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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
D'abord se laisser glisser dans la douce atmosphère créée par les codes du conte et replonger des années en arrière avec la sensation sécurisante de se retrouver en terrain connu, un peu comme si tu retrouvais adulte un doudou oublié. le roi, la jeune et belle princesse enfermée et à marier, un prétendant, un long voyage, une île, un château…

Ensuite, commencer à trembler quand le conte vire au drame, au fantastique puis au gothique et s'aventurer dans un univers certes éloigné de mes habitudes, mais pas désagréable à découvrir. Un chien sauvage abandonné, des voix, une pièce interdite, un serviteur-gnome, un tableau qui suinte, un tatouage qui s'anime et j'en passe…

Enfin gratter un peu de l'autre côté du texte, et découvrir le deuxième effet kiss-cool du conte, celui qui mêle les références du genre – clin d'oeil appuyé de Barbiche à Barbe Bleue – à des thématiques plus contemporaines : les violences faites aux femmes et la difficulté de s'en échapper, l'émancipation, l'épanouissement ou les limites de l'interdit.

Avec le chien noir, Lucie Baratte nous offre un conte oscillant constamment entre nostalgie et modernité engagée, dont on regrettera juste que la fin – choix assumé - soit trop respectueuse des convenances du genre. Faussement légère, l'écriture de l'auteure est aussi furieuse que ses « pages d'ombres » qui terminent ce livre remarquablement édité, complété d'un site Internet à l'accès verrouillé dont je vous donne l'adresse (serstoidelaclef.com) mais pas la clé d'entrée, cachée au coeur du livre…
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« Il était une fois un conte né des profondeurs caverneuses de l'humanité… A travers le labyrinthe du temps, une formule enchantée, plus légère qu'un flocon de poussière, se frayait un chemin jusqu'à l'oreille » du lecteur.
L'incipit donne le ton. Une écriture élégante, sombre et cruelle.

*
Il était une fois un père violent, dominateur et insensible qui veut se débarrasser de sa fille en la mariant de force.
Il était une fois Eugénie, une princesse belle comme le jour, généreuse mais tellement naïve.
Il était une fois un roi fortuné nommé Barbiche qui demande la jeune femme en mariage, un gentilhomme charmeur, aux manières raffinées, mais les apparences sont bien trompeuses.
Il était une fois un jeune chien noir, blessé et tout crotté, au beau pelage bouclé, ramassé au bord du chemin qui mène notre délicate héroïne vers sa nouvelle demeure et son destin.
Il était une fois un château lugubre, maléfique et labyrinthique, de style néogothique construit en granit noir, se dressant sur une île isolée battue par des flots agités.
Il était une fois une petite clé faite d'or ouvrant une pièce mystérieuse et interdite. Notre princesse malade d'ennui va-t-elle succomber à la curiosité et braver l'interdit ? Ne dit-on pas que la curiosité est un très vilain défaut ?

*
Mais vous l'aurez bien compris, ce roman est une jolie réécriture du célèbre conte de « Barbe Bleue », écrit en 1697 par Charles Perrault qui s'est inspiré d'un personnage non moins connu : le roi d'Angleterre Henri VIII. Marié six fois, le souverain britannique a fait décapiter deux de ses épouses !
Je vous laisse le plaisir de découvrir la suite imaginée par l'auteure, différente de la version originale du conte.

*
Mais attention, ce conte-ci ne s'adresse pas à un jeune public, certains passages pourraient heurter leur sensibilité, avec en particulier, des scènes de viol, de meurtres et de tortures. Mais il n'y a aucun voyeurisme dans l'écriture de l'auteure qui ne s'attache pas à dépeindre les scènes avec des détails sordides ou scabreux, ce que j'ai apprécié, je ne vous le cache pas.

*
De nombreux clins d'oeil aux contes de notre enfance, la Belle et la Bête notamment, mais aussi Cendrillon, l'oiseau Bleu, Peau d'Âne, Blanche-Neige jalonnent cette histoire. le roman s'ancre ainsi dans le passé, mais aussi dans le présent (références au jeu Monopoly, à la chanteuse Kate Bush, ou à la crème Coldcream, le thé tchaï) pour nous rappeler que les contes traversent le Temps.

