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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel immense plaisir de retrouver la magie du « il était une fois » des contes si chers à mon enfance. Il s'agit plutôt ici de magie noire car c'est un conte gothique particulièrement sombre.
Dans ce livre envoûtant et captivant, à l'écriture lyrique, nombreuses sont les références aux contes traditionnels. « Le chien noir » se situe plus particulièrement à la croisée entre Barbe bleue et la Belle et la Bête mais avec des épisodes plus violents et sanglants et surtout une touche de modernité dans les thèmes abordés. @luciebaratte nous propulse avec talent dans un monde fantasmagorique en nous contant l'histoire d'une princesse à la beauté remarquable bien que née avec une tâche sombre sur le visage. Son père, un roi cruel et despotique aux lois liberticides la donne en mariage au charismatique Barbiche. A l'aube de ses 16 ans, intrépide et dotée d'une grande force vitale pourtant affaiblie par une période d'enfermement décrétée par son père, elle part avec le roi Barbiche dans son carrosse d'ébène sculpté vers son château maudit situé sur une île mystérieuse. En chemin elle recueille un chien noir blessé qui deviendra son fidèle « chasseur », personnage-clé du conte. Arrivés dans le sinistre château ils sont accueillis par le laquais, Lanterne, un homme rabougri portant vissé à une main un lampion à chandelle éclairant l'obscurité ambiante et dévoilant dans la pénombre un bestiaire démoniaque et tout un tas d'autres curiosités ou sortilèges. Au fil du temps elle découvre la malveillance de cet époux vorace à l'étrange tatouage en forme de serpent qui s'anime, au passé lointain et trouble possédant une bien terrifiante collection. Alors que Barbiche s'absente quelques mois, après avoir parcouru en détail le château et l'île, avoir lu nombre de livres de sa bibliothèque tant aimée, l'inquiétude la gagne. Des hurlements de bête transpercent souvent la forêt, des voix féminines chuchotent à ses oreilles, des cauchemars hantent ses nuits et elle reçoit d'étranges messages éphémères. Son instinct la pousse alors à enfreindre le règlement de Barbiche en ouvrant la porte interdite cachée au fond d'un dédale de galeries aux courants d'air glacé.
Accompagnée de Lanterne et de son chien elle utilise la précieuse clé d'or que son époux lui a confiée avec la peur de ce qu'elle va trouver derrière la porte maléfique et de la réaction de ce prédateur des ténèbres s'il l'apprenait. Et par un soir de pleine lune elle l'introduit dans la serrure...
Un pur régal jusqu'au mot FIN.
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Ce que j'ai ressenti:

Il était une fois…

"Il était une fois un conte né des profondeurs caverneuses de l'humanité. Engendré d'un mythe dévoyé à la force du songe.(…) Il attendait les premières lueurs d'un matin pâle qui chuchotent à l'oreille du rêveur: le cauchemar n'est que le prolongement de ton âme."

Il n'y aurait pas eu autant de « Il était une fois… », s'il n'y avait pas eu autant de fois, toutes sortes d'injustices éhontées, de tyrannies sombres, de libertés bafouées…C'est parce qu'il y a eu de terribles actes dans l'Histoire des hommes, (et peut être plus encore dans l'Histoire des femmes), que le conte s'est fait lumière dans la société pour exorciser le Mal sous toutes ses formes…Et ce fameux « Il était une fois.. » est devenu alors, formule magique…Pour la rêveuse que je suis, ce genre particulier de lecture, m'attire irrésistiblement…Imaginez un peu ma joie de découvrir un conte gothique avec cet univers intense de Noir…Une onde de choc entre sublime et peurs viscérales, entre beauté envoûtante et effroi ancestral, c'est tout le charme du Noir qui opère en ces pages… Je n'ai pas hésité une seconde à faire rentrer le chien noir dans mon monde féerique et c'est une adoption réussie!

