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"Que le rêve est une réalité aussi importante que la vie". Ainsi parlait Tagore, repris par un jeune homme de vingt ans, Jean Remoire, qui deviendrait un enchanteur des Lettres connu sous son véritable patronyme: Henry Bauchau.
Que l'enfance est sérieuse! Sous les jeux, la solennité. Derrière les cabrioles, la puissance des sentiments. Sous la docilité impuissante, le tumulte.

Lorsque le jeune Billy de 11 ans rencontre la vivante Inngué, vif-argent de sept printemps, c'est l'émoi amoureux qui vibrionne dans la chaleur estivale. Sous l'oeil admiratif et bleuté de cette dulcinée inattendue, le garçon s'apprend autre: "Je suis heureux, oui, j'appartiens à une race d'enfants hardis et brusques et fiers; les livres sont loin,très loin et les rêves trop compliqués que personne ne comprend."
Mais cette fulgurance n'aura pas de suite. Pour une rougeole crainte. Un départ à la mer. Des adultes décideurs et moqueurs. La disqualification de l'amour en béguin noie la parole, fabrique la honte. de ce jour baigné de lumière n'en naitra aucun autre. le tourbillon mortel d'eau grise et de vase jaune pourrissante que Billy et Inngué contemplaient dans les éclats solaires n'était que l'écho des abysses qui s'ouvriraient au soir. L'histoire de Billy et d'Inngué s'achève déjà.

Billy se recroqueville. Billy rêve. Billy devient ce "petit malade, petit liseur, blotti dans un coin sombre en marge de la vie".

C'est le temps du rêve, le rêve qui prolonge le réel et… le temps du deuil. "Bientôt Inngué ne fut plus dans mon souvenir qu'une étoile brillante, très douce, lointaine… " de ce récit de jeunesse qui rappelle combien l'enfance plante profondément ses racines dans l'âme et le coeur, émerge déjà le si lumineux Henry Bauchau.
Jamais écrivain ne sut éclairer si joliment la joyeuse gravité enfantine cachée dans les plis de l'adulte raisonneur. Livre après livre, jamais écrivain ne m'a ravie ainsi.
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Ce bref récit a été publié pour la première fois en 1936 sous un pseudonyme. C'était la première oeuvre, de jeunesse, d'Henri Bauchau. Quelques mois avant sa mort en 2012, Actes sud l'a republié. A cette occasion, Bauchau préface le texte, qui évoque ses premiers émois amoureux. Il avait onze ans, elle sept...Il fut marqué à jamais par le souvenir de ce temps de l'innocence, où les sentiments naissants sont un peu honteux, les adultes ne doivent surtout rien remarquer !

Dans ce récit à la première personne, Billy (alias Bauchau) au cours d'une belle journée d'été, vient jouer avec ses cousins dans une grande maison familiale. Il y rencontre la petite Inngué. Ces deux-là deviennent vite très complices, se coursent et jouent, s'échappent, se cachent, s'aventurent en balade. Mais le temps passe, il faut se séparer...Billy reverra quelques fois Inngué, ou peut-être est-ce en rêve, rêve éveillé, sieste, sommeil, on ne sait plus très bien, mais toujours Bauchau nous met des images dans la tête...Des images d'enfants qui jouent dans l'herbe fraîche d'un jardin semi-ombragé, de petites robes blanches et légères qui virevoltent au gré des courses, des joues qui rosissent sous l'effort de la course, des jeux de balançoires, des rires et peut-être même de petits bisous mi-ami, mi-amoureux. Partout, le soleil est présent, tantôt filtré par les feuilles des arbres qui s'agitent dans l'air sain de la campagne, tantôt plus franc, mais doux, juste pour clore vos yeux et entamer ce voyage vers le rêve et l'inconscient...

C'est une histoire toute simple, une histoire qui n'en est pas vraiment une, sans fin, que Bauchau nous fait vivre. Une expérience, plutôt. Une expérience du rêve, de la sensualité innocente, de l'abandon à l'instant présent, à la nature. Une expérience universelle, celle de notre premier secret d'amour timide, qui nous enchante et nous fait, déjà, souffrir, pour un temps seulement, lorsque très vite et contre toute attente, on comprend que l'amour est un éternel recommencement. Bauchau sonde avec une intuition confondante la psychologie de l'enfance, les premiers apprentissages de la vie, avec ces emballements spontanés, ces espoirs illusoires, ces hontes sous le regard moqueur des autres, ces sentiments de solitude et d'abandon, comme si l'on était mal-aimé de tous...

La langue, l'écriture est magnifique, à la fois simple et distinguée, élégante.