*
Premier roman de Lucie Baratte, l'auteure rend hommage à la conteuse Mme d'Aulnoy (1651-1705), auteure de « La Belle et la Bête » ou de « La chatte Blanche », et à Angela Carter (1940-1992), auteure de « la compagnie des loups » de magnifique façon.

Elle nous plonge dans une abime de noirceur avec ce conte gothique qui met en scène une jeune femme innocente et pure qui, voulant échapper à la domination d'un père cruel, se jette dans les bras d'un homme dominateur, malsain et meurtrier. Un roman très féministe pour un sujet très actuel.
Cette réécriture est suivie d'une postface très intéressante d'Elisabeth Lemirre, spécialiste du conte littéraire français, qui analyse pour nous « le chien noir » et nous donne toutes les clés pour comprendre ce genre littéraire.

*
Une belle surprise, une réécriture originale, un roman envoutant qui donne aussi quelques frissons, un genre littéraire que l'on a perdu l'habitude de lire et qui mérite une percée dans le monde littéraire. Une jeune auteure talentueuse à suivre.
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Ce livre a le mérite d'être bien écrit et de se dévorer d'une traite, ou peu s'en faut.
Pas de réelle surprise cependant sur le dénouement que je ne dévoilerai pas, néanmoins il s'agit d'une belle relecture/réécriture de contes connus. Barbe-bleue revisité en mode gothique, moderne et féministe...
Un livre à découvrir dans une magnifique collection, chez un petit éditeur marseillais dénicheur de talents oubliés ou potentiels qui nous offre des ouvrages de qualité.
Je pense avoir plus apprécié le style riche et savoureux de l'autrice, dont j'essaierai indubitablement de suivre ses prochaines créations dans le domaine de la fiction, que l'histoire elle-même, qui n'est pas désagréable pour autant.
Lisez-le, lisez-la, ne serait-ce que pour découvrir la plume de Lucie Baratte.
Il était un fois...
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Il était une fois la lectrice conventionnelle que je suis, totalement séduite par la rencontre virtuelle de Lucie Baratte au point de se lancer, tiens-toi bien, dans la lecture d'un conte gothique.

UN QUOI ?
Un conte gothique. Prends des notes, je t'explique. Valeur hautement académique.
Ma jeune expérience te dira qu'il s'agit donc d'un conte, un récit relativement court qui répond aux codes du genre : le fameux « il était une fois » sans époque définie, un pays lointain sans racine et une représentation ou transposition symbolique des maux de l'humanité ou de société.

MAIS POURQUOI GOTHIQUE ?
J'y viens ! Aucun rapport avec les chaussures à plateformes ou le maquillage de Marilyn Manson. C'est juste que le conte, il est habillé par des images de nuits profondes, de solitude, de châteaux hantés, de maléfices et j'en passe.

ET DU COUP CA PARLE DE QUOI ?
Ben de tout ça. Bon, puisque tu as besoin que je sois plus précise : il était une fois, dans un pays très loin d'ici, à une époque forcement différente de la nôtre, une jeune princesse qui voulait échapper à la domination de son père en épousant un homme charmant quoique plutôt effrayant. En chemin vers son château mystérieux, Eugénie, autrement surnommée Sweet Sixteen par son époux de moins en moins charmant, trouvait un chien noir à bout de forces et décidait d'en faire son compagnon d'infortune. Tu devras le lire pour savoir s'ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants. Je ne vais quand même pas tout te dire.

ET… C'ETAIT BIEN … ?
Non ! C'était un cauchemar. Au vrai sens du terme. du genre quand tu le lis tu pries pour que ça ne t'arrive jamais. Peu de chance le coup du château hanté je te l'accorde… mais la transposition est symbolique je te l'ai déjà dit. Tu m'agaces quand tu ne suis rien tu sais.
Bref, une lecture cauchemardesque mais géniale ! Parce que j'ai adoré le style aussi. Les anaphores, les répétitions, les jeux de mots et l'humour. Je ne m'attendais clairement pas à trouver cet humour subtile… Oh ça va ! Dans un conte gothique, y'avait rien d'évident ! Méfie-toi tu deviens insolent.

