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4,05

sur 780 notes
Anaïs Barbeau Lavalette, raconte la vie de sa grand mère, Suzanne Meloche. On sait, et on sen,t qu'elle ne le fait pas juste comme ça, pour raconter ou pour mieux connaître sa grand mère. L'écriture a une valeur cathartique pour elle même et sûrement pour sa propre mère. Des mots pour tenter d'apaiser les maux du passé. Bien que l'auteur en veuille à sa grand mère, elle l'écrit clairement, elle parvient à ne pas donner son jugement et le lecteur peut se faire son propre avis, sur la vie et le comportement de cette femme.
Cette biographie est d'autant plus intéressante qu'elle permet de découvrir le mouvement automatiste québécois qui pour ma part m'était totalement inconnu.
C'est donc un livre que j'ai vraiment apprécié, dans lequel je me suis laissée embarquer très vite. Peut être grâce à ces chapitres très courts qui donnent un ton vif et alerte à l'histoire.
Je salue le courage de l'auteur d'avoir écrit avec autant d'honnêteté sur sa grand mère et sur ses propres sentiments. Je pense sincèrement qu'il faut avoir une certaine force pour revenir sur les douleurs du passé avec une telle clairvoyance. Car cette histoire montre aussi et surtout que même si la petite fille n'était pas la première "victime" directe des agissements de sa grand mère, elle en porte les séquelles. Et contrairement à sa mère, elle ressent le besoin d'en parler pour aller de l'avant et se construire pleinement.
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L'auteure nous fait partager un moment de la vie de sa grand-mère au début de son ouvrage. Elle la montre partager la route avec son père qui aime l'entendre parler mais pas tant pour ce qu'elle dit que pour lui donner la discipline du discours oratoire, de la phrase juste, du mot juste, de la diction...
Nous avons l'impression qu'Anaïs nous amène sur ce chemin en nous donnant en partage un album d'une vie, d'une époque, à travers de brèves notes qui nous font peu à peu vivre la passion fulgurante de cette femme d'exception qu'était Suzanne Meloche.
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Prix des libraires du Québec 2016 / Prix France-Québec / Grand prix du livre de Montréal
Ceci est une histoire vraie.
Anaïs Barbeau-Lavalette est la petite-fille de Suzanne Meloche (1926-2009). Anaïs ne connait rien de cette grand-mère sinon qu'elle a abandonné ses enfants et qu'ainsi Mousse sa maman, vit avec un trou dans le ventre et la peur d'être encore abandonnée. A peine si la petite-fille et la grand-mère se sont croisées deux ou trois fois, donc pas eu le temps de la connaître quand elle meurt.
A son décès « Ma mère s'accroche aux murs. C'est Hiroshima dans son ventre. Elle deviendra peut-être normale. Une femme, avec une mère enterrée. »
C'est cette pensée qui nourrit la petite-fille devenue femme de trente ans. Cela en dit long, sur les cicatrices laissées et transmises.
Lorsqu'il a fallu déménager l'appartement de Suzanne, Anaïs emporte des livres bouddhistes, des journaux, des poèmes, des photos et autres documents. Ceux-là ont été un début de piste pour connaître cette femme qui avait fui.
Pour en savoir plus, il lui a fallu avoir recours à une détective.
« Il fallait que tu meures pour que je commence à m'intéresser à toi.
Pour que de fantôme, tu deviennes femme. Je ne t'aime pas encore.
Mais attends-moi j'arrive. »
Le lecteur découvre cette histoire comme si l'auteur était assise devant une grande malle et qu'elle en sortait des photos en noir et blanc. Ses chapitres sont courts, comme des tableaux, qui feraient divaguer nos pensées, car la force de cette narration est que le lecteur n'est pas laissé à l'extérieur. Lui aussi veut percer le mystère de ces documents.
Claudia et Achille, les parents de Suzanne vivent à Ottawa avec leurs six enfants. 1930 c'est la crise, le père professeur perd son emploi. le gouvernement préconise pour endiguer les causes de celle-ci, de renforcer l'ordre moral et le retour à l'esprit chrétien. La pénurie s'installe, le rationnement aussi.
Une vie de privations entrecoupée de messes et de confessions à l'église. Avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir, la famille s'agrandit d'un septième enfant, un garçon. La petite Suzanne observe, enrage et grandit sous le précepte principal d'Achille qui est ; « Apprends à bien parler et tu ne seras jamais complètement pauvre. » C'est ce que fait Suzanne, elle est curieuse et avide de savoir, bonne élève, elle fait son premier voyage pour se présenter à un concours d'éloquence. Concours gagné, une première soirée de liberté et la rencontre d'un groupe d'amis qui ne vivent pas comme elle.
Retour à la maison, mais le coeur et l'esprit sont restés à Montréal. Une correspondance s'établit, d'autres lectures se font et les idées fusent. Lorsqu'elle reçoit la lettre du collège qui l'accepte pour qu'elle y finisse ses études, c'est sans se retourner qu'elle franchit le seuil de la maison familiale.