J'ai été happée. Encore plus efficacement qu'un trou noir aurait pu m'absorber, Lucie Baratte avec cette revisite audacieuse et profonde, m'a happée dans les lignes noires de son livre. Une fantastique aspiration…Le chien noir reprend tous les codes du conte et quelques brides sauvages de ces meilleures légendes pour en faire une histoire troublante…Entre magie et ténèbres, le noir s'immisce en nos intérieurs…Le chien noir, c'est une princesse en détresse qui devra suivre un cheminement très sombre entre rêves et cauchemars, pour trouver la lumière en cet univers cruel et sans pitié…C'est tout un symbolisme fascinant où la part sombre des hommes se dessine en relief sur les murs, la bête dans un recoin attend son heure et le Mal plus mauvais que jamais, s'habille d'une couronne…Et cette princesse, Eugenie, apprendra de leur noirceur pour s'en faire lumière, non sans peine…

Il était plusieurs fois la nuit, les larmes et l'entrave aux libertés, il serait peut-être temps qu'il y est plusieurs fois le temps des princesses révoltées…Lucie Baratte ouvre la voie à ce temps de princesses émancipées et ses chemins de volutes noires sont beaux autant que fascinants…Dans une plume superbe en mixant les influences rétro et modernes, elle nous offre un conte magnifique. Intensément fort. Un petit joyau de noir.

Il était une fois, une fée qui avait eu un tel coup de coeur pour un conte gothique qu'elle en retranscrit sur les parois de son imaginaire des pans entiers de ses mots, qu'elle en apprit des fragments qu'elle colla sur ses lèvres, et par on ne sait quelle magie, elle eu une tache de noir qui apparut sur sa joue…La fée la chérit avec une tendresse infinie…Et quiconque venait en son royaume de féerie, pouvait voir gambader le Chien Noir


Ma note Plaisir de Lecture 10/10.
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Je ne suis pas très douée pour faire une critique, alors je vais tenter avec des phrases courtes et subjectives. J'ai beaucoup aimé parce que le style d'écriture était agréable à lire. C'était sombre, gothique mais plein d'espoir et surtout c'était plus palpitant que le conte Barbe Bleue. On se doute de la fin mais on a plaisir de savoir que nos doutes se révélaient justes, parce que c'est aussi ce qu'on aime dans les contes. Merci à l'auteur pour ce roman.
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Il était une fois un grand confinement qui n'en finissait plus. La consigne était simple, il fallait rester chez-soi. Comme Raiponce dans sa tour. Comme Belle dans le château de la Bête. Je n'avais jamais été aussi proche d'une princesse recluse de conte de fées.

Il était une fois un éditeur qui au détour d'une rencontre en mode zoom nous parle d'un conte, le chien noir, premier roman d'une auteure française, Lucie Baratte. Quelques clics plus tard, me voici traversant la place Saint-Sauveur vide, si étrangement vide, pour un vendredi de printemps.

Il était une fois, la fille du roi Cruel, forcée de se marier avec un homme riche, puissant et troublant. Barbiche, Barbe Bleue au tatouage de serpent, qui l'emmène dans un royaume froid et violent. Comment Eugénie pourra-t-elle se libérer de ce joug oppressant ? Comment cette jeune fille trouvera-t-elle le courage de relever la tête ? Et si la clé, c'était ce petit chien noir, qu'elle a recueilli par une nuit d'orage ?