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Il était une fois… une jeune princesse au visage marqué, un père et roi Cruel qui ne se souciait que de son pouvoir, un mariage inespéré, le désenchantement, un riche Barbiche aux allures repti-liennes, des voix de femmes qui se perdaient entre les murs, des scènes sanglantes, un dénommé Lanterne inquiétant et un chien noir, mi-bête, mi-amant. Un mélange de Barbe-Bleue, de la Belle et la Bête, les contes fabuleux qui se mêlent dans ce sombre récit gothique érotisé. Une plume qui m'a beaucoup touchée. Une histoire qui m'aura un peu moins marquée, peut-être trop d'échos à ce que j'ai pu lire dans mon enfance. Toutefois je vous invite à accompagner Eugénie dans ce voyage angoissant, douloureux, sensuel et libérateur. Un monde pénétrant, une écriture envoûtante et presque magique… qui sait… peut-être qu'ils vivront heureux et auront beaucoup d'enfants…
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Intéressant de sortir des sentiers battus et de se replonger dans un conte avec tout ce qu'il comporte de plus fantastique, terrifiant, glauque même. J'ai tout de même hésité à poursuivre ma lecture à certains moments car certaines représentations de mon esprit me dérangeaient. A chacun sa sensibilité … La curiosité m'a tout de même menée au bout de l'histoire... Une histoire qui fait écho à bien des contes de notre enfance et que j'ai eu plaisir à me remémorer.

Le style de l'auteure et l'histoire étaient tous deux prenants. En soi, un bon moment puisque je l'ai de toute façon dévoré.
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Les contes pour enfants étaient là pour les éduquer. A travers des histoires, des messages étaient passés. Parfois, ces histoires étaient cruelles mais comme ce n'étaient que des histoires, cela pouvait être entendu et accepté. Mais les histoires ne sont pas toujours juste des histoires.

Eugénie, belle princesse née avec une tâche sur le visage, est la fille du roi Cruel. Seul la richesse, les batailles et la peur qu'il inspire ont d'importance pour lui. Quand le roi Barbiche se présente à son château pour demander la main de sa fille en échange d'une fortune colossale, le roi Cruel n'hésite pas un seul instant. Ainsi, si la vie d'Eugénie n'était déjà pas tendre, elle sombrera cette fois dans la noirceur. le château, la forêt, le personnel et les amis de Barbiche sont tous à son image. Mais en arrivant, Eugénie trouvera malgré tout un chien noir, mal en point, qu'elle soignera et adoptera. Elle l'appellera Chasseur. La nouvelle reine tiendra-t-elle le coup?

Il semblerait que ce soit une réécriture de Barbe bleu. Je fais confiance, car je ne l'ai jamais lu. Ici, je vois une princesse qui s'oppose à son père dès qu'elle le peut sans pour autant dépasser une limite. Malheureusement pour elle, à son époque, une époque qui a bien existé, elle doit être sous la tutelle d'un homme. de fille, elle passe à épouse forcée. Il est évident qu'elle n'a pas choisi ce mari. A travers ce conte, c'est l'histoire de milliers de femmes qui est retranscrit. Ne pensez pas qu'il s'agit d'une histoire révolue, là pour un devoir de mémoire. C'est une histoire encore d'actualité. Trop. Beaucoup trop.

Sous une plume douce et acérée à la fois, qui reprend les codes des contes d'antan, Lucie Baratte raconte sans fioriture l'histoire d'Eugénie, mais elle pourrait être n'importe qui d'autre.

Certain(e)s pourraient reconnaitre leur grand-mère, leur mère, une soeur, une amie, une voisine, une femme croisée par hasard dans la rue, en cette reine. Enfin, je vous invite à la prudence, car des passages de violences physique et psychologique sont présentes. La beauté n'a jamais empêché la cruauté après tout.

