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EAN : 9782748520590
208 pages
Syros (25/08/2016)
3.7/5   298 notes
Résumé :
Tout le monde change durant l'adolescence. Maëlle n'est pas différente des autres filles de seize ans. Cette année-là, elle passe de plus en plus de temps sur Facebook, abandonne le sport, modifie sa façon de s'habiller, quitte son petit ami... Sans hésitation ni compromis, elle prend un virage à 180 degrés. S'il y a une chose qui ne change pas chez Maëlle, c'est son caractère déterminé. C'est pour sauver le monde que, victime d'un rapt mental, elle rejoint les comb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (137) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 298 notes
Voici un roman choral qui nous éclaire et nous renseigne à l'aide d'une abondante documentation----l'auteur s'y est consacré--- à propos d'un sujet grave, brûlant, d'actualité :
La Fuite en Syrie d'adolescentes semblables à Maëlle / Ayat / jeune fille du Mans : 16ans , lycéenne , apparemment comme les autres .....
L'ouvrage procéde à une une série de témoignages de différentes personnes l'ayant côtoyé ....: sa mére , Céline, bien-sûr, estomaquée, brisée , qui l'aidera----son cerveau refusera d'affronter la réalité --- -- devant les gendarmes-----lui expliquant que sa fìlle était partie faire le Jihad en Syrie .-----
Sa soeur Jeanne , qui finira par cracher la vérité aux autorités, son ancien amoureux , Hugo, camarade de lycée, son professeur de français : Frédéric Da Silva, ( c'était une élève brillante), Amina, Redouane , son deuxième mari là- bas, converti, Aicha, Souad, ........
On suit le cheminement de cette fìlle, le lavage de cerveau, les forums sur internet, les mirages, les manipulations grossières, la dégringolade, le délire, les mensonges éhontés, les obsessions, les contradictions, le mariage par sms, la vision du monde altérée, déformée de cette jeunesse dont on détruit le libre arbitre et la personnalité ....la conversion à l'islam, l'embrigadement en leur laissant penser qu'ils ont été élus .....choisis ....
C'est tragique, effrayant de bêtise, incroyable , saisissant et sombre, apocalyptique.
Comment s'en sortir et "Ouvrir "les yeux à ces jeunes adultes noyés , paumés dans le flot d'informations véhiculées sur internet ?
Un processus qui déshumanise , comment une chose pareille peut - elle arriver à Maëlle ?
Sa vision désespérée du monde?
Son sens de l'injustice?
D'essayer quand même? l'absence du père ?
Une image altérée d'elle même?
Un livre d'actualité emprunté par hasard à la médiathéque alternant les points de vue mais l'auteur n'a pas assez développé les personnages....à mon sens .....
Mais ce n'est que mon avis ......
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Maëlle a seize ans et vit dans la banlieue du Mans avec sa famille. Elle mène une adolescence banale, pourtant ses amis et sa famille constatent un changement d'abord discret puis flagrant. Qu'est-ce-qui va pousser Maëlle ou Ayat, son nouveau prénom, à rejoindre l'Etat Islamique et les conflits qui se déroulent en Syrie ?
Patrick Bard est un romancier, écrivain et voyageur. Il achève l'écriture de ce livre après les attentats de Charlie Hebdo où il perd un ami. Ce livre sera édité en 2016 par les éditeurs Syros.
Je recommande ce livre à quiconque est intéressé par l'actualité. La lecture en est aisée et les personnages possèdent une véritable humanité. le point fort de ce livre est le fait que l'histoire est racontée par le biais de plusieurs personnages, ainsi le lecteur ne se retrouve pas réduit à un unique point de vue.
J'ai apprécié ce livre car on comprend mieux la méthode opératoire de Daech. C'est un fait d'actualité et j'estime nécessaire le fait de s'informer. Ce qui m'a plus également c'est de constater l'évolution des personnages au cour se l'histoire par différents points de vues, notamment celui de la famille de Maëlle. Ce roman m'a également fait comprendre l'ampleur que prennent les réseaux sociaux dans la vie de certains jeunes et le danger que ceux-ci représentent.

Lisa Mer.

