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Ils sont trois, Rossignol, accordéoniste dégingandé, La Morue, poissonnier et lutteur, et Silas, charcutier, séducteur et adroit escrimeur. Ils traînent leurs guêtres à l'auberge du Tintamarre dans la ville de Morguepierre, citée bâtie en bord de mer sur un site volé au monde fantastique. Ils vont se trouver mêlés à une affaire d'enlèvement de jeunes et jolies orphelines, affaire qui auraient un lien avec l'échouage de marie-morganes, étranges sirènes de cet univers.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce monde de Fantasy médiéval, avec quelques Trolls et autres créatures, du classique bien exploité et de l'original inventif, dans une ville extraordinaire toute en hauteur, avec une ambiance portuaire, ses bouis-bouis crasseux, et ses bagarres hautes en couleurs, une ville pleine de recoins mystérieux, de chemins de traverses, de lieux maudits ou infréquentables, il y a un peu de Terry Pratchett, un peu de Neil Gaiman dans tout ça. On pourrait reprocher le trait un peu trop appuyé, dans le sexe et le scato, le crasseux en général, mais c'est aussi ce qui donne son aspect baroque et picaresque à cette aventure pleine de rebondissements, d‘action, de violence, d'humour et de gaudriole.
C'est un livre rococo, foisonnant, riche et inventif, drôle et pétillant, plein d'excès en tous genres, de l'Aventure avec un grand A, de la comédie et du drame, bref, une lecture vraiment très amusante.
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Comme chaque année en février, les Indés de l'Imaginaire (ActuSF, Les Moutons électriques et Mnémos) mettent chacun en avant un roman francophone et pour 2020, la Pépite de l'Imaginaire de Mnémos est le premier roman de Raphaël Bardas, Les Chevaliers du Tintamarre !

Trois héros déjantés dans une enquête qui ne l'est pas moins
Silas, Morue et Rossignol sont dans une auberge et se narrent leurs exploits de la nuit. Ils investissent comme très souvent la taverne renommée il y a peu le Grand Tintamarre et participent la plupart du temps au bruit ambiant. L'attelage est comaque : le premier est un charcutier rêveur voire romantique spécialisé dans la confection de pâtés, le deuxième un poissonnier analphabète qui brille à la boxe et la savate mais dont le parler est plus que contestable, enfin le troisième un accordéoniste maigrichon mais rigolard. Tous trois se vantant de foncer au secours de n'importe quelle donzelle en détresse, en tout cas à leurs yeux, ils se mettent bille en tête pour suivre une soi-disant piste : la péripétie nocturne de l'un d'eux les conduit à s'intéresser à des disparitions au sein de leur cité. En effet, dans ce lieu nommé Morguepierre, ténébreuse cité de pêcheurs construite sur le flanc d'un volcan sorti de la mer et dévolue au géant de la Lune, une enquête est en cours sur l'échouage de créatures marines que l'armée semble appeler « marie-morgane », des tentatrices de l'océan qui se retrouvent mortes sur la plage avec un corps sans coeur.

Crapule fantasy
Au départ, au vu du pitch, on peut raisonnablement y voir une aventure de jeu de rôle dans ses grands classiques : une compagnie de trois personnages, très bien caractérisés, qui se retrouvent à la taverne et une aventure leur tombe sur le coin du museau, le tout dans un espace géographique très marqué. Heureusement, on comprend bien vite que cela va plus loin que ce premier apriori. Les « héros », tout d'abord, sont bien peu héroïques ou alors sans trop le vouloir, et là en l'occurrence, nos trois « héros » sont tout ce qu'il y a de plus bêtes, de rigolards et de complètement inconséquents ! Ils sont loin de réfléchir vite et quand ils s'en donnent la peine, leurs conclusions tombent souvent à côté. Ce sont en fait les personnages secondaires qui cadrent l'intrigue, apparaissant par ellipses et donnant des billes bienvenues à ce trio de bras cassés : le rugueux capitaine Korn qui dirige sa caserne davantage avec des injures que des ordres, l'outrecuidant Malverne (et son violon grinçant) qui tente de se reconvertir de malandrin à escorteur de jeunes nobles, l'attirante Alessa qui dirige d'une main de maître la maison des orphelines et l'agaçant Rodrigue, jeune nobliau qui veut faire ses preuves dans les bas-fonds. Ajoutez à cela que, justement, ces bas-fonds de Morguepierre, le lecteur les parcourt en long et en large pendant deux cent cinquante pages, les toponymes ne nous trompant pas (la « Rade », le « Ventre », etc.) ; nous sommes là typiquement dans une ambiance de « crapule fantasy », où l'héroïque est largement mis en berne par la filouterie, ambiance tout à fait digne de l'une des lignes éditoriales de Mnémos depuis quelques années, dans la lignée d'un Fabien Cerutti au début du Bâtard de Kosigan ou d'un Thibault Latil-Nicolas avec Chevauche-Brumes par exemple.

