C'est la première fois que Rose met les pieds au Japon. Pourtant, c'est le pays de son père, qui y vit depuis toujours. Elle ne l'a jamais connu et ne pourra plus jamais le connaître : elle est là pour écouter ses dernières volontés par le biais d'un notaire. C'était un éminent marchand d'art contemporain et elle est accueillie dans sa belle maison près de laquelle passe une rivière, dans un coin de Kyoto bucolique. Sayoko, la femme qui a servi son père toute sa vie s'occupe d'elle dès son arrivée, préparant son petit-déjeuner, lui apportant un parapluie, l'informant du programme du jour… Rose n'est pas totalement libre de ses mouvements, elle doit suivre Paul, le collègue et ami de son père, qui l'emmène tous les jours dans un lieu choisi par ce dernier avant sa mort.
Ainsi, nous suivons le cheminement intérieur de Rose, qui se calque sur son cheminement extérieur dans Kyoto, sur les traces d'un père qu'elle n'a jamais connu, allant de temple en jardin.
A travers des photos dans la maison, l'héritage qu'il va lui laisser et ce programme à travers Kyoto, Rose comprend que son père ne l'a pas reniée. C'est sa mère qui a coupé les liens. Lui l'a suivie toute sa vie, de loin. Il l'a aimée toute sa vie, sans le dire.
Bien que sachant cela, Rose se montre amère. Cynique. Elle affiche une attitude condescendante envers Sayoko, qui reste très aimable et prévenante. Elle ne se comporte pas mieux avec Paul, à qui elle parle avec froideur.
Du début à la fin, Rose m'aura agacée par son antipathie et sa sévérité. de toutes façons une botaniste (c'est son métier) qui ne prend pas le temps de regarder les fleurs ou les trouve angoissantes ne peut pas être un personnage attachant, vous ne pensez pas ?
Sa découverte de Kyoto se fait par les jardins et les restaurants. Au menu, poissons et viandes grillées, mais surtout bière et saké. Apparemment, les Japonais boivent plus qu'ils ne mangent. Elle se met au diapason, pour oublier qu'elle a une vie sans intérêt me semble-t-il. Difficile à dire, je n'ai pas compris ce personnage.
Paul y est mieux parvenu que moi. Comme de bien entendu, les deux européens vont être attirés l'un par l'autre. Autant Paul est un homme calme, patient, gentil et cultivé, autant Rose n'est que sévérité, rancune et mauvaise humeur (Paul l'appelle son emmerdeuse). Allez comprendre.
Le personnage qui tire son épingle du jeu est Beth, une Anglaise (ou Américaine ?) qui s'est mariée avec un Japonais fortuné et est devenu femme d'affaires. Elle passe le plus clair de son temps au Japon, pays dans lequel elle s'est parfaitement intégrée, en adoptant la langue et les coutumes et gardant un recul et un humour « occidentaux ».
Pour terminer, ce programme qui se voulait une découverte de Kyoto dans une ambiance japonisante m'a perdue. D'après ce que j'avais entendu et lu de ce roman, je m'attendais à une promenade dans Kyoto, un pèlerinage qui mènerait Rose sur les traces de son père à travers des lieux importants. En fin de compte,
Muriel Barbery s'est lancée dans des descriptions évanescentes. Les décors bousculent Rose et les descriptions s'entremêlent avec ses ressentis. Cela donne de beaux passages, mais le résultat en est que je n'ai pas du tout su me représenter les scènes. Je ne comprends pas ce que peuvent être ces présences ineffables, ces bambous célestes, cette gaieté des pierres qui accomplissaient un office singulier. L'écriture m'a semblé trop maniérée, artificielle et pompeuse. Écrire du beau pour faire du beau.
Je n'ai pas du tout retrouvé l'écriture mordante qui m'avait plue dans
L'élégance du hérisson et
Une rose seule m'a donné l'impression d'être une tentative de roman japonais sans y parvenir. Un exercice de style plus qu'un roman. Prévisible et ennuyeux.
Un point positif tout de même, les mini légendes qui s'intercalent entre chaque chapitre étaient plaisantes à lire. Même si je ne pense pas qu'elles servaient à autre chose que meubler des pages vides.
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