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Et Mes Yeux Se Sont Fermés, écrit par Patrick Bard, paru en 2016 dans les éditions Syros.
Lavage de cerveau.
Maëlle était une fille comme il y en a des centaines, en France. Elle n’avait pas une famille parfaite, certes, mais elle avait un petit copain attentionné, des amis et de bons résultats scolaires. Malheureusement, son caractère de feu et son aversion envers l’injustice la mèneront, à travers les réseaux sociaux et la « toile », des quartiers de Paris jusqu’en Syrie, sous le nom d’Ayat, et dans les rangs de Daech. Mariée avec un djihadiste mort en martyre avant même son arrivée, elle se remariera et tombera enceinte. Cette grossesse lui fera comprendre que, pour protéger son enfant, elle doit revenir en France… Avec l’aide de ses proches et de son mari, elle parviendra à s’enfuir avec son bébé, mais le père, gravement blessé, sera retenu en Syrie et peut-être même exécuté. L’esprit d’Ayat ayant complètement été ravagé par le lavage de cerveau islamiste, elle devra néanmoins se réintégrer dans un monde où elle se sent étrangère. Y parviendra-t-elle ?
Patrick Bard est un romancier, écrivain-voyageur et photojournaliste, ayant pour sujet principal de travail les frontières, le droit des femmes et les conditions de vie des populations dans le monde. Ayant publié six romans aux éditions du Seuil et remporté de nombreux prix pour ses travaux, Patrick Bard complète son travail de photographe par l’écriture depuis 1993, date de parution de son premier roman écrit lors de ses études.
Au premier abord, l’histoire est très intrigante, d’ordre philosophique, et nous amène à nous poser certaines questions sur notre comportement, dans le cadre de contextes assez hors du commun. J’ai été tout aussi troublée que Maëlle, alors qu’elle se faisait lentement happer par la folie sanglante du Djihad. Les autres points de vue sont très intéressants, surtout celui de Jeanne, la sœur de Maëlle et la diversification du style d’écriture en fonction des personnages et des chapitres était très agréable… Je trouve qu’avoir quelques versions d’une même histoire est une bonne chose, lorsqu’elles ne reprennent pas à chaque fois exactement le même événement avec le même ressentiment. Dans ce livre, c’est l’impression de relire la même histoire, à chaque chapitre, qui m’a déplu… Au fil de ma lecture, mon intérêt pour l’intrigue s’est malheureusement effacé pour laisser place à une sensation de « lavage de cerveau », provoqué par la répétition incessante des mêmes faits. Un détail pour ensemble de qualité, mais un détail qui fait une grande différence ! Un excellent choix pour les rebelles bien déterminés à réaffirmer les droits de l’Homme… Allez-vous aider Ayat ?
Justine

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Un roman débordant de vérités.

Maëlle était une jeune fille ouverte d’esprit, sportive et amoureuse, jusqu’au jour où elle va croiser le chemin des réseaux sociaux. Nommée à présent « Ayat », elle abandonne le sport et notamment le handball, discipline dans laquelle elle excellait jusqu’à présent. Elle va prendre le chemin inverse, va se convertir à l’islam et Facebook va occuper la plus grande partie de son temps. Quelques mois plus tard elle prend la direction de la Syrie et rejoint l’organisation de Daech, pour sauver le monde pense-t-elle. Que s’est-il passé ?
J’ai beaucoup aimé ce roman car il nous plonge dans des faits d’actualité très délicats. En effet l’auteur évoque l’organisation de Daech qui est très présente de nos jours. Il est également question du poids des réseaux sociaux dans la vie des adolescents. L’histoire est très réaliste et prend place dans notre société ce qui rend la lecture très intéressante.
Un autre point très positif est le fait que nous ne sommes pas restreints à un seul point de vue. En effet nous pouvons suivre le cours de l’histoire à travers le récit de plusieurs personnages tels que sa mère, son professeur de français ou encore sa sœur, ce qui facilite la restitution des causes et des conséquences de la conversion de Maëlle, à l’islam. Chaque chapitre représente un autre point de vue. La lecture en est de ce fait très aisée et très fluide.
Bref, le roman d’un rapt mental qui nous aide à prendre conscience du danger des réseaux sociaux qui sont très présents dans la société actuelle.

Margaux
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Et mes yeux se sont fermés nous raconte l'histoire de Maelle, une adolescente de 16ans qui vit au Mans avec sa famille. Elle mène une vie simple mais elle a tout ce dont on peut vouloir : un bon parcours scolaire, un petit ami, des amis, et elle est très sportive. Mais soudainement tout cet équilibre va être perturbé. Les réseaux sociaux, plus particulièrement Facebook, vont la faire changer totalement. Maelle est maintenant Ayat, elle se convertit à l'islam, elle s'éloigne des gens de qui elle était proche. Elle décidera de tout abandonner pour partir en Syrie, où elle pense pouvoir accomplir son destin. Comment en est-elle arrivée là ?
Certains évènements vont l'obliger à rentrer chez elle, avec sa famille. Parviendra-t-elle à s'habituer à nouveau à sa vie en France ?