Style accrocheur
Raphaël Bardas a choisi de conter son histoire d'une façon particulière, puisque le ton colle à l'intrigue : rigolard, braillard et pétaradant. L'ensemble est assez burlesque. Il y a une certaine ambiance kaamelotesque qui peut se ressentir dans certains dialogues chaloupés et dans l'incompétence notoire de certains personnages. Toutefois, le ton est également teinté de fortes inspirations bretonnes, à commencer par le lieu pittoresque, cette Morguepierre où vivent surtout des pêcheurs et des militaires attentifs comme des gardiens de phare (les nobles vivent dans les hauteurs de la cité et sont très peu visibles, au fond). Et puis le folklore utilisé, notamment ces marie-morganes qui déclenchent l'enquête, immerge parfaitement dans un imaginaire de bout du monde, auxquelles sont ajoutés un nain sorcier et un « gargueulard », entre autres, assez truculents... Si on en est à parler références, je me risquerais assez à voir une allusion à Futurama dans une des toutes dernières scènes (j'ai illico pensé à l'Hypnotoad, mais ce n'est sûrement que moi)… Dans tous les cas, l'auteur a fait un travail visible sur le vocabulaire argotique, les répliques mordantes, voire des blagues d'un goût exquis (quoi que ce dernier aspect vient peut-être plus naturellement, car certains blagues sont juste immanquables dans de telles situations, Silas en sait quelque chose avec sa « Courtepine »), l'ensemble se lit très rapidement (trop peut-être) et avec un plaisir de lecture tout à fait certain.

Les Chevaliers du Tintamarre sont donc une enquête échevelée qui usent d'un rythme effréné et de personnages loufoques pour nous proposer un très bon moment de lecture !
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Oui je sais je vais me faire traiter de vieux râleur orchidoclaste mais que voulez vous on ne se refait pas J ai abordé ces Chevaliers avec gourmandise après lecture du 4° de couverture , je sais bien vu mon âge prè-canonique qu il ne faut jamais croire ce que l éditeur y écrit , il ne va pas vous dire sourire aux lèvres c est un lamentable navet ne l achetez pas ! Par moment je suis d une naÏvetè( soupir ) Brèfle ce Tintamarre n est pas vraiment de la fantasy c est une énième dénonciation de la société , tout le monde il est laid tout le monde il est méchant ( pardon jean Yanne pour ce détournement )de plus tout le monde est sale et répugnant cela aurait pu être picaresque , truculenl c est flatulent mais me rétorquera t on et l humour , triste sire que vous êtes Hein ça compte l Humour .Peut -on trouver drôle que l un des personnage n arrive pas a pisser ? que plusieurs autres se retrouvent les fesses et le reste à l air l'accumulation de déjections et d immondices tant physiques que matériel jusqu'a l écoeurement Justement l écoueurement tout le monde dégueule dans ce bouquin les hommes , les maisons , les créatures magiques et même l océan Alors je ne suis pas bégueule mais j avoue que l humour , se taper les cuisses , souffler dans les langues de belles mères et faire pouffer les coussins péteurs ce n est pas trop mon espresso ( j ai horreur du thé donc j adapte ) Mais comme je l écrivais plus haut je suis un vieux râleur orchidoclaste ........Et franchement ça m' amuse ...
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Seconde Pépite de l'Imaginaire après le Chant des Cavalières de Jeanne Mariem Corrèze, Les Chevaliers du Tintamarre est le premier roman du français Raphaël Bardas, professeur documentaliste et amateur de savate, un savant mélange qui annonce déjà la couleur d'une histoire haute en couleurs.

