AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 307 notes
5
11 avis
4
12 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai beaucoup aimé l'histoire en elle même ! Un prolongement de l'histoire d'Oedipe et d'Antigone, mais j'ai eu énormément de mal a m'habituer au style d'écriture... Je ne sais pas si a certain moment c'était trop complexe ou au contraire trop enfantin...je me suis souvent perdue dans le style d'écriture...
Commenter  J’apprécie          20
Très bon livre sur une question qui se pose : qu'à fait Oedipe une fois banni de Thèbes ? Et bien, il a beaucoup marché en Grèce, accompagné par sa fille/soeur Antigone. Difficile de décrire ce livre, tant la poésie de l'écriture nous entraîne entre récit, rêve et chant.
Commenter  J’apprécie          20
Centré autour de trois personnages, Oedipe sur la route n'est pas que le récit de ce dernier. À travers les tensions qui se développent entre le triangle formé d'Antigone, Clios et Oedipe, Bauchau nous présente un vaste panorama des possibilités de l'âme humaine.

L'alternation de la narration entre une troisième personne omnisciente et, à travers les quelques récit de personnages, une première personne, permet de varier l'expérience de lecture. L'utilisation du présent dans la première forme de narration nous rapproche de l'action, alors que l'imparfait de la seconde nous extrait de cette intensité, nous permettant de respirer un peu, de mettre l'action principale en perspective et d'approfondir notre rapport à ceux qui la vive.

Bref, un livre écrit avec maîtrise -sans que cela soit difficile à lire, au contraire-, une histoire inspirante sur fond mythologique et des échos toujours bienvenue de l'expérience et du "savoir" psychanalytique de l'auteur.

À lire pour rêver. À lire pour plonger dans l'âme humaine, pour plonger en nous-mêmes.
Commenter  J’apprécie          10
'Revisité' par Bauchau, avec poésie, émotion et tendresse, l'exil vers Colone du magnanime roi Oedipe, banni de Thèbes, aveugle, divin mendiant assisté de sa fille Antigone. La rédemption du bandit Clios complétera ce trio de sculpteurs, danseurs, aèdes.

Superbe passage quand Clios raconte son amour pour le berger de l'autre vallée, de l'autre clan, l'un jouant de la flûte, et l'autre dansant sur l'autre versant, mais dans la peur d'être surpris car une dette de sang déchire les deux clans.

L'utilisation du 'présent' fait merveille, le texte est magnifique mais j'ai buté sur certains passages trop hermétiques et inaccessibles à mon petit cerveau cartésien.
Commenter  J’apprécie          404
Ce n'est pas une réécriture du mythe d'Oedipe que nous propose Bauchau, puisque son roman commence plus d'un an après le moment où Oedipe s'est crevé les yeux. le roman se situe en effet entre le moment où Oedipe découvre son crime, et celui où il arrive à Colone pour y finir sa vie. Ce que nous raconte précisément cette histoire, c'est l'histoire de l'ancien roi de Thèbes qui quitte sa cité accompagné d'Antigone, et qui part sur la route sans but, sans rien voir et sans savoir où il va. Il trébuche, tombe, se relève, revient sur ses pas, se perd et tourne en rond. Suivi par Antigone, il refuse de se faire aider et tient à affronter seul les obstacles et les éléments qui s'imposent à lui. Ce dont traite ainsi ce roman, c'est du temps nécessaire à Oedipe pour faire le deuil de sa mère-épouse, accepter son crime, apprendre à vivre avec et aller de l'avant.

Car en s'aveuglant, Oedipe a refusé de mourir comme un héros tragique. En effet, ces derniers ne peuvent souvent s'accomplir que dans la mort ou la gloire, Jocaste en est d'ailleurs un parfait exemple puisqu'elle se suicide lorsqu'elle se rend compte de son crime, réalisant ainsi son destin d'héroïne tragique. Oedipe a refusé ce destin en s'aveuglant : ce sont donc les mêmes épreuves et les mêmes sentiments que le commun des mortels qui l'attendent. Et la principale épreuve qu'il doit affronter, c'est la culpabilité. La situation dans laquelle il se trouve avant de partir est terrible puisqu'il ne peut se résoudre à être autre chose que coupable, il ne se définit que par le crime qu'il a commis.