Pour commencer, j'ai aimé le fait que le thème principal soit un fait d'actualité . En effet, le terrorisme et l'embrigadement sont des choses dont nous entendons parler tous les jours. Cette histoire nous le raconte très bien. Je pense que ce livre est à lire car il nous fait nous poser les bonnes questions, pas seulement par rapport à la religion mais également à notre comportement quotidien, comme par exemple l'addiction aux réseaux sociaux ou les conséquences que peuvent avoir nos actes sur nos proches. C'est très intéressant de voir comment une fille, qui semble avoir une vie assez heureuse et un fort caractère ,peut elle, aussi se faire embrigader. Ce roman n'est qu'une fiction, mais ces faits arrivent réellement chaque jour. De plus, nous suivons le parcours et l'évolution de Maelle, mais aussi cela de ses proches. En effet, nous avons plusieurs points de vue dans ce roman, comme celui de sa sœur par exemple, qui est très intéressant. Ce livre m'a beaucoup plu, et je le recommande à tout le monde, même si le sujet ne nous intéresse pas forcément. Le dernier point positif est que la morale est implicite, l'auteur ne nous dit pas clairement que les choix de Maelle sont mals, il nous raconte l'histoire de cette jeune fille et nous laisse nous forger notre propre avis.

Juliette
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Maëlle a 16 ans et vit dans la ville du Mans, c'est une adolescente qui a une famille et des amis mais elle commence a changé de plus en plus. Elle se tourne de plus en plus vers les réseaux sociaux où elle arrive sur une page d'embrigadement religieux et commence à se familiariser avec eux. Quelque temps après elle décide de partir pour la Syrie et se marie avec un djihadiste et tomba enceinte. Maëlle ou Ayat et son mari décident de quitter la Syrie pour une vie meilleur pour eux et leurs enfant mais son marie s'est fait tiré dessus et est obligé de rester en Syrie car la blessure est très douloureuse. Maëlle qui a réussit à s'échapper,arrivera t-elle à se réintégrer dans la société qu'elle a quittés ?

L'auteur Patrick Bard commence sa carrière de photographe commence en 1982 avec une exposition à la Galerie des Voyageurs à Toulouse. Il était, par ailleurs, membre de l'agence de presse Rapho depuis 1979. En 1990, il change d'agence et rejoint Editing. Depuis 2007, il est représenté par Signatures, maison de photographes1.
Son premier livre, publié en 1993, est Blues Mississippi Mud, un carnet d’un voyage dans le monde du blues. À partir de 1996 il quitte la France pour étudier la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cette étude, qui a duré 5 ans, a donné lieu à l'ouvrage El Norte, sorti en 2002. Mais également, en 2002, à la sortie de son premier roman, La Frontière de plus il a reçu de nombreux prix.

Je n'ai pas vraiment apprécié ce livre car son sujet est le terrorisme et des livres sur ce sujet j'en lu et c'est vraiment un des livres que j'ai le moins appréciés. Je suis habitués des livres d'aventure et des action mais je trouve que ce livre en manquait beaucoup. Dès le début de l'histoire les idées n'était pas clair et j'ai pas réussi à m'accrocher . J'ai réussit à finir le livre mais j'ai eu beaucoup de mal.

Djebril
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Maëlle, est une jeune fille ordinaire, jusqu'au moment où elle décide de partir en Syrie. Elle abandonne ainsi sa famille, ses amis, sa vie, pour partir rejoindre son mari connu sur internet. Mais malheureusement celui-ci meurt au combat avant même qu'elle le rencontre. Une fois en Syrie, Maëlle, qui se fait appeler Ayat, se marie avec Redouane et tombe enceinte. Elle se rend alors compte qu'elle doit rentrer en France pour protéger son enfant. Elle parvient à rentrer indemne, mais son mari lui, est gravement blessé, elle le croit mort. En France, Maëlle va devoir se réintégrer dans la société et ré-appendre à vivre normalement.
Ce roman parle d'un sujet d'actualité. Il pousse à la réflexion et nous permet de nous rendre compte de l'influence que peuvent avoir les réseaux sociaux. Selon moi, le point fort du roman est que la même histoire soit racontée par plusieurs personnages, de ce fait, on comprend le point de vue de chacun, et cela nous permet de nous mettre à la place de ceux-ci.

