peintre, et que si le raisonnement et la poésie se querellent avec les brosses, on arrive au doute comme le bonhomme, qui est aussi fou que peintre. Peintre sublime, il a eu le malheur de naître riche, ce qui lui a permis de divaguer, ne l'imitez pas ! Travaillez ! Les peintres ne doivent méditer que les brosses à la main."

"- le jeune Poussin est aimé par un femme dont l'incomparable beauté se trouve sans imperfection aucune. Mais, mon cher maître, s'il consent à vous la prêter, au moins faudra-t-il nous laisser voir votre toile. (...)
- Comment ! s'écria-t-il douloureusement, montrer ma créature, mon épouse ? Déchirer le voile sous lequel j'ai chastement couvert mon bonheur ? Mais ce serait une horrible prostitution ! Voilà dix ans que je vis avec cette femme, elle est à moi, à moi seul, elle m'aime. Ne m'a-t-elle pas souri à chaque coup de pinceau que je lui ai donné ? Elle a une âme, l'âme dont je l'ai douée. Elle rougirait si d'autres yeux que les miens s'arrêtaient sur elle. La faire voir ! Mais quel est le mari, l'amant assez vil pour conduire sa femme au déshonneur ? Quand tu fais un tableau pour la cour, tu n'y mets pas toute ton âme, tu ne vends aux courtisans que des mannequins coloriés ! Ma peinture n'est pas une peinture, c'est un sentiment, une passion !"
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Il est drôle d'observer Balzac, qui aimait tant peindre les hommes avec des mots, se projeter parmi ceux qui le font avec des pinceaux. Voilà qu'il se plonge dans la jeunesse de Nicolas Poussin ! Une période de sa vie qu'on connait fort peu, renseignements pris. Notre écrivain préféré en profite sans vergogne pour laisser libre cours à son imagination, en mettant notamment en scène une rencontre entre lui et le peintre brabançon Frans Pourbus. Si ce dernier s'était bien fixé en France à la période qu'il évoque, le tableau qu'il lui attribue de ‘Marie l'égyptienne' a l'air bel et bien imaginaire.

Par un soir glacial aux alentours de 1613, nous suivons donc celui qui n'est encore qu'un très jeune homme misérable, aux poches vides mais à la tête pleine de formes et de couleurs, vivant dans un galeta aux murs lépreux noyés sous une forêt de dessins. Il se présente chez Frans Pourbus, grand peintre alors très en vue, mais il se trouve que celui-ci reçoit déjà. Un homme âgé, à la mine et à l'allure étrange. Pourbus vient d'achever un magnifique portrait de la sainte Marie l'égyptienne. le jeune Poussin le trouve parfait, mais le vieillard ne s'en satisfait pas.

Ce moderne Pygmalion veut voir le vent circuler dans les cheveux de la sainte, un volume à la place de quelques lignes ; bref une forme vivante jaillir de la toile ! Et en quelques touches de peintures à peine, il réussit à créer une illusion de vie. Mais c'est au tour de Pourbus de ne pas être satisfait. Son apprentissage irait plus vite, dit-il, si le vieillard acceptait enfin de lui montrer son chef-d'oeuvre, la toile sur laquelle il travaille depuis plus de dix ans et qu'il n'a jamais permis à personne de contempler…

Étonnante plongée historique et picturale De Balzac, plus de deux-cents ans avant l'époque à laquelle il a consacré l'essentiel de la ‘Comédie humaine'. Une courte nouvelle sur un thème assez classique, mais écrite avec faconde et élégance, et rapide et agréable à lire.
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Deux auteurs découverts pour le prix d'un.

Maurice Bruézière a eu du nez en rassemblant dans ce petit livre deux nouvelles qui se ressemblent : le Chef-d'Oeuvre Inconnu d'Honoré de Balzac et La Leçon de Violon d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. le but était de confirmer par nos yeux que la deuxième a inspiré la première, mais qu'il ne s'agit pas d'un rudimentaire plagia. La démonstration apparaît clairement à la lecture.