Elle va s'intégrer à ce groupe les « Automatistes ». Elle y rencontre Marcel Barbeau « Il a une présence précise. En tout terrien. Rien d'évanescent. Il est violemment ancré, et pourtant reste insaisissable, profondément secret. »
Va commencer une vie de bohème, ils se marient en 1948, en 1949 Suzanne a 23 ans va être maman pour la première fois d'une petite Manon dite Mousse et deux ans plus tard d'un petit François.
Elle se met un peu de côté pour s'occuper de promouvoir les oeuvres de son mari. Et dans leur groupe, dirigé par Paul-Emile Borduas, il lui faudrait faire profil bas. Elle ose critiquer ce qui est écrit sur des tracts et se voit évincée de la signature du manifeste Refus Global, ce qui aura pour conséquence de reléguer son oeuvre au second plan : « les femmes ne durent qu'au fait d'avoir signé le Refus global d'être reconnues comme automatistes et, conséquemment, de passer à l'histoire ».
Elle écrit, elle peint mais elle s'occupe des enfants seules, Marcel vit sa vie de créateur. Dans ce groupe d'avant-gardistes, le rôle des femmes reste le même, celui de ménagère et de mère. Suzanne rêvait d'autre chose, d'une vie artiste partagée et non de cette vie de seconde zone. Une photo d'avril 1952 montre un couple avec ses deux enfants, un cliché de la famille idéale, une Suzanne souriante tenant sa petite fille sur les genoux et souriant à son jeune fils.
1ER août 1952, elle prend le bus et quitte sa famille, abandonne ses deux enfants.
Une nouvelle fois, elle part sans se retourner.
Son amie Marcelle l'héberge et par sa légèreté, va aider Suzanne à empoigner la vie et la faire sienne. Elle enseigne le dessin au fusain. Marcel assume son rôle de père en cumulant les boulots pour payer la garderie. Mais tout a une fin et il faut trouver une solution. Suzanne fait appel à ses belles-soeurs : « Tu raccroches. Tu t'accroches. Tu te choisis. » En effet ses dernières ne prennent que Mousse et laissent le petit François.
Celui-ci sera adopté par un couple dont le mari est embaumeur.
Elle conservera le nom de Barbeau car le divorce est illégal au Québec.
Suzanne convainc Marcel de renoncer à ses droits parentaux pour que les deux enfants soient adoptables. Il le fait et part pour New-York.
Avec Peter elle part en Gaspésie et devient postière. Un an plus tard retour à Montréal, le temps de prendre un bateau pour Bruxelles. Puis faute d'y trouver du travail, c'est Londres la patrie de Peter. Ses parents sont ravis de rencontrer Suzanne, mais celle-ci se réfugie à la National Gallery. Elle étudie les oeuvres qui y sont, Peter l'y retrouve et l'encourage à reprendre les pinceaux. Elle peindra son Pont Mirabeau.
En 1956 Suzanne est enceinte, elle a trente ans et il faut trouver de l'argent pour « une faiseuse d'anges ».
1958, arrivée à New-York, séjour à Harlem avec Selena. Prise de conscience de la ségrégation et des exactions du KKK.
1961 le fameux voyage en autocar jusqu'en Alabama. Elle fait partie du premier groupe de manifestants qui luttent pour dénoncer cet étiquetage humain : « White only » « Colored only ». D'autres manifestants vont arriver et la prison déborde d'humains. Victoire le 22 septembre 1961, le gouvernement Kennedy ordonne la libération de tous les manifestants et déclare illégale l'utilisation des signes ségrégationnistes.
A la suite de quoi Suzanne va devenir secrétaire d'une association militante à Greenwich, elle a 40 ans. Elle rencontre Gary, 22 ans SDF fracassé par la guerre du Vietnam. C'est avec lui qu'elle fera son retour à Ottawa pour les obsèques de Claudia, sa mère. C'est l'été, elle revoit sa famille.
Mousse a grandi auprès de ses tantes, mais François a fui sa famille adoptive, car la femme qui lui a servi de mère est morte, et le remariage du père est une catastrophe pour cet enfant qui est le souffre-douleur de sa belle-mère. Il fuit les autres et lui-même. Lui aussi est en quête.
1981 signe le retour définitif de Suzanne à son point de départ Ottawa. Elle y restera jusqu'à sa mort.
Un magnifique portrait de femme, dans son contexte.
Un apaisement dans le fait d'avoir retrouver la femme Suzanne Meloche-Barbeau.
Pourquoi es-tu partie ? Une question à laquelle Suzanne refusera toujours de répondre.
Ce livre est une quête longue, douloureuse mais aussi lumineuse. Essayer de comprendre est le premier pas sur la route du non-jugement. Qui sommes-nous pour juger les autres ? Que faisons-nous de notre vie ?
Une seule certitude les actes des uns a des conséquences sur la vie des autres et cela va de génération en génération.
Pour Suzanne et les autres cette définition de la liberté sonne juste :
« La liberté est un privilège borné de frontières dont les transgressions nous régentent immanquablement à récolter l'effet boomerang. » Mofaddel Abderrahim
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 18 décembre 2017.






