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Il s'agit peut-être du titre le plus emblématique de l'oeuvre de Franz Bartelt, une lecture à peu près inclassable tant elle est décalée, que ce soit au niveau des dialogues ou encore du scénario, un pur régal pour qui apprécie la prose et l'humour de l'auteur, ce qui, vous l'avez deviné est mon cas.
Un auteur qui est un peu le Brussolo du récit déjanté et humoristique, c'est le meilleur compliment que je pourrais faire tant j'aime ces deux auteurs.
Le narrateur est un homme "basé sur l'idée de gauche" comme il aimera le rappeler tout au long de l'histoire, un escroc allergique à l'idée de travailler mais aussi et contre toute attente un poète expert en alexandrins, un cocktail déroutant et particulièrement réjouissant.
Cette histoire qui est en partie un huis clos m'a séduit par ses dialogues "hors sol" et pourtant d'une grande pertinence, si vous aimez la psychologie et l'humour décalé vous allez être servi comme jamais, si vous aimez les personnages retors et pervers, vous allez adorer le "con", l'autre personnage du roman qui se révèle carrément hors compétition.
L'intrigue est assez fabuleuse même si le thème de la séquestration n'est pas franchement original, ici les échanges entre le geôlier et son captif m'ont captivé sans peine, car le plus important c'est que l'histoire tient vraiment en haleine, et que l'attente du dénouement sera largement récompensée tant il est inattendu et stupéfiant.
L'histoire commence quand notre narrateur escroc pense pouvoir se renflouer facilement et sans risque en suivant un homme ivre et plein aux as, un "con" tellement saoul qu'il décide de s'introduire chez lui et profiter de son sommeil d'ivrogne pour agir à sa guise et surtout sans risque.
Je vous laisse découvrir la suite si le coeur vous en dit, dans ce cas je vous promets une lecture mémorable car que l'on aime ou pas, cette histoire se classe dans la catégorie "inoubliable".
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Karine, elle est de droite : le flouze ça l'excite. Son compagnon le narrateur s'en tape, lui à des idées de gauche et un gros poil à la main...droite. Bon, c'est rare mais ça arrive, quand il ramène UNE PATATE à la maison, elle monte illico au rideau...le grand numéro. Alors forcément quand un jour un con au bistrot, bourré comme un coing, crache qu'il a un tas de pognon au chaud chez lui, il le raccompagne...
Alors là chapeau à Franz Bartelt qui nous sort du dessous de comptoir un roman noir déjanté bien arrosé de tirades argotiques de sa composition, de situations absurdes, de citations à la pelle, que dis-je au bulldozer. Les personnages sont de sacrés acrobates. Elle, Karine dure et sensible comme un corps au pied pour son homme de gauche qui passe son temps à se jeter des verres en alexandrin avec brio et à se mettre dans des situations et des états pas possibles au bistrot et ... chez un con qui a plus d'un tour dans son chapeau !
Franz Bartelt roule sa bosse et sa prose.
Le jardin du bossu, il est drôlement bien ratissé.
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Un mot pour ce roman : jubilatoire !
J'en souris encore ...
Franz Bartelt nous offre une fresque déjantée de la vie d'un petit voyou ordinaire qui , s'abritant derrière une idéologie gauchisante , va s'autoriser à se procurer de l'argent facile pour garder l'amour de sa belle .
Mais, bien sûr , tout va se compliquer et notre tendre voyou amoureux va se retrouver en bien mauvaise posture.
Et là , on va suivre son aventure au quotidien en se délectant de ses considérations percutantes dans un style argotique ou parfois simpliste qui , paradoxalement parvient à servir une analyse fine et sensible .
Acerbes ou cyniques , les réflexions sur le rapport de l'amour et de l'argent rendent notre héros touchant et on veut croire à sa sensibilité de poète.

Bon , parfois , on peut malgré tout regretter quelques élucubrations qui se noient dans une philosophie de comptoir , ce n'est quand même pas du Audiard !
Mais , le rebondissement se fait rarement attendre et le roman retrouve vite son rythme et sa folie .
Notons aussi au passage , que le suspense à un moment se pimente d'érotisme et même là , bien malin qui peut garder son sérieux !

