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Citations sur Les chemins de Katmandou (66)

Tu me fais rigoler avec ta vérité, dit Martine. Qu'est-ce que ça veut dire, ça n'existe pas ! Si, ça existe, dit Olivier, et c'est pas compliqué, c'est le contraire du mensonge.
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Le monde de demain ne serait pas construit par eux. Ce serait un monde rationnel, nettoye des sentiments vagues, des mysticisme et des idéologies. Ils avaient porté la guerre dans les nuages, les ouvriers avaient gagné au ras du sol la bataille des bulletins de salaires. Dans un monde matériel, il faut être matérialiste. C'était la seule "manière" de vivre, mais est-ce que cela pouvait constituer une "raison" de vivre ?
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-L'Himalaya!... murmura Olivier. Le miroir, pâle, immense, de la montagne surhumaine, envoyait vers la vallée une lumière légère , extrait de ciel, suc de l'azur, lumière de lumière plus blanche que le blanc, plus transparente que l'absence de tout, qui pénétrait la lumière ordinaire et éclatait en elle sans s'y confondre, se posait, en plus de la clarté du grand jour, sur chaque contour de paysage, chaque maison, chaque arbre, chaque paysan-fourmi piqué sur la terre, et l'ourlait de beauté, même l'affreux camion qui montait en grondant vers le col. Elle rendait l'air moins épais, plus facile à respirer, et l'effort pour toute chose joyeux. C'était une lumière de fête de Dieu offerte aux hommes pour leur donner la certitude que ce qu'ils cherchent existe, la justice, l'amour, la vérité, il faut chercher, marcher, continuer toujours. Si la mort interrompt le voyage, peu importe, le but continue d'être là.
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Au prix d'un effort sans défaillance et chaque jour accru, elle réussissait à rester incroyablement plus jeune qu'elle ne l'était. C'était l'apparence. Le temps avait malgré tout creusé à l'intérieur d'elle-même, comme dans chaque vivant, ses petits tunnels, ses demeures multiples et minuscules qui finiraient, inexorablement, par se rejoindre pour constituer l'énorme caverne dont le plafond un jour s'effondre.
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Tous les murs de la maison étaient courbes et irréguliers, comme les abris naturels des bêtes : nids, gites ou cavernes. Quand on y pénétrait pour la première fois, on s’étonnait de s’y trouver si extraordinairement bien, et on comprenait alors ce qu’il y a d’artificiel et de monstrueux dans la ligne droite, qui fait des maisons des hommes des machines à blesser. Pour dormir, pour se reposer, pour aimer, pour être heureux, l’homme a besoin de se blottir. Il ne peut pas se blottir dans un coin ou contre un plan vertical. Il lui faut un creux. Même s’il le trouve au fond d’un lit ou d’un fauteuil, son regard rebondit comme une balle sur une surface plane à une autre, s’écorche à tous les angles, se coupe aux arêtes, ne se repose jamais. Leurs maisons condamnent les hommes à rester tendus, hostiles, à s’agiter, à sortir. Ils ne peuvent en aucun lieu, en aucun temps, faire leur trou pour y être en paix.
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Toute main que l'on tend vers un écorché ne lui donne que de la douleur.
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Ici, de l'autre côté du monde, les yeux étaient des portes ouvertes. Noires. Sur les ténèbres du vide. Elles attendaient que quelque chose entrer et allumât les feux de la lumière. Pejt-être le geste d'un ami. Peut-être seulement un espoir de Dieu au bout de l'éternité interminable. Mourir, vivre, il ne semblait pas que cela fût important. L'important c'était de recevoir quelque chose, et d'espérer. Et toutes les portes de ces yeux étaient immensément ouvertes pour recevoir cette trace, ce soupçon, cet atome d'espoir qui devait exister quelque part dans le monde infini, et qui avait le visage d'un frère, ou d'un étranger, ou d'une fleur, ou d'un dieu.
Dans les yeux ouverts des femmes et des hommes et des enfants qui entouraient Olivier, il y avait quelque chose qui manquait dans les yeux de la ville. Il y avait, au fond des ténèbres, une petite flamme qui brillait. Ce n'était plus le vide. Ils avaient attendu pendant mille ans, et quelqu'un était enfin arrivé et avait allumé la première lumière. Il y avait dans chaque regard une petite lumière qui en attendait une autre. Ils avaient déjà reçu, ils attendaient encore. Et en échange, ils se donnaient.
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Dieu était partout. Et les "voyageurs" venus le chercher de si loin ne le trouvaient nulle part, parce qu'ils oubliaient de le chercher en eux-mêmes.
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A Katmandou, on faisait ce qu'on voulait, c'était vrai. Nos frères les oiseaux ne se dérangeaient même pas quand on leur marchait sur la queue, parce que depuis dix mille ans personne n'avait tué un oiseau. C'était vrai. Dieu était présent partout, sous dix mille visages. C'était vrai.
C'était vrai pour les hommes et les femmes et les petits enfants nés dans le pays. Ce n'était pas vrai pour les enfants de l'Occident à longs cheveux et à longues barbes. Ils étaient, eux, les enfants de la raison. Elle les avait séparés à tous jamais de la simple compréhension des évidences, inanimées, vivantes, divines, qui sont les mêmes et par qui tout est clair, depuis le brin d'herbe jusqu'aux infinis. A leur naissance, le bandeau de la raison s'était posé sur leurs yeux avant même qu'ils fussent ouverts. Ils ne savaient plus voir ce qui était visible, ils ne savaient plus lire le nuage, plus entendre l'arbre, et ne parlaient que le langage raide des hommes enfermés entre eux dans les murs de l'explication et de la preuve.

Ils n'avaient plus le choix qu'entre la négation de ce qui ne peut se prouver, ou une foi absurde et aveugle dans des fables improbables.
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Toute main que l'on tend vers un écorché ne lui donne que de la douleur. La guérison ne peut venir que de l'intérieur de lui-même, et du temps.
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