Camille C.
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« Les gens de Daech sont peut-être cruels, mais ils ne sont pas stupides. Ils sont même d'excellents communicants. Leurs vidéos font envie, croyez-moi, et pour un ado épris d'idéaux, c'est très sexy. C'est d'ailleurs leur principal critère de sélection. Trouver des jeunes qui rêvent de s'engager contre l'injustice. Et c'est bien ce qu'ils se proposent de faire. Ils leur offrent les moyens de réaliser un idéal. »

Voilà comment Maëlle - élève brillante, sensible et cultivée - est devenue Ayat à quinze ans et a rejoint Daech en Syrie. On l'apprend d'emblée, ainsi que son retour en France, chez sa mère.

Dans ce roman, l'auteur montre le processus d'embrigadement de petits occidentaux 'blancs', qui seront ensuite davantage utilisés comme outils de propagande (mis en vitrine) que destinés à combattre. Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux d'y laisser des plumes, leur peau, de perdre leur proche, leur vie, etc.

J'ai acheté ce livre parce que je ne voulais pas repartir les mains vides après avoir discuté avec Patrick Bard de son essai documentaire 'Mon neveu Jeanne' (salon de Mauves-en-noir, avril 2018).
Je fuis les témoignages et fictions sur les attentats, ses victimes, ses 'bourreaux' (des victimes aussi, pour la plupart), Daech, etc.
J'ai offert cet ouvrage à ma fille pour la mettre en garde contre les chants des sirènes sur Internet et les théories complotistes - douter de tout, c'est bien, mais il faut savoir garder son esprit critique (le sien, pas celui des autres en prêt-à-porter).
Je ne lis cet ouvrage qu'aujourd'hui parce qu'avec 'Le secret de Mona', j'ai découvert que l'auteur était doué pour sensibiliser intelligemment les grands ados/jeunes adultes à des problèmes de société.
C'est parfaitement réussi ici, et agréable à lire malgré le sujet, grâce à la polyphonie.
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Je suis assez dubitative sur ce livre qui parle de la radicalisation d'une adolescente qui va partir faire le djihad en Syrie mais qui va revenir.

Dans mon esprit, il s'agissait d'un roman pour ados qui montrait clairement les dérives de l'embrigadement. Or je trouve que la façon dont il est écrit (roman chorale) laisse peu de places à l'explication de la manipulation et fait la part belle à la conspiration elle-même. du coup j'ai peur que les ados se précipitent sur l'idée que "l'Occident détruit le monde", que "les laboratoires pharmaceutiques font tester leurs médicaments sur les enfants des rues en Afrique", et que "l'Occident dissimule des messages à caractère sexuel dans les dessins animés" ...

De plus, si Maëlle/Ayat revient en France, ce n'est pas parce qu'elle s'est rendu compte de son erreur, mais parce que, enceinte, elle a eu peur des bombardements de la coalition... et même si elle est parfois déçue par ses conditions de vie en Syrie, elle veut partir pour élever son enfant "dans l'amour, le respect et la crainte du Très-Haut, loué soit son nom".

C'est donc un roman chorale où chacun revient sur la radicalisation de Maëlle. Chaque chapitre est écrit par une personne différente : Maëlle bien sûr mais aussi sa soeur Jeanne, sa mère, un professeur, son amoureux, une élève musulmane (la seule à avoir vu l'embrigadement), une fille avec qui elle est partie en Syrie ...

Cette suite de témoignages ne nous aide pas à avoir de l'empathie pour Maëlle. J'ai été dérangée par le fait que l'auteur explique très peu, juste à travers la soeur Jeanne, comment se protéger de la manipulation. J'ai été gênée par le témoignage de son amie partie avec elle en Syrie, qui habite dans une maison tout en marbre et qui traite Maëlle de traître. J'ai été choquée par le passage où Jeanne enfile le niqab de sa soeur et y trouve un certain réconfort ... Bref, par tous les aspects "positifs" de l'islam radical.