Morguepierre, cité fantasque
D'entrée de jeu, voici le lecteur plongé dans les ruelles et les tavernes de Morguepierre, une étonnante cité née d'un volcan et dont certains quartiers se trouvent suspendus dans les airs, abritant de facto les nobles et la haute société qui regardent avec dédain la populace d'en-dessous.
De cette organisation verticale (littéralement) du pouvoir, Raphael Bardas adopte le point de vue le plus terre-à-terre, celui de trois fieffés crapules.
La Morue, tout d'abord, poissonnier et lutteur à l'esprit aussi simple que sa propension à foncer dans le tas tête baissée, Rossignol, poète accordéoniste et érudit à la petite semaine et puis Silas, aventurier-charcutier et beau-parleur qui aimerait devenir justicier des faubourgs et héros populaire. Un trio magnifique qui ne manque pas de caractère et qui sera, tout du long, le visage de Morguepierre, celui des petits et des oubliés, des roublards et des coquins.
Morguepierre, plus encore qu'une vision saisissante pour héros low-cost, c'est avant tout un univers riche qui regorge de créatures fantastiques, de la marie-morgane au troll en passant par l'ogre gargantuesque. Pourtant, jamais Bardas n'oublie la question sociale de son monde et, comme Wastburg de Cédric Ferrand, nous voici aux cotés des déshérités et des chevaliers de rien qui aiment boire, se foutre sur la tronche et trousser de la riche pucelle en goguette.

Une enquête gouailleuse
Une fois le tableau principal dressé et l'état des lieux terminé, Raphael Bardas installe son intrigue grâce à une langue joueuse et enlevée, quelque part entre Steffan Platteau et Cédric Ferrand.
D'une part, des créatures marines appelées marie-morganes s'échouent mortes et le coeur arraché sur les rivages de Morguepierre, et d'autre part des prostituées disparaissent sans laisser de traces.
Ce double fil narratif permet à la fois de poursuivre l'exploration crapule-fantasy entamée avec le trio du Tintamarre, mais aussi de découvrir un peu plus le monde de la haute en compagnie du capitaine Korn et de son affection Deadwoodesque qui rappelle que la vie n'est simple pour personne à Morguepierre. L'imagination du français, toujours débordante, se mêle à des affrontements succulents où les Mousquetaires honoraires affrontent d'autres bandits repentis tandis que Korn confronte des nobles cocus et d'autres créatures étonnantes. Les Chevaliers du Tintamarre joue la carte du divertissement fantasy et du chahut héroïque, tire son épingle du jeu grâce à ses personnages attachants et atypiques et réjouit par le foisonnement de son background fantasy assumé et foutraque. Seule ombre au tableau général, une résolution précipitée de l'intrigue principale où les révélations s'empilent trop rapidement et qui, un temps, perdent totalement le lecteur avant d'enfin remettre les choses dans l'ordre pour un épilogue à la fois triste et magique, à l'image de cette aventure forte en gueule qui fait du bien là où elle passe. En filigrane, Raphaël Bardas honore les sales gueules et les héros qui n'en ont pas l'apparence, fustige les riches qui laissent crever les autres bien à l'abri dans leur petit confort de plumes et de satin, anoblit les gens simples qui ont souvent plus de coeur que bien des seigneurs.

Premier roman réussi et enjôleur, Les Chevaliers du Tintamarre de Raphael Bardas vous offre une balade dans une cité cosmopolite et magique en compagnie de sales gosses sacrément attachants et bagarreurs. Une belle découverte qui mérite bien une tournée générale !
Lien : https://justaword.fr/les-che..
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Les chevaliers du Tintamarre de Raphaël Bardas .
Premier roman de l'auteur, dans un genre fantaisie humoristique.
Humour potache, sexe, langage moyenâgeux, anti-héro... tout étaient là pour faire un bon cocktail, mais la sauce n'a pas pris. La résumé de quatrième était ultra vendeur mais je n'ai pas adhérer à l'univers. La plume de l'auteur ne m'a pas pris, je suis déçu.