Acheté après un @vleel_ , il se trouve que ce roman a été pré-sélectionné par @leplib2021. Découvrez-le.
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Grande amatrice de contes, j'ai beaucoup apprécié cette réécriture de Barbe Bleue.
L'écriture est fluide et très agréable à lire. J'ai beaucoup aimé les nombreux clins d'oeil aux contes traditionnels qui ponctuent le récit (en particulier au début de chaque chapitre). Lucie Baratte respecte tous les codes des contes de fées, les détourne et les adapte à son récit. C'est vraiment intéressant.
Au fil des pages, l'autrice nous invite à partager les pensées, les rêves, les envies, les désillusions, les peurs et les espoirs de son héroïne. Elle nous propose donc un récit intimiste et émouvant.
J'ai passé un moment très agréable en compagnie de ces rois, reines et autres animaux fantastiques.
Une belle lecture.
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C'est « un conte né des profondeurs caverneuses de l'humanité », des abîmes du monde, là où la lumière se meurt, son absence comme un écho à l'éclipse de tout espoir au tréfonds de l'âme.
Dans le noir se détache un visage sombre marqué par les ténèbres, une⠀tache sur la joue du sang noir de toutes les souffrances versées qui se répand.
Un visage aux yeux noirs contant un univers de ténèbres, quand ils reflètent une âme d'une obscurité totale ; quand le souffle des tourments subis éteint toute étincelle de vie, quand les mondes intérieurs et extérieurs sont unis par une même noirceur.

Ses yeux sont une porte ouverte sur un monde mélancolique qui se fait l'écho de ses sentiments niés, dégageant une odeur de crainte et de tristesse.
Son corps léger comme le souffle, aux mouvements doux semblables à des caresses imperceptibles, fait corps avec son environnement, lourd, massif, puissant. Une force extérieure contenant toute sa délicatesse, la laissant à la merci des autres et de leurs supplices.

Encadrant son visage, une masse ténébreuse de cheveux épouse le feuillage dense d'une forêt hostile qui la maintient prisonnière, prise au piège d' une végétation comme alter ego de l'homme cruel auquel elle a été mariée.
Elle se confondra avec les poils d'un chien noir errant rencontré sur un chemin, en une « même substance de fibres et d'ombres » ; l'alourdissant de tout le poids du refus, de la rébellion, de l'affirmation.
Elle fera corps avec l'animal, matérialisation d'une part d'elle-même qui s'ignorait, cachée au fond de son âme, là où la lumière ne brille pas, aboyant de toute sa force son courage et sa volonté d'émancipation.
.C'est un « conte né des profondeurs caverneuses de l'humanité », où dans l'obscurité la plus inhumaine brille une petite étincelle, souffle d'une vie qui va grandir et s'affirmer.
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Il était une fois, un conte obscur mais non moins entêtant, tout de noir vêtu, cynique et captivant.

C'est l'histoire d'une princesse promise à un destin lugubre et inquiétant, qui rencontre « un jeune chien noir au beau pelage bouclé […] suintant le sang ».
C'est surtout le récit d'un mariage, conclu et consommé en deux temps trois mouvements : Eugénie est mariée à un homme venu d'ailleurs, plein de mystère et de danger.
Reine noire dans un château de granit aux murs magiques, où l'enchantement fait place à l'horreur, cette *Sweet Sixteen* est rapidement livrée à elle-même. Elle ne peut compter sur personne d'autre, hormis peut-être Chasseur, son doux compagnon, mais certainement pas son époux, le roi Barbiche – mi-Barbe Bleue, mi-Dracula. Car qui est obséquieux à souhait l'est nécessairement pour une raison. Plus le masque est poli, sous l'étendard de la séduction, et plus cruelle est la vérité, dans sa pâle nudité.
Il était donc une fois, une jeune reine (dé)laissée en son château, prenant peu à peu possession des lieux et fortifiant elle-même son esprit, en quête de liberté.

Lucie Baratte excelle dans l'art du conte. Elle manie le verbe haut & peint de sombres tableaux, d'une noirceur éclairée. Son récit est un pur délice, qui se boit jusqu'à la lie.
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