La route sur laquelle se lance Oedipe symbolise ainsi le temps qui lui est nécessaire pour se reconstruire, accepter son passé et son histoire afin d'aller de l'avant. Même s'il est aveugle, Oedipe fait comprendre à Antigone qu'il veut et a besoin d'avancer seul, même si cela signifie se perdre, tomber ou tourner en rond.

Le récit de l'errance d'Oedipe pourrait alors devenir presque comique : un mendiant aveugle sur la route, marchant, tombant, se perdant… mais la présence d'Antigone raccroche Oedipe à son destin tragique et empêche le récit de devenir grotesque. Comme sa mère, Antigone est une héroïne tragique qui ne peut s'accomplir que dans la mort ; en s'attachant ainsi à Oedipe, elle le maintient dans la tragédie.

Plus que la destination, c'est le voyage qui compte puisqu'il permettra à Oedipe de faire son deuil, d'accepter son destin et de vivre avec son crime sans le laisser le définir. L'écriture de Bauchau nous montre d'ailleurs très bien les différentes étapes par lesquelles passe Oedipe (la douleur, la colère, le deuil, la tristesse, etc.) et nous montre également comment il arrive progressivement à se reconstruire. En effet, l'écriture de Bauchau abonde de pronoms personnels (il et elle surtout) et de verbes d'action. Prenons par exemple cet extrait du chapitre 10 :

« Il se lève, il lui dit : « Je vais te porter. » Elle le regarde, jamais il n'en aura la force, il est aussi fatigué et affamé qu'elle. Il la charge sans trop d'effort sur son dos, il franchit le ruisseau, entame la première pente. Elle n'y croit pas, il tombe de nouveau, plusieurs fois. Il ne parvient plus à se relever. Elle dit : « Laisse-moi, essaie de trouver du secours ! » Mais lui, le fou, continue d'y croire. » (p.182)

Vous voyez tous ces pronoms personnels en gras ? Ils témoignent selon moi de la volonté qu'a Oedipe de se reconstruire et de retrouver son identité. C'est par l'action qu'Oedipe se reconstruit, pas par la réflexion. Dans son récit, Bauchau n'analyse pas ses personnages mais les observe afin de savoir comment l'action et le mouvement permettent à ses personnages de se défaire de leur passé.

La reconstruction d'Oedipe est également rendue possible grâce aux nombreuses rencontres qu'il fait sur la route. Clios, Diotime, les bergers, Constance, etc. sont autant de personnages qui lui racontent leur histoire, donnant ainsi naissance à des « récits dans le récit ». En effet, de nombreux récits enchâssés sont présents dans le roman de Bauchau : en racontant leur propre histoire, ces personnages permettent à Oedipe de comprendre que chaque chemin est semé d'embuches et que chacun doit faire face à ses propres erreurs. Toutes ces rencontres lui permettront ainsi de prendre du recul sur sa propre expérience et par rapport à son passé.

Enfin, outre la route en elle-même et les rencontres qu'il a faites, c'est l'art qui permet à Oedipe de se reconstruire. En effet, le chant, la danse, la musique et la poésie sont présents tout au long du roman et sont un moyen pour Oedipe, aède, de transformer en art les histoires qu'on lui raconte, les douleurs et les guerres que les personnages rencontrés partagent avec lui. En sublimant ces récits, il relativise le sien, se l'approprie et apprend à se construire avec sans se résumer à lui.
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
Commenter  J’apprécie          10
Un roman d'aventures rongé par les mythes !

C'est le périple d'Oedipe, un personnage complexe. Il a tué un homme (un cas de rage au volant) et épousé la veuve. Mais rien n'est facile dans ce « téléroman » antique, celui qu'Oedipe a tué était son père et c'est avec sa propre mère qu'il a fait quatre enfants. Quand l'inceste fut découvert, pour se punir de son aveuglement, Oedipe parcourt la campagne avec les yeux crevés et seule sa fille/demi-soeur insiste pour l'accompagner.