Silas, le charcutier, morue et Rossignol, se retrouve malgré aux embarqué dans une histoire d'enlèvement. Ceux ci deviennent malgres-eux chevaliers et doivent enquêter. Habituellement ceux ci lèvent le coude au comptoir, maintenant ceux ci lèvent les armes.

Enquête et combats d'épées feront peut être votre joie.
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Les Chevaliers du Tintamarre sont trois habitués d'un rade mal famé : Morue, Rossignol, et Silas.
Morue est poissonnier, fort mais bas de plafond ; Rossignol est musicien, poète et joyeux queutard ; Silas est charcutier, le plus romantique du groupe…
Outre leur goût immodéré pour la fête, ils aiment la castagne, et sont plutôt courageux.

Quelques jeunes filles disparaissent de la cité de Morguepierre, et voilà nos trois lascars qui mènent l'enquête.
Le trio aura beaucoup de combats à mener ; plus que le lecteur n'en attend ! Heureusement qu'ils sont souvent précédés de truculentes joutes verbales, plus passionnantes que les échanges de coups.

Le monde imaginaire décrit par Raphaël Bardas évoque celui de Tolkien, tandis que l'intrigue fait penser à celles construites par Pennac (même si elle reste nettement moins élaborée).
Le ton et le vocabulaire mettent en avant la paillardise des personnages, rappelant les récits d'Alphonse Boudard, et rendant cette lecture plutôt amusante et agréable.

Ce n'est peut-être pas l'ouvrage le plus profond de la sélection des romans Cézam 2021, mais pour moi il sera probablement sur le podium des plus agréables à lire parmi les dix proposés, lorsque j'en aurai fait le tour.
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De même que Jeanne Mariem Corrèze et Elodie Serrano, Raphaël Bardas fait partie des jeunes auteurs mis en avant à l'occasion de ce début d'année 2020 par le collectif des Indés de l'Imaginaire. Alors que ActuSF a misé sur « Cuits à point » et Les Moutons Électriques sur « Le chant des cavalières », les éditions Mnémos ont parié sur « Les chevaliers du Tintamarre », un premier roman mettant en scène les aventures de trois… poivrots ! Bienvenue à Morguepierre, cité autrefois sous-marine se situant désormais au dessus du niveau de la mer et peuplée d'humains dont les conditions de vie diffèrent considérablement selon le quartier dans lequel ils ont élu domicile. Ainsi, si les nobles et grands bourgeois s'en sortent remarquablement bien sur les hauteurs, c'est moins le cas de la soldatesque, des marchands, des marins et des miséreux en tout genre qui grouillent dans les bas-fonds plus ou moins sordides de la ville. C'est là que résident nos trois compères, figures emblématiques de la taverne du « Grand Tintamarre », et qui n'ont pas grand-chose à voir avec les héros traditionnellement mis en scène en fantasy (surtout lorsqu'ils portent le titre de chevalier !). Jugez plutôt. Rossignol, le cerveau du groupe, est une grande tige affublée d'un accordéon et d'un tricorne qui manie habilement les mots mais qui auraient tout de même bien du mal à se faire passer pour un intellectuel. Silas, lui, est le beau gosse du trio : coeur d'artichaut incapable de résister aux charmes d'une belle femme, il exerce la profession qu'il juge un peu honteuse de charcutier, et manie le hachoir comme personne (pour découper le pâté aussi bien que d'éventuels adversaires). La Morue, enfin, vient compléter cette charmante petite bande : sale, puant, vif de corps mais pas d'esprit, l'homme sert de muscles à ses deux compères et n'aime rien tant que se jeter à corps perdu dans la mêlée (et il perd rarement…). Voilà pour le casting et le décor, à présent attardons nous un peu sur l'intrigue. Depuis quelques semaines, certains habitants de Morguepierre sont inquiets : plusieurs femmes ont disparu dans d'étranges circonstances et un climat de peur règne en ville depuis que s'est répandue la rumeur selon laquelle des marie-morganes, créatures aquatiques légendaires peuplant autrefois la cité, se seraient échouées sur la plage. Intégrés totalement par hasard à l'enquête, les trois compagnons vont se retrouver embarquer dans une aventure qui les dépasse totalement.

