AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 780 notes
Ce roman est en réalité une histoire vraie. L'histoire de la grand-mère de l'auteur. Elle s'appelait Suzanne Meloche, elle épousera le peintre Marcel Barbeau dont elle aura deux enfants. Pendant quelques années, ce sera une vie de bohème mais la simple vie de mère au foyer ennuie Suzanne. Elle veut être libre de penser, d'agir, de vivre intensément. Elle abandonne ses deux enfants et quitte Montréal pour Londres puis New-York. Suzanne est une artiste passionnée de liberté, poète, peintre, militante, amoureuse… Elle refuse les attaches…
Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu sa grand-mère. Cette dernière n'a jamais voulu renouer avec ses deux enfants. La mère d'Anaïs en a souffert.
Ce livre est intéressant historiquement sur le destin de cette femme originale et avant-gardiste. Mais Suzanne Meloche est aussi très égoïste de ne pas prendre en compte le sort de ses enfants. Pour cela, cette histoire est également émouvante et cruelle. J'ai mis du temps à lire ce livre, ayant peu d'empathie pour cette femme libre…
Lien : https://aproposdelivres.word..
Commenter  J’apprécie          30
Anaïs Barbeau-Lavalette a choisi de revenir sur la vie de sa grand-mère Suzanne Méloche née en 1926 à Ottawa.
Une femme qui a fait un choix peu commun, celui d'abandonner ses enfants pour vivre une vie où la liberté est reine.

J'ai aimé le style de l'auteur, direct pour ne pas dire brut qui fait toute l'originalité du roman. Un style que j'ai apprécié et pourtant je me demande si ce n'est pas aussi la conséquence de la froideur que j'ai ressenti en faisant défiler les pages.
J'ai l'impression d'être en décalage avec la plupart des avis, mais je n'ai pas réussi à être touchée et émue par le destin de cette femme…

Bref, je suis passée à côté de cette lecture.
Lien : https://orlaneandbooks.wordp..
Commenter  J’apprécie          10