Quel angle adopter pour parler de sa fille Antigone ? On ne sait pas par quel côté prendre cette figure. Pas de doute, pour elle, « Le plus fort, c'est mon père ! » et elle est prête à tout pour lui : mendier, se battre ou sculpter la pierre. (Heureusement, elle n'a pas besoin de supprimer sa mère car Jocaste est déjà morte…)

Sur la route, Oedipe et Antigone rencontrent d'autres tragédies grecques : Clios, victime d'une rancune familiale à la Roméo et Juliette, un village de pestiférés, un clan qui a mis en échec les envahisseurs armés en sacrifiant sa reine et son roi.

En chemin, le héros réalise aussi des épreuves surhumaines : maîtriser un tyran, sculpter la vague dans la falaise, guérir de la peste, se changer en géant pour gravir les hautes collines et disparaître finalement dans le chemin du soleil.

Pour agrémenter son voyage, Oedipe exerce tous les arts avec brio : de la musique et de la danse, de la poésie, du chant et de la sculpture pendant que ses compagnons font aussi de la poterie, de la peinture et du tissage.

Une épopée épique (avec des batailles où une pique bien aiguisée est un atout), qui tient du fantastique, mais qui est surtout dramatique, avec des angoisses et des souffrances infinies.

Un texte qui n'a pas du tout la légèreté que j'ai voulu donner à ma critique et si les commentaires de fin du livre décrivent la quête d'Oedipe comme une métaphore de nos tourments intérieurs, il est difficile de s'identifier à des situations si extrêmes et si éloignées de notre réalité.
Commenter  J’apprécie          520
L'intrigue :

Après avoir tué son père et épousé sa mère, Oedipe, devenu aveugle, quitte Thèbes, cité genèse de tous ses remords. Sa fille Antigone se sent appelée à lui et se lance à sa poursuite dans une aventure tortueuse. Ce chemin qu'ils vont parcourir ensemble est, pour Oedipe, un voyage intérieur à la découverte de son âme. Il affrontera l'obscurité, l'égarement avant de découvrir la clarté, la clairvoyance tout en acceptant son identité. Au cours de ce périple, ils vont rencontrer des personnalités attachantes comme Clios, ancien berger devenu bandit le plus redouté De Grèce et Diotime, une guérisseuse un peu mystérieuse.

Mon avis :

Je me suis totalement laissée charmer par l'écriture d'Henry Bauchau. Il traduit si bien l'émotion de ces personnages mythiques. Oedipe n'est plus seulement le complexe mis en lumière par Freud, il est aussi humain empreint de culpabilité. de ce fait, on peut facilement se retrouver dans ce protagoniste et mener ainsi une réflexion sur notre propre quête intérieure. Dans ce roman, Henry Bauchau nous offre aussi un rapport à l'art très intime et l'on se sent transporté par la danse, la musique et la sculpture qui reviennent constamment dans le livre. J'ai particulièrement apprécié le chapitre 3 où Clios raconte à Oedipe sa terrible histoire d'amitié plus forte que la guerre de sang entre deux clans ennemis. Je me suis aussi passionnée pour le personnage d'Antigone qui doute parfois de ces capacités, de sa beauté et de sa force; elle sera d'une aide précieuse pour son père. J'ai d'ailleurs envie de la retrouver et de continuer avec les deux romans suivants : « Diotime et les lions » et « Antigone » où je pourrais retrouver le charme de son écriture. Pour terminer, je ne me suis jamais réellement intéressée à la mythologie grecque à part dans mes cours de latin alors que j'ai toujours apprécié ces histoires à la fois dures, fantastiques et pleines de vérités et en l'occurrence, je n'ai pas été déçue.
Commenter  J’apprécie          120
Henri Bauchau est un merveilleux conteur.
Il reprend la tragédie d'Oedipe est en fait un merveilleux roman.

