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LA FEMME QUI FUIT vous prend aux tripes, vous écorche autant qu'il vous touche. La douleur tient probablement dans la révolte que nous éprouvons face à cette femme qui choisit d'abandonner sa famille. Comment une mère peut-elle demeurer insensible devant les suppliques de sa fille qui l'attendra toute sa vie? Au nom de quoi? Il faut lire jusqu'au bout pour tenter de saisir la soif de liberté, impossible à étancher, qui habite cette femme en fuite continuelle.

Dès l'ouverture, nous sommes saisis par le ton et la force de l'écriture.


La première fois que tu m'as vue, j'avais une heure. Toi, un âge qui te donnait du courage.

Cinquante ans peut-être.

C'était à l'hôpital Sainte-Justine. Ma mère venait de me mettre au monde. Je sais que j'étais déjà gourmande. Que je buvais son lait comme je fais l'amour aujourd'hui. Comme si c'était la dernière fois.

Ma mère venait d'accoucher de moi. Sa fille, son premier enfant. […]

Tu entres sans t'excuser d'être là. le pas sûr. Même si ça fait 27 ans que tu n'as pas vu ma mère.

Même s'il y a 27 ans, tu t'es sauvée. La laissant là, en équilibre sur ses trois ans, le souvenir de tes jupes accrochés au bout de ses doigts.

L'auteure, Anaïs-Barbeau Lavalette, s'adresse ainsi à sa grand-mère, la mère de sa mère. Qu'elle n'a pas connue. Qui a abandonné sa famille pour toujours, sans jamais revenir sur ses pas. Jamais. Laissant un trou béant dans le coeur de sa fille Mousse, la mère d'Anaïs. Béance que l'auteure a voulu colmater en écrivant ce roman. Pour y arriver, elle fera appel aux services d'une détective privée et se lancera dans une chasse aux fantômes pour trouver des réponses, récolter des indices qui, une fois rassemblés, serviront de fils pour broder le reste de son histoire.

Cette femme, c'est Suzanne Barbeau, femme de Marcel Barbeau, l'un des signataires du Refus global. Peintre, poète, contestataire, amoureuse… Suzanne a été tout ça et plus encore. Par son art, par ses mots, elle participera à l'histoire, tout en demeurant en marge de sa propre vie.

Découvrez le portrait sans fard d'une femme qui, toute sa vie, refusera de se poser.

Les murs autour de toi restent vide : tu te refuses à ménager ton nouvel espace. Tu te plais dans le mouvement des choses. Ta valise reste donc ouverte, tes vêtements pliés dedans, les tiroirs, vides.

Un récit bouleversant.

Une écriture intime, puissante et remarquable.

Lien : http://carnetdunelibraire.co..
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Je viens de terminer "La femme qui fuit" d'Anaïs BARBEAU-LAVALETTE, dans des circonstances personnelles particulières et cette histoire m'a particulièrement touchée.
L'auteur n'a pas connu sa grand-mère maternelle, qui a abandonné ses deux enfants – dont sa mère – très tôt. Mais de cette inconnue, Anaïs va faire une héroïne de roman. Sans que l'on puisse vraiment démêler le vrai du faux, ses recherches lui permettent de se confronter à une femme hors du commun. En effet, cette dernière a côtoyé les signataires du refus global qui remet en question l'immobilisme de la société québécoise, a été la conjointe du peintre Marcel Barbeau. Elle a choisi de vivre sa vie telle qu'elle le désirait, malgré les conséquences.
J'ai beaucoup aimé ce roman magnifique, l'écriture particulière, les phrases courtes, saccadées parfois telle une respiration difficile. J'ai aimé aussi l'empathie de l'auteur pour son personnage, son absence de jugement, la progression dans son désir de comprendre. J'ai aimé ce récit empli de sensibilité, fort, généreux qui transforme le manque en pardon.
Le livre refermé, il me reste une petite musique dans la tête, une petite douleur dans le coeur et de belles images dans les yeux. C'est bon signe !
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De prime abord, ce roman a tout pour me rebuter: des phrases très courtes, des paragraphes qui se limitent souvent à une phrase, des chapitres rarement plus longs que deux pages, comme si le lecteur visé ne pouvait se concentrer plus que 2 minutes sur le même sujet. En plus, tout le monde aime ça ce qui réveille le snob en moi. Et pourtant, quel roman magnifique! Je dis souvent qu'un roman digne d'être publié ne doit pas nous laisser indemne à la fermeture de la dernière page. Il doit nous faire entrer dans une réalité qui nous est étrangère et étendre notre compréhension du monde. Anaïs Barbeau-Lavalette réussi cette mission à l'aide d'une écriture douce et pleine d'empathie, dont le but est de comprendre et non de juger. Je ne résumerai pas la trame du récit car il vaut mieux l'aborder comme une rencontre surprise, mais sachez seulement qu'il est peuplé de personnages plus ou moins brisés qui tentent de faire leur chemin dans la vie.
"Surgit le souvenir des notes éteintes d'un piano. le spectre de ta mère évaporée,"
Un livre lumineux, qui redonne confiance dans le pouvoir des mots de nous faire appréhender le monde avec plus d'humanisme.
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