Un livre certainement intéressant mais à ne pas mettre entre toutes les mains, ou alors avec une belle discussion à la clef et des éléments concrets comme le site du gouvernement ou un site sur les hoax. Il peut vraiment prêter à confusion chez des ados en manque de repère.
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Ce sont les yeux de Maëlle qui se sont fermés peu à peu, au cours de sa seizième année, lorsqu'elle a été happée par l'insidieuse stratégie de Daesh pour embrigader de jeunes recrues occidentales : un regard qui se ferme à la réalité du monde, au raisonnement objectif, à l'esprit critique, à l'insouciante adolescence pour basculer de la lumière vers l'obscurantisme. le roman de Patrick Bard se présente à la manière de témoignages croisés de Maëlle, qui ouvre et ferme le récit, et des membres de son entourage, évoquant ce basculement progressif. Au moment où s'expriment sa mère, sa soeur, son professeur, son ex petit ami, une « soeur » du djihad et bien d'autres, l'adolescente est revenue de Syrie, portant un enfant en son sein. Elle a fui craignant pour la vie de son bébé, laissant là-bas un mari imposé, ses idéaux de justice et ce mirage d'une vie meilleure.

Tour à tour les personnages s'expriment et reviennent sur les mois qui ont précédé le départ de la jeune fille pour la Syrie, les changements qui ont affecté son comportement, ses goûts, ses idées, ses relations avec les autres. Ce roman glaçant, dérangeant, évoque le processus de radicalisation qui touche certains adolescents que les sbires experts en communication de Daesh ont pris dans leurs filets, et rappelle que bien souvent les victimes sont des enfants qui n'ont pas reçu d'éducation religieuse ni n'ont grandi au sein d'une culture musulmane. Il met en évidence le rôle de la communauté, les « soeurs », les « frères », et des réseaux sociaux dans la stratégie de lavage de cerveau qui est alors opérée, qui isole progressivement le jeune de son entourage familiale et social. le groupe va chercher les adolescents sur leur terrain de jeu-même : les technologies de la communication, Facebook, SMS, selfies... La diffusion de théories du complot et d'antiaméricanisme est également soulignée, qui constitue un levier pour dérouter et persuader des adolescents épris de justice et d'égalité comme l'est le personnage de Maëlle. L'organisation terroriste s'appuie sur leurs goûts ou leurs traits de caractère pour les révolter et les embrigader : une fragilité, un coté rebelle, le refus des injustices, l'amour des enfants ou de la nature... le choix de témoignages multiples montre aussi l'impuissance de l'entourage et le sentiment de culpabilité qui s'empare de lui une fois qu'il est trop tard : le regret d'avoir vu les nombreux indices du changement, les signes avant-coureurs de la radicalisation, et de n'avoir pas su réagir à temps, minimisant la situation, l'attribuant à la simple crise d'adolescence.

