Le réveil était aussi brusque que la chute dans le sommeil.
Il prit un escalier sur la droite. Ils le suivirent. Il courait presque sur les marches, avec une sûreté née d'une longue fréquentation de l'escalier et de son vêtement de poussière.
Ils montaient dans la nuit et la paix, vers le ciel étoilé, ils oubliaient la Terre et ses horreurs absurdes. Ils étaient ensemble, ils étaient bien, chaque instant de bonheur était une éternité.
Ils ne pensaient plus à leurs épreuves, aux menaces, à la guerre. Ils volaient vers un havre de paix. Peut-être momentané, précaire, illusoire, et où de multiples problèmes se poseraient en tout cas pour eux. Mais ces soucis étaient pour demain, pour tout à l'heure. Vivre les malheurs d'avance, c'est les subir deux fois.
- Avant la fin de la nuit, dit Païkan, il ne restera plus rien de vivant ici, pas une bête, pas un brin d'herbe.
Il pesait sur elle juste assez pour la toucher et la sentir tout le long de sa peau. Quand il la quitterait, ce serait pour toujours. Il n'y avait plus de lendemain. Rien ne recommencerait. Il faillit se laisser emporter par le désespoir et se mettre à hurler contre l'absurde, l'atroce, l'insupportable séparation. La pensée de sa mort proche l'apaisa.
Le sol se souleva en une explosion effrayante, le sommet de l'ascenseur fut pulvérisé, Eléa arrachée aux bras de Païkan, l'un et l'autre soulevés, roulés, jetés à terre.
Si nous devons être détruits, au moins que le reste vive ! Qui sommes-nous pour condamner à mort la Terre entière ?
Elle entendait le bruit de la bataille qui se rapprochait dans l'épaisseur de la terre.
Qu'est-ce que je sais faire avec mes mains, moi, monsieur Hoover grosse tête ? À part allumer ma cigarette et taper sur les fesses des filles ? Rien ! Zéro.