Même si tout n'est pas tout blanc, le monde n'est pas non plus tout noir.
Maëlle Le Bihan faisait au contraire partie de ceux qui demeurent longtemps dans la mémoire d’un enseignant. Pas parce qu’elle était en quelque sorte dotée d’un sens inné de la grammaire et de l’orthographe. […] Mais aussi parce que j’avais trouvé dans ses rédactions une dimension littéraire qui semblait sortie de nulle part.
"Maman est athée, elle ne peut pas comprendre. Je lui pardonne, parce que je sais à quel point elle m'aime. Maintenant que mon bébé va naître, je commence à sentir combien cet amour est puissant. Il lui en a fallu, de l'amour, pour aller me chercher là-bas, en Turquie." p 11
"Ayat avait été recrutée via Internet, comme moi. Elle avait été mariée sur Facebook avec Mokhtar, un gros lourd originaire de Villiers-sur-Marne qu'elle n'a jamais rencontré vu que, le jour de ses noces, il était à Raqqa depuis des mois." p 43
"En plus, il y a des preuves de l'existence des conspirateurs. Les traînées blanches derrière les avions dans le ciel. Vous savez ce qu'il y a dedans? Des produits pour rendre les populations stériles. Ils les vaporisent pour anéantir la fécondité des musulmans. Ils mettent des substances toxiques dans la nourriture qu'on achète". p 53
"Un coup de drague sur Internet, et nos filles étaient englouties dans un conflit qui se déroulait à des milliers de kilomètres d'ici? C'était aussi simple que ça?" p 167
« Je suis veuve, deux fois veuve, et je n’ai que seize ans. Mon premier mari a été pulvérisé par une roquette avant que j’aie eu le temps de le rencontrer. Ils ont tué le second quand nous avons fui la Syrie ensemble. Page 12
Je suis veuve, deux fois veuve, et je n'ai que 16 ans. Mon premier mari a été pulvérisé par une roquette avant que j'aie eu le temps de le rencontre. Ils ont tué le second quand nous avons fuit la Syrie ensemble.
Parfois, je me demande si je ne suis pas morte. Mais non, je suis vivante, et le bébé qui bouge dans mon ventre est là pour me le rappeler.
4/5
Des fois, je me demande s'il est possible de réparer des âmes cassées. Pour Maëlle, il restait encore beaucoup de travail.
Parfois je me demande si je ne suis pas morte.
Un roman à l'approche journalistique qui couvre un événement a priori intime mais dont les conséquences dépassent très largement la sphère familiale. L'adhésion progressive mais absolue d'une adolescente de 16 ans à la cause de l'État islamique. Plus qu'un seul témoignage, le processus est montré a posteriori au travers des points de vue de celles et ceux qui ont aidé, suivi ou subi son embrigadement. La manipulation orchestrée via les réseaux sociaux, les contre-arguments avancés, le repli identitaire et religieux, toutes les expressions de la théorie du complot nous sont ainsi dévoilées -sans mauvais jeu de mots...- Revenue miraculeusement de Syrie, veuve et enceinte, la jeune femme doit réapprendre à vivre dans son pays natal mais un retour en arrière est-il seulement possible ? Peut-on faire le deuil d'un idéal auquel on a voulu croire ? Un livre captivant, loin d'être manichéen, qui donne à réfléchir. Ce roman destiné aux adolescents gagnera à être accompagné auprès des publics fragilisés ou en voie de radicalisation. En effet, la description du processus et les arguments énoncés promeuvent
la cause... pour mieux la dénoncer. Un lecteur averti s'en apercevra au terme de l'ouvrage, pas forcément un lecteur moins expérimenté ou abandonnant la lecture en cours d'exposé...
Tu sais pas de quoi tu parles. Ceux qui t'ont entraînée là-dedans prétendent qu'ils vivent le vrai islam. C'est de la foutaise. J'ai un cousin Tarek, il a tourné comme toi.
Pour moi, l'islam c'est pas la haine, c'est l'amour.