Vous l'aurez compris, Raphaël Bardas a opté pour le registre de l'humour et, comme souvent, le pari a ses avantages et ses inconvénients. le principal avantage, c'est le ton qui, s'il est porté par une belle plume, peut donner un vrai charme au roman. Et c'est le cas ici. L'auteur a un style agréable et ses traits d'humour, bien que parfois volontairement lourdingues, font souvent mouche. Les répliques et les bourdes des trois héros sont amusantes et, si on est loin de se tordre de rire à toutes les pages, il n'est pas rare de devoir réprimer un sourire devant la cocasserie de telle situation ou telle répartie. La complicité qui unit les trois hommes participe beaucoup à l'ambiance chaleureuse du roman et vient contrebalancer la noirceur du contexte et du décor. Car, en dépit du ton léger et du manque de sérieux constant des personnages, la situation est loin d'être drôle. le contraste est d'ailleurs assez étonnant entre l'humour qui suinte de chaque page et le sordide des descriptions qui nous dévoile une réalité glauque. Et c'est là que, comme souvent, la carte de l'humour trouve ses limites. Difficile en effet de prendre les menaces au sérieux, ou d'être ému par le sort d'untel ou untel, lorsque les personnages passent leur temps à tout prendre par dessus la jambe et à s'envoyer des vannes. C'est la raison pour laquelle les pitreries des chevaliers de comptoir finissent par lasser, le désir de voir l'enquête avancer et certains mystères enfin levés se révélant plus impérieux que l'amusement procuré par la désinvolture des protagonistes. Cela explique pourquoi, en ce qui me concerne, les chapitres que j'ai trouvé les plus intéressants ne sont pas ceux mettant en scène l'amusant trio mais un autre protagoniste. Capitaine de la garnison des Hautes-Brumes, affligé de coliques néphrétiques qui lui provoquent des douleurs insupportables et influent sur son tempérament, Johan Korn est en effet un personnage au moins aussi atypique que l'accordéoniste, la brute et le charcutier. Car à défaut de classe, le soldat sait au moins faire preuve de jugeote !

J'éprouve les mêmes sentiments mitigés envers l'univers qui, bien que surprenant par certains aspects, se révèle décevants par d'autres. Parmi les points positifs citons le cadre maritime qui apporte beaucoup de charme au roman, même si j'aurais aimé en apprendre plus sur l'histoire de la cité que l'auteur n'évoque que par bribes. L'ambiance crasseuse qui imprègne les murs de la cité est en tout cas bien rendue et fait penser à quelques unes de ses homologues peu reluisantes d'autres univers de fantasy (Wastburg, par exemple). Tout comme dans ces villes, les lieux sont peuplés par des individus peu recommandables, qu'ils se situent en haut ou en bas de l'échelle sociale. Seul le capitaine fait figure d'exception, et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'ai trouvé le personnage aussi réussi. Certains endroits marquent également le lecteur par leur étrangeté où leur originalité (la grande bibliothèque des Anachora, l'orphelinat des fontaines…), de même que certaines trouvailles qui, bien que citées à titre anecdotiques, n'en demeurent pas moins efficaces pour poser l'ambiance (j'ai bien aimé l'idée des mâche-merveilles, des individus prenant une substance permettant de s'attribuer temporairement certaines facultés féeriques, même si cela est peu utilisé). En revanche, j'avoue avoir été un peu gênée par la place des femmes dans le roman (il faut dire que je sortais tout juste de la lecture du « Chant des cavalières » qui mettait en scène une société matriarcale et des personnages presque exclusivement féminins, la transition a été un peu rude). Alors certes, un personnage féminin finit par s'imposer et mettre la misère à ces messieurs (sur le plan physique aussi bien qu'intellectuel) et je me doute bien que le tout est à prendre au second degré, cependant j'ai trouvé un peu dommage que les femmes ne soient ici considérés (presque) que comme de la viande. Toutes sont en effet caractérisées exclusivement par leur physique, et ce physique est lui-même assez caricatural (en gros on a soit des mégères hideuses dont les aspects les plus repoussants sont décrits avec force détails, soit des canons aux yeux de biche). Toutes partagent cela dit la même lubricité, et l'auteur ne se prive d'ailleurs pas de partager les pires et les meilleures expériences sexuelles de nos trois héros. Un aspect du roman qui m'a laissée dubitative.

