Helen martelait son discours électoral en mode quasi automatique.
—L’Amérique a besoin de retrouver ses valeurs. La guerre contre la terreur est notre priorité. Nous n’acceptons pas celle qui vient du dehors, nous n’accepterons plus celle qui sévit au sein de nos maisons. Les auteurs de violences conjugales, les délinquants, les pédophiles seront désormais combattus avec la sévérité la plus extrême. L’État de Floride va barrer la route aux prédateurs.
— Amen.
— Passez-moi un verre de whisky, au lieu de vous foutre de ma gueule.
C'est drôle, avec le recul, vous pouvez situer le moment précis où le destin vous a glissé entre les doigts.
La première règle que l'on apprend à la faculté de médecine est de ne pas s'impliquer. C'est la raison d'être de l'humour médical, ce second degré cynique qui choque souvent les gens.
En fin de compte, ma femme et mon fils fuyaient bien une menace.
Sauf que cette menace-Seigneur- c'était moi!
Le parking est encombré de bolides. Porsche, BMW coupé Z3, Ferrari, et même une Lamborghini Murcielago. Si j'étais perfide, je noterais que plus l'âge du conducteur augmente, plus celui de la voiture et de la passagère diminue.
Ma voix tremble. Surtout ne pas flancher.
« Je vous en prie, ne raccrochez pas. Il ne faut pas croire ce qu’on raconte… Je n’ai pas commis ces choses épouvantables. Ca paraît complètement dingue, mais vous devez me faire confiance. »
Une longue inspiration. Puis je me lance :
« Alors voilà. En ce moment même, un enfant se promène tout seul près de chez vous. Et à l’instant où je vous parle, il est en danger de mort. Parce que quelqu’un… quelqu’un est là pour l’assassiner. »
Je m’appelle Paul Becker, et j’ai besoin de vous.
« Vous ne me connaissez pas », dis-je dans le combiné.
« Enfin, je suppose, à moins d’être l’un de mes patients. Mais vous avez peut-être reconnu mon nom. Je suis ce médecin dont la photo circule dans les journaux… »
Je m'appelle Paul Becker et j'ai besoin de vous
« Une minute de votre temps, c’est tout ce que je demande. Ecoutez-moi, puis ce sera à vous de décider. »
On y est, me dis-je en m’essuyant le front. Je n’ai plus qu’à vous raconter le reste. Faire appel à votre intelligence et à votre courage.
Vous persuader de croire à ma version de l’histoire quel qu’en soit le prix.
Parce que, au final, tout va dépendre de vous.
On m'a proposé de devenir candidat pour un show de téléréalité. Ça s'appelle L'Oeil de Caine.