Bauchau désormais dans ses ultimes jours, revisite ses souvenirs, nous confiant dans sa préface que cette rencontre aux allures d'amour impossible, en raison de l'âge et des familles devant s'éloigner, l'a marqué durant des années. Il apprendra plus tard que la belle Inngué s'est mariée, mais est décédée jeune dans un accident de la route.




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Merveilleux Henri Bauchau : ce livre est un petit bijou, un joyau littéraire dans un écrin de souvenirs. Bien sûr le thème des amours enfantines a été plus que traité, par Pagnol, France, Proust et bien d'autres. C'est d'ailleurs à Proust que ce livre m'a fait le plus pensé à cause des liens subtils de la mémoire entre images, sensations et souvenirs, dans une écriture poétique et profonde qui relie le coeur au monde qui l'entoure. Mais quelle maîtrise, déjà à vingt ans dans ce texte court ! Je pense que je lirai et relirai souvent ce texte, qui m'a touchée par sa véracité et sa gravité, ainsi que par sa légèreté et sa simplicité.
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Un bref ouvrage sur les amours impossibles entre un jeune garçon, Billy âgé de onze ans, qui est aussi le narrateur, et Inngué, une fillette, elle, âgée de huit ans. Ils vont se connaître le temps d'un été pendant de brèves séances de jeux dans lesquelles ils deviendront les complices et Inngué, par la suite, continuera à hanter les rêves du jeune Billy. Il n'est jamais trop tôt pour tomber amoureux et jamais trop tôt non plus pour avoir son premier chagrin d'amour. C'est ce qui arrive au jeune Billy qui apprendra donc très vite les souffrances d'un amour refoulé, sans qu'il en ait réellement compris les raisons.

Texte écrit durant le service militaire de l'auteur, en 1933, et réédite plus de soixante-dix ans plus tard, à son grand étonnement. Un texte qui se lit très rapidement et qui est très léger, frais mais parfois un peu confus en raison de l'écriture de l'auteur qui mêle la poésie à sa prose. Un mélange un peu déconcertant il est vrai mais qui comporte néanmoins son lot de charme et de pureté. A découvrir !
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Rarement on est emporté vers l'enfance comme avec ce court texte de jeunesse d'Henry Bauchau. Une petite merveille qui tient autant du poème en prose que du récit. Tandis que l'été s'étire, le jeune Billy passe ses journées à jouer avec ses cousins dans la maison familiale et les alentours. Ils explorent la campagne, construisent des cabanes qui seront autant de refuges durant les parties de cow-boys et d'indiens. Tous connaissent des cachettes qu'ils ne partagent pas avec les autres, refuges fragiles pour ne pas être vu quand on joue à cache-cache. Parfois les cousins connaissent l'ennui, quand ils ont épuisé tous les jeux possibles. Billy, lui, s'évade dans une rêverie où de grands fauves sont aussi impressionnants qu'imaginaires. Un jour, les enfants sont invités à jouer avec ceux de voisins venus pour l'été. Billy fait la connaissance d'Inngué, qui l'émeut tellement. Avec elle, les jeux sont différents, les cachettes deviennent les abris de ce bonheur partagé. le lac si menaçant, interdit aux enfants parce qu'un homme s'y est noyé, devient aux côtés d'Inngué un lieu romanesque. La journée s'achève, les enfants sont trop tôt séparés sous les rires des adultes qui ont vite perçu le béguin de Billy. Soudain, ce dernier n'a plus goût aux passe-temps qu'il partageait avec ses cousins, il s'enferme dans un songe où seule Inngué a droit de cité. Ils doivent se rencontrer de nouveau mais hormis un bref instant où ils se croisent à la messe, ils ne se reverront finalement pas. Billy, transformé par cette rencontre, devient un enfant pensif, occupé qu'il est à magnifier le souvenir d'Inngué. C'est un très beau récit que celui de Bauchau, qui sait saisir comme personne le regard aussi amusé que décalé des adultes sur l'enfance et qui, surtout, peint magnifiquement toute la palette des émotions enfantines.
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C'est dans l'enfance que se construit de manière créative sa propre identité. Une identité faite de rencontres, de souffrances. Henry Bauchau écrit merveilleusement bien ce "Temps du rêve".
Le soleil se couche plus tôt et désormais la chaleur de l'été et de l'automne fait place à l'air froid de l'hiver.
Ce court texte invite la mémoire à interagir comme une oeuvre d'art et à réconcilier l'auteur avec un fragment de vie enfantine où l'amour est né comme une odeur de miel et de sucre. C'est la rencontre entre l'auteur, enfant, et une existence joyeuse et turbulente du nom d'Inngué. Une complicité qui dure le temps d'un été.
Rien n'est simplement quelque chose. Dans ce texte, la nature contribue à cette découverte puis cet épanouissement des sentiments et des émotions partagés.
Henry Bauchau va à l'essentiel, attentif à la forme et à la musicalité de la langue. Grâce à l'auteur, j'imagine les paysages, les sens.
La mémoire, c'est avoir rendez-vous avec quelqu'un que l'on n'a pas revu depuis longtemps. La mémoire est un contrat que nous passons avec nous-même. C'est une musique qui exprime notre personnalité, notre style.
Henry Bauchau est un conteur qui a vécu presque centenaire.
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C'est un tout petit livre de 70 pages, reçu par Babelio (merci !), et paru chez Actes Sud, réédition du livre écrit lorsque l'auteur avait 20 ans et qu'il avait publié sous le pseudonyme de Jean Remoire.