Le Chef-d'Oeuvre Inconnu place l'action à Paris au temps de la régence de Marie de Médicis, un jeune peintre qui veut réussir, Nicolas Poussin, ose se présenter à un maître, Franz Porbus, à l'entrée du domicile d'un vieil homme qui se considère lui-même comme une autorité suprême en la matière, Frenhofer. Poussin ne tarde pas à saisir l'incommensurable étendue du savoir de Frenhofer, et quelques coups de pinceaux bien placés sur un tableau de Porbus prouvent que ce savoir n'est pas que théorique. Et pourtant… Frenhofer bute sur l'oeuvre suprême depuis dix ans, et ne veut montrer le résultat à personne. Pourquoi ?

La Leçon de Violon se passe à Berlin. Un jeune violoniste apprend auprès de maître Haak. Ce dernier se décide à le présenter au Baron, un vieil érudit au savoir musical incommensurable. le jeune homme est impressionné, mais il se passe quelque chose de curieux dès que, quittant la théorie pour la pratique, le Baron fait glisser l'archer sur son violon favori.

Il y a assurément filiation, non seulement dans la présentation que je viens de faire, mais dans la conclusion qui chaque fois frôle le fantastique. Chaque fois le vieil homme semble accaparé par l'ombre de la caverne de Platon, ne vois plus que cette forme, n'écoute plus que sa mélodie intérieure, et reste sourd et aveugle à ses vrais sens.
Cependant, si le récit d'Hoffmann, plus court, se limite à présenter ce sujet, Balzac l'enrichit d'une relation amoureuse entre Nicolas et Gilette ; une relation qui souffrira de la situation, quand Gilette comprendra que l'amour que peut donner Poussin sera toujours rivalisé par son amour de l'art.

L'une et l'autre nouvelle sont agréables, celle de Balzac utilisant tout de même un vocabulaire artistique assez technique et un peu difficile à mettre en image pour un profane. Elles sont cependant trop brèves pour que je me fasse une idée réelle des auteurs ; pour ne serait-ce que décider si je les aime ou pas.
De ce que j'ai lu je ne les déteste pas.
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Ce court roman fait partie des études philosophiques de l'immense chantier de la Comédie humaine. Un peintre débutant y rencontre un collègue établi et un maître qui travaille depuis dix à un tableau qui sera l'apogée de sa carrière. On parle beaucoup de technique du portrait dans ce livre, mais, bien que je n'y connaisse strictement rien, ce n'est pas vraiment agaçant, d'abord parce que s'y cache une conception de l'art assez intéressante: “La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer” comme dit le maître. Ensuite et surtout, la fougue avec laquelle Frenhofer énonce sa vision, la passion qu'il y met, les élans quasi mystiques qui l'emportent sont un délice en soi. le conte n'est pas inoffensif non plus; le conflit de Nicolas entre son amour pour Gillette et celui pour son art fait réfléchir, de même que la fin abrupte questionne la relation entre ambition démesurée et folie. Bref, une courte, mais enrichissante lecture.
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"La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer !"
Ah les tourments de l'artiste toujours insatisfait, qui veut tendre vers la perfection, vers le chef d'oeuvre qui passera à la postérité et ce, au prix d'une obsession qui tend vers la folie.
Balzac, dans cette nouvelle nous raconte les échanges entre Nicolas Poussin encore inconnu et deux peintres confirmés : Maitre Porbus et Frenhofer, peintre tiré de l'imagination De Balzac. Frenhofer tente de finaliser son tableau "la belle noiseuse"depuis des années sans y parvenir. Poussin va permettre au vieux peintre de finaliser sa toile.
Le film de Jacques Rivette de 1991 avec Michel Piccoli et Emmanuelle Béart est inspiré de la nouvelle De Balzac.
Une leçon de peinture et de littérature.

