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EAN : 9782839917414
Corcaroli (01/10/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Jean-Philippe Loys de Cheseaux, né en 1718, avait la passion de deux ciels : celui de la voûte céleste, qu'il connaissait intimement pour le scruter chaque nuit claire, cherchant, grâce à une acuité visuelle exceptionnelle, " s'il n'y aurait pas quelque chose de nouveau dans le ciel ". L'autre ciel était celui de la Bible, dans lequel ce protestant fervent crut pouvoir, grâce à son génie des mathématiques, mettre des dates sur les prophéties de Daniel, des visions d... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
On sait que la santé de Jean-Philippe était fragile, mais la nature précise de son affection ne nous est pas connue. Le seul portrait qu'on ait de lui ne nous renseigne guère: on y voit un homme jeune, au visage infiniment doux, les yeux gris-bleu, posant à la manière de cette époque. Impossible, sur ces traits, de déceler une maladie quelconque.
Si l'on s'attarde sur l'arrière-plan, on distingue des papiers sur une étagère, une sphère armillaire, et surtout des livres. C'est peut-être là qu'il faut chercher l'origine du mal de Jean-Philippe: l'exès d'études, le manque de sommeil, l'apprentissage forcené de tout ce qui peut ce savoir. Car Jean-Philippe Loys de Cheseaux vivait à une époque où un homme assidu pouvait avoir « tout lu » dans un domaine particulier, c'est à dire tous les livres qui faisaient autorité jusque là – chose inimaginable aujourd'hui, évidemment. C'est pour cela qu'il possédait le grec et le latin, entre autres langues, puisque beaucoup d'ouvrages savants étaient rédigés en latin, ou en anglais pour ce qui touche à l'astronomie.
Imaginons le cabinet de travail du jeune homme dans le beau châteaux de Cheseaux. C'était son havre, l'endroit où il se sentait le mieux, et qu'il ne quittait qu'avec une grande répugnance. Il est probablement au rez-de-chaussée, avec une porte-fenêtre ouvrant sur une terrasse où poser des instruments d'astronomie. Les murs sont couverts de livres reliés de cuir clair, des livres qui datent de l'apogée de l'édition. En effet, jusqu'à la fin du 18e siècle, on imprime les ouvrages sur du papier élaboré à partir de chiffons de lin, et progressivement de coton ; puis l'industrialisation a délaissé cette matière première, dont la mise en œuvre était longue, pour de la pâte à papier à base de bois. La qualité du papier fut dès lors nettement inférieure, ce qui explique que certains ouvrages publiés de la Renaissance au 18e siècle sont toujours en parfait état aujourd'hui, alors que ceux publiés aux 19e et 20e siècles tombent en poussière, ou sont rongés par les moisissures.
Un parquet qui craque, doré par un rayon de soleil oblique, une et probablement deux tables de travail où s'étalent des livres, des feuilles noircies d'écriture, des lettres, des dessins, la sphère armillaire… On l'imagine travaillant là sans cesse la journée puis, la nuit venue, s'échappant sur la terrasse pour observer le ciel, mesurer, calculer… Cheseaux n'était pas un poète du ciel: là où son grand-père s'emballe en rêvant aux mondes lointains et aux créatures extraterrestres, lui n'écoute que son que son cerveau mathématique, tire des formules complexes, compare les résultats qu'il obtient à ceux de ses maîtres, Newton, Cassini, Tycho Brahé, le génial astronome au nez d'or… ¹
On imagine donc ce jeune homme chétif s'affairer de longues nuits dehors, dans le froid jusqu'à l'aube, puis passer la journée suivante à transcrire ses observations, calculer des trajectoires, des orbites, des latitudes et des longitudes, et la magnitude des comètes et des étoiles, autrement dit leur luminosité, qu'on appelait encore parfois leur splendeur… Plus poétique que magnitude, assurément.

¹Tycho Brahé (1546-1601), astronome danois, créateur du premier observatoire européen, a accumulé pendant 30 ans les meilleurs observations sur le mouvement des planètes, et un catalogue d'étoiles encore en usage aujourd'hui. Son nez d'or, qui impressionnait tant ceux qui le rencontraient, était une prothèse: il s'était fait couper le nez lors d'un duel. Voir le magnifique roman de Jean-Pierre Luminet, « La discorde céleste - Kepler et le trésor de Tycho Brahé », JCLattès, Paris 2008.
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