Dans ce roman , j'ai parfois vu poindre l'ombre de Paasilinna ...
Un très bon moment de détente.
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Décidément, cet auteur est totalement frappadingue.

Rencontré à Arras le premier mai dernier, il m'avait pourtant fait l'impression d'un homme aimable, érudit et modeste.
Mais il confirme une nouvelle fois avec le jardin du bossu - son livre le plus vendu à ce jour, même s'il est en passe d'être rejoint par Hôtel du grand cerf - qu'il est complètement barré.
Ses romans font tous preuve d'excentricité, mais on atteint ici des sommets dans l'humour décalé et absurde.

Karine Giébel a récemment dénoncé l'esclavage moderne dans son roman Toutes blessent, la dernière tue. Un livre extrêmement dur et cruel qui nous prend aux tripes et nous arrache quelques larmes.
Quand Franz Bartelt évoque à son tour la domesticité de nos jours, l'histoire prend rapidement une tournure tellement loufoque que ce sont nos muscles zygomatiques qui sont cette fois bien davantage sollicités.

Le jardin du bossu, c'est l'histoire de la rencontre de deux hommes que tout semble opposer.
Le narrateur est assez prétentieux, un anti-héros persuadé de son intelligence et de sa débrouillardise.
Un homme de gauche, profondément pour le partage des richesses.
"Je suis tellement en faveur des pauvres que pour rien au monde je ne voudrais devenir riche, même par des moyens légaux."
Alcoolique, poète, passé à quelques reprises par la case prison, il est aussi au chômage et le travail c'est de toute façon pas trop son truc.
"C'est parce que je connais le code du travail que je n'ai jamais tellement tenu à travailler."
Alors pour vivre, pour payer ses bières et surtout pour satisfaire sa moitié, Karine, pour qui l'argent a des vertus particulièrement aphrodisiaques, il lui arrive de commettre quelques menus larcins.
"Il ne s'agit pas de voler pour voler ou de voler pour s'enrichir, mais de voler pour mieux répartir les richesses, pour établir une société plus juste et une justice plus sociale."
Alors lorsqu'un soir au bar il verra un type deux fois plus bourré que lui, respirant la richesse par tous les pores de la peau, il suivra ce con jusque chez lui.
"Le con. Il n'y a pas d'autre mot. le con."
C'est de l'argent facile qui lui tend les bras.
Avec beaucoup de malice, notre couguar se faufilera dans la maison du con, profondément endormi.
Parce que oui, notre homme use et abuse des métaphores animales. Il est aussi habile, malin, rusé, dépourvu d'émotions et patient qu'un couguar.
"Je suis né sous le signe des félins. Rien ne m'échappe."
Et pourtant, rien ne va se dérouler comme il l'avait prévu.

Son expédition était pourtant bien partie. Les tiroirs recelaient des montagnes de billets.
"Le pognon, c'est de la poésie à l'état pur, du diamant, des perles de pluie venues d'un pays où il ne pleut pas."
Mais le con - de son vrai nom Jacques Cageot Dinguet - se présentera face à lui de façon impromptue, une arme à la main.
Notre voleur amateur, un peu moins fier subitement, proposera alors à son hôte de lui restituer son butin et de se quitter bons amis.
Jacques a l'air d'un homme raisonnable, calme, gentil, altruiste ... et absolument pas saoûl.
Mais le propriétaire des lieux, peut-être pas si con finalement, a tout manigancé, et ses projets sont bien différents.
En échange de tout cet argent qu'il vient d'amasser, notre prédateur va devoir faire le ménage chaque matin.
Il deviendra un otage, un docile serviteur.
Et sa première tâche sera de creuser un trou à la cave pour y enterrer son prédécesseur, dont le cadavre frais gît encore dans une pièce à proximité.
Il sera certes retenu prisonnier, mais il aura accès s'il le souhaite à la salle de gym, à la bibliothèque, à la télévision qui lui proposera notamment pas moins de sept cent cinquante heures de vidéos de téléachat.
Afin de ne pas finir à son tour au sous-sol, notre désormais victime jouera le jeu de son ravisseur, en attendant qu'une opportunité se présente.
Et un lien très fort s'établira entre le pauvre de gauche et le bourgeois de droite, en une parodie déjantée du syndrome de Stockholm.
"Je crois que je n'étais pas loin d'être fier d'avoir été enlevé par un type pareil."
"Je me suis défendu de le trouver sympathique. Mais il m'attirait, il m'inspirait confiance."

