Un roman comme une promenade dans le Japon traditionnel, à Kyoto, loin des exagérations de la modernité, de la foule, du bruit, des lumières artificielles permanentes. Une promenade comme une quête de soi, un voyage à rebours, une découverte déroutante de la filiation. Une quête comme une tentative de faire la paix avec un passé confisqué.
Rose est venu dans la maison de son père, Haru, elle qui est la fille d'une française dépressive et de ce marchand d'art japonais très apprécié à Kyoto, qu'elle n'a jamais connu, pour rencontrer le notaire qui doit lui révéler les dernières volontés de son père. L'assistant de celui-ci a la charge de lui faire découvrir cette ville mythique au fil des temples et des jardins selon un itinéraire précis, élaboré pour l'amener à mieux pénétrer l'univers de Haru, prendre la mesure de ce qu'était la vie de cet homme qui lui est étranger.
Rose oscille entre colère, amertume, étonnement et curiosité. Elle, qui est botaniste, se laisse peu à peu séduire par les fleurs, différentes chaque jour, qui ornent sa chambre grâce aux soins de Sayoko, la gouvernante de son père. Les mots qu' échangent les deux femmes sont mesurés, presque étiques, dans un anglais très simple qui les conduit à l'essentiel. Rose va découvrir au fil des jours de cette semaine avant la rencontre avec le notaire, une ville étonnante, dont les traditions permettent de se tenir en marge du temps ; et aussi mesurer qui elle est vraiment, confrontée aux réminiscences de son enfance et de sa jeunesse à l'aune de ses origines qu'elles soient françaises ou japonaises. Ses impressions, ses rébellions, ses émotions la bouleversent durant ce temps d'expectative où elle est contrainte à un parcours qui la confronte à l'évolution de ses sentiments profonds, elle qui depuis la mort de sa mère s'est réfugiée dans un état dépressif latent.
Muriel Barbery organise ainsi une lente et dense immersion dans un Japon à la fois traditionnel et contemporain, rythmant la métamorphose de Rose par des contes japonais des temps anciens où les végétaux jouent un rôle de révélateur. Son écriture est suave, présente intensément, imprégnée du vent, de la pluie, de la lumière, des fragrances des fleurs et des saveurs des mets que Rose goûte au fil des jours. Un roman vraiment poétique, dont la musique résonnera longtemps.
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