Contrairement à ce que laisse entendre son titre, ce roman est davantage un portrait sociologique et culturel des estivants anglos et américains et des résidents à leur service, dans la région
De Charlevoix au début du XXe siècle qu'un polar. À une époque où les mouvements féministes réclament, entre autres, le droit de voter.
Bien sûr, on est en présence d'un meurtre, de deux enquêteurs et d'un meurtrier que j'avais rapidement soupçonné. Donc, un suspense inexistant et une finale sans intérêt.
Par contre, la description du quotidien de cette société bourgeoise richissime qui entretient de luxueuses résidences d'été est fascinante. Plusieurs d'entre elles sont toujours présentes sur la partie la plus haute du chemin des Falaises. Les idées nouvelles de modernité, les conflits entre ceux qui souhaitent donner accès à ces lieux majestueux avec balcons sur l'estuaire du Saint-Laurent à une clientèle moins fortunée sont habilement mis en évidence.
De page en page, le lecteur accompagne les protagonistes dans leurs vies personnelles pas toujours reluisantes. On en apprend, entre autres, sur les ambitions ferroviaires de Rodolphe Forget, homme d'affaires et politicien conservateur, un des rares Canadiens français à connaître un grand succès d'affaires à cette époque. Depuis sa luxueuse villa de Saint-Irénée dans Charlevoix. Les terres qu'il possédait à cet endroit font aujourd'hui partie du Domaine Forget, le foyer d'un Festival international de musique.
Un chapitre entier est consacré à une conférence du (véritable) pathologiste anglais John George Adami pour « gens éduqués qui se plaisaient à participer à des loisirs sollicitant leur curiosité intellectuelle » : Eugénisme, dégénérescence héréditaire et amélioration de la vie. Un exposé qu'on associerait sans équivoque aux actuels mouvements complotistes et qui pourrait se résumer ainsi : « expliquer scientifiquement les traits caractéristiques des individus génétiquement défectueux pour mieux les reconnaître, et protéger la pureté de la race anglo-saxonne de la contamination raciale qui la menace avec l'arrivée massive d'immigrants de souche inférieure ».
Aussi savoureuse l'allocution argumentaire de Francis Bourne, primat d'Angleterre, archevêque de Westminster, de passage dans la province pour la préparation du XXIe Congrès eucharistique de Montréal : « pour que le Canada devienne la puissante nation catholique que le présent laisse présager, il faut que l'Église propage les mystères de la foi dans la langue anglaise ».
«
Une enquête à Murray Bay », le premier roman de
Céline Beaudet, démontre à quel point la fiction romanesque peut être au service d'une pédagogie historique abordable et divertissante.
Originalité/Choix du sujet :
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Qualité littéraire :
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Intrigue :
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Psychologie des personnages :
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Intérêt/Émotion ressentie :
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Appréciation générale :
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