En effet les deux hommes vont tantôt s'affronter, tantôt se respecter, et nous offrirons tout au long du roman des dialogues absolument hallucinants.
"Je ne veux surtout pas vous déplaire, vous êtes mon invité."

Publié en série noire en 2004, le jardin du bossu n'est pourtant pas à proprement parler un polar ou un roman noir.
Certes, on y retrouve un homme prisonnier d'un sociopathe dont la cave ressemble à un charnier ... Mais c'est au final juste une toile de fond, une situation qui serait absolument horrible chez n'importe quel autre auteur mais qui pour Bartelt n'est qu'un décor de théâtre dans lequel il puise les idées les plus extravagantes et surréalistes.
Chaque personnage est une farce ambulante, qu'il s'agisse des deux principaux protagonistes ( on se délecte de la mauvaise foi du narrateur ) ou des autres intervenants, notamment féminins.
La Culture avec un C majuscule côtoie les réflexions les plus absurdes ( "Il y a du compassionnel dans la diarrhée." ), et la politique devient d'une simplicité enfantine.

Comme il le fera quelques années plus tard de bien plus belle façon encore dans La fée Benninkova, les quelques passages érotiques se combinent souvent à la poésie.
Tellement d'auteurs ne parviennent pas à décrire une relation sexuelle sans devenir scabreux.
Bartelt, lui, parvient à détailler la sodomie ou la fellation sans aucune vulgarité, avec toujours cette impression de ne pas y toucher.
"D'ailleurs c'est dans une surprise comme celle-là que nous avons marché sur Sodome, un soir, je me souviens. Jusque-là, elle refusait."
"Le moelleux de sa langue se mêlait à la fermeté gingivale, un vrai régal, comme le sucré-salé en cuisine, ou le chaud-froid."

Si le roman n'apporte pas grand chose en tant que tel, l'histoire parvient à intriguer suffisamment pour nous tenir en haleine et on se demande forcément comment cet enlèvement va se terminer.
Il faudra d'ailleurs attendre la fin, surprenante, pour connaître la signification de l'étrange couverture.

Mais quand on lit l'auteur ardennais, c'est avant tout pour se régaler de son style inimitable et de son humour si particulier.
Et il était tout particulièrement inspiré cette fois-ci !


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Gérard Lambert, celui qui faut pas gonfler quand il répare sa mobylette, j'ai toujours pensé que si je le croisais dans la rue, je le reconnaîtrais au premier coup d'oeil. le narrateur de ce roman délicieusement déjanté ? Je le visualise aussi sur l'écran blanc de mes nuits noires. Un drôle de loustic, une grande gueule « basée sur l'idée de gauche » mais pas franchement SandrineRousseau compatible, un pied nickelé 2.0 qui se pique d'être poète, spécialisé dans l'alexandrin. du genre "Ses zèles de gérant l'empêche d'Euromarché". Lui, l'Alexandre le malchanceux… Un peu Noiret, un peu Bébel, un peu Jugnot version Père Noël… Un anti-héros absolu pour lequel le lecteur d'ailleurs n'aura ni empathie, ni répulsion tellement, c'est sûr, il est d'ailleurs… (Mes excuses aux fans de Bachelet !) Et les autres aussi ont un visage, une voix… Karine, Jacques, et les autres.
En revanche, pendant tout le livre, je m'interrogeais sur l'identité du bossu, pensant qu'il s'agissait peut-être du lecteur, plié sur son livre, fauché à chaque page par une saillie bien sentie, dans tous les sens que les dictionnaires donnent à ce nom commun. L'humour dans le polar, parfois ça lasse… Surtout l'humour salace et là, autant prévenir les oreilles sensibles, le jardin du bossu n'est pas ChristineBoutin compatible.
Pourtant, jusqu'à la chute, les zygomatiques ont tenu bon et ont rempli leur rôle. La chute, parlons-en d'ailleurs : le polar qui repose sur la truculence, sur des personnages décalés, qui s'affranchit des codes ordinaires de la littérature policière, ce polar-là, il a parfois une petite faiblesse et le lecteur exigeant le trouvera mou du genou dans la dernière ligne droite. Ici, le talon d'Achille Zavatta a tenu bon. le Jardin du Bossu réserve une belle surprise à ceux qui auront eu la bonne idée de découvrir ce bijou et qui, se surprendront peut-être à fredonner « une histoire de faussaire » sans trop savoir pourquoi.
Il faut se méfier des clowns. Sous la gouaille, le maquillage et les habits grotesques, le clown dynamite les conventions avec ses fleurs en plastic. Il nous tend un miroir. Ce moraliste joyeux, ce libertaire grimé, c'est un Bakounine qui chausse du 58…
Monsieur Loyal se nomme Franz Bartelt, et j'ai comme idée que je risque fort de prendre rapidement un billet pour un autre spectacle…
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Franz Bartelt est un génie, poète et un peu dingue mais c'est normal, c'est un génie!

