Chris Kovak is back !
Où il est question de l'Homme au Chapeau Melon, sans bottes de cuir. Désolé Purdey...
Lorsque Kovak évoqua, avec sa surgé, Greta van Grenn (merci aux parents de ne pas avoir pensé à Ingrid, Istéro...pour le prénom, rapport aux initiales, de par le fait) sa bien insolite rencontre avec une gamine non moins étrange qui s'invite dans sa voiture, pissant allègrement le sang - jamais bon pour les sièges en velours côtelé, ça- et envolée fissa en lui laissant un cadeau de départ dont il se serait certainement passé, en guise de remerciement, cette dernière tiqua à l'évocation physique de ce fantôme brusquement évaporé.
Le ton est donné.
L'étrange est de sortie.
Le sordide, casaque rouge sang, toque vermillon, lui colle dangereusement aux basques dans la 5e.
Bauwen, c'est toujours l'assurance d'un très grand moment de lecture.
De son vrai nom Patrick Bousquet, médecin urgentiste de son état premier, boulot constituant un terreau littéraire des plus fertiles, l'auteur ne laisse pas de séduire.
Si le jour du Chien frôlait le sans-faute, La nuit de l'ogre, légèrement en deça de son illustre prédécesseur, tape toujours dans le haut du panier.
Roman retors s'il en est, cet ogre vous perdra sciemment au détour de catacombes un brin anxiogènes pour mieux vous alpaguer et vous croquer sans vous laisser le temps de gémir : hey, faut pas poucet mon garçon, tu m'as botté moyen sur ce coup-là, mon p'tit chat!
Véritable jeu du mistigri et de la souris sur fond de massacres en séries non limitées, ce joli conte défait détonne de par sa qualité stylistique toujours aussi irréprochable et son canevas romanesque épatamment déroulé au rythme d'un bon vieux rock des familles endiablé.
Autre point notable, c'est ce travail en amont qui transpire de chaque page.
Bauwen n'invente pas, il informe, nuance.
Ainsi avons-nous pu nous ébaubir en découvrant le glauquissime site web Thanatos.net officiant dans la mise en scène photographique de défunts.
Âmes sensibles s'abstenir. En vous remerciant.
Bref, ce Bauwen est à l'image de sa bio, puissamment addictif.
Dévorez cet ogre avant qu'il ne le fasse !
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Un thriller pour regarder la mort en face.
Elle est bien ma phrase d'accroche, hein ?
Oui mais voilà, y a un hic !
Vous connaissez sans doute l'angoisse de la page blanche chez l'écrivain et bien moi je vis l'angoisse de la chronique vide et croyez-moi, c'est terrible.
Il y a tant de choses que je voudrais dire.
Parce que ce roman , mais tellement je l'ai dévoré, tellement il m'a tenu en haleine. Tellement Bauwen il est efficace dans son écriture, tellement il a les mots pour te garder concentré.
Mais c'est fou quoi. Il te lâche une poignée de rats pour grignoter une jeune femme, il te ramène les personnages de son précédent roman le jour du chien (tiens, d'ailleurs, après le jour..., vient La nuit... logique !!!) Les flics, bon, ça dans ce genre de livre, on sait qu'il y en aura, un médecin urgentiste, le Dr Kovak, une nouvelle fois mis à contribution (devrait changer de métier lui, passe plus de temps â enquêter qu'à soigner ses semblables) et puis le fameux "chien" tantôt d'attaque, tantôt de défense, de retour lui aussi.
Qu'est-ce que je peux vous dire d'autre sans rien vous dévoiler, parce que le plus gros du boulot, c'est quand même vous qui devrez le faire en lisant ce bouquin. (Déjà que j'ai du mal de pondre une chronique de 10 lignes, je vais pas vous faire un résumé des 488 pages, hein ?).
Bref, revenons à nos cadavres... Ah oui, parce que dans ce thriller il y a quelques morts aussi, là encore, dans le genre, on y échappe pas.
Et puis, vous allez peut-être, comme moi, découvrir une nouvelle facette de voyeurisme. J'avoue que je ne pensais pas que l'être humain puisse trouver du plaisir dans les images décrites par l'auteur, mais apparemment je ne suis pas au bout de mes surprises...
Comment on en arrive là ?
À sa demande, le Dr Kovak part à la recherche de la fille d'une amie qui a mystérieusement disparu.
Dans la nuit, rôde un étrange personnage, l'homme au chapeau melon...
Bon, j'en ai assez dit ?
Vous avez envie de le lire ?
Oui ?
Ben c'est pas la peine de traînasser devant ce billet que j'ai mis deux plombes à écrire, filez plutôt chez votre libraire préféré La nuit de l'ogre vous y attend.
Eh ! Psssstttt ! Attendez, encore un truc, si vous avez l'occasion de croiser l'auteur, approchez sans crainte, les ogres c'est que dans ses livres, parce que lui c'est un mec charmant que vous regretterez pas d'avoir rencontré, croyez-moi...