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texte très haché. Difficulté à me mettre dedans
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Suzanne Meloche Barbeau, poétesse québécoise rejoint par hasard le groupe des automatistes, surréalistes québécois, signataires du Refus global, manifeste appelant à la révolution culturelle et sociale dans le Québec austère et conservateur des années 60, Refus global qui n'aura un retentissement positif que plusieurs années plus tard au moment de la révolution tranquille. Bref, Suzanne Meloche Barbeau, poétesse et peintre, épouse un peintre, Marcel Barbeau, a 2 enfants qu'elle commence par aimer mais décide de les abandonner et de les confier à qui voudra. Elle aspire à d'autres idéaux, à d'autres horizons, à une vie libérée de ses carcans, y compris des enfants. Pendant ce temps sa fille Mousse, grandit tant bien que mal avec ses tantes, séparée de son frère François. Anaïs Barbeau-Lavalette, fille de Mousse raconte cette femme ambivalente, sa grand-mère Suzanne prête à tout pour mener sa vie comme elle l'entend, capable de la risquer pour défendre les droits civiques des Noirs américains, mais incapable de revoir ses enfants; capable de grandes choses mais capable des pires comme détruire des vies. Et on a du mal à la comprendre Suzanne. Elle a vécu à la marge toute sa vie alors qu'elle avait un grand potentiel artistique à peine exploité, elle a fui toute sa vie au nom de sa liberté. Son oeuvre se situe peut-être là, dans cette liberté absolue qu'elle a arrachée, au mépris des autres.
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J'ai été désorientée par le style. Au début, j'ai aimé. Mais à la longue c'est fatiguant.
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Prix des libraires du Québec 2016 ; Prix France-Québec 2016 ; Grand prix du livre de Montréal 2015

Mais qu'est-ce que c'est que cette grand-mère en pointillés ?
Comment une femme a-t-elle pu abandonner ses enfants de trois ans et un an pour aller vivre sa propre vie ?
Peut-on comprendre une attitude aussi choquante ?