Avec « Les chevaliers du Tintamarre », Raphaël Bardas ose le parti de l'humour et cela fonctionne plutôt bien, surtout lorsqu'on sait qu'il s'agit d'un premier roman. L'univers est intrigant et l'ambiance glauque qui règne dans la cité vient contrebalancer la légèreté du ton et de l'attitude du trio de personnages. Tout n'est évidemment pas parfait et, si certains points m'ont rebuté plus que d'autres, le résultat reste de bonne facture et offre un bon moment de lecture.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Je ne suis pas très assidue en ce moment sur mon blog et je m'en excuse auprès de celles et ceux qui me suivent et me lisent. Il faut dire qu'avec le contexte actuel, j'ai beaucoup de mal à lire ou à me consacrer à l'écriture des articles de mon blog. Toutefois, je tenais à revenir sur le roman de Raphaël Bardas, l'une des Pépites de l'Imaginaire 2020 qui m'a beaucoup diverti par son humour et son ambiance déjantée. Et à ce titre, je tiens à remercier Estelle et les éditions Mnémos pour ce Service Presse.

Dans les bas fonds de la cité de Morguepierre, trois compères en mal d'aventure, le boucher Silas, le poissonnier Morue et le chanteur Rossignol passent leur temps libre à vider des chopes à l'auberge du Tintamarre et à distribuer des pains à tous ceux qui leur chercherait querelle. Alors qu'un soir, Silas était en train de compter fleurette à la femme d'un bourgeois, il surprend dans la rue deux hommes, un nain et un géant, en train d'enlever une jeune fille. N'étant pas vraiment en position de s'interposer, il n'intervient pas mais retient un indice du nom d'Alessa. Les trois compagnons décident alors d'en savoir plus.
Pendant ce temps, le capitaine Korn et son second Fréjac découvre le corps d'une marie-morgane échouée sur la plage. Cette dernière ne ressemble en rien aux légendes rapportées : au lieu d'une gracieuse jeune fille à la voix mélodieuse et à la queue de poisson, ils se retrouvent au contraire face à une créature plutôt difforme et à l'apparence proche d'un lamantin. Or, ce n'est pas le premier corps qu'ils retrouvent, les deux gardes décident alors eux aussi de mener l'enquête.

Un humour bien développé

Comme je l'ai dit en introduction, ce qui frappe à la lecture des premières pages et ce qui caractérise le roman est l'ambiance complètement déjantée et loufoque. L'auteur utilise pour cela plusieurs procédés :

Le comique de situation notamment lorsque Silas raconte à ses deux compagnons son aventure burlesque chez la femme du bourgeois et l'enlèvement de la jeune femme.
Un style d'écriture humoristique et imagé :
« Achevant son déplacement guerrier, il lui flanqua un coup de coude à la base de la nuque. le garde traversa la rue d'un pas brusque et sans élégance, achevant sa course en plantant ses dents dans le rebord d'une fenêtre voisine. Il y constata que la pierre dont elle était faite s'avérait bien plus solide que sa propre denture. Comprenant cela avec la déception d'un enfant découvrant qu'il y avait encore des fayots au dîner, il préféra s'évanouir plutôt que de compter ce qu'il restait dans la bouche. » (P. 77-78)

