AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Et mes yeux se sont fermés (41)

"Les martyrs portèrent atteinte à la vérité .....[. ]
Ils tracérent sur le chemin qu'ils suivaient des signes de sang, et leur folie enseignait que la vérité se prouve avec du sang.
Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité ; le sang est un poison qui change la doctrine de la culture en délire , en Haine des cœurs ....
Et quand on irait traverser le feu pour sa doctrine ------/ qu'est - ce que cela prouve! -----"

Friedrich Nietzsche , l'Antéchrist ... .
Commenter  J’apprécie          210
L'embrigadement est un mot bien trop faible à mon sens pour décrire le processus qui conduit ces jeunes à abandonner maison, pays, famille pour rejoindre la barbarie. Qui les pousse à abdiquer leur humanité. C'est plutôt de rapt mental qu'il faudrait parler. D'emprise. Immatérielle, certes, mais dont les conséquences sont bien réelles. Le sang n'a rien de virtuel.
Commenter  J’apprécie          140
[Elle faisait] partie de ceux qui demeurent longtemps dans la mémoire d'un enseignant. Pas parce qu'elle était en quelque sorte dotée d'un sens inné de la grammaire et de l'orthographe. Enfin, pas seulement. Mais aussi parce que j'avais trouvé dans ses rédactions une dimension littéraire qui semblait sortie de nulle part.
J'ai toujours cru son talent lié au fait qu'elle avait un rapport au monde profondément engagé. La plupart des filles de son âge - sans parler des garçons, infiniment plus lents à s'éveiller - ne réagissent guère aux textes poétiques, qu'il s'agisse de Rimbaud ou d'Apollinaire. Leurs mots parviennent aux élèves étouffés par le temps, privés de sens. (...) [Elle], elle s'était carrément rebellée contre "Mignonne, allons voir si la rose..." de Ronsard. Je me souviens très exactement de sa réaction quand elle a levé la main pour parler :
- Ben voyons, monsieur, c'est ça : "Laisse-toi pécho pendant que t'es encore bonne !" (...) Le discours a pas changé, monsieur, je vous jure. Vous entendriez le même aujourd'hui dans les couloirs du lycée ! C'est typique des mecs.
Commenter  J’apprécie          132
Les réseaux sociaux sont devenus sa réalité, et c'est vous, sa famille, qui êtes devenus virtuels.
Commenter  J’apprécie          130
J'avais imaginé que tout était pris en charge financièrement, mais pas du tout. Redouane n'avait aucune expérience militaire. Ils lui avaient juste donné un uniforme. L'arme, il avait fallu la payer, 1300 euros, et puis les balles aussi. Heureusement qu'avant de partir il avait pris un crédit chez Cetelem. "La vie de ma mère, il disait en riant, ils sont pas près de la revoir, la thune !" Ceux qui vont au front, qui rejoignent la 'katiba', on leur donne les balles, mais les autres doivent payer, et c'est un euro la balle. L'argent est vite devenu un problème. Sur Internet, ils avaient pourtant promis à Redouane : "Viens, t'inquiète pas, on gère", mais en fait ils géraient rien du tout et il fallait se débrouiller tout le temps. On a vite été à sec et on n'a pas tardé à comprendre qu'on ne valait pas grand chose pour eux, qu'on était comme des prises de guerre. On était précieux parce qu'on était des étrangers, des Occidentaux, pas parce qu'on était des combattants.
(p. 18)
Commenter  J’apprécie          110
Le débit de Maëlle [l'aînée] s'était brutalement accéléré peu après que Jeanne [la cadette] avait commencé à parler. Une mitraillette. Il y a un âge, vers quatre ou cinq ans environ, où les enfants sont intarissables, des vrais moulins à paroles. Jeanne était tellement soûlante ! Et Maëlle avait si peur de ne pas pouvoir en placer une que son élocution est devenue de plus en plus rapide. Elle ne laissait pas la moindre place à la respiration de crainte d'être coupée par sa soeur.
Commenter  J’apprécie          90
[ deux 'petites' Françaises de 16 ans ]
Les frères nous ont fait monter dans une vieille Mercedes et nous ont conduites au 'maqar'. Il faisait nuit. Je me souviens qu'Ayat m'a dit ne plus pouvoir contenir les battements de son coeur à l'idée de rencontrer enfin son mari et aussi que j'allais très vite en trouver un pour moi. Et que nous allions concevoir sans tarder les futurs lions de Dieu, inch'Allah ! Je n'étais pas aussi pressée qu'elle de convoler, de très loin. Quand la porte du 'maqar' s'est ouverte, j'ai reculé de trois pas et je me suis dit que ça n'allait pas être possible. Ça refoulait le vieux chacal, là-dedans. C'était plein de soeurs qui dormaient à même le sol. J'ai commencé à comprendre que ce n'était pas un jeu quand le vieux qui gardait l'endroit a fermé la porte à clé derrière nous. Il ne parlait pas français, et nous pas arabe, et turc encore moins.
(p. 63-64)
Commenter  J’apprécie          90
Céline a voulu prendre Maëlle dans ses bras, mais sa fille s'est reculée contre le dossier du canapé pour lui échapper. Elle a murmuré comme pour elle-même :
- Il y a seulement six mois, tu serais venue me chercher en Turquie, j'aurais été capable de te dénoncer aux frères pour qu'ils te tuent. J'aurais été capable de monter un piège pour ça.
Des fois, je me demande s'il est possible de réparer les âmes cassées. Pour Maëlle, il restait encore pas mal de travail.
(p. 37)
Commenter  J’apprécie          90
« Je suis veuve, deux fois veuve, et je n’ai que seize ans. Mon premier mari a été pulvérisé par une roquette avant que j’aie eu le temps de le rencontrer. Ils ont tué le second quand nous avons fui la Syrie ensemble. »
Commenter  J’apprécie          70
Elle a remis ça avec ses histoires de Syrie. Elle prétendait qu'il ne suffisait pas d'envoyer de l'argent, qu'il fallait que je parte là-bas. Que c’était ce qu'elle allait faire.
Je lui ai répondu que ce n'était pas mon combat. Que si je devais m'engager dans quelque chose, ce serait ici, en France, pour lutter contre le racisme dont nous étions doublement victime en tant qu’immigrés de la troisième génération.
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (589) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Et mes yeux se sont fermés

    Comment s'appelle le personnage principal ?

    Anastasya
    Laurie
    Aminata
    Maëlle

    8 questions
    39 lecteurs ont répondu
    Thème : Et mes yeux se sont fermés de Patrick BardCréer un quiz sur ce livre

    {* *}