Même pour un des plus anciens théâtres de Paris, comme le théâtre des Arts, voir sa silhouette se dessiner sur la dernière page d'un ancien numéro de "La Petite Illustration" peut devenir un bon souvenir.
Ce 330ème exemplaire de la prestigieuse revue, en son endroit, offre le texte intégral d'une pièce de Jerome K. Jerome, "Le locataire", adaptée par Andrée Méry.
En son envers, il présente le théâtre des Arts.
Avant 1830, à une époque où le boulevard des Batignolles n'existait pas, deux amis, Puteaux, un entrepreneur de démolition et Léon Droux, un jardinier pépiniériste, eurent l'idée de doter le hameau d'une salle de spectacle.
Après la révolution, un couple d'acteurs, les Delagarde, prit en main la destinée de la salle.
Le Théâtre des Batignolles était alors un théâtre de quartier.
Des troupes en tournée venaient y jouer les pièces en vogue et l'affiche changeait toutes les semaines ou presque.
Les spectacles, commençant vers 15 ou 16H00 et finissant vers 22 ou 23H00, étaient copieux.
On y jouait les drames romantiques de Victor Hugo, d'Alexandre Dumas, les mélodrames populaires d'Eugène Sue, de Paul Féval et d'Anicet Bourgeois ...
En 1906, d'une transformation naquit le théâtre des Arts.
Ce nom lui fut donné par le poète Robert d'Humières qui en était devenu le directeur.
La volonté de ce dernier était de présenter de beaux spectacles avec un luxe inédit de décors, de costumes et de mise en scène.
A la veille de la première guerre, les hostilités fermèrent les portes du théâtre.
Un officier britannique, que l'on eut du mal à déloger quelques années plus tard, y installa un cinéma anglais pour les permissionnaires.
A partir de 1917, la nouvelle direction de Rodolphe Darzens y offrit l'hospitalité à la compagnie Pitoeff, aux comédiens du Marais, à la société coopérative des auteurs dramatiques ...
Des auteurs prestigieux y sont alors mis à l'honneur : François de Curel, Bernard Shaw, Pirandello, Marcel Pagnol, Jules Romains, Paul Vialar ...
Une fois de plus, "La Petite Illustration" s'affirme, dans ce 330ème numéro, paru en août 1933, comme le seul journal, consacré au Théâtre, dont la dernière page éclipse étonnamment la première.
Et aujourd'hui comme hier, grâce au talent et à l'érudition de Robert de Beauplan, se révèle comme une source irremplaçable de connaissance ...
Commenter  J’apprécie         190
Éclectique avec discernement et goût, faisant une part égale à la littérature étrangère et aux œuvres françaises, le Théâtre des Arts tient une place qui n'est pas négligeable dans le mouvement dramatique contemporain ...
(extrait de "La Petite Illustration" n° 330 du 12 août 1933)