Depuis, Henry Bauchau est devenu un écrivain renommé, sensible et qui a publié notamment le boulevard périphérique (un livre que j'ai beaucoup aimé).

Alors que dire de cet ouvrage ? Cela fait plusieurs jours que je tourne et retourne des mots dans ma tête pour finalement ne rien avoir à dire… Je me suis ennuyée, terriblement ennuyée, je n'ai pas trouvé le style de l'auteur flamboyant. Et pour cause, c'est quand même son premier roman ! Roman ou… souvenir autobiographique, puisqu'il relate un épisode de sa vie d'enfant.

C'est une histoire d'amour entre deux enfants, ou plutôt un coup de foudre entre deux enfants qui n'auront passé qu'un après-midi de vacances ensemble… Nostalgie, peut-être. Ennui, sûrement. En fait, je n'ai pas vu l'intérêt de ce petit texte.

Henry Bauchau préface cette réédition et dit : "Il est bien sûr que je n'écrirai plus ainsi maintenant. Mon écriture, par force, est devenue plus minimaliste." Ben, alors pourquoi cette réédition si lui-même n'a pas une grande opinion de son texte ?

Bien sûr, il y a des émotions, celles d'un jeune garçon qui ne reverra pas son aimée, mais quelques envolées lyriques m'ont laissée de marbre : "Ah, cette lourde mélancolie des feuillages que ne remue aucun souffle, cette tiède nostalgie qui pourrit secrètement en moi, qui parfois s'allume, me tord de tristesse comme de douleurs soudaines.

O tourments, ô peine, et ce sombre étincellement du jour où ma douleur tournoie vient se heurter comme aux parois ploies d'une prison d'acier." N'est-ce pas là les pensées d'un adolescent ? Un enfant de onze ans peut-il avoir de tels élans du coeur et de l'âme ? Ca fait un peu romantique du 19ème siècle !

Bref, je n'ai pas été touchée.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Voici un texte écrit quand Henry Bauchau avait 20 ans et qui n'aurait jamais été publié sans l'insistance d'un de ses amis, nouvellement éditeur. Réédité en 2011, l'auteur a trouvé utile d'y ajouter une préface et de nous faire part de ses réflexions quant aux soixante-neuf ans passés entre les deux éditions et notamment sur son style qui a évolué en fonction de ce "que le monde nous permet de dire".
"Temps du rêve" retrace la fulgurance d'un souvenir, celui des quelques jours suffisants au coup de foudre et à la cristallisation amoureuse d'un enfant de onze ans pour une petite fille de 8 ans, Inngué. La forme du récit, dans sa brièveté et sa densité sensorielle et émotionnelle transporte le lecteur dans un tableau estival, celui de la fin des vacances au coeur d'une vaste propriété familiale. C'est là qu'un groupe d'enfants se retrouvent et aussi, se rencontrent. Au sein d'une nature luxuriante, le jeune Henry est près à relever
tous les défis pour plaire à sa gente dame. L'amour des deux enfants est puissant sans qu'ils sachent véritablement nommer leurs sentiments qui hélas se confrontent à la bêtise des adultes, leur manque de tact voire, leur cynisme face à l'émoi sincère des enfants. Ce très joli récit fait pénétrer le lecteur dans une parenthèse enchantée, dont le style lyrique et mélancolique n'a rien de mièvre ou de bien-pensant. A lire en une seule fois, en un seul souffle à l'instar de l'évocation de ce souvenir, le "Temps d'un rêve".
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Ce petit texte est en fait un texte de jeunesse que l'auteur a écrit pendant son service militaire.

En tout cas je n'y ai trouvé aucun intérêt, d'autant que le livre coûte quand même 13€ pour 80 pages! Bref ce n'est sans doute pas le bon livre pour rentrer dans l'oeuvre de ce grand auteur.
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un écrit de jeunesse....sur un embryon d'amour entre 2 enfants. L'écriture est encore hésitante mais l'histoire tres emouvante. se dévore en 1 heure car moins de 70 pages....comme une sucrerie qui laisse un gout délicieux en bouche.
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