C'est tout l'objet du livre magnifique d'Anaïs Barbeau-Lavalette, dont Suzanne Meloche était la grand-mère ; une grand-mère qu'elle ne vit que trois fois dans sa vie et dont elle essaie de retracer le parcours, une grand-mère qui a blessé profondément sa mère en l'abandonnant à l'âge de trois ans.

L'auteure remonte jusqu'en 1930, à Ottawa ; Suzanne "subit" une jeunesse difficile dans une famille Franco-Ontarienne pauvre, au moment de la Grande Crise, de l'omniprésence des prêtres qui imposent des familles trop nombreuses et de la domination des anglophones. Suzanne, au caractère fort et révolté, n'a qu'une envie, fuir.
Puis c'est la fin de la seconde guerre mondiale, Suzanne a dix-huit ans et quitte son Ontario natal pour le Québec ; brillante élève, elle a gagné un concours d'éloquence et est acceptée dans un établissement de Montréal pour compléter ses études. Elle a rencontré une bande d'amis, des jeunes créateurs, ébénistes, peintres, qui l'encouragent à publier sa poésie ; ce sont des contestataires, les "Automatistes". Parmi eux, Marcel, qui devient son mari et le père de ses deux enfants. Jusqu'au jour où, sans doute trop éprise de sa liberté et de l'importance de sa créativité, Suzanne s'en va...

Le livre est une lettre adressée à Suzanne, à cette femme qu'il serait facile de haïr puisqu'elle a fait tant de mal ; sa petit-fille a préféré aller à sa rencontre, l'interpeller, mais pas la juger. C'est émouvant, instructif et très bien écrit ! Un très bon et beau livre, à ne pas manquer.

Extrait (p 21) : "Il fallait que tu meures pour que je commence à m'intéresser à toi. Pour que de fantôme, tu deviennes femme. Je ne t'aime pas encore.
Mais attends-moi. J'arrive."
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Excellent roman-biographique(?) Très sensible , plein d'émotions ... J'ai adoré
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Coup de coeur… pour moi ! Troublant, déchirant, magnifique ! J'ai tout aimé de ce livre : l'intention, le style, l'histoire. Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu sa grand-mère Suzanne. Dans ce livre, elle part à la recherche de cette femme qui fit partie du groupe du Refus Global et qui a connu quelques moments forts du siècle puisque le récit s'étend de 1930 à aujourd'hui. Anaïs Barbeau-Lavalette réussit ce tour de force de nous donner un récit palpitant dans de très courts chapitres comme autant de petits poèmes, de fragments de vie. Ce récit est écrit au «tu», un «tu» incantatoire comme pour apprivoiser cette inconnue qui a déserté. le style, au pouvoir évocateur certain, est vraiment magnifique et donne la sensation d'entrer de plein pied dans l'intimité de cette femme qui fuit. J'aurais aimé vous en parler mieux, mais je n'arrive pas à trouver les mots tant l'émotion est encore toute chaude en moi. Ce récit a gagné le Prix des libraires 2016 et le prix du Gouverneur Général.
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"La femme qui fuit"
Une mère qui abandonne ses deux enfants et son mari pour courir le monde...
1948, "le refus global", manifeste paru à Montréal.
Je découvre un pan de l'histoire qui m'était inconnu.
C'est une petite partie du livre de Anaïs Barbeau- Lavalette, qui nous raconte l'histoire de sa grand mère qu'elle a très peu connu mais elle s'est documenté sur sa vie. Pour comprendre? pour savoir d'où elle vient, pourquoi cette femme a fait du mal à sa propre maman?

On ressent toute la puissance mais aussi toute la souffrance de l'auteure qui écrit à sa grand-mère directement durant tout le livre.

WHAW j'ai envie de lire d'autres livres d'elle. Et vous?

Lisez-le!

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