Pas besoin d'en savoir beaucoup plus. Les codes du conte sont là, on se retrouve en territoire connu. le style reste très contemporain, fluide. Pas de crainte, si elle est influencée par l'écriture des précieuses du XVIIe, l'auteure ne livre pas un texte ampoulé. Quel plaisir de lecture ! Ce plaisir de partager une histoire intemporelle, qui nous parle pourtant à nous, rien qu'à nous, une histoire qui fait frémir. Ce plaisir d'enfant de jouer à avoir peur. Cette frêle princesse va se confronter tour à tour aux monstres, au désir, à la liberté, à la vérité. Parce que le conte depuis toujours est un récit initiatique.
Coup de coeur sans réserve pour ce texte. Idéal pour quelqu'un qui comme moi a aimé La Belle et la Bête et ses multiples versions, le roman gothique, les jeux littéraires et les personnages féminins qui ont du chien.
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Il était une fois un site Internet magique qui répertoriait des milliers de livres. Chaque jour, sur ce site, des lecteurs passionnés publiaient des critiques à foison.
Il était une fois une jeune femme qui avait été bercée, dans son enfance, par de nombreux contes qui lui inspirèrent un amour inconditionnel pour la lecture. Elle ne pouvait se passer de lire, à longueur de journée quand cela était possible. C'est pourquoi on l'appelait Bookoholic.
Il était une fois un conte à la fois sombre et magnifique, savant mélange de Barbe Bleue et de la Belle et la Bête, parsemé d'autres références anciennes et modernes.
Il était une fois un conte qui n'aurait probablement jamais été découvert par notre jeune lectrice, Bookoholic, si elle ne s'était pas rendue sur ce site magique aux multiples critiques.
Il était une fois une modeste critique qui cherchait à se faire une place parmi les huit autres critiques qui accompagnait ce conte. Humble, elle savait que tout était déjà dit sur le Chien Noir, et qu'elle ne saurait mieux faire que les autres lecteurs; toutefois, elle avait le secret espoir de convaincre plus de lecteurs de faire la connaissance de la princesse Eugénie et de cet énigmatique chien noir, et de les suivre, se laissant emporter par la plume de Lucie Baratte jusqu'au chateau du roi Barbiche.
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Ouvrir ce livre à l'instar d'un cadeau rare. Etonnant, passionnant, il bouscule les diktats littéraires. Accorde une chance à un genre, l'Imaginaire et le Fantastique. Original et précieux tant sa beauté gonfle les lignes dans le sombre d'un antre hors de l'espace et du temps. « Le chien noir » est captivant. Les pages tournent à allure folle. On veut savoir, de suite, vite, dans cette impatience enthousiaste ce qui advient de l'intrigue. On traverse cette haute littérature dans un labyrinthe où le charme se situe dans la magistrale écriture de Lucie Baratte. Malgré les courants d'air glacé cette impression majeure d'être au coeur d'un conte qui casse les codes. Une plongée dans l'ancestral d'un gothique confirmé. « Il était une fois un conte obscurci, englouti par un océan de ténèbres qui gisait tout au fond du foyer des histoires, étouffé en secret sous le gris de la cendre. » Le style doux, ciselé, aérien chuchote cette histoire qui tel le fil d'Ariane emmène le lecteur bien au-delà de la visibilité. Ce conte de choralité vêtue est un aimant. On écoute Lucie Baratte. Et là, la nuit surpasse le jour. Mais on est bien. « Eugénie » est une jeune princesse vivant dans un château avec son père « Cruel ». Un homme vil, autoritaire qui emblématise certaines têtes connues. Il broie ses sujets à l'instar d'un rideau baissé à la vue de la liberté pour « Eugénie ». Jeune fille aimant un Page et dont « Cruel » le fera décapiter. (Suivez mon regard). N'ayez pas de crainte. Cette litanie est d'une couleur qui enrobe et apaise. Les sons de l'histoire sont de loin les plus belles attentes. La lecture est envoûtante. Que va-t-il se passer dans cette traversée du miroir ? « Eugénie » va être soumise à un homme. Pas n'importe lequel. Se marier de force avec « lui » « le roi Barbiche ». Nous sommes nos choix. Pas elle. Et pourtant, « Eugénie » cherche à percer les mystères sombres de sa vie. « Ecoutez moi attentivement, vous n'avez rien à craindre… Voyez-vous, en dépit de mon apparence de robuste quadragénaire, j'aurai bientôt mille ans d'âge… » Cette voix qui attire « Eugénie », lui annonce les prémices d'une vie douce. Est-elle sincère ? Le conte ouvre ses tiroirs. Ses passages secrets dans un tunnel où chaque pas prononcé signe l'histoire des fables insistantes. Il y a la teneur de « Edgar Allan Poe » et « Ses histoires extraordinaires ». L'emblème tenace des contes tels que « Peau d'Ane » « Barbe-Bleue ». Le rôle puissant d'une trame renommée dès sa première annonce car unique. Ici, règne le majeur. La glaise des légendes et bien au-delà des évènements, « Le chien noir » fait une entrée fracassante et parabolique. Il est là. Chien recueilli par « Eugénie » en route pour un voyage sans retour avec « le roi Barbiche » vers une île perdue à mille-mille dans les ténèbres des angoisses immortelles. On aime la subtilité de Lucie Baratte, ses signaux, ce qui renvoie à notre contemporanéité en filigrane. « Danses endiablées jusqu'au bout de la nuit, valse, twist, cha-cha-cha et fox-trot, jeux de société pour tous les goûts, du bridge au Monopoly en passant par le tric-trac et le nain-jaune. » Ce chien noir adopté par « Eugénie » qui est-il ? Lisez, je ne vous dirai rien. Juste ce relationnel entre « Eugénie » et lui. Cette osmose qui détourne le conventionnel. La ligne jaune n'est jamais franchie. La pudeur gracieuse de l'écriture remporte la palme d'un conte pour grandes personnes mais que les enfants adoreraient « Que vais-je faire toute seule sur une île déserte ? » « Eugénie » va franchir les frontières des interdits. « Le roi Barbiche » est parti pour un an. Lui laissant en main, ce qui est scellé et dont elle ne peut percer le secret. le Fantastique rentre en scène dans un jeu de lumières. le Sésame parabolique des mystères engloutis dans les souterrains. Et là, les amis ; « Le chien noir » est puissance, métaphore, magie d'outre-tombe. La dualité est actée. « On y entendait des cognements, et les flûtes des cavernes, des sonates de Chopin et la pop mélodique de Kate Bush… » « Le chien noir » oeuvre dans la grotte abyssale. Les tiroirs se referment. Le conte s'achève. Rien ne sera plus comme avant la première majuscule de ce temps qui accroche les histoires aux murailles d'éternité. Envoûtée, bousculée, étonnamment enrichie par cette matrice littéraire hors norme, je referme « Le chien noir » et je sais que ce conte est déjà culte. A noter : Une postface par Elisabeth Lemirre spécialiste du conte littéraire. Perfectionniste, en conférence d'une conclusion à ce merveilleux déployé, dévoile que Pascal Quignard notait « Les contes forment un genre presque inhumain ». Elisabeth Lemirre ajoute : « Humanisant l'Homme qui l'écoute ou qui le lit. » Publié par les majeures Editions du Typhon.
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Annoncé comme une relecture de Barbe Bleue aux accents féministes, ce récit nous entraîne dans les noirceurs de l'âme. C'est une plongée en plein coeur du malaise, mais dont on attend avec impatience le chapitre suivant qui comment toujours par "il était une fois".

