Le sujet m'intéressait et étant enseignante en Hist-Géo-EMC, c'est un thème que mes élèves de collège-lycée évoquent. je suis donc vigilante et me suis documentée : interviews d'Européens partis là-bas, articles de presse, livres, films, sites Internet sur la déradicalisation ...
Autant le dire carrément : le ton du roman m'a déplu. Passons sur le désormais traditionnel procédé d'écriture donnant successivement la parole aux divers personnages, même si ça n'apporte aucune originalité, c'est ici efficace pour faire avancer l'histoire.
Par contre, si le but du roman était de prévenir, d'alerter, de dissuader: je pense que l'effet est raté.
Maëlle-Ayat a quitté la Syrie plus protéger son enfant que parce qu'elle était déçue de la réalité, du décalage entre ce qui lui était promis et ce qu'elle y vivait. les sujets graves : le mariage sans choisir son époux, les décapitations, la charia (mains coupées du voleur) ... sont évoqués dans le fil de son récit sans vraiment un commentaire de condamnation.
le danger du processus d'embrigadement n'est pour moi pas assez mis en évidence : Maëlle développe en détails toutes ses convictions complotistes, si bien que le lecteur n'a plus qu'à aller voir par lui-même il a tout ce qu'il faut pour attiser sa curiosité; en contre-poids, deux personnages bien faibles : sa mère ne condamne pas totalement ses propos; sa soeur fait elle-même deux fois la démarche de regarder tous ces sites et images, avant de faire marche-arrière sans que l'auteur argumente réellement/donne un vrai poids, une vraie place à ce rejet de l'embrigadement et des théories complotistes...
finalement c'est plus un roman qui immerge dans la tête de celle qui a été embrigadée et qui met en avant l'aveuglement des autres...
Mais sur ce thème, je conseillerai plutôt de se reporter à Dans la peau d'une jihadiste (
Anna Erelle) ou au film le Ciel attendra (Marie-Castille Mention-Shaar) qui me semblent plus explicites et bien plus efficaces sur le sujet