Toutefois l'ouvrage manque parfois de condamnation, de pédagogie, d'explications sur ce qui est arrivé à Maëlle, et les moyens de s'en préserver. Il se contente de livrer les témoignages des uns et des autres, des plus naïfs aux plus radicaux, et si le lecteur adulte saura faire la part des choses, le public adolescent visé aurait peut-être besoin de davantage d'analyse critique de la situation et des discours véhiculés par les différents personnages, notamment ceux des jeunes filles radicalisées, qui font presque l'éloge de la vie qu'elles ont mené en Syrie. le personnage de Maëlle demeure ambigu, évoquant avec une quasi nostalgie certains moments passés là-bas, et avec bien trop de légèreté la barbarie à laquelle elle a assisté, ce qui montre soit son immaturité, soit la profondeur à laquelle se sont enracinées dans son esprit les idées qui lui ont été mises en tête. Seule le personnage d'Aïcha de la cellule de désembrigadement apporte quelques éléments de compréhension de ce qui se joue chez ces jeunes. Si l'écriture est simple et accessible, dès le collège, l'arrière plan contextuel l'est beaucoup moins : lorsqu'il évoque pêle-mêle Mohamed Merah, Israël et la Palestine, le Mossad, Bachar Al-Assad, le 11 septembre... l'ouvrage fait appel à une bonne connaissance de l'actualité et un recul critique assez poussé chez le lecteur, que bon nombre d'adultes ne possèdent déjà pas sur des sujets aussi délicats. Sans oublier que nos ados avaient à peine dix ans lors des tueries de Merah, et n'étaient même pas nés au moment des attentas du 11 septembre 2001, ils n'en conservent pas le même traumatisme que leurs aînés. Un livre intéressant donc sur la manipulation mentale et la radicalisation des adolescents, mais à ne pas mettre entre toutes les mains sans accompagnement. Plutôt niveau lycée.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
[Elle faisait] partie de ceux qui demeurent longtemps dans la mémoire d'un enseignant. Pas parce qu'elle était en quelque sorte dotée d'un sens inné de la grammaire et de l'orthographe. Enfin, pas seulement. Mais aussi parce que j'avais trouvé dans ses rédactions une dimension littéraire qui semblait sortie de nulle part.
J'ai toujours cru son talent lié au fait qu'elle avait un rapport au monde profondément engagé. La plupart des filles de son âge - sans parler des garçons, infiniment plus lents à s'éveiller - ne réagissent guère aux textes poétiques, qu'il s'agisse de Rimbaud ou d'Apollinaire. Leurs mots parviennent aux élèves étouffés par le temps, privés de sens. (...) [Elle], elle s'était carrément rebellée contre "Mignonne, allons voir si la rose..." de Ronsard. Je me souviens très exactement de sa réaction quand elle a levé la main pour parler :
- Ben voyons, monsieur, c'est ça : "Laisse-toi pécho pendant que t'es encore bonne !" (...) Le discours a pas changé, monsieur, je vous jure. Vous entendriez le même aujourd'hui dans les couloirs du lycée ! C'est typique des mecs.
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J'avais imaginé que tout était pris en charge financièrement, mais pas du tout. Redouane n'avait aucune expérience militaire. Ils lui avaient juste donné un uniforme. L'arme, il avait fallu la payer, 1300 euros, et puis les balles aussi. Heureusement qu'avant de partir il avait pris un crédit chez Cetelem. "La vie de ma mère, il disait en riant, ils sont pas près de la revoir, la thune !" Ceux qui vont au front, qui rejoignent la 'katiba', on leur donne les balles, mais les autres doivent payer, et c'est un euro la balle. L'argent est vite devenu un problème. Sur Internet, ils avaient pourtant promis à Redouane : "Viens, t'inquiète pas, on gère", mais en fait ils géraient rien du tout et il fallait se débrouiller tout le temps. On a vite été à sec et on n'a pas tardé à comprendre qu'on ne valait pas grand chose pour eux, qu'on était comme des prises de guerre. On était précieux parce qu'on était des étrangers, des Occidentaux, pas parce qu'on était des combattants.
(p. 18)
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"Les martyrs portèrent atteinte à la vérité .....[. ]
Ils tracérent sur le chemin qu'ils suivaient des signes de sang, et leur folie enseignait que la vérité se prouve avec du sang.
Mais le sang est le plus mauvais témoin de la vérité ; le sang est un poison qui change la doctrine de la culture en délire , en Haine des cœurs ....
Et quand on irait traverser le feu pour sa doctrine ------/ qu'est - ce que cela prouve! -----"

Friedrich Nietzsche , l'Antéchrist ... .
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[ deux 'petites' Françaises de 16 ans ]
Les frères nous ont fait monter dans une vieille Mercedes et nous ont conduites au 'maqar'. Il faisait nuit. Je me souviens qu'Ayat m'a dit ne plus pouvoir contenir les battements de son coeur à l'idée de rencontrer enfin son mari et aussi que j'allais très vite en trouver un pour moi. Et que nous allions concevoir sans tarder les futurs lions de Dieu, inch'Allah ! Je n'étais pas aussi pressée qu'elle de convoler, de très loin. Quand la porte du 'maqar' s'est ouverte, j'ai reculé de trois pas et je me suis dit que ça n'allait pas être possible. Ça refoulait le vieux chacal, là-dedans. C'était plein de soeurs qui dormaient à même le sol. J'ai commencé à comprendre que ce n'était pas un jeu quand le vieux qui gardait l'endroit a fermé la porte à clé derrière nous. Il ne parlait pas français, et nous pas arabe, et turc encore moins.
(p. 63-64)
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L'embrigadement est un mot bien trop faible à mon sens pour décrire le processus qui conduit ces jeunes à abandonner maison, pays, famille pour rejoindre la barbarie. Qui les pousse à abdiquer leur humanité. C'est plutôt de rapt mental qu'il faudrait parler. D'emprise. Immatérielle, certes, mais dont les conséquences sont bien réelles. Le sang n'a rien de virtuel.
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Perluète #07 - interview de l'invité : Patrick Bard, journaliste, auteur, photographe. Quelle que soit sa forme, le travail de Patrick Bard s'inscrit dans la réalité de notre monde. Il a signé en 2020 un essai biographique sur l'américain Piero Heliczer, artiste aussi important qu'oublié, qui vécut dans le Perche, comme lui.
Réalisation : ©appris
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