La gouaille de ses trois personnages principaux : Silas, Morue et Rossignol sont des personnages issus des couches populaires de Morguepierre. Ils possèdent un langage fleuri assez drôle (dans le cadre duquel l'auteur n'hésite pas à faire du néologisme), préfèrent régler leur problème à coup de poing plutôt que de parlementer et ne s'embarrassent pas des conventions sociales. Ce sont des personnages hauts en couleur, pas toujours très adroits, ni éclairés mais ils sont finalement très sympathiques. Les autres personnages ne sont pas en reste non plus, notamment celui d'Alessa qui ne manque pas de caractère et sait s'imposer parmi la galerie des personnages masculins. C'est une femme déterminée qui sait ce qu'elle veut sans se conformer au rôle que la société veut bien lui imposer.

Un fond relativement classique mais qui réserve quelques surprises

- L'univers s'inspire du folklore breton : la ville bien qu'elle soit construite sur un volcan est côtière et il semblerait que l'essentiel des activités du quartier dans lequel vivent nos trois compères soit tourné vers la mer. Morue est ainsi poissonnier et a pour caractéristique de ne pas sentir très bon à cause du poisson. de plus, le récit fait intervenir des créatures surnaturelles comme les marie-morgane qui sont des sortes de sirènes. Dans les légendes, elles entraînent les pêcheurs dans les bas-fonds de la mer en usant de leur charme et de leur voix mélodieuse. Dans le roman, au contraire, Raphaël s'approprie le mythe et en propose une nouvelle version, je n'en dirai évidemment pas plus pour ne pas dévoiler une partie de l'intrigue.
- La répartition sociale dans le cadre urbain bénéficie en revanche d'un traitement plus classique : en effet, une ségrégation spatiale et verticale divise la société entre les plus pauvres situés sur la côte et les pentes volcaniques tandis que les plus riches habitent des îlots flottants uniquement accessibles par des navettes volantes.
- Enfin, l'intrigue est bien menée et relativement équilibrée : s'il est vrai que j'ai eu un peu de mal avec les scènes qui se sont déroulées dans le volcan (c'était un peu WTF!), en revanche, l'enquête possède son lot de rebondissements. Si j'avais soupçonné quelques subterfuges, je dois tout de même bien avouer que j'ai été au contraire plutôt surprise par d'autres révélations.

En conclusion, Les chevaliers du Tintamarre est un premier roman très réussi, à l'écriture jubilatoire et bourrée d'humour, aux personnages truculents, maladroits mais sympathiques et à l'intrigue pleine de rebondissements. J'avais vraiment besoin de ce genre de lecture en ce moment et sans nul doute que je suivrai avec attention les prochaine parutions de Raphaël Bardas et peut-être aussi le rencontrer aux Imaginales?
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Merci aux éditions Mnémos pour cette pépite : couverture somptueuse, résumé qui promettait une aventure déjantée aux côtés de personnages atypiques... Les chevaliers du Tintamarre s'est révélé être une aventure rythmée aux accents picaresques et aux personnages atypiques.

C'était très immersif alors que le roman ne démarrait pas avec tous les points de son côté. L'une de mes premières lectures du confinement, j'avais beaucoup de mal à entrer dans cette histoire au vocabulaire particulier, qui ne laissait que peu de répit à mes neurones manquant de capacité de concentration. Mais l'aventure s'est révélée assez addictive pour me séduire par sa légèreté et sa solide trame narrative.

Les chevaliers du Tintamarre m'a globalement surprise. J'ai beaucoup aimé le monde présenté, notamment ses légendes autour des Morguepierres et des Marie-Morganes, des créatures marines semblables aux sirènes qui noient les marins dont elles tombent amoureuses. La Cité en elle-même est divisée entre les quartiers très pauvres et les cieux, certes une séparation courante mais qui ici prend tout son sel quand on rencontre les vices dans uns et des autres. L'enquête gagne en intensité au fil du récit, ce qui ne rend le scénario que plus agréable à suivre. Il y en plus une pointe de magie, mais qui ne prend pas trop de place.

