En psychothérapie on préfère le choc qui nettoie au mensonge qui empoisonne.
C'est un de ces crétins des services secrets, dit Moïssov. De quel service secret ? Je n'en sais rien, vous non plus. Nous ne le saurons sans doute jamais. Ils ont en commun la stupidité et l'inefficacité. Ils dépensent une ingéniosité prodigieuse pour des résultats qui ne dépassent pas le volume d'un caca de mouche. La seule chose qu'ils réussissent, c'est la catastrophe.
Tout le monde n'est pas capable d'être heureux. Il y a des couples qui, simplement, ne sont pas malheureux. Il y a ceux qui sont heureux et ceux qui sont très heureux.
- Il va y avoir la guerre et il n'y aura pas de survivants.
Le réveil était aussi brusque que la chute dans le sommeil.
Il prit un escalier sur la droite. Ils le suivirent. Il courait presque sur les marches, avec une sûreté née d'une longue fréquentation de l'escalier et de son vêtement de poussière.
Ils montaient dans la nuit et la paix, vers le ciel étoilé, ils oubliaient la Terre et ses horreurs absurdes. Ils étaient ensemble, ils étaient bien, chaque instant de bonheur était une éternité.
Ils ne pensaient plus à leurs épreuves, aux menaces, à la guerre. Ils volaient vers un havre de paix. Peut-être momentané, précaire, illusoire, et où de multiples problèmes se poseraient en tout cas pour eux. Mais ces soucis étaient pour demain, pour tout à l'heure. Vivre les malheurs d'avance, c'est les subir deux fois.
- Avant la fin de la nuit, dit Païkan, il ne restera plus rien de vivant ici, pas une bête, pas un brin d'herbe.
Il pesait sur elle juste assez pour la toucher et la sentir tout le long de sa peau. Quand il la quitterait, ce serait pour toujours. Il n'y avait plus de lendemain. Rien ne recommencerait. Il faillit se laisser emporter par le désespoir et se mettre à hurler contre l'absurde, l'atroce, l'insupportable séparation. La pensée de sa mort proche l'apaisa.