Le narrateur est une petite frappe comptant quelques jours de tôle, basé sur des idées de gauche sauf que sa femme Karine, elle aime le pognon et quand il lui en ramène et qu'ils baisent elle fait des choses..
Alors le soir où il découvre au café ‘le con', rond comme un bidon, sortant de sa poche des poignées de billets, il le suit, attend qu'il s'endorme pour….mais le con est là, un flingue en main. Il a tout simulé pour attirer et séquestrer un pauvre bougre dont personne ne inquiétera et qui, après avoir enterré le précèdent 'serviteur-compagnon-spectateur' lui succédera, dans cette villa tout confort mais blindée quoique y passent régulièrement et sans plus s'étonner la mère ou Odette, la copine du ravisseur.

Naît une drôle de liaison entre ce ravisseur, amateur d'art, plein d'empathie pour sa victime pour qui il va jusqu'à faire venir une professionnelle, et l'autre plutôt du genre 'Benoit Poelvoorde', futur prix nobel de l'alexandrin, né sous le signe du couguar, futé comme un félin sauf que c'est un peu lui, le con, et on l'aime comme ça, ce con, avec ses réflexions qui volent bas (intellos s'abstenir) mais si désopilantes (L'écoutant en cueillant mes pommes, j'ai failli en tomber de rire !)

Et Bartelt tient la distance, peu de temps morts, c'est un véritable cadeau qu'il nous offre et on sent que ça lui fait plaisir!
Bienvenue sur mon île déserte, Monsieur Bartelt !
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Initialement paru en 2004 dans la mythique collection Série Noire de chez Gallimard, ce petit polar noir français (peut-être culte au regard de sa singularité évidente ?) m'a semblé pour le moins atypique (ce que je sais du genre n'est rien) ; il possède une ambiance à nulle autre pareille, un ton hors-normes, une écriture vraiment particulière à mi-chemin entre humour (noir) argotique et lyrisme poétique et philosophique. Il semble exister dans un étroit no man's land où s'amalgament le roman policier et la brève de comptoir étirée à l'embonpoint du court roman. Ce me fut, en page-turner oblige, un vrai plaisir de lecture enthousiaste et rigolarde, hélas trop bref, au gré de vraies trouvailles stylistiques.

« En tant que matière qui a pris conscience d'elle même je suis sensible à l'humidité. Je gonfle comme du bois. Je flotte pareil . Mais prudent et responsable , je m'interdis de naviguer par gros temps. Au dessus de trente bières, le risque de coup de vent n'est pas négligeable. Très peu pour moi. Je suis un partisan de la raison raisonnable. »

Le « je » narratif nous explique que, pour vivre, il est, depuis toujours, à l'école de la débrouille. Entre les minimas sociaux et les petites magouilles de tous les jours, il se contente de ce qu'il grapille facile. Il n'est ni fataliste ni résigné, mais simplement en suffisance des quelques bières bues dans les bistrots où il n'a pas d'ardoise, de ce qu'il mange à minima pour peu que la chance et le risque payant soient au rendez-vous (il vient de faucher une palette de cassoulet en boites, l'ordinaire va péter la forme pendant six mois) et de l'amour que sa compagne lui donne toutes chairs offertes. Pour lui, l'argent ne serait pas devenu un vrai problème si sa compagne aimée, ne lui avait pas posé un ultimatum définitif : ce soir, débarrasser le plancher et ne revenir que friqué, sinon … c'est la porte. Ses conceptions bienheureuses de la Vie risquent le virage serré au bout d'une longue ligne droite tranquille.

