En 2002,
Stephen Baxter décide de se lancer dans un projet plus qu'ambitieux: raconter l'histoire de l'humanité, étalée sur plus de 550 millions d'années, de Purga, petit mammifère vivant au crétacé en compagnie des dinosaures, à Ultima, son (et, par voie de conséquence, notre) ultime descendant.
S'étalant sur 720 pages (plus de 1000 en poche, réparties en deux tomes),
Evolution se divise en plusieurs parties traitant de nos ancêtres, des Hommes de 2031 puis de nos descendants.
Chacune de ces parties est découpée en plusieurs chapitres, plus ou moins longs, chacun correspondant à un saut dans le temps, de quelques milliers à plusieurs millions d'années, et met en scène l'un des descendants de Purga, que ce soit un petit mammifère arboricole, un Cro-Magnon, un citoyen romain du Veme siècle après JC, un homme moderne ou, encore, une hypothétique créature vivant 30 millions d'années dans le futur (entre autres !).
Ces différentes histoires permettent à l'auteur d'expliquer les processus évolutionnaires tout en dressant un véritable portrait des lieux.
Evolution nous propose ainsi un véritable voyage dans le temps et on foulera la terre des dinosaures, on verra la Pangée se séparer, on explorera les jungles primitives, peuplée de créatures ayant quitté la surface de la terre depuis des temps immémoriaux, on se baladera au beaux milieux de petits villages préhistoriques, on découvrira le monde de 2031 et au-delà...
Chaque chapitre est un véritable voyage au sein d'un monde en constante mutation.
"Hard SF" oblige, la science est à l'honneur et l'auteur nous expliquera toutes sortes de choses au fil du livre, des processus biologiques de l'évolution à la tectonique des plaques, en passant par la formation des fossiles ou encore la valse des astéroïdes dans l'espace.
Chaque "personnage" est attachant et, même si on nous raconte l'histoire d'une petite bestiole poilue puante à moitié bipède, passant sa journée à manger, à rechercher une partenaire et à balancer des jets de chiasse quand il est content, on ne peut s'empêcher d'être captivé.
Sans les faire parler,
Stephen Baxter parvient néanmoins à rendre ses personnages très vivants et on se retrouvera à frémir parce qu'une sorte d'écureuil préhistorique aura à traverser une plaine remplie de dinosaures, ou à encourager un machin arboricole qui se ballade la stouquette à l'air en pleine saison des amours. Même si assez basé sur les descriptions,
Evolution n'oublie pas pour autant son aspect ludique et propose de nombreux instants de bravoure et autres séquences finalement assez touchantes.
Au fur et à mesure des chapitres, on assistera à la mise en oeuvre des processus évolutionnaires et on verra progressivement naître la conscience, les liens sociaux, le langage, les outils, la religion, l'agriculture...
Tout simplement fascinant !
Et comme dans Science-Fiction il y a aussi Fiction, l'auteur se permet également d'ajouter des créatures préhistoriques sortant tout droit de son imagination, leurs traces ayant disparues depuis des millions d'années, et, surtout, nous projette au sein d'un futur en tout point fascinant et vertigineux dans la dernière partie, nous montrant clairement que l'homme comme il est maintenant n'est qu'une étape parmi d'autres et en aucun cas une finalité, jusqu'à un final super touchant et plein de "sense of wonder".
Génial !