La menace de trop. Celle qui m'a littéralement terrorisée. Voilà ce qui me donne envie d'écrire ce soir. Écrire pour me débarrasser de cette saleté, de ces trucs moches que je subis trop souvent quand je m'adonne à ma nouvelle passion. Écrire pour ne pas oublier que j'ai le droit de faire ce que je veux et que personne en m'en empêchera.
Écrire pour être plus forte que l'intimidation.
Alors que cette année-là, Marie Curie obtenait le Prix Nobel de physique et devenait la première femme à décrocher cette prestigieuse récompense, pour nous, c'en était fini de la découverte du monde, des discussions sans fin, de la lecture des grands poètes, des visites au Musée, des rires et des jupes jetées sur un troc pour pouvoir bouger librement sans froufrous ni dentelles.
Ma mère a soufflé :
-Tu n'est pas grosse, quand même ?
Je l'ai regardée sans comprendre. Elle a porté sa main à son ventre, en devenant toute rouge.
-Non mère, ne craignez rien. J'obtiens ce que je veux en discutant avec Ferdinand, pas en lui accordant mes faveurs.
Voilà pour ma première passion.
La deuxième, c'est ma grande sœur.
C'est normal, elle ne ressemble à personne d'autre. Si vous la connaissiez, vous seriez comme moi : complètement séduit !
Je n'ai jamais vu une femme pareille. Et je sais que plus tard, c'est une femme comme elle, dont je serai amoureux. Libre, indépendante, audacieuse.