Coeurs sensibles vous allez souffrir mais quelle magnifique lecture pour halloween .

Je tiens à insister sur la qualité du livre, sa couverture, son papier, ses rabats... c'est un bien bel objet qui nous plonge dans la lecture. Une pépite à découvrir pour tous les fans de ce genre.
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Une lecture coup de 🖤 : j'ai retrouvé l'envoûtement-répulsion des contes d'Angela Carter avec La compagnie des loups et une plume merveilleuse assortie d'un art de conter remarquable ( j'ai d'ailleurs lu le texte à voix haute, un vrai régal de sentir rouler les mots et savourer les silences).
Quel est ce conte ?
C'est un héritage de contes et de mythologies, de malédiction, de transformation, de morts et de renaissances. On y retrouve l'effroyable Barbe-Bleue, la malédiction de la Belle et la Bête, le cercueil de verre de Blanche-Neige, pour la mythologie : les Parques antiques, le labyrinthe du Minotaure, mais aussi le Chaperon Rouge, les robes de Peau d'âne version déclinaisons de noir. D'ailleurs cette couleur se décline tout du long et nous dévoile ces mille et une nuances. J'ai dû louper de nombreuses autres références qui font de ce texte une richesse. Quelques éléments de notre monde actuel ancrent ce récit dans nos propres préoccupations, peurs, pulsions.
N'hésitez pas à découvrir ce conte macabre, plein de noirceur, cru, sensuel et écrit d'une plume ciselée, conteuse et malicieuse.
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TW : viol, torture, meurtre, violences conjugales, infanticide

A la vue de ces Trigger Warning, le Chien Noir pourrait peut-être vous faire fuir et je suis la première étonnée à avoir tant apprécié cette oeuvre, moi qui suis d'habitude peu friande de telles violences. Je pense qu'un tel roman ne serait pas passer s'il avait été écrit par quelqu'un d'autre, mais Lucie Baratte a le talent pour surpasser ces horreurs et ne pas s'y enfermer. Elles ont un sens dans le récit, dans le parcours du personnage et ne se réduisent en rien en un simple torture porn. Soyez tout de même avertis avant de vous lancer dans cette lecture car ce conte noir peut être éprouvant.