Grâce à un langage pour le moins coloré, Raphaël Bardas nous entraîne dans des lieux qui détournent les codes de la fantasy traditionnelle. Avec ses héros au verbe fleuri et direct, ses bas-fonds miteux et ses aventures parfois reluisantes, Les chevaliers du Tintammare reprend avec talent les codes d'une fantasy qui se veut terre-à-terre, grouillante et pas très reluisante. Il y a un gros travail sur les dialogues, qui déborde d'un vocabulaire braillard et d'une recherche assez profonde sur l'argot.

Parfois même un peu trop. J'ai mis beaucoup de temps à me faire à ce langage particulier, très recherché sous ses abords rugueux et directs, ce qui a un chouïa nui à mon immersion de début de lecture. Parfois, j'ai trouvé une lourdeur et un manque de naturel dans certaines tournures, dans cette volonté de vouloir à tout prix la jouer rigolard de basse extraction. Mais heureusement, cet effet n'a pas du tout gâché l'ensemble de la lecture.

Car il y a un chouette groupe de personnages. le trio de tête est truculent. J'ai curieusement bien aimé Morue, géant aux capacités linguistiques limitées mais à la mémoire magique. Silas, le charcutier qui est sensible aux charmes féminin. Enfin, Rossignol, un musicien tout grêle mais à la langue bien pendue. Ils ne sont pas vraiment l'équipe du siècle mais se dépatouillent comme ils peuvent face à une série de curieux meurtres.

Les personnages secondaires sont aussi bien décrits. Il y a d'abord Rodrigue, jeune premier agaçant qui est sous les ordres de l'énergique capitaine Korn. le Duc de Fréjac, l'un des rares personnages qui semble avoir la tête sur les épaules, avec Alessa. Alessa est une jeune femme qui dirige d'une main forte un orphelinat de jeunes filles. le reste des personnages apportent un peu de cadre à un trio en roue libre et donnent de la mâche à un univers déjà bien structuré.

J'ai finalement beaucoup aimé mon voyage à travers la cité de Morguepierre. L'histoire est entraînante, sous la forme d'une enquête aux accents picaresques. le contexte est bien situé et mis en scène. Si j'ai eu de mal à entrer dans le rythme, une fois bien plongée dans ma lecture, ce petit voyage avec Silas, Morue et Rossignol s'est révélé sympathique et truculent. Les dialogues sont bien écrits et n'hésite pas à venir bousculer le lecteur.


Lien : https://lageekosophe.com/
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Dans ce premier roman de Raphaël Bardas, nous partons à l'aventure avec un trio de joyeux lurons, Silas, la Morue et Rossignol, trois petits magouilleurs au cœur tendre, accrocs à la baston, aux femmes et à la bière qui coule à flot à la taverne du Tintamarre.
Ces personnages sont plutôt attachants et drôles. La gouaille et l'irrévérence de ce roman en font une lecture drôle et rafraîchissante. L'auteur a du avoir beaucoup de plaisir à écrire et ne se prend pas au sérieux.
Il nous amène dans la ville de Morguepierre, surmonté d'un volcan, dans un univers de heroic fantasy médiéval.
Nos trois compères traînent dans les mauvais quartiers de la ville, où se côtoient Alfes et trolls et dans laquelle les nobles vivent dans les airs, sur des rochers suspendus. J'ai beaucoup aimé la découverte de ce monde, très bien rendu, très visuel. Je pense qu'il restera dans ma mémoire.
En revanche, l'intrigue ne m'a pas vraiment passionnée. Les trois personnages enquêtent sur des marie-morganes échouées la plage, sortes de sirènes répugnantes, ainsi que sur la disparition de jeunes orphelines. C'est plutôt bien enlevé, avec un rythme soutenu, mais j'y ai trouvé quelques longueurs, notamment dans les descriptions de bagarres. Je précise aussi que je ne suis pas une fan d'enquêtes, je ne lis jamais de policiers, je n'y trouve pas mon compte.
J'ai lu ce roman dans le cadre du prix Cezam. Malgré les défauts que j'y ai trouvé, j'en recommande la lecture pour son humour et l'univers qui y est dépeint. Raphaël Bardas reste un auteur français à suivre dans le genre fantaisy/fantastique.
Sélection Prix Cezam 2021.
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