Il suit, à la nuit tombée et au sortir d'un bistrot, un ivrogne titubant. Il l'a vu, au comptoir, manifestement en fonds, brandissant des liasses de billets. Tous les clients savent, il l'a hurlé bien fort, que dans le tiroir de sa table de nuit, bien d'autres coupures attendent. le pochetron, seul dans les rues, une proie facile ? Va savoir, rien n'est dit … quand les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. Tout bascule quand il pénètre dans la maison de celui qu'il file et que rien ne se passe comme prévu.

La suite appartient au récit …. qui cousine peu à peu, entre burlesque macabre et fulgurances de comptoir, avec le polar noir.

Le romantisme, le vrai, c'est une affaire de mecs à pognon. Faut les habits avec les dentelles. Faut le vocabulaire. Faut le sens des rimes. Faut savoir tousser … { ] … se retenir de péter ou connaître les manières qui permettent de péter sans bruit et en dispersant l'odeur par des menuets improvisés. En plus, il faut savoir boire sans dire de conneries à partir du troisième verre. »

L'amorce des premières pages est trompeuse, elle n'est guère originale et ne préfigure en rien de la suite. Elle ne semble promettre que de l'attendu, du déjà-lu. Il n'en est rien. le soupir lassé du lecteur au tout début, son désir d'abandon en plein vol, tous deux disparaissent vite. L'ouvrage prend son rythme de croisière, devenant loufoque, jubilatoire et louf, barje total, décalé à donf, décapant, inquiétant, dérangeant, amoral, décoiffant, ébouriffant, dingue, gras dans son verbe et peu vertueux dans ses actes … au gré d'évènements improbables, incongrus et quelques fois baignés de non-sens et d'absurde. Les personnages qui peuplent les pages sont bizarres, illogiques et extravagants, on ne s'y attache pas mais ils aimantent, attisent la réflexion et poussent à les côtoyer jusqu'à l'épilogue.

Le roman a tout de la grosse blague qui attire et étonne. L'auteur ira-t-il sans faiblesses jusqu'au bout de ses délires ? On a envie de tenir le pari avec lui. Et à ce petit jeu, je l'ai senti gagnant et fier de la pirouette, de celle littéraire qui a tendu tout le récit, de celle finale qui laisse sur le cul.

Chapeau.. !

Le lecteur trouve rapidement son compte de délires shootés aux champignons hallus, d'humour noir fracassé, de vagabondages rigolards ; il laisse rouler les pages, le sourire aux lèvres, jusqu'à une mise en abime qu'il ne voit pas venir, même de près. Il bute sur le mot « fin » avec dans l'idée que repoussé un peu plus loin cela ne lui aurait pas déplu. L'inattendu foisonne, les surprises aux aguets abondent au fil de cadavres déjà accumulés dans la cave, d'un présentateur de télé-achat au sourire éblouissant, d'une vieille dame qui se ferait l'Annapurna tous les matins, d'une jeune femme bien accessible et au dentier inutile, d'un héros fabriquant de l'alexandrin, rimes et pieds tout bien comme il convient, à la demande.

Mais bien plus que le fond c'est la forme qui surprend, impressionne, emporte le morceau. Elle a donné rendez-vous à une multitude de trucs d'auteurs inhabituels, de trouvailles inusitées au service d'une profusion de considérations philosophiques, sur tout et sur rien, mêlant, quelle jubilation, un argot à la Audiard, tout en finesse, lyrique et métaphorique en diable, et une vision très crue du monde et des hommes.