Le poids de la liberté

Entre invention et réalité, voici le récit d'une femme libre, dévastée par ses fulgurances, enchaînée à ses absents. Elle s'appelle Suzanne ; à dix-huit ans, promise à un « bel avenir », elle quitte Ottawa, sa ville natale et aussi sa famille : sa mère au coeur asséché par tant de grossesses et aux doigts qui ne savent plus jouer Chopin, son père Achille qui arrache les pissenlits, alors qu' hier encore il enseignait, tous ses frères et soeurs. A Montréal, elle rencontre des jeunes trublions, enflammés, torrentiels qui se racontent de mille manières, avec un pinceau, un crayon, un morceau de vieille toile, une scène improvisée, ou bien juste une ribambelle de mots jaillis spontanément qui brisent les cadenas et les habitudes… Comme une fleur qui se déplie Suzanne y apprend l'art, la poésie, les vieux livres, la démesure et aussi l'amour, l'amitié, la couleur dans tous ses replis ; elle y apprend surtout la venue d' un petit être tout neuf envolé de son ventre : Mousse, sa fille, sa farandole, son astre. Très vite vient s'ajouter un fils à son petit monde désinvolte et feutré : François. Et puis Suzanne s'éparpille, s'essouffle, s'enfuit, et abandonne ses enfants, son mari, toutes les promesses qu'elle s'était faites. A présent, vidée, délestée, elle court et erre en funambule et musèle tous ses souvenirs qui la rongent et l'émiettent. Au gré de ses rencontres, elle trimballe sa valise de musées en jardins publics, de chambres glauques en appartements spacieux, d'Amérique en Europe, d'ateliers en villes éventrées, de bus brinquebalants en hôpitaux fatigués … et peu à peu sa jeunesse s'enfuit. Vieille et recroquevillée, elle a quatre-vingt trois ans quand elle s'éteint en glissant sur le sol de sa salle de bains.
La poésie qui sait s'insinuer derrière les lignes raconte bien mieux que les mots pesés et ciselés, les morsures du coeur, les larmes qui ruissellent de sel et de drame, les étincelles de l'art qui brillent dans la poussière.
Beaucoup d'amour, beaucoup d'irrévérences, beaucoup de larmes, plein d'art… un énorme bouquet tout en arabesques et en poésie.
Commenter  J’apprécie          10
Appréciation : Quel plaisir! Belle écriture qui au départ m'a causé une certaine difficulté, en fait un certain agacement : l'utilisation du « tu »; une narratrice qui s'adresse à sa grand-mère toujours en la tutoyant. Mais par la suite je m'y suis habituée tant l'écriture est poétique et le sujet passionnant. On ressent tout le pouvoir qu'a eu à cette époque le discours des libres penseurs, artistes, peintres, écrivains, gens de théâtre, (il ne manquait que les musiciens) sur la société québécoise des années 40. le fameux texte « le Refus Globlal » écrit par le peintre Paul-Émile Borduas et publié en 1948 en 400 exemplaires fait foi de toute cette époque dite de la grande noirceur qui avait besoin de s'affirmer en s'opposant au clergé, encore à l'époque omniprésent dans chaque sphère de l'état. Prémices à la Révolution tranquille des années 68 où le Québec s'est affirmé et libéré.
Histoire passionnante, très intimiste, parfois trop comme si on lisait de trop près la vie de Suzanne Melanchon, épouse de Marcel Barbeau, peintre né en 1925 et qui vient à peine de nous quitter en janvier 2016. C'est toute une époque de libération qui prend forme.
Quand on fait des recherches sur ce que sont devenus les enfants du refus global, on est impressionné par les conséquences de leur parcours très marginal. Quelque part, ils ont été les victimes de ce démembrement des valeurs québécoises de l'époque. On leur a enseigné la liberté avec la même ferveur que ces artistes épousaient envers et contre tous le besoin de pousser leur liberté jusqu'à l'abandon de leur famille, et de leurs propres enfants, au détriment d'une quête intérieure sans limites. Mais ces enfants, et ils le diront, n'étaient pas en mesure de vivre ce qu'on leur demandait.
Commenter  J’apprécie          20
Elle fuit Suzanne, elle fuit les contraintes, les attaches, les règles... Elle se veut libre totalement libre au point d'abandonner ses deux enfants pour ne pas être celle qui attend page 219 : "Puis, le moteur d'une voiture. Marcel en descend. (...) Un constat violent te happe. Tu es cette femme là. Celle, seule qui attend". Elle se veut libre de créer, de peindre, d'écrire des poèmes, d'aimer, de quitter... Sa petite fille engage une enquêtrice pour suivre la trace que Suzanne laissera derrière elle. Elle recrée ce personnage hors du commun et nous fait découvrir cette femme entière, exigeante avec elle même qui dérange par ses choix extrêmes. Roman magistralement écrit, un style concis, haché qui vous attrape.
Commenter  J’apprécie          110
Ce roman intimiste décrit très bien l'histoire du Québec, de la crise économique des années 30 à la Grande Noirceur de Duplessis. On découvre la vie difficile des chômeurs qui cueillaient des pissenlits, des victimes d'un gouvernement corrompu et des Afro-Américains durant la ségrégation raciale aux États-Unis.

Sans compter l'intimité qu'on a avec les grands automatistes signataires du Refus Global. On sent connaître et avoir connu Gauvreau ou Borduas. On assiste à l'évolution de ces artistes, passant de simples élèves à des personnes s'exilant de la société.

On apprend aussi à détester Suzanne Meloche haïe aussi par sa petite-fille. Une femme qui a fuit toute sa vie, mais qui a fini enfermé dans un roman. Une femme qui a fuit ses responsabilités toute sa vie. Une pseudo-artiste qui a refusé toute sa vie de parler à son fils devenu schizophrène, faute qu'elle l'a abandonné quand il était bambin. La catin des automatistes, qui a préféré s'adonner à des plaisirs hédonistes qu'à son art.

Ce livre, où on adore détester le personnage principal, rappelle un peu Mein Kampf !

