On dit toujours" Jamais deux sans trois" ..j'ai donc enquil
lé avec une délectation anticipée, mon 3ème Barbey des vacances... mauvaise pioche! c'était pas le bon numéro!
Je me suis rasée comme jamais, je me suis noyée dans les bondieuseries, je me suis égarée dans les (saints) lieux communs ..
Un vrai chemin de croix pour athée relativement tolérante... prête à toutes les pénitences, les excommunications et les génuflexions pour communier un tant soit peu avec un de ses auteurs favoris!
J'ai pourtant été jusqu'au bout de ce pensum, avec une ténacité dont je ne me croyais pas capable...mais beaucoup de soupirs exaspérés et de diversions...
Voyons l'histoire: Sombreval,
un prêtre marié, bientôt veuf et père d'une pâle et chaste enfant, achève de se damner en essayant , par des recherches scientifiques -oh le vilain mot!- menées avec acharnement devant ses cornues d'alchimiste et ses fourneaux infernaux , de la sauver d'une étrange maladie nerveuse- un peu de somnambulisme, pas mal d'épilepsie, une pincée de catalepsie, et pour finir un bon tétanos des familles-
Alors que la cause de ce mal terrible est, vous l'avez deviné, ...sa propre apostasie! La pure enfant, prénommée Calixte, porte en effet au front les stigmates du péché de son père: une croix rouge et boursouflée que l'on cache pudiquement sous un bandeau écarlate...
Elle se meurt pour qu'il revienne à Dieu. Il s'enferre pour la sauver.
Un troisième larron, Néel de Néhou- pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?- un jeune noble, une sorte de chevalier normand un peu slave-il faut avoir du sang slave pour se jeter corps et âme dans un pareil marigot- se dévoue à la belle par amour, mais elle n'aime que Dieu...et son papa qui en est le double inverse!
Un même sort funeste pèse sur tous les trois.
Nous sommes en terre de Cotentin, où les Rompus reviennent à la brune, où les marais ont d'étranges fantômes, et le vent de sinistres complaintes.. le Cotentin, presque une île...
Et c'est là que le charme agit, malgré la niaiserie sulpicienne du propos,malgré la simplification caricaturale de ce trio héroïque: sans la magie des paysages cotentinais, sur lesquels passent les saisons -été étouffant, automne alangui, hiver brumeux et perfide-, sans le magnifique personnage de la grande Malgaigne, normande Clôtho, fileuse de sorts et de morts violentes, sans la présence, çà et là, de ces aphorismes triomphalement réactionnaires qui font frissonner d'horreur et d'aise la vieille perverse gauchiste que je suis, je crois que je n'aurais pas supporté ce Barbey de trop !