« Devant l'oeil noir d'un flingue, le sage baisse les yeux et remet à plus tard le débat sur les atteintes aux libertés individuelles »
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Je ne suis peut être pas un modèle d'objectivité car je voue un culte à Franz Bartelt depuis la découverte de ce roman. Mais c'est pour moi un chef d'oeuvre de minutie, un scénario tellement atypique, rocambolesque, un phrasé qui lui est propre, de l'argot ardennais, une maîtrise de l'humour et l'absurde sans commune mesure.

On rentre dans ce livre dès la première phrase et il devient impossible de le poser tant cet homme " aux idées de gauche " et le " con " nous intriguent et nous amusent.

Pour faire simple, il s'agit selon moi de l'écrivain français le plus sous-estimé du moment. Chacun de ses livres est une pure merveille d'intelligence, une ode aux bistrots de province, à l'anti-héros et au burlesque.
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Osons l'oxymore. le jardin du Bossu commence comme une immense brève de comptoir. Et le narrateur et héros de nous raconter comme le con a débarqué dans le troquet. Un con vraiment con et vraiment bourré qui s'est mis à se vanter comme un con de tout le pognon qu'il avait chez lui, planqué dans son buffet. Vous pensez bien qu'un con pareil mérite de se faire dépouiller. C'est pour cela que le narrateur l'a suivi jusque chez lui puis a attendu que les dernières lumières de la maison du con s'éteignent pour entrer et lui piquer son fric. Sauf que le con n'était peut-être pas aussi beurré comme un petit Lu qu'il en avait l'air. Peut-être même qu'il n'était pas si con que ça.

Le narrateur, lui, c'est incontestable, ne se considère pas comme un con. Bien au contraire. C'est un homme de principes. Un homme « basé sur l'idée de gauche », mais qui veut bien faire une exception à son sens politique pour les beaux yeux (entre autre) de Karine qui, elle, est plutôt basée sur l'idée du pognon et qui « dégouline d'aptitudes lubriques ». Un homme qui fait même des alexandrins. Une espèce d'évadé des Deschiens.

Franz Bartelt attaque donc fort avec ce long monologue de philosophe de comptoir. Et le lecteur, après quelques pages peut se poser deux questions : l'auteur va-t-il tenir la distance sur les deux cents pages suivantes qui s'annoncent ? Vais-je moi-même tenir encore deux cents pages à ce rythme ? Parce que, quand même, l'intérêt de la brève de comptoir, c'est justement sa fulgurance.
Et pourtant, là, ça fonctionne plutôt bien, même si, naturellement, on détecte au bout d'un moment quelques baisses de rythme, voire quelques longueurs.
Le jardin du Bossu, entre dans la catégorie de ces romans atypiques, complètement barjots qui laisseront sans doute une partie des lecteurs sur le bord du chemin. C'est aussi un bel exercice de style très réussi, bourré d'humour et de noirceur, inquiétant sous le vernis de la grosse blague, et qui nous entraîne vers un dénouement réellement inattendu. Voilà un livre très recommandable.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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C'est l'histoire d'un mec qui rentre dans un bar... Mais c'est pas aussi zoophile que ne le laisse penser cette phrase d'introduction ichtyenne.

Pour une fois qu'un 4eme de couv est bien senti, je vous invite à le lire sans risquer quoi que ce soit puisqu'il tease juste ce qu'il faut pour mettre l'eau à la bouche en ne dévoilant rien de superflu.

Difficile de faire honneur à ce roman bien malicieux sans être trop bavard, prudent je me concentre donc sur le choix des personnages hauts en couleurs peut importe le sexe.

Le héros est ici d'une ambivalence assez tordante et ses réflexions sentent la philosophie, la vraie et celle de comptoir.

L'écriture est ravageuse et jubilatoire même si après un éclat de départ on sent une petite baisse de régime on reste quand même sur un truc de haut vol délectable, du genre ce qui est servi en 1st class sur long courrier.

J'ai été scotché par une fin à laquelle je ne m'attendais absolument pas, et très amusé par la dernière action.

Un livre noir consommé ou tout ce qui faut est la avec une plume pleine d'humour et de vie, ça vous refait un sourire tout ça!

Carrément le genre de bouquin à refiler à quelqu'un en mal de lecture noire et rigolote, le combo est parfait. Hôtel du grand cerf est déjà dans la PAL
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