Très bonne lecture, même si je me considère pas vraiment masochiste ;)
Commenter  J’apprécie          00
Une lecture particulière, assez déroutante avec l'emploi du 'Tu" pour la narration, ça donne un ton comme haché au récit. le début m'avait semblé, très froid, sec, avec des phrases très courtes puis le Tu a fini de casser le tout. Et pourtant il se dégage de ce récit, une poésie, une puissance aussi, une douleur intense. C'est étrange de ressentir à travers ces lignes ce besoin de retrouver cette femme, de savoir, de comprendre cette fuite en avant durant sa vie.
Le récit est donc basé sur la vie de la grand-mère de l'auteure. On découvre une femme qui a soif de s'envoler, une artiste atypique, qui fuit la stabilité, abandonnant ses enfants pour vivre sa passion, non sans déchirements.
Comment comprendre ses choix, c'est en lisant le portrait de cette femme qu'on peut tenter de savoir, difficilement pour ma part, mais ne jugeons pas, lisons plutôt ce récit atypique pour une femme originale.
Je ne connaissais pas cette auteure, même si la narration m'a gênée, j'ai aimé son originalité, ses pointes de poésie. La découverte du Canada également s'étalant sur une longue période et des lois quelques peu surprenantes notamment sur l'art. (mettre en prison une statue d'un nu, avouez qu'on ne voit pas ça souvent) .
Commenter  J’apprécie          260
Beau et nourrissant mais aussi poignant... un destin hors norme
Beau témoignage vivant d'un passé qui vit au présent.
Çà m'intéressait de saisir (en partie) comment une mère vivait (survivait) en abandonnant ses enfants, sa famille, une part d'elle-même.
Le choix de la liberté totale et le refus des conventions , c'est la femme qui fuit . L'écriture est belle , incisive . Un beau moment !
Un super livre qui déroute un peu au début car la forme d écriture est particulière. Mais on se laisse prendre peu à peu et le destin hors norme de l héroïne nous captive et il est difficile d interrompre la lecture.
Commenter  J’apprécie          130
Le livre raconte la vie de la grand-mère non conventionnelle de l'auteur qui a fuis pendant toute son existence les situations où relations ressenties comme un enfermement familial, social, maternel, amoureux. Elle a tenté de survivre en exprimant sa créativité tout au long de sa vie..... après avoir abandonné ses deux enfants. Je n'ai pas pu la trouver sympathique mais j'ai compris son désarroi... Un désarroi profond dans un société et une époque qui ne faisait aucun cadeau aux femmes. Mais si la lecture de ce roman fut un véritable bonheur, c'est grâce au style d'Anaïs Barbeau-Lavalette : sobre concis et tellement explicite !!! Sa maîtrise parfaite de la langue française donne à chaque mot, toute sa légitime musicalité dans la construction de ce récit. Une belle écrivaine à découvrir.
Commenter  J’apprécie          60
On ne peut qu'être touché par l'histoire de Suzanne Meloche, qui paie très cher sa soif de liberté, sa quête artistique, son désir pour l'amour. Que l'on soit femme, mère ou fille, on est pris dans cette course en avant pour exister, quitte à laisser et à abandonner ce qui lui est le plus cher, ses enfants Mousse et François.
C'est la petite fille de Suzanne qui conte l'histoire de sa grand-mère, elle s'adresse à elle directement et lui parle. Cela rend le ton du livre unique, le « tu » est saisissant, interpellant sans jugement. Anaïs chemine à ses côtés, observatrice de ses errements, de ses investissements affectifs et idéologiques. L'utilisation de la 2nde personne du singulier introduit de la distance dans le récit, tout en créant une intimité qui nous enveloppe. On regrette les choix de Suzanne car on connaît les ravages que les abandons successifs, les faux espoirs donnés aux enfants génèrent. En cela, certains passages sont terribles. Pour autant, L'auteur réussit à susciter de l'empathie pour sa grand-mère en contextualisant son engagement artistique.
Née d'une famille religieuse dans les années 30, dans un Ottawa miné par la crise économique, Suzanne quitte rapidement sa famille pour suivre des études classiques. A Montréal, elle rencontre un groupe de jeunes artistes : leur liberté, leur créativité, leurs idées progressistes la séduisent et puis, il y a Marcel – boucher le jour, peintre la nuit – avec qui elle vivra un grand amour et qui la fera mère. Si la naissance de ses enfants la comble, si la maternité vient nourrir son affectivité, ces nouvelles responsabilités la plombent, la ligotent, l'empêchent... Toute sa vie, Suzanne sera tiraillée par des forces puissantes : se laisser engloutir par l'amour qu'elle porte à Mousse et à François au péril de son intégrité ou se défaire de tout lien pour vivre pleinement, sans entrave.
Anaïs Barbeau-Lavalette fait oeuvre de réparation pour sa mère, elle panse des plaies toujours béantes en expliquant, en racontant, en mettant en scène la complexité de la personnalité de sa grand-mère, en retricotant une histoire familiale, en lui donnant du sens. Si abandon il y a eu, il y a eu aussi de l'amour – de la passion même. On ne sort pas tout à fait indemne de cette histoire, tant son humanité est douloureuse.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (1690) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1754 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}