Oedipe, après s'être crevé les yeux pour ne plus voir ses crimes, quitte Thèbes et prend la route pour une longue et folle errance.
Antigone le suit et mendie pour qu'ils survivent, ils sont bientôt accompagnés de Clios.
Mais quelle imagination, quel talent pour faire revivre toutes les péripéties de cet interminable voyage.
Quel réalisme pour nous parler d'Oedipe et d'Antigone.
On dirait qu'il les a réellement connus, les a vus vivre, les a entendus.
Et nous voilà, grâce à lui, avec lui, aux côtés de ces héros mythiques, partageant leurs vies, leurs tourments, leurs quêtes de soi, leurs libérations.
C'et du grand art, de la grande littérature, et la suite, Antigone (que j'ai lu avant) est de la même trempe.
Commenter  J’apprécie          181
Henry Bauchau est un auteur belge, mort en 2012 à l'âge 99 ans. J'ai eu un pincement au coeur en lisant l'annonce de sa mort. J'espérais qu'il aurait encore le temps d'écrire quelques années. Je le croyais presque immortel...

Il a commencé sa carrière d'écrivain relativement tard (45 ans) mais n'a cessé d'écrire jusqu'à la fin de ses jours. Assez peu connu jusqu'en 2008, il a obtenu un franc succès avec "Le boulevard périphérique" (Prix Inter). C'est cette année-là que je l'ai découvert. Puis, j'ai lu "L'enfant bleu", un gros coup de coeur et plus récemment "Déluge", que j'ai beaucoup aimé également.

Chaque fois, Bauchau m'emporte dans son univers et je suis conquise. Très porté sur la psychanalyse, la création artistique, la folie, la mythologie, il peut dérouter le lecteur et le laisser au bord de la route. Mais quand on a la chance d'entrer dans son univers, c'est magique...

Et maintenant, ce que j'ai pensé d'oedipe sur la route.....

Oedipe, désespéré d'avoir tué son père et épousé sa mère (sans avoir connaissance du lien de parenté au moment des faits) a décidé de quitter son royaume après s'être crevé les yeux. Antigone, une de ses filles, a choisi de l'accompagner sur les routes, ne pouvant se résoudre à le laisser partir seul.

Oedipe ne peut se pardonner ses fautes et ne s'épargne pas, allant jusqu'aux limites de sa résistance physique. Pour Antigone ce périple est un voyage initiatique. La jeune fille doit mendier pour gagner de quoi manger. Parfois, le père et la fille font de belles rencontres, des gens qui font un bout de chemin avec eux, les aidant à surmonter les obstacles qui se présentent à eux. Comme dans d'autres romans de l'auteur, "L'enfant bleu" ou "Déluge", par exemple, l'art occupe une place importante dans l'histoire. Oedipe et Antigone apprennent à sculpter et réalisent notamment une oeuvre gigantesque.

Tous deux cheminent dans leur monde intérieur autant que sur les routes De Grèce et sans aucun doute tous deux arriveront au bout du voyage transformés....

Ce n'est pas mon oeuvre préférée de l'auteur mais je suis très satisfaite de ma lecture. En choisissant "Oedipe sur la route", je souhaitais découvrir une autre facette de l'oeuvre de Bauchau, celle en rapport avec la mythologie. "Oedipe sur la route" est le premier opus d'une trilogie. Les deux autres volumes sont"Antigone" et "Diotime et les lions", deux titres que j'ai bien l'intention de lire maintenant. Je me suis attachée à Antigone et il me tarde de la retrouver...

Une oeuvre singulière et un auteur à découvrir !

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          43
Pour faire écho à la critique de Madamedub le 13/12/2012, voici le lien vers les émissions consacrées à Henry Bauchaud et rediffusées par France Culture à l'occasion de son décès.

La lecture des oeuvres de Henry Bauchau me laisse un souvenir impérissable, je n'ai rien lu de pareil !
Lien : http://www.franceculture.fr/..
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (823) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
436 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *}