« Pour la lecture, comme pour le sexe, il faut imaginer une éducation à la jouissance. »
Clémentine Beauvais signe ici un essai sur le plaisir de la lecture et la jouissance qu'on peut en retirer. Un texte court et rythmé de phrases rouges en mode punchline. Il bouscule, c'est le but, et nous amène à réfléchir à nos propres pratiques de lecture, nos conceptions, nos habitudes et nos façons d'en parler, de partager, de s'en délecter.
Condition nécessaire au plaisir : le libre arbitre. Exit les réacs (les classiques, ça forme la jeunesse, les auteurs Gallimard = caviar de la profession) vs les feel-goods en mode plage (risée des précédents). Exit intellectuel vs lecture de masse. « Apprendre à jouir de la lecture » ce n'est pas « s'initier à une culture dominante », c'est être capable « de s'en libérer ».
Oui, mais comment ? Très tôt d'après l'autrice. Dès nos jeunes années. À l'instit qui demande à son élève « as-tu aimé ta lecture ? », l'autrice propose un pertinent « qu'as-tu ressenti pendant cette lecture ? ». Une éducation nécessaire aux ressentis qui passent aussi par la capacité de mettre des mots sur les émotions.
C'est pourquoi ce texte s'adresse avant tout aux ex-enfants que nous sommes, accompagnateurs des jeunes d'aujourd'hui : parents certes, mais surtout enseignants, éducateurs, animateurs... Toutes ces professions qui aident le jeune dans sa construction personnelle.
Faisons court : chacun lit ce qu'il souhaite, quand il le souhaite et s'il le souhaite. Oublions le jugement de goût et l'auto-sabordage en ne se pensant pas à la hauteur d'un texte. Accordons-nous de jouir individuellement mais consciemment d'un livre, quel qu'il soit. Et apprenons à analyser le pourquoi de ce plaisir. Cela le décuplera !
Bilan :
Un essai judicieux tout sauf « boring », porté par une autrice toujours surprenante. Elle propose un support idéal pour entamer une discussion autour de la littérature.