Le bonheur dans le crime, une nouvelle de Jules Barbey d'Aurevilly délicieusement diabolique…
A Paris, au détour d'une promenade au Jardin des Plantes, le docteur Torty accompagné du narrateur, replonge dans ses souvenirs, ranimés par une rencontre furtive avec un couple des plus remarquables, de par leur beauté et l'amour manifeste qu'ils se portent mutuellement. Il entreprend alors de raconter à son compagnon du jour l'histoire du comte Serlon de Savigny et de son épouse HauteClaire Stassin.
Cette dernière, fille d'un maître d'armes reconnu, a pris la succession de ce dernier à son décès dans la région de V., en Normandie. Fine lame, elle enseigne son art et fait ainsi la rencontre du comte, devenant rapidement sa maîtresse. Celui-ci étant marié, la situation devient de plus en plus intenable pour les amoureux fusionnels. Ils élaborent alors un plan machiavélique pour pouvoir rester ensemble...et demeurer heureux.
La réflexion ou le questionnement qui sous-tend cette nouvelle et qui fit scanda
le à l'époque de sa parution est la suivante : peut-on savourer son bonheur en ayant commis le pire des crimes ? le couple Savigny, dorénavant officiel, dévoile en effet son amour sans remords,et ce, en toute félicité ; au grand dam du docteur Torty qui n' ignore point les détails les plus intimes de l'affaire, mais aussi en tota
le abstraction de la forte désapprobation de leur entourage.
L'amour, aussi puissant soit-il, peut-il justifier la transgression ultime ? Et que dire des contradicteurs, du docteur Torty lui-même, qui voit sa curiosité plus forte que tout à observer ce couple dans la progression de son histoire et dans son évolution vers l'indicible, sans réellement condamner ni surtout contrecarrer…Où se situe la « moralité » ?
Une longue nouvelle bien savoureuse...