J'ai lu le Chien Noir juste après La Compagnie des Loups et ce fut un choix judicieux tant la filiation entre les deux oeuvres est palpable. C'est une suite logique, un héritage qui a su reprendre l'essence gothique d'Angela Carter pour aller encore plus loin dans l'horreur. D'ailleurs, l'autrice dédie son roman à Carter et à Mme d'Aulnoy, autrice de contes injustement oubliées comme La Chatte Blanche et L'Oiseau Bleu. le mélange est bien là : le roman est à la fois un conte dans sa forme (le Il était une fois répété au début de chaque chapitre tel un refrain) et ses personnages, mais aussi un récit gothique dont il reprend les codes : la demeure isolée, la jeune fille en danger, l'étrange domestique, le mystérieux époux…

Le Chien Noir est un mélange entre Barbe-Bleue et La Belle et la Bête, l'histoire d'une adolescente prisonnière d'une puissance patriarcale. D'abord à la merci d'un père sanguinaire, elle est mariée de force à un roi tout aussi cruel. Sur sa route, elle croisera un étrange chien noir. L'animal deviendra son compagnon d'infortune et son seul soutien pour survivre au calvaire qui commence. J'ai eu plaisir à suivre Eugénie. On comprend vite que la clé du récit (objet qui a toute son importance dans Barbe-Bleue) sera celle de son émancipation, de sa liberté. Ce qui se cache derrière la porte interdite est bien pire encore que dans le conte de Perrault. Mais ces horreurs ne symbolisent pas une curiosité qui doit être punie. Au contraire, elles sont le chemin nécessaire pour prendre la fuite.

Dans cet immense château isolé sur une île coupée du monde, l'autrice peint un tableau en noir et blanc à l'esthétique aussi macabre que fascinante, avec des giclés de rouge (des passages assez gores révélant toutes les horreurs de l'âme humaine). J'y ai reconnu des clins d'oeil au Cabinet Sanglant (le Barbe-Bleue de Carter), une ambiance m'évoquant parfois La Belle et la Bête de Cocteau. Mention spéciale à Lanterne, dont le prénom est peut-être un clin d'oeil au Lumière de Disney, mais qui se révèle être aux antipodes de celui-ci. C'est un domestique qui ne semble pas tout à fait humain, que l'on ne peut jamais cerner, dévoué à Barbiche, à la fois traître et compatissant envers Eugénie. Les scènes les plus sombres m'ont évoqué l'éclipse de Berserk (un traumatisme pour ceux qui l'ont lue). le tout est magnifié par la plume de Lucie Baratte qui m'a tenue en haleine sans que je puisse lâcher ce roman dévoré en une après-midi.

Le Chien Noir est donc un cauchemar sublime pour un public averti. Un diamant noir finement taillé et enduit de sang, donnant une parure finale magnifiquement macabre. Sa fin renoue avec les traditions du conte et celles de mythologies plus anciennes, pour une conclusion aussi intime que grandiose.
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Dès le titre « noir », et son sous-titre « conte gothique », on part pour le fantastique, l'horreur et le cauchemar. Si l'on a déjà un peu lu, on a vite fait de repérer les empreintes de « Barbe Bleue » et de « La Belle et la Bête ». Dans le cas contraire, la première rencontre avec le Roi Barbiche est claire : tout ce qui fait du conte « l'autre du réel », comme le dit la postface livre, est bien là, cet univers fantasmagorique dans lequel le lecteur ne peut pas échapper à rencontrer toutes les peurs, tous les interdits, et tous ces « autres qui sommeillent en lui », comme le dit encore la postface, et, dans ces autres, la part d'animalité qui se tapit au fond de tout être humain.
On est immergé dans l'Imaginaire, tenu par la main par la construction et l'écriture, aussi rigoureuses que poétiques et totalement envoûtantes, avec ce refrain-leitmotiv « il était une fois… » en introduction de chaque séquence. Comme une chanson douce ! Comme pour rappeler au lecteur qu'il est dans un conte et non dans un roman inventé à partir d'une situation réelle.
J'ai été une lectrice embarquée, tout autant que malmenée par les visions horribles. J'ai lu avec ma tête et pas avec mon coeur : mon intellect a été immédiatement happé, pendant que ma sensibilité restait le plus loin possible de la cruauté ambiante et de l'amour avec un chien. J'en ressors admirative pour la belle oeuvre que constitue ce vrai conte gothique. Sans oublier de dire combien l'objet-livre avec son papier, ses polices d'écriture, ses teintes (ni tout à fait blanc pour le papier, ci tout à fait noir pour l'encre) servent ce qui est écrit.
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