"Seul à savoir" de Patrick Bauwen - La chronique qui pète la forme !
Comme à son habitude, Patrick Bauwen sait installer dans ses romans une intrigue haletante dont toi, lecteur avide, tu vas vouloir tourner les pages désespérément pour connaître la fin. Langueur et impatience, voilà les deux mamelles qui vont t'alimenter tout au long de ta lecture. Et tu vas téter cher lecteur, je te le dis.
Car en effet, ce roman est rythmé. Il t'entraine au pas de course au sommet de la colline, en empruntant des chemins détournés pour tenter de te semer, et te la fait ensuite dévaler pour mieux te faire perdre haleine.
STOP ! On se pose deux minutes. J'sais pas vous mais moi je suis essoufflé...
Patrick Bauwen, a un joujou extra qui fait crac boum hue : le mojo de la page qui tourne ! Certaines personnes te font tourner la tête, lui te fait tourner les pages. Et qu'ça tourne, et qu'ça tourne, c'est pire que le Space Mountain son truc !
Dans son roman, très contemporain pour le coup, Bauwen utilise notre addiction aux réseaux sociaux pour tisser son intrigue. C'est donc sur la toile que vont se déclencher et évoluer les évènements du roman. Une excellente idée qui va te permettre aussi, lecteur connecté, de t'interroger sur tes propres usages du web. À quel moment celui-ci passe-t-il de l'outil ludique que tu contrôles à celui de Maitre de tes destinées ? Vaste question...
S'égrène alors un compte à rebours pétaradant mêlant recherches médicales révolutionnaires, love story, jeux de piste et machinations gouvernementales.
Le personnage de Marion March, frêle et forte est la réussite et le point noir du livre. On va la coller au corps cette journaliste, on va la suivre jusqu'au bout du monde dans son enquête pour retrouver son Roméo d'antan. On va la voir évoluer, petit canard noir se transformant en cygne majestueux.
Frondeuse et fonceuse, elle ne s'en laisse pas compter. Cependant, ses atermoiements constants freinent le plaisir de lecture. Sans dévoiler l'intrigue, certains de ses choix passés paraissent peu vraisemblables à moins d'être une sainte sanctifiée par l'Episcopat.
De plus, après nous avoir régalé tout au long du roman avec ses tours de passe-passe dignes des plus grands maîtres du Thriller, Patrick Bauwen, débordant de générosité, nous propose une fin à multiples dénouements mélangeant les réussites et les ratés. Certaines révélations sonnent too much quand même...
Ah décidément, Patrick Bauwen est un sale gosse qui te tend des sucreries mais te fait des grimaces malicieuses quand tu t'aperçois, avec stupéfaction, qu'elles sont poivrées.
Comme à son habitude, l'auteur régale ses lecteurs fidèles d'Easter Eggs (des trésors cachés) dans ce livre : une fois de plus, tel un Hitchcock du thriller, Patrick Bauwen fait une apparition dans le livre sous les traits d'un médecin simplement nommé P.B., les initiales de l'auteur ; un caméo de l'auteur à la manière d'un Stan Lee qui vient toujours amoureusement saluer ses créations.
On y trouvera aussi des références à ses deux précédents romans : "L'œil de Caine" et "Monster". Ou comment se constituer un univers cohérent et englobant.
Et pour terminer, on retrouve un clin d'œil au premier nom dont s'était affublée la Ligue de l'Imaginaire : les Marmottes Exhibitionnistes (p182 de l'édition poche). Il faut savoir qu'en 2009, chacun des membres devaient placer ce nom dans son livre. N'hésitez pas à nous signaler si vous en avez repéré d'autres.
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