Challenge Riquiqui 2022.
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Cette nouvelle fut publiée la première fois en 1831, dans deux numéros successifs de la récente revue 'L'Artiste'.
La notoriété de Balzac (alors âgé de 32 ans) était encore naissante.
Il s'agissait de composer un récit s'apparentant à un conte d'Ernst Amadeus Théodor Hoffman (1876-1822), écrivain romantique allemand considéré comme l'un des fondateurs du genre fantastique.
'La Leçon de piano', nouvelle d'Hoffman qui inspira Balzac pour cet exercice figure aussi dans cette édition du Livre de Poche.

Porbus (1569-1622), peintre du roi Henri IV, permet au jeune Nicolas Poussin (1594-1665), encore inconnu, de rencontrer le riche Frenhofer (peintre imaginaire). Il leur fait la leçon sur ce que doit être une toile réussie. Il travaille d'ailleurs depuis dix ans sur une oeuvre qu'il considère comme majeure, représentant la quintessence de ses théories et de son art, mais ne l'a pas encore montrée. La belle Gillette, amante de Poussin, sera-t-elle un argument suffisant pour que le vieil homme dévoile sa toile ?

Balzac s'interroge sur l'art, sur le processus créatif et sur ce qui donne sa valeur esthétique à une toile.
Le propos est parfois long, donnant l'impression de redites, mais l'écriture est exceptionnelle, très musicale bien qu'en prose. Pas convaincu sur le fond par cette lecture, j'ai cependant envie de découvrir Balzac dans l'un de ses romans, sur d'autres thématiques.
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le Chef-d' oeuvre inconnu est une nouvelle De Balzac . Cette nouvelle fut
publiée en 1831 et elle partie de la Comédie humaine .
Ce récit montre les débuts du jeune peintre, Nicolas Poussin qui deviendra
fort célèbre par la suite.Dans ce récit nous assistons à une discussion sur
l' Art et spécialement sur la peinture, entre un novice artiste-peintre Nicolas
Poussin, le peintre qui maîtrise son art et le vieux et énigmatique Frenhofer .
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Met en scène Nicolas Poussin allant rendre visite à un peintre connu et ce faisant y rencontrant un étrange vieil homme qui se dit seul dépositaire des secrets artistiques du grand Mabuse.
Outre le plaisir du récit, il y a là celui de retrouver d'authentiques personnages historiques, Poussin, Porbus contemporain de Catherine de Médicis qu'il a peinte et Jan Gossaert dit Mabuse qui au 16ème siècle fit une fusion de l'art flamand et de l'art italien. Et surtout quelques considérations sur la manière de peindre fort intéressantes.
Mais attention, la beauté est dans l'oeil de celui qui regarde.
Inspirée de la leçon de violon d'Hoffmann, cette nouvelle a suscitée à son tour La madone du futur d'Henry James et celle plus récente d'Arthur Danto.
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Un texte qui mêle savamment littérature et peinture. On n'est pas loin de L'Oeuvre de Zola pour le fond. En revanche, la forme est étonnante de la part De Balzac puisque la nouvelle n'est pas son genre de prédilection.

Un texte réaliste, bref et incisif comme une peinture réalisée au couteau tandis que Flaubert lui aurait probablement préféré le scalpel.
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Nicolas Poussin est un jeune peintre fort talentueux. Lors d'une visite chez son ami Porbus, il fait la rencontre de Frenhofer. Celui-ci apprend aux deux peintres comment rendre une peinture plus vivante avec seulement quelques ajouts. Il leur parle ensuite d'une peinture qu'il a fait et qui serait d'une beauté inimaginable et que personne n'a encore vu. Poussin et Porbus pousseront alors Gillette, celle que Poussin aime, à se faire peindre par Frenhofer dans le seul but d'être eux aussi admis dans l'atelier du maître pour voir cette fameuse peinture.

Le chef-d'oeuvre inconnu est une courte histoire De Balzac quand même intéressante qui met en vedette deux peintres qui ont vraiment existé. La fin de ce récit est vraiment surprenante. Je ne m'y attendais pas.
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