Merci aux Editions Albin Michel et à Masse Critique Babélio de m'avoir permis de goûter au plaisir de cette lecture en avant première.
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Avant, faire le deuil d'une relation sentimentale était plus simple. Vous n'aviez qu'à vous retirer dans votre caverne et panser vos plaies jusqu'à ce que la douleur cesse. Aujourd'hui, les liens que l'on conserve dans le monde virtuel la ravivent en permanence. Groupes d'amis, listes de connaissances du travail, une notification par-ci, un commentaire par-là, la technologie persiste à vous donner des nouvelles de votre liaison passée même lorsque vous ne demandez rien. Comment résister, alors, à la curiosité masochiste d'en savoir plus ?
[ baie de Somme ]
- Il faut les excuser, grommelle la patronne. Ce sont les pêcheurs du village. [...] Ils fanfaronnent parce que la mort de votre type ne les embête guère.
- Ah oui ? dit Audrey. Expliquez-nous ça.
La femme redresse le buste.
- Eh bien, c'était un étranger, voilà tout. Il vivait dans le bois derrière, mais il n'a jamais fait grand-chose pour s'intégrer ici. Il s'occupait des phoques. Et les pêcheurs du coin, les phoques, ils peuvent pas les sentir. Ils bouffent tout le poisson. N'importe qui vous le dira. Il faudrait au moins qu'on arrête de soigner les animaux blessés ou malades, histoire que leur nombre diminue. Les gars n'ont plus de travail à cause de ces bêtes. Ça fait des années qu'on s'en plaint.
- Je parie que vous vous en plaignez moins quand ils vous amènent les touristes, fait remarquer Luz.
La patronne souffle.
[ nuit de garde ]
Qui sera le prochain ? Le classique infarctus de fin de nuit ? A cette heure-ci, l'organisme libère les hormones du stress qui favorisent la coagulation sanguine. C'est le moment idéal pour boucher une artère. Douleur thoracique au petit matin égale branle-bas de combat, tous les urgentistes le savent.
A moins que je n'hérite d'un cas plus original. Un cambrioleur empalé sur une grille, traînant la grille avec lui, par exemple. Ou bien une possession démoniaque chez une jeune femme, qu'il faudra attacher sur un brancard tandis que son cou menace de se tordre à 180°, comme dans 'L'Exorciste'.
Vous ne me croyez pas ?
Tout est authentique.
Je suis le docteur Kovak. Je vis pour ces instants. La surprise. L'action. L'adrénaline. Cela agit comme une drogue. Et cette nuit, je n'ai pas eu ma dose. Il m'en faut plus. Un événement, n'importe lequel.
(p. 20)
[Il] m'entraîne sur le quai du Marché-Neuf.
- L'ancienne morgue de Paris se trouvait juste ici, au bord de l'eau devant la préfecture, vous le saviez ?
- Non.
- Elle avait la taille d'une maison. Elle se trouvait pratiquement à l'angle du pont Saint-Michel et du quai. On l'a inaugurée en 1804. Elle était ouverte au public toute la journée, tous les jours de la semaine. Demandez-moi pour quoi.
- Pour quoi ?
- Officiellement, pour permettre l'identification des cadavres. En réalité, parce que c'était la meilleure attraction de Paris. Les corps étaient montrés dans une salle d'exposition séparée par une immense vitrine. Attachés sur des tables inclinées, leurs vêtements suspendus au-dessus d'eux. Entièrement nus, sauf pour les parties sexuelles. Dès qu'un crime spectaculaire était commis, l'affluence devenait folle. Deux cent mille visiteurs pour l'affaire de 'La femme coupée en morceaux', Victor Hugo l'a écrit, il disait même que les femmes et les enfants se précipitaient au spectacle.
- Le morbide a toujours généré l'intérêt des foules.
- Pas seulement : il génère aussi celui du criminel. En 1827, une bergère a été horriblement assassinée à Ivry. Tout Paris s'est précipité pour aller voir son corps. Y compris un certain Ulbach, son assassin, venu contempler son oeuvre. C'est comme ça qu'on l'a appréhendé. [...] Les coupables reviennent souvent sur les lieux du crime. Ils ont besoin de regarder. De sentir leur emprise sur les gens. La peur qu'ils génèrent. C'est une attraction irrésistible. [...]
- Un problème ? demande Louise Luz.
- Aucun.
- Vous n'aimez pas parler de vos faiblesses, hein ?
Audrey hausse les sourcils, surprise d'être aussi transparente.
- Ne vous inquiétez pas, dit la capitaine. Je déteste ça aussi. Si vous racontez que vous êtes faible, les gens pensent que vous l'êtes vraiment. Après, ils se régalent de vos ennuis. Ce sont des vautours.
- Ah oui ? Et vous les évitez comment, les vautours ?
Luz hausse les épaules.
- Comme vous. Je fais semblant d'aller bien. Dès que vous allez bien, vous n